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HARVARD UNIVERSITY.
LIBRARY OF THE
French Department,
SEVER HALL.
GIFT OF
JAMES HAZEN HYDE,
(Class of 1898.)
■■ I iljli iV| I fipitfi—
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BIBLIOTHEQUE
FRANÇOISE-
TOME DIX-HUITIEME.
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/
BIBLIOTHEQUE
. FRANÇOISE,
ou
HISTOIRE
DE LA
LITTÉRATURE FRANÇOISE.
Dans laquelle on montre l'utilité que Ton peur
retirer des Livres publiés en François depuis
l'origine de l'Imprimerie , pour la connoiflance
des Belles -Lettres , de l'Hiftoire , des Sciences
& des Arts s
Et où l'on rapporte les Jugemens des critiques
fur les principaux Ouvrages en chaque genre
écrits dans la même v Langue.
Par M. rAbbéJLPUJET , Chanoine de Saint
Jacques de l'Hôpital , Afïbcié des Académies
de Marfeille, d'Angers*, de Rouen , & l'un des
Honoraires delà Société des Sciences, Arts 8c
"Belles -Lettres d'Auxerre.
TOME DIX-HUITIÈME.
A PARIS , RUE S. JACQUES 9
f H. L. Guirxn,&L. F.Deutour,
Chez J à Saint Thomas d'Aquin.
£P. G. Le Mercier, au Livre d'Of.
M. DCC, LV1.
Avec Approbation , & Privilège du Roi
i
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Harvard University,
.French Dept. Ubrary,
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BIBLIOTHEQUE
F R AN Ç O I S Ej
o u
HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE
FRANÇOISE.
, SUITE DE LA NEUVIÈME PARTIE,
POETES FRANÇOIS.
JACQUES ET N. ESPRIT.
N a vu dans le Volume
précédent que la plupart
des Poètes qui avoient ac-
quis quelque renom fur no-
tre Parnaffe , avoient été Membres de
l 'Académie Françoife ; je vais en of-
frir de nouveaux exemples dans celui-
ci. Je commence par Jacques Efprït,
Tome Xrill, A
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2 Bibliothèque
M.. l'Abbé d'Olivet , le feu» de nos
Jacques fJiftoriens * qui en parle avec quel-
REsprit! <F e détail ^ le dit né à Beziers le 22
1678. Oâobre 161 1 , & nous le repréfente
mftoirede comme un homme affez inconftant.
r A p? d 3^o& A l'âge de 18 ans, dit-il, il vint l
ûû»* Paris joindre fon frère aîné >t qui étoit
Prêtre de l'Oratoire. Il entra dans la
même Congrégation le 16 Septem-
bre 1629. , y donna 4 ou 5 années k
l'étude des belles Lettres & de la
Théologie , & en fortit par des vues
d'ambition. Il avoit une heureufe
phyfionomie , de la déticatefle dans,
Tefprit , une aîmable vivacité , de
l'enjouement , beaucoup de facilité
à bien pàrler & à bien écrire ; il plut
2 l'Hôtel de Lïancourt & à celui de
Rambouillet , où on l'avoit intro-
duit ; il en fut flatté % & quitta fa
Congrégation pour devenir Courti~
fan. Ce ne fat pas fans fuccès.
Goûté d'abord par M. le Duc de la
Rochefoucauld , Auteur de ces Ma-
ximes fî connues,, & qui méritent tant
i> IC ha*eSln d%re hies , ce Seigneur le produifit
dl C ii jtnv!' partout Xe Chancelier Seguïer voulut
164*. ravoir enfuite , lui donna fa table , âc
500 éeus de penfion : il lui procura de
plus une peofipn de deux milte livres
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Françoise. j
far une Abbaye , & le Brevet de Con- ^ mmmmm
feiller d'Etat, & le 14 Février 1639 * Jacqu "
îl fut reçu à l'Académie Françoife.
Ces fortunes font bien rares aujour- 1*7**
d'hui parmi les gens de lettres ; elle»
étoierit plus communes alors. Celle
de M. Efprit fpufFrit quelque atteinte
en 1644, On lui renaît quelque mau-
vais office auprès du Chancelier , &
il fe retira pour la féconde fois au
Séminaire de S. Magioire , mais fan$
vouloir reprendre l'habit de la Con-»
grégation. >
Comme M. le Prince de Contî
penfoit alors férieufement àfe donner
tout entier à Dieu , îl fréquentait foiw
vent ce Séminaif épotir conférer avec
ceux à qui il avoit donné fa confiance*
11 eut occàfioh d r y voir M< Efprit ; fa
converfatiôn le charma , il le tira
de S* Magioire , & lui donna un loge-^
ment dans fon Hôtel, avec mille écus
de penfion.
Avant ce tems-Ià , & , félon toute uem. cTAr-
apparence, avant même que le Chan- ^"^jjVf*
celier Seguier lui eût donné fa table , ** 5 '
il s'étoit déjà fait connoître en qualité
de Poëte par quelques vers galans ^
& par la paraphrafe de quelques
Pfeaumes. L'Abbé Cotin dans foa
Ai]
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4 BlItîOTHEQUE
Recueil de Rondeaux , imprimé en
JACQUES 1649 , en rapporte deux de M. Efprit
Esprit it p a g es 63 & 65. Ce font des coin*
N 'i E / P 8 RIT * P^mens galans adreffés à Julie d'An.
gejines , Demoifelle de Rambouillet >
depuis Duchefle de Montaulier , à la
cour de laquelle il avoit été admis
dès 1635, Voiture en fut jaloux, & lui
enypya ce Rondeau , que Ménage a
cru fans fondement, comme jë le
pen£e, regarder M. Godeau, qui n'a
eompofé aucun vers de galanterie
depuis qu'il fut nommé Evêque.
Comme un galant & brave Chevalier , . -
Vous m'appeliez en combat fingulier
D'amour, de vers, & de profe polie;
Mais à fi peu mon coeur ne s'humilie ,
Je ne vous tiens jue j>our un écolier. , •
Et fuffiez-vous brave , doàe , guerrier ,
En cas d'amour , n'afpirez au Jaurief - $ ' , ^
Rien ne déplaît a la belle Julie
Comme un Galant. '
Quittez l'amour , ce n>eft votre métier ;
Faites des vers , traduifez le Ptetutiér f
Votre façon décrire eft fort jolie :
Mais gardez-vous de» faire 4e fijie t »
Ou je fçaurai , ma foi , vous châtie?
Comme un Galant. ,
J'ai déjà rapporté ce Rondeau , en
parlant de M. Godeau , mais je ne
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Françoise; 5
crois pas que le Le&eur fe fâche de
cette courte répétition. Jacques
En 1646 M. Efprit accompagna Esprit * t
à Munfter Madame & Mademoiselle
de Longue ville. Il eft vrai que Clau-
de Joly né le nomme point dans fon
curieux Voyage de Munfter ; mais il
n'y nomme pas tous ceux qui étoient
de la fuite de ces Princefles. M. l'Ab-
bé d'Olivet n'en dit rien non plus
dans fes additions à PHiftoire de
l'Académie Françoife de M. Pellif* tettr. mir.
fon : mais ce Voyage eft conftaté |j* c ^; , t ain
par les Lettres manufcrites de Cha- &* s oaob.
pelain , que je crois adreflees à Jac- ^ & *i
ques Efprit , & non à fon frère aîné. vr * I647 '
Selon ces Lettres, M. Efprit étoit à
Munfteren 1646. Il fuivit les Prin-
cefles dans le voyage qu'elles firent
à Ofnabrug , & en Hollande y oii il
fit connoiflance avec la fçavante
Madeiuoifelle Schurman & le dofte
Heinfius ; il retourna avec elles à
Munfter , quitta ce pays après le
16 Mars 1647, & revint à Paris.
L'Abbé de Boifrobert , avec qui il
étoit lié , àvoit cherché à le détour-
ner de ce voyage, comme on le voit
par cette Ëpître , qu'il lui envoya ,
dans laquelle il fait un grand éloge
A iij
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6 Bibliothèque
de Madame de Longueville , & n*oû-
Bsi kit U it bHe paS celui de fon ami > à < î ui id dit »
N Esprit
x 6? g * Mon cher Efprit ! ah quel heur , & quel bien
Epîcres' de Si tel cf P rit P 00 * 0 " ê «e le mien 1
Boiir. in-4 G . Tu peux fouffrir cette turlupinade î
**4?»dM7*» Je gage & prens pour juge Benferade*
Que fi Montmort t'avoit complimenté,
tfar cette pointe il auroit débuté.
11 lui demande enfuite ce qui a pu
le déterminer au voyage qu'il étoit
Air le point d -entreprendre ,
Quel eft ton but ? parles-moi franchement : *
SPais-tu deflèin de te rendre Allemand
Eft-ce colère , ou chagrin qui te charte ?
Qu'a fait Paris pour être en ta difgrace? ♦
Quoi tu le fiiis ï Quoi tu le veux quitter ?
Vaut-il pas bien Ofnabrug & Munfter î
T'a-t-on marqué vers ce climat fauvage ,
Quelques douceurs qui foient à .ton ufage ? . ^
Pourquoi chercher en terre fi lointaine ,
Ce que chez toi tu poflédes fans peine f
5e dis cjiez toi , car tu t'en eft fait un
-Sans courtifer , & fans être importun*
Grâce aux bontés d'une illuftre Princefle»
Grande en vertus auïfi-bien qu'en nobleiïc ,
Qui du mérite eft l'arbitre aujourd'hui*
Et qui t'a cru digne de ion appui,
•«moire- de J e ne f ça i fi i> on ne ^ 0 j t pas conclure
] Acad rr. tt j * w'v*/* • / • • /
i p. 35a. de ces vers que M Efprit etoit mane
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Françoise. 7
.avant le voyage de Mimfter. M. l'Ab-
bé d'Olivet qui parle de ce mariage., Jacques
fans en fixer la date, dit que Jac- n P £" r "
ques Efprit *éfolu de Le contracter , ^g. 1 *"
n'ayant pas de*quoi affûrer le douaire
de fa femme , qui fe nommoit Gene-
viève Bollain , Madame de Longue-
ville lui fit préfent de quinze mille li-
vres argent comptant,&que le Prince
•de Conti lui fit Une promeffe de qua-
Tante mille -, aiïignées fur le Comté
*de Pezenas. Quand ce Prince alla
dans fon Gouvernement de Langue-
doc , oii il eft mort , la reconnoif-
ifance obligea M. Efprit à le fuivre
. en cette Province. Je vois par les t.ettr.mfr.
Lettres de Chapelain , qu -il étoit à de cha P* jj u
ïeziers au mois de Mars 1648, & au ^juiihidS
17 Juillet tle la même année à Mont- l6 .4*«
pellier, où il effuyï une maladie de
plus de quatre mois. Sa faveur au-
près du Prince devint telle , que
toutes les affaires , petites & gran-
des, paffoiënt par fesjnains. Après
avoir perdu fon proteôeur en 1666 9
il demeura à Beziers , uniquement
occupé à bien élever fa famille, qui
confiftoit en trois filles , dont deux
ont été mariées , l'une nommée Ar-
mande à M. Defpondeiffan , l'autre
A iv
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8 Bibliothèque
appellée Filice à M. de PoulïaneUe ;
Jacquis & j[ a troifiéme eft morte dans un Cou-
n'esprit vent * M mourut lui-même à Beziers
1^78. * I e 6 Juillet 1678. Il avoit été en liai-
tett.mf. de fon avec les plus beaux efprits de fon
j?aTié 4 r tems - J>ai déjanommél'AbbédeBois-
robert. Qhapelain y ajoute MM. de
Cerify, Conrard , Godeau , La Cham-
bre. On voit auffi par la fameufe glo-
fe que Saralin compofa fur le Sonnet
de Benferade, quioçcafionnala guer-
Nicer.mém. re ^ es Uranins & des Jobdins, qu'il
étoit ami de tous les deux , & de Voi-
ture même , contre lequel il fe dé-
clara , en fe rangeant du parti des
Jobdins , c'eft-à-dire de Benferade &
de fes amis. La glofe de Sarafin com-
mence par ces vers :
Monfieur Efprit , d% l'Oratoire,
Vous agitiez en homme îaint^
De couronner avecque gloire r
Job de mille tourmens atteint.
Outre le petit nombre de poëfies quî
nous reftent de lui , il éft Auteur du
Livre intitulé , la Faujfetê des vertus
humaines 9 en deux volumes in- 12.
dont l'un eft de 1677. & l'autre de
l'année de fa mort. On voit par ce
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François fe. 9
Livre , où FAuteur rapporte auffi
quelques vers François de fa compo- Ja
fition , qu'il avoit lû les meilleurs ^ sp £
Poètes Italiens , dont il entendoit la ' l6 !
langue , & les Philofophes Payens
les plus eftimés. On prétend encore
que la tradu&ion du Panégyrique de
Trajan, par Pline, que nous avons
fous le nom de fon frère aîné , eft
plus fon ouvrage que de Celui-ci.
Ce frère aîné qui avoit été pareil-
lement de l'Oratoire, comme je l'ai
obfervé , & qui fortit dè même de
cette Congrégation , cultiva auffi la
Poëfie Françoife. C 'eft du moins foiis
fon. nom qu'on a imprimé des Maxi-
mes politiques mi/es en vers , poëme
fort long , mais plein d'inftruftions
utiles, & affez bien verfifiées. L'Au-
teur le dédia à M. le Dauphin ; mais
avant cette dédicace qui eft en vers,
on lit une Epître en profe à M. le
Duc de Montaufier , pour le fupplier
de faire lire fcet ouvrage au Roi. Au
titre , & dans l'etf pofé du privilège ,
on lit expreffément que ce Poëme
eft du Jieur Abbé Efprit ; & comme il
a été imprimé en 1669, tems ailc [ lie l
fon frère étoit marié , il femble qu'on
ne puiffe douter que ce poëme ne foit
A v
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IO BlBLIt)THEQUï
de celui dont il porte le nom. Dansla,
Jacques préface, l'Auteur donne une notice
Esprit et de ^ifférens é cr ' lts Q i x î» on aV oit traite
34. Esprit. , . t A r . Q • «
4*78. avant lui k même lujet , & il en porte
fon jugement avec beaucoup d'équi-
té. A Tégard du poëme même , en
voici toute la matiére^contenue dans
xes vers à M. k Dauphins
Tu verras ce qu'un Roi dans le pouvoir fuprêrne
Doit à fon Créateur., ce qu'il doit à. foi-même ^
Tout ce qui peut entrer dans fes nobles projets*»
Xes moyens glorieux de régir fes fujcts ,
L'art dont il doit voiler le facié Miniftére ,
>Ceux qu'il y doit placer-, la part qu'il en doit faire»
-Comment il faut agir avec fes courtifans ,
Difpofcr fon Etat dans le-cours de fcs ans.,
Recevoir le bonheur , % & les fuccès contraires,,
Connoître du dehors les diverfes affaires,
^Déclarer une guerre , ou conclure une paix.,
Tt marcher fur les pas des Rois les plus parfaits,
5e ne rapporterai point d'exemples
<de la manière dont le Poëte traite
«chacun d^ ces fujets. Ces maximes
font toutes à lire , & il feroit à fôu-
"haiter qu'elles fuffent gravées dans
Tefprit & dans le cœur de tous les
'Souverains , '& qu'ils y ctSrnformaffertt
leur conduite. 'Outre ces Maximes *
:j'ai vu encore xk l'Abbé Elprit uns
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T71 A WÇ'OI <&'<£•
'Ode pouf le Roi fur Jes conquêtes dans
da Hollande, imprimée en 1672 ; un £ S J*£* U **
petit Poëme, de la même année ., n^espm"
intitulé , Plainte de Madame fur le dé- a 678.
part de Monjitur \pour la guerre de Hol-
.lande, & une Ode .à M. le Cardinal
Ma^arin fur la paix : celle-ci eft dans
le tom. III. des Poe fies diverfes dé-
diées à M.iePriuce de Conti ,p. 269,
Elle a vingt-troisitances , chacune de
'dix vers. Deux de ces pièces de PAb-
bè Eiprit fe retrouvent imprimées
-dans un Recueil de ce qui s eft fait dx
plus confidèrablepar. les meilleurs efprits
de ce tems, imprimé in-4 0 . fons date.
Et outre les deux pièces de M. Efprit^
tce recueil,, dont je puis dire ici un
-mot , contient »i. l'Eloge du Roi fur
fes Conquêtes., «Ode , par M. de la
Gravete. 2. Vers au Roi fur 3a Cam-
ipa^ne de Hollande en 167a , par le
Préfident Nicole. 3. La Hollande vain-
cue ., ou Louis XIV. triomphant,,
poëme héroïque , auRoi, dédié à M.
le -Dauphin, par François Colletet*
fils de Guillaume. 4. Les entretiens
du Rhin & de la Meufe fur. la Cam-
pagne triomphante de l'année pré*
fente 1672, préfentés à Sa Màjefté le
5 Sep temhre jour de fa naiflance~,
.Avj
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n Bibliothèque
y— m par le ficur de la Che*e , Doyen du
Jacques Chapitre de Sille. 5. Paraphrafe du
Esprit et Pf. 20. accommode à la perfonne &
N. Esprit. aux conquêtes du Roi , par M. Le
1678. ç^ rc ^ ayec £ eux Sonnets du même ,
au Roi. 6. Devife pour le Roi , fur
les préparatifs de la Campagne de
1672 , expliquée par un Sonnet tra-
duit en plufieurs langues, enfemble
une fable Latine traduite en François
fur le même fujet , par Oronce Fine
de Brianville, Abbé de S. Benoît de
Quinçay. 7. Lettre en vers & en pro-
fe de M. de B. . . à M. le Chevalier
de Lorraine , & la Réponfe de ce
Chevalier , du Camp près d'Utreû le
p Juillet 1672. 8. La Hollande aux
pieds dit Roi , en trois Odes , par M,
Delà Volpiliere, Do&eur en Théolo-
gie , plus connu par fes Sermons , fes
Difcours fynodaux, & fes autres ou-
vrages de morale, que par fes talens
poétiques. J'ai vu une édition fépa-
rée de fes trois Odes ; faite à Lyon ,
chez Vincent Moulu, 1673. in-12.
J'ignore en quelle année l'Abbé Ef-
prit eft mort. Il avoit un troifiéme
frère, qui fut premier Médecin de
Monsieur , & qui mourut au mois
d'Oâobre 1678, c'eft-à-dire, environ
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F k a n ç o i s e. 13
trois mois après l'Académicien. Sa
Charge fut donnée à M. Lizot* dont E j£^'**
le nom eft célèbre dans la Faculté de N Esprit.
Médecine de Paris. I é 7 8 f
JEAN DE BUSS I E RE S 9 - S
Jésuite.
Jésuite.
Ce fut le 26 du même mois d'Oâo- \6ji*
bre , & de la même année 1678 , que
mourut le Pere Jean de Bufiîeres , Jé-
fuite, plus connu par fes poëfies. La-
tines , & en particulier par fon Poè-
me de Scanderberg , que par fes vers
François. On lit dans le Diûionnaire
de Moréri , qu'il étoit né en 1607. Il
fe difoit de Villefranche en Beaujo-
lois ; mais Chorier qui Pavoit connu
à Vienne en Dauphiné , & qui l'avoit
encore fréquenté à Lyon , dit dans fa
vie de Pierre BoifTat 9 qu'il étoit de vu*
Lyon même. D'autres veulent ce-
pendant qu'il fût de Beaujeu. C'étoit fuiv.
un homme laborieux. Mais le Pere ^fy^f*
de Colonia dit dans fon Hiftoire lit- a. p. 717,
téraire de Lyon, que fes divers ou-
vrages annoncent plus de travail que
de génie. Il fut, ajoute-t-il , médio-
cre Hiftorien , mauvais Poète Fran-
çois , mais affez bon Poëte Catiiu
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14 ^ B L IOTHIQU'E
" î""""" Son Hiftoire de France, écrite en La-
Ji-an de t j n e ft aujourd'hui peu recherchée.
Jksuitï ^ a vie " e S. Louis, gin en fait partie^
1*78. mérite cependant d'être lue ; c 'eft le
imorceau le plus travaillé de fon hif-
toire. On peut voirce que M. Baillet
> p. 317. & dit de fes poëiies Latines dans le tome
Yui?. y e j e {Qs Jugemens des Sçavans.
J'ai parcouru fes Defcriptions poé-
tiques imprimées en 1644. in-folio, 8c
je ne fuis pas étonné qu elles f oient tout-
à-fait tombées , félon Texpreffion du
Pere de Colonia. Il n'y a ni ftyle., ni
poëfie, fou vent même ni exactitude
dans les Hmes. L'Auteur prend un
fujet tantôt fublime, comme le ciel 9
le foleil, &c. tantôt fimple , comme
la tulippe ., le lait , l'oranger ., &cu
il le décrit lâchement A: trop fouvent
obfeurément , & en tire une morali-
té, bonne en foi., mais toujours fort
commune , & qui quelquefois ne pa-
roît pas tirée naturellement de ce
qu'il vient de décrire. Quoiqu'il ait
varié ces Defcriptions en employant
tantôt FOde ., tantôt l'Elégie , les
Stances , ou le Sonnet ., il ne laiffe
pas que de tomber dans une monoto-
nie yii fatigueroit quand même ce
défaut feroit racheté par des beautés
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François fc. 15
qu'on y chercheroit en vain. SonPoë- —
me de la fainte Baume , qui eft à la fin J*an ml
de fes .Dtfcriptions -, ne cm'a pas plu Bussiews,
da^vantage. Je me foirviens que le s ^ x *£
Pere^leneftrier parle de cet Ecrivain
dans le tome I. de fa Philofqphie des
Images ; mais je ne me rappelle pas
♦s'il le blâme ou s'il le loue, Le Pere de
IBuiîîeres étoit auïîî en grande relation
^avec Chapelain , qu'il confultoit , &
dont il fuivoit volontiers les avis. Je
n'ai pas vu dans fes Lettres , qu'il lui
ait confeillé de mettre au jour fes
J^efcriptions poétiques.
CHARLES C O Y P EAU !i
D'AS* O UiCY. Charles
COYPEAU
Je ne puis me difpenfer d'entrer l67%m
fdans un plus grand détail fur Charles
Coyptau d 'Ajfoucy , dont je n'ai dit
qu'un mot en parlant ailleurs de fort
Ovide en belle humeur. J Cét Ecrivaiii
Singulier par le caraûere de fon gé-
mie , & par cette multitude d'aventu-
res dont fa vie a été remplie, naquit
a Paris fur la Paroifle de S. Etienne
Mont , vers l'an 1604 apparem-
ment , puifque dans fa Prifoti , im- P" r °"
iprimée .en 1674, il dit 3 u'il avoit
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i6 Bibliothèque
alors foixante-dix ans. Il étoit fils'de
Coype a LES Grégoire Coypeau , Sieur d'Afïbucy ,
x>*Assoucy Avocat au Parlement , à qui il rend
1678, ce témoignage, Qu'il étoit un des plus
ibid. p. 93 . beaux efprits du Palais , où il avoit fait
paroître fon éloquence durant 40 ans ,
j ^, v * e £ tlires f an s y amaffer cependant que peu
t. 1. P . »4. de bien , puiiqu il ajoute au même
«5.16, endroit , Qu'il n avoit que le Code &
t efprit en partage. D 'Affoucy fe dit no-
ble d'extra&ion, petit-fils d'un Cava-
lier Crémonois qui s'étoit diftingué par
fon habileté à jouer du Luth. Il ne
nomme point fa mere ; il fe contente
de nous la représenter comme fort pe-
tite de corps y mais grande par t efprit
& le fçavoin L'incompatibilité des hu-
meurs différentes du mari & de la
femme les brouilla fouvent enfem-
ble , & enfin ils fe féparerent. La fem-
îne fe retira dans un bien qu'elle avoit
en Lorraine ; Grégoire refta à Paris ,
C onfervant fon fils auprès de lui.
Charles étoit comme fa mere, pe-
r u. Avcm. tit de ftature & foiblede compléxion.
- luU p ' a82 ' Il fit fes études chez les Jéfuites ; & fi
on doit l'en croire > ce fut avec tant
de[fuccès, qu'il remporta plufieurs
Avèm.t.i. P r * x * & ces progrès furent fi rapides,
p. 99. t. 2. r«. qu'à l'âge de heuf ans > non-feulemçnt
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Françoise. 17
îl entendoit le Grec & le Latin , il
étoit même en état de s'exprimer en C HA * Llg
ces deux langues ; dès lé même âge j^^ucy.
il fçavoit jouer du Luth affez bien 147g,
pour fe faire écouter. Le croira qui
voudra. Comment en effet accorder
des progrès fi furprenans dans l'étude
avec cette vie prefque libertine , à
laquelle il fe livra dès l'âge de huit
ans ou environ , puifque , félon lui ,
il n'avoit gueres que cet âge, lors-
qu'il quitta la maifon de fon pere
pour aller à Corbeil , d'oii il ne re-
vint à Paris que pour fe tranfporter
à Calais oii il arriva n'ayant encore
eue neuf ans. Dans fa Prifon , il ré- r. 1^
fume ainfi ces premières circonftan-
ces de fa vie ,
Les futs enfans de mon quartier,
A ûx ans me jettoient la pierre ;
A neuf ans , petit Ecolier ,
Chez un peuple rude & groffier ,
Je fus , allant en Angleterre ,
Pris à Calais pour un Sorcier.
C 'eft qu'il s'y mêla de faire des pré- Avent. 1. 1;
dirions , & qu'il s'y fit pafTer pour
fils de Céfar Noftradamus, ce qui lui
valut bien des aventures , qu'il ra-
conte fort férieufement 7 & qui n'en
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ï 8 Bibliothèque
font pas plus croyables. Il portoît
Charles avec j u ; | es emblèmes d'Alciat , &
SasÎoucy, les Iifolt fi affidument > qu'il nous
l67 2 t ' afliure qu'à l'âge de dix ans il les fça-
jprifon , p. vo ^ toutes P ar cœur. Il ïie nous ap-
aj6. prend point combien de tems il de-
meura en Angleterre ni ce qu'il y fit.
A l'âge de 17 ans il étoit à Mont-
pellier , 6h il montrait à jouer du
Luth à deux jeunes Demoifelles de
conditionne l'une defquelles il devint
amoureux , & à qui il témoigna fa pat
fion par des -vers qu'il rapporte dans
4es Aventures du Voyage d'Italie,
Avcnt. d*i- pag. 296 & fui v. Ce ïut peut-être ver£
ïtài. p. v7 & 1# même tems qu'il fit fon premier
Voyage de Turin , oîi il entra auTer-k
vice de Madame Royale qui le reçut
\ à la recommandation de M. Je Comte
d'Harcourt. Son féjour en cette Cour
ne fiit pas long. Revenu en France ,
M. le Duc de Saint-Simon en parla
Avem. t. i.Jl Louis XIII. comme d'un homme
»5- g U i pouvoit amufer Sa Majefté par
les Chanfons & par fon Luth. Le Roi
ïibfd. t. ». p . l'entendit en effet à S. Germain en
*o.&,,. Laye , & depuis ce tems-là il eut
ibid. p . 3 .& toujours fes ^entrées libres. Il nous
tfciv..p. 6. dit lui-même qu'il a diverti Louis
XUl. pendant vingt ans. Il n'jeuî
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Françoise. 19
pas moins d'accès auprès du Duc
d'Angoulême , fils naturel de Char- Charles
les de Valois & auprès de Louis XIV. SSSÏL
dans la jeuneffe de ce Prince. Ce fut , l67 ^
fans doute , vers ce tems-là qu'il fit
imprime*chez Ballard un recueil de
fes airs,qu'il dédia à Madame Royale,
& dont il parle en plufieurs endroits
de fes Aventures. Il ajoûtetjue le Roi ^
lifoit auffi fe vers à fon petit coucher , l'Haï, p. 97.
6* qu 'il en rioit beaucoup ^ furtout de
fon Ovide en belle hymeur , qui eft de
Fan 1650 ou environ , & qui fut
réimprimé en 1 6 5 3 . J'en ai parlé ail-
leurs.
En 1 6^ 4, ou {'année fuivante, d'Af»
foucy partit de nouveau pour retour-
ner aTTurin , » lui cinquième , dit-il , •
» en comptant ma fièvre quarte , mon
» mauvais génie., & mes deux Pages
» vêtus de noir , un Luth , un Théor-
» be , & fes papiers de Mufique. » Ces
pages étoient de jeunes garçons , félon
d'autres -, de jeunes nlles déguifées
fous des .'habits d*hommes , qui cha n-
toient fes airs, & dont il accompa-
gnoitla voix fur fes inftrumens.Pans
la relation qu'il nous a laiffée de ce
voyage , il le donne pour un homme
qui a voit une paffionpour le jeu qui
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îo Bibliothèque
' alloit jufqu'à la fureur , & dont il fut
Charles fouvent la vi&ime. Son récit eft mê-
C 'Assoucy lé auflî de beaucoup d'aventures bi-
* x "^8 a CY " zarres , qui ne fentent que le Roman.
Avenu 1. 1. Il trouva Molière à Lyon , le fuivit
P ibi] 1, i o j u ^[ u ^ Avignon, & demeura dix mois
141. ' P ' l4 °* en la compagnie. A Toulon fi eut un
entretien avec le Chevalier Paul, qui
s'eft rendu fi célèbre fous le régne de
Louis XIV. & dont Chapelle tait cet
N éloge dans fon voyage :
C*eft ce Paul dont Texpérienct
Gourmande la mer & le vent ,
Dont le bonheur & la vaillance
Rendent formidable la France
A tous les peuples du Levant»
. En paffant par Pezenas , il eut l'hon-
neur de faluer M. le Prince de Conti ,
3ui lui fit des préfens confidérables ;
en reçut auffi de M. de Guillerague ,
& de plufieurs autres , que fon amour
exceflif pour le jeu lui rendoit plus
nuifibles qu'utiles.
t. a. p. 47. Etant à Montpellier , il nous affûre,
&fuiv. q ue quoiqu'on y eût oublié fon pre-
mier voyage en cette ville, il s'y fit
de bons amis , diftingués même par
leur naiffance ou par leurs dignités.
Ce qui ne l'empêcha pas d'y eproti-
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Françoise. 11
ver une diteracé cruelle dont on a
parlé diverfement. Bachaumont & C q" p ^ les
Chapelle difent dans leur ingénieux d ^soucy
Voyage ^ qu'il y fut aceufé d'un crime 1*7%.
contre nature , arrêté en conféquen- B ^fW d «
ce , mis en prifon 9 & condamné au 47 * 59 . P i* t I#
feu , dont il ne fe fauva que par le
crédit d'un homme de condition. Ils
ajoutent y qu'ils le rencontrèrent peu
après 9 quittant Montpellier ayeç pré-
cipitation , fuivi a* un Page ajje[ Joli y
qu'en deux mots il leur conta les
difgraces , que depuis ils le retrou-
vèrent à Avignon , & que ne le re- .
connoiflant pas bien d'abord > ils lui
dirent :
Eft-cc tous , Monfieux 4'Aflbuci )
À quoi if répondit :
Oui , c'eft moi , Meilleurs , me voicj ,
N'ayant plus pour tout équipage ,
Que mes vers , mon luth , & mon Page :
Vous nie voyez fur le pavé
En détordre , mal propre , & laie ;
Aufli je me fuis efquivé ,
Sans emporter paquet, ni maie;
Mais enfin me voilà fauvé ;
Car je fuis en terre Papale.
Nos Voyageurs ajoutent qu'ils l'in-
terrogèrent enfuite fur fon Page,
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., 24 Bibliothèque
aufïi. II compofa des vers contre quel-
CoYVh^ S 4 ues P 0 * us > <I U * croyoient avoir plus
p'Assoucy. ^ e ta * ens qû'il n'en voyoit en eux ,
x 1*78. des airs contre quelques Mujiciens , & des
pièces contre les Médecins. Cette liber-
té ,*ou , pour mieux dire , cette licen-
ce , le fit liair de plujieurs , envier de tout
ie monde , & peu aimer des grands. Il
fentit qu'il étoit tems de te retirer ,
& il répandit une lugubre chanfon pour
fes adieux y qui fit rire fes ennemis
même. Sur ces entrefaites , la Ville
de Trin ou Trino , en Piémont dans le
Montserrat , ayant été prife le 2 1 Juil-
let 1658 par le Marquis de Ville, il
fit fur cet événement une chanfon ,
qui plut à Madame Royale , & le ré-
concilia avec fa Cour. Mais cette
lueur de bonne fortune ne tarda pâs
encore à s'évanouir. Une autre chan-
fon qu'il compofa , & dont le fens
équivoque fut mal interprété , le re-
mit plus mal qu'il n'avoit été. Le
Chevalier de Surville eut ordre de
lui commander de fe retirer , & il
fallut obéir. Tout ce qu'il put obte-
nir, ce fut quelque lettre de recom-
mandation pour Madame la Prin-
ceffe de Bavière , auprès de laquelle
il comptoit fe rendre.
Il
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F JTANÇ.O I SE. 25
Il y a apparence qu'il n'exécuta pas 1
ce deflein , & que ce fut en fortant de Charlis
Turin qu'il alla à Rome, Il eft certain %^ r#
qu'il y arriva fous le Pontificat d'Alé- 1671.
xandre VII , qu'il y étoit lors de la
mort de ce Pape, qu'il y vit l'exal-
tation de Clément IX fon fuccefleur ,
& qu'il y demeura au moins fept ans.
Il y jouoit , comme dans tous les au- - Prifon ^ ^
très lieux oîi il féjournoit, puifqu'il 149.
dit qu'il gagna une fois 500 piftoles
au jeu chez le Chevalier*/* S. Heraru
Il fréquentoit la maifon de Charles-
Albert d'Ailly , Duc de Chaulnes , ib. p. ttf\
qui y étoit en 1665 en qualité d\Am-
baiTadeur du Roi de France , & il
reçut quelques préfens de ta femme
de cet Amnaffadeur, entr'autres des
chandeliers d'argent. Il lui arriva
aufli quelque dîlgrace dans ht mê-
me Ville : le feuxonfuma Tapparte*
ment qu'il occupoit, & il ne put fau-
ver deîl'incendie que le mahufcrit de
fes Aventures £ Italie. C'eft prefqûe.
tout ce qu'il nous apprend de Ion
voyage & de* fon féjour à Rome
dans ces Aventures & dans fa Pri-
fon. Mais on trouve beaucoup plus
de circonftances dans fes Rimes re-
doublées qu'il ne imprimer qu'en
Tome XriII. B
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l6 B I BrL iTO^Ttï KQVt
i6jï -iorfqn'il fut revenu en France.
C^pe au* S^v* 1 * e témoignage qu 'il fe rend à
d'Assoucy. ïui^ême dans cet ouvrage, on voit
j^ 7 8. qu'il fe fit beaucoup d'amis à Rome ,
& qu'il les amufoit par fes vers &
par fes infirumens. Les Corfes de la
Garde du Pape ayant infulié le Diuc
de Créqui , Àmbaffadeur de Sa Ma-
ximes rc- jeûé très- Chrétienne , Y c'étoit fous
Alexandre Vil , ) d'Affoucy fit des
vers fur cet événement. £es vers
coururent dans la Ville ; quelqu'un fe
les appropria & les fit imprimer a vec
P • . , ; quekjucs changemans , mais l'Auteur
les revendiqua dans la fuhe comme
iwd, p. 5*. fcn^ropre bien, lien fit d'autres à la
louange de M, l'Abbé le Tellier , de*
puis Arîchevêque de Reims , fur la
convaléfeence du Pape Alexandre
V>iï , eh l'honneur de Chriftine Rei-
ne de Suéde, chez <pi il avoit fes ea-
trées, & pôur pluiiewrs autres per*
formes. Dans unq; Requête ipar la*
ibid. p. i^f. quelle il demande à Chriftine d'être
fpeûateur d'une Comédie qu'elle de*
voit faire repréfenter , il lui dit ;
■' »"*.'.* ^: ' * v [
Je «e fui* , je' vous certifie # r .
ôueres plus grand qu'un champignon ;
Ma ^rindeur eft ma pafiîoa -
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Fr anço rs é.
Pour admirer cette merveille
Qui dit-on n'a point de pareille*
Charles
Coypeao
d'àssoucy.
Ce fut dans la même Ville , au mois 1 678.
de Juillet 1665, que d'Affoucy fît à
Chapelle cette Reponfe en profe &
en vers qui forme le dixième chapi-
tre du fécond tome de fes Aventures.
J'en ai parlé plus haut. Il laiffa auflî
courir quelques fatyres contre la vie
de plufieurs Prélats de la Cour Ro-
maine , contre les Moines & quelques
autres perfonnes; & il s'expliqua avec
la même licence dans fes conven-
tions cette imprudence lui attira
des chagrins que plus de fageffe & de 6l ' 67 ' c *
retenue lui eût épargnés. Voici de
quelle manière il raconte ce qui lui
arriva fous Clément IX , par confé-
quent depuis 1667.
Après avoir préfentç quelques vers
à l'Abbé le Tellier, cet Abbé lui dit
de venir le trouver le lendemain à fou
lever ; il y alla , mais avec un habit
différent ae celui qu'il portoit la veil-
le , ce qui fit que n étant point recon-
nu , on ne le laiffa point entrer. Ce
refus lui fit naître l'idée d'une Requête
burlefque en profe & en vers , & de
quelque* autres poëfies , qui font par-.
Bij
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ij Bibliothèque
— — g tiè de f es rimes redoublées. Le jour mê-
Charles me où il devoit préfenter fa requête f
CoyPEAu il f ut arr êté & mis à l'Inquifition.
^Assoucy. H j^ tois ^ ? j outç . t .a ^ fur le point
• 7 " » de retourner en France 7 & fans mp
» fouvenir que je n'étois point à Pa-
» ris , mais que j'étois encorç à Ro-
» me , moi qui jufques à ce teins-l^.
» m'étois toujours tenu clos & cou-
» vert , je fus affez fimple pour fairç
►> voir mes Aventures d'Italie à plu-
» fieurs perfonnes de qualité. Mai?
» d'autant que ce n'jétoit p,as affeç
» pour l'intention que Tefprit malin
» avolt de rne 4éjtruir<e ? d avoir pur
. . » blié mes écrits , il iji'infpira de fairç
» des vers contre l'économie qui fem-
» ble être naturellement attachée à I9.
» robe longue , qui dans ce pays lé-
» zineux & vindicatif m'auroient in-
» failliblement perdu , fi le S. Efprit
» en mêmç-tems ne m'eut infpiré
» d'en faire d'autres contre la Romç
» ridicule de $. Amant. Mais d'autant
» que ce que j'avoig écrit çn faveur
» de Rome n'avoit poiat encore pa-
» ru 9 & que ce que j'àvois fait conr
» tre le ménage de certains Prélats ,
>> avoit été vu . ..,.on n'eut pas de pei-
H ne h perfuader au feu Pape Clément
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F ft a n ç o i s e, 19
t> IX 9 que depuis que j'avois été fî .
» hardi de parler fi peu dignement Charles
* def la rate , dans un lieii, où prin- Cojpia-u
» cipalement elle doit être refpeftée, D
» on ne manqueroit pas de trouver
» des chofes encore plus libres , fi Ton
» vifitoit les écrits que je me prépa-
ie rois de rapporter en France. Je
» fiis donc arrêté & mené au fàint
» Office. » D'Àflbucy fait plaifam-
ment un odietix pôrtrâit , & en méme-
tems une cenfure très-fatyrique , de
ce lieu, qu'il nomme un pietix Ënfir ,
& avoue qu'il avoit auffi fort mal
parlé des Moines. » Cependant ,
» continue-t-il , le Pape Clément IX
» ne m'y laifla pas longtems ; & j'en
» fortis ami de ceux qui m'avoient
» traité en ennemi , & avec tous mes
» écrits. » Il accule, en particulier,
de fon emprifonnement M. l'Evêque
d'Heliopolis , contre lequel il décla-
me avec vivacité en profe & en vers.
Mais qrfoi qu'il dife du peu de durée
de fa captivité , il faut qu'elle ait été
plus longue qull ne le veut faire en-
tendre , puisqu'il y eut le tems d'y
compofer ce qu'il appelle fes Penféts
fur La Divinité y une Requête en vers p- **•
à Louis XIV , une Lettre en profe à 79t ' 7 ^ 9 ' 75 "
Biij
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jo Bibliothèque
g—— M. le Duc de Chaulnes , des vers à
Charles M. le Duc de Briffac , à l'Abbé 4e
ÎaLowcy Machault ^ & à Clément IX - 11 dit
U7l? Y dans ^ a K- e q u ^ te à Louis XIV.
Grand Roi , l'honneur de l'Univers ,
Vous ref!ouvient-il de ma Lyre ,
Vous reflbuvicnt-il de mes vers ,
Qui tant de fois vous ont fait rire »
Quand plus beau que le Dieu du jour;
Couché , vous me faifiez redire
Mes chanfons , & me fciGez lira
Mes vers aux yeux de votre cour >
^ Il finit 'cette requête en demandant
que le Roi veuille bien employer fa
médiation pour le faire retourner en
France.
Maintenant que î'augufte trait
De votre valeur fans féconde ,
Des Rois vous renj le plus pariait »
Je voudrois fçavoir en effet
Comme le plus grand Roi du monde
Peut avoir le vifage fait.
Donnez à mon jufle fou bah
Cène ample & digne récompense*
Implorez pour moi la clémence
Du Saint Pere au Chapeau vermeil ,
• Qu'il mé donne pour pénitence
Tar l'Arrêt de fon faint Confeii ,
D'aller à pied jufques en France
Pour vous faire la révérence ,
Comme une ombre à votre réveil »
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Françoise;
Sortant de ce lieu trifte & fombre ,
Où des mourans j'accrois le nombre..*.
Hélas ! je ne voudrois finoù
▼oir votre fabrique nouvelle
Du Louvre & 4e votre Chapell# f
Laquelle pourtant , ce ifcVbf* ,
H'eft ni fi bonne ni û Mie
Que celle de votre façon , &c*
Il dit à Clément IX*
Je travaillois à votre, gloire * :
Saint Pejre , ajors que je fus pris.,
Ec j'en exaltois le haut prix ;.
La chofe eft bien facile à croire,
Puifqu'on T a voit en mes écries.
Cependant , ô l'étrange hiftoke ! ,
Dans le trifte état oit je fuis , &c»
Il finit cette féconde Requête pdf
fupplier le Pape d'ordonner que fes
fers fuffent brifés. Ils le furent en ef-
fet , & fori premier foin dès qu'il eut
recouvré la liberté, ftit d'envoyer au
Pape fa pièce contre la R&mt ridictile
de S. Amant Cette pièce £tat à Clé-
ment IX ; il voulntvoii 4 'd'Affouéy; ,
lui fit accueil , & lui dom¥i une mé-
daille d'or enrichie de fon portrait.
Le Pape voulut auffi avoir une copie
de feï PtnJicsi que l'Auteur ne fit
31 m
Charles
CoYPtAU
•'Àssuuer.
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Jl BlBilOTHE^UE
imprimer que depuis fon retour en
Coyp A eau ÏS Fram *> fous k titre de PenféesdeM.
Assoucy. fAQbucy dajis le S, Office de Rome ,
l67 8. & qu'il nomme ailleurs Penfèes furHa
Divinité^ parce que ce petit Livre
contient quelques preuves de Fexif-
tence de Dieu & de l'immortalité de
Ta me contre les Athées, Il y attaque
auffi les Seûes féparées de TEglife
Romaine , & fe montre crédule juf-
Îu'à l'excès au fujet des vifions.
)ans l'Epître dédicatôire à la Reine ,
à qui il m hommage de cet écrit , if
dit : » Ces penfées de la Divinité ne
» font pas de moi ; je les tiens de la
» Divinité même > qui me les a infpi-
» rées dans le faint Office de Rome*
» Au fortir de cette fainte captivité y
» le feu Pâpe Clément IX les vit,
» & les eftima d'autant plus dignes
» de quelque confédération , que ces
h vérités éclatantes étant affez éloi-
» gnées de ta portée des hommes plus
» éclairés , furpaflent , fans doute , ta
» capacité d'un homme ordinaire
» comme : moî. » Il ajoute que fi on
lui demande où il a appris tant de
PenKcs,p. dodrine^il répondra qvtec'eji à Véco-
le des dif grâces; qu'il n'avoit Jamais lu
que dans la */« de /> Ç f & qu'il payait
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Françoise. 3?
jamais eu la hardieffe de mettre te ne{
dans la 4iible de peur de ny rien com- Charles
prendre. Coypeau
D'Affoucy revint de Rome par D ^££ Tf
Marfeille , qu'il revit , dit-il , pour la prifon de
troifiéme fois. Mais il ne rentra, en ■* AIC
quelque forte dans Paris, en 1670, 5 °* **' **
ou Tannée fuivante , que pour y
éprouver de nouvelles diigraces. Peu
de teins après fon arrivée, il fut con-
duit à la Baftille. Mais il ne nous
apprend point par quelle raifon ; il
dit feulement , dans fes Rimes rtdou~
blees,page 8 , qu'il y demeura peu.
Sorti de ce lieu , il continuoit à fré-
quenter la Cour , lorfqu'un nouvel
orage vint fondre fur fui. » J'avois
» fait , dit-il , afficher par tout Paris
»mes Concerts cromatiques , & trai^
» té avec un Libraire du Palais de
» mes Aventures ; j'étois fur le point
» de jouir de la gloire de mes perfé-
» cutions , & de recueillir le fruit de
» mes travaux,. . . lorfque je fus arrêté
h chez moi par un Commiffaire, fuivi
» de plufieurs Satellites. » C'étoitfur
la même accufation qui l'avoit fait
emprifonner ci-devant à Montpellier*
On emmena pareillement fes deux
Enfant de Muf^uty qu'il avoit ame-
By
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Bibliothèque
nés de Rome, & qui deux ans âupa-
Coyv£xu S ravant av °î ent > ait-il, chaftté à S*
»'A>soucy. Germain, en Laye huit jours de fuite
i6 7 %. en préfence de M. le Dauphin , & de-
puis devant le Roi & toute la Cour*
On pût le fceilé fur fes effet* & fur
<L fes. papiers > & l'on fe faifit de foix
argent.. Il fut conduit au Châtelet,
fans lui dire de quoi on Taccufoit ^
ni qui et oit fa partie. Ses deux Pages:
& lui furent mis chacun féparément
dans un câchot. D'Àflbucy refta
dans le fien 21 jours, dont il en paATa'
quatre fans prendre aucune nourritu-
re. Et lorfque fes deux Pages eu~ :
rent été interrogés juridiquement y
& trouvés, dît-il, înnocens , ils eu-
rent tous trois la liberté de ce qu'on
appelle le Préau. D'Afîbucy dit que
ce fut le Jeudi de la Semaine Sainte
cfu r il commença à refpirer l'air. Il
105 & profita de cet adouciffement pour
s'amufer a toucher fef> mjl rumens > a:
lb.E.B^&c chanter *, & à jouer aux tartes. Il reçut
des vifites ,.despréfens , & une bonne
nautriuir^cfiie des perfonnes diftirt-
guées. lui envoyaient. Il fut fecouru
en particulier par M. de la Barre ^
Offîciet au Roi \ renommé par Jbs pieux
écrits , par Madafn* ( AbheJJefa faut *
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F bl A n ç & r StS. ; ,35 mmmmmmm
. M. & Madame Coa#çfet % &'*tQj$e fa
généreufe mai/on. Il e?r nomme enctffe Go ( Y "**" $
plufieurs autres. ^ ^ d'Assoocy.
Dans fon cachot il avoit compofé l67 g.
m vers une plainte a la France 9 qu'il •
retint par cœur, faute d'avoir des
moyens pour l'écrire* Lorfqufii eut
plus de liberté, il adreffa plufieurs
lettres *au Duc de Saint-Aignan , qu'il
nomme* Pere dès Mufti & le Dieu du n>. p. ion
* Parnaffe ; il écrivit auffi au Roi. Mais
ces lettres ne firent alors aucune im-
prefSon \ on Tavoit aceufé , on le
crdyoit coupable , les efprits étoient
prévenus , il falloit cîu tems pour
diffiper les. préventions. Comme il
étoit fam \ Avocat , fans Procureur , fans n>. p. »r/.
affi fiance & fans confùl> il tâcha de
faire connaître lui-ipeme foq inpo- p. u+
cence eu écrivant çn, ; pço(e 5c en vers
à M. de Riants , PifQCweur du Roi au
Châtelet, au Lieutenant Criminel y
M. Deffit*» & à tout le Châteiet en
corp*. Enfin te Duc de Saint-Aignan
appuya , dit-il , fon innocence de tout
* fon crédit & de tout? fon pouvoir ; le
1 Rôi lui-même voW*ut bieniporle? à fes?
Ju^e^ « d^Affouç^fômt de prifoii ,
*yans ;t jitgbmèht', { mt tfa finipIe-Re-
; qaêtèV après avoir, étîé -détenu Jix l6 - *•
ho as mois* R vj
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y6 Bibliothèque
— — m Le fieur Robinet parla ainfi de fa
Charles fortie dans fa Gazette en yen :
COYPEAU
jo'Assqucy.. Appwnez «i l'honneur des fîHes de mémoire
* *7** Q uc Je fieur d'AiToucy, que l'enere la plus noir*
De Pefprit impoâeur envain avok noircr *
Eft forti glorieux » & blase comme l'ivoire ,
Tout couvert des lauriers d'une entière, victoire*
Rajeuni de trngt ans , il fe promené ici»
Ke vous en mocquez pas : quand tout brillant d*
gloire »
On fort d'une prtfon en rajeunit aîniL
Otv devrait diftinguer la fable de Phiftoire*.
Avoir pour. fort prochain un peu de charité * 9
ht Pafquio médifant nous.en a bien conié :
Du vulgaire ignorant on ne doit pas toutcroîre...
€)n dit qu'il doit beaucoup à la rare équité. ;
r De Tes. juges divins , qui de ion innocence *
A l'exemple du Ciel y embrasant la défenffe
Ont confacré leur nom & leur intégrité
Au temple glorieux de Pimmorralité,
Mais on tient qu'il doit plus à la ftere pukïànc*
De Pinvifible main qui l'a perfiécuté.;
Jmpclàm déformais un éternel filence
Aux langues des aifcks doat H étoit gâté*
Selon le récit même de d'Àflauqrt;
on parte très-diverfement des motif*
qui l'avoient fait arrêter : on dit , ré-
pond-il, à fon ami Eraôe , qui le prçf-
foit de s'expliquer fur cela avec lui t
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Françoise*
Que ce fat VOn&rt de Motitrt ,
Que je fis moi pauvre rimeur,
Non pour mettre en mauvaife humeur
Les gens de bien que je révère ,
Et que j'adore dans mon cœur ;
J'en prens à témoin te Seigneur;
Je içais parler & fçais me tairez
Mon efprit n'eft point détracteur %
Ni Satyrique , ni Cenieur t
Zt ne fçaxs point Part de déplairez
D'autres difenr que ce malheur y
Qui fît pâlir , & fît horreur
Aux Dieux » amis de Pinnocencc »
Fut un eftet pîeïn de fureur
D'une jaloufe concurrence r
Mais c'eft de quoi ma fuffifance ,
©races à Dieu , n'a point de peur z
Je fois un trop petk Docteus
Pour difpmer la préférence
Au grand Dieu de la confônance»
De qui je ûiis adorateur»
11 eft vrai que de mon honneur »
Ma plume qu'eftime la France »
A pris ju&ement la défenfe
Contre le trop joyeux Auteur
De certain écrit impudeur
Qui me détruit & qui m'oftenfe...»
Mais ton efprit eft fans aigreur
four tant de. fiel & de wn£ça&ç«w*,
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38 BlBLIOTHÏ Q>UÎ
Les gens qui mVnt porté guîgnon .
Charles Ce font des gens, comme je penfe r
Coypeau q u j jQyy reriîplîs jufqu'au roignon
1>'Assouct. ^ « . y
De vertus & de tempérance
Coufins de Pierre de Provence r
Sentent fort le Juif d'Avignon , kc. ^
En un mot ; conclut-il > jre ne croîs
pas avoir eu contre moi d'autrer en-
nemi que le vulgaire ignorant & ma-
rin , & rien que des oui-dire. On a, cru
fans examen les hiftoriettes de la Ga-
zette de feu Lqret , & du Voyage de
M. Chapelle, quoique Tun & l'autre
n'ayent pas dit fur mon' compte un
mot de vérité.
Peu de tems après qu'il eut été mis
en liberté , il publia fa Plainte à la
France , avec THiftoire de fa Prifon ,
Dialogue en profe entre lui & fon
ami Erafle. Sâ plainte commence
ainfi : ' ' ' * * '
Que vous ^ai-je fait , ma patrie 9
Pour mériter votre courou? ^
Hélas ! quai-je fait contre votr* f
Quel Démon plein dé barbarie •
Me tient en ::J Ia tfb&'arii Wfflotix V "* 0J
Enfermé fous rSrtir dd ! terrotw *j -7
Ma foi 'je vous trouvé? joiîè ' i 1. .1
Quoi pour «tibrèflèr Vês^genowy M
JTaursx J tkme. quitté * tfcafo
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I
Françoise.
Son beau folcil & fon vin doux ,
Four être en proie à la furie
De vos méchans & de vos roux?
Que vous aî-je fait , ma patrie ,
Hela* ! qu'ai-je fait contre vous ?
Moi de qui la Mufc bouffonne
A votre efprit entretenu ,
Et de qui le chant ingénw
Jamais ne déplut à perfonne.
Ma petite maman pouponne
Qui m'avez fait naître , & tout nu<$
Entre vos bras m'avez tenu j
Vous qui devez une couronne
A mon deftin trop combattu r
Hélas , qui l'aîirwt jamais cru ,
Après m'avoir été fi bonne ,
Tous voir comme une Perfephonr
Animer céntre ma venu
Tous les ferpens de Tifiphone r j
Pour étouffer la 'trille voix
D'un Cygne mourant qui foupire*
Et mettre une Mufe aux abois
Qui tant de fois, vqus* a fait rkc »
Et qui fçut charmer tant de fois;
Par les doux accens de fa Lyre , .
tes deux plus grands de tous vos Rofac
Ha ! je vois bien que les accords ,
ïDe ma. Mufe facétieuft rfJ
Ont f^ché la troupe envreufir ,
De vos Scribes croquerreforts>
Jaloux du méritt des mort*- '
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Charles
Coypeau
^'Assoucy.
4a BlBLIOTHEQVÈ
Pourquoi , croupe fédjtieufe ,
Prenez-vous l'ombre pour le corps
Faut-il , 6 fore plein de furie ,
Faut-il x à prodige nouveau ,
Que pour éteindre Te flambeau
Pe ma trifte & mourante vie »
Ma Maraftre foit ma patrie ,
Que ma prifon foi* mon tombeau- >
Que ma vertu foie ma partie ,
Et mon efprit fbit mon bourreau l
Oui , traître , perfide , vilain ,
Bourreau d'efprit qui fais le vain ,
Petit Auteur en mignature ,
Oui , oui 1 c'eft toi , bel écrivain r
Qui plus faltot que Ncufgermaltk >
Caufe les peines que j'endure*
Efprk ht , efprit mal appris *
Pourquoi fâcher ces beaux efprks r
Et choquer tant de doétes plumes*
Que fcroicnt-elles dans Paris ,
13cs Beurriéres fans leurs écrits»
Les Charcuitiers (ans leurs volumes,»
Et leurs vers qui n'ont point de prix ? . . . » r
Il décrit enfuite les horreurs de foi*
cachot r oh il compofa cette pièce p
& finit par dire, qu'il fe doute bien
que dans Paris on tient fur fon comp-
te de fort fots difeours*
Cette plainte eft fui vie d'un Dialo-
gue moitié François & moitié Patois
©ii d'Àffoucy rapporte tout ce qu'il
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Françoise. 41
fuppofe qu'on difbit de lui, mais _
qu'il taxe de fauffeté. Il traite en par- c^*"*
ticulier d'infigne calomnie ce qu'on ^Assot/cr.
moi , s'écrie-t-il à cette occafion
Si le Saint Pere, en qui je croi ,
L'Egfife notre feinte Mcre ,
Et nos Seigneurs les gens du Roi y
A la coupe la plus, févere
M'ont trouvé tous de bon aloi >
Sans macule & fans vitupère ;
Proche de cette heure dernière v
Oh chacun doit fonger à foi *
Ai-je changé de fang , d'artère;
D'habitude & de caractère ,
Pour m'applique* au vil emploi »
Dont le crédule populaire
Se fait mon vice imaginaire f
Ofez-vous bien , en bonne foi ,
Cboquer l'Eftre que tout révère ,
Le Ciel , la nature , & la Loi ? .... ;
S'adreflant enfuite au Roi, il dit:
Grand Roi , de qui fcfprit fublime
Pénétre & voit tout ici-bas ;
Invincible Dieu des combats »
De qui la vertu magnanime ,
Qui tout maintient & tout anime ;
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4* Bibliothèque
Sert de modelle & de compas
Char l m A touf le$ amr€S Potcmats .
COYPEAU c . . 9 ' . .
•'Assoucy pour vous mon ma ™
1*78* 8 autrefois quelques appas ,
Grand Monarque , ne fouffrez pat
Qu'un attentat illégitime
V Souille vos bienheureux Etats:
Ni qu'une innocente vi&imc ,
Dont 'les vertus ont fait fon crime 9
Souffre en un jour mille trépas.
n s'adreffe de même à tous fes Ju-
gés , protefte de fôn innocence , les
follicite de le condamner s'ireft cou-
pable 9 ou de le mettre en liberté s'il
^ft innocent : Au moins , dit-il,
Au moins tout le monde verra »
De Paris ju!qu % à Barcelone ,
Si cet Amant du fa, fol , la ,
Qu'Ami très- mauvais a mis là ,
Eft vert , ou gris , ou blanc , ou jaune \
Si tort ils ont , fi tort il a »
Cet homme réduit à l'aumône ,
Qui vouJroit être en Macédone , '
Ou pour le moins en Canada ;
» fcet homme un doigt plus grand qu'une aulne » *
Que la fureur de Tifiphone
N'a jamais pû mettre à quia.
D'Affbncy ne fur vécut que de quel-
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* Françoise. 4J
fues années à fa délivrance. C*étoit
en 1 674 qu'il fubit fa dernière prifon , Charlm
& il avoit alors 70 ans, il mourut en ^ A YP \ A "
1678. Il ayoït fàit imprimer en 1677 l6 ^ l%
fes Aventures , en deux petits volu-
mes in- il. qu'il dédia au Roi. Son
portrait , qui eft gravé au devant ,
ne montre pas un homme de figure
aimable. On lit ces vers au bas,
co:
tent
mpefés par Chapelle , & qui fen~
it bien 1 ironie. i
Contemple en ce portrait un miracle nouveau »
Ceft ruiylïè du tems , qui malgré la furie
Des plus fiers Aquilons , a fauvé fon vaitfeau ,
Et des plus fiers Tyrans vaincu la barbarie.
Aujourd'hui fon deftin , des deftms le plus beau
Parmi les plus heureux eft bien digue d'envie ;
Puifqu'après mille morts , au fortir du tombeau»
H a pu redonner à fa chère patrie » <
Encore avant mourir , un trait de foa pinceau.
L'année précédente il avoit publié
Fhiftoire de fa prifon 9 dédiée encore
au Roi , & dès 1676 fes P enfles dans
le faint Office de Rome , dédiées à la
Reine , quoiqu'on life au frontifpi-
cede ces deux écrits Tannée 1678.
Ses Aventures d'Italie , marquées en
1679 , font de la même année 1678.
Tous ces volumes a à l'exception dds
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44 Bibliotheq ttE
Penféts , font remplis de pièces ert
vers de la compofition de F Auteur : ;
i*7%. faites. J'ai parlé ailleurs de fon Ovide
en belle humeur , & du Ravinement de
Proferpine , traduit de Claudieh ert vers
burtefques. J'ai déplus vu du même
un Recueil de Po'èjîes & Lettres 9 con-
tenant diverfes pièces héroïques 9 fatyri-
ûues & burlefques, imprimé dès 1653 ,
& dédié à M. Bordier , Confeiller du
Roi , Intendant des Finances , & Sei-
gneur de Reincy. L'Àutetir dit dans
ion Epître dédicatoire , quit y avùit
tongtems qu'il et oit à la Cour , qu'il
av oit déjà mis trois Livres au jour y &
qtfiil ètoit habitant du Louvre. Il y lotie
auffi Marcajfus qui avoit dédié un de
fes ouvrages au même M. Bordier*
D'Àflbucy donne le titre de vers hé-
roïques à une partie de ce Recueil ^
{>ar<;e qu'il y loue le Duc d'Orléans ,
e Prinee de Condé , le Comte d'Har-
court , le Comte de Sàint-Âignan ,
depuis Duc , MM. de Schomberg ,
Gaflïon , de Baffompierre , de Mont-
brun, de Saint-Simon , &c. fur leurs
expéditions militaires. Les vers bur-
lefques font fur différens fujets , fui-
vis de vers galans, & même de quel-
& ce ne font
les feules qu'il ait
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Françoise. 45 ,
ques vers de piété. Il y a dans tout
cela des Odes, des Stances , des Son- c Cha * l * s
nets , des Epigram/nes , des Chan- Jj^sq^cx:
fons. Dans une pièce a\i Préfident de i$ 7 %.
Maifons , que le Poëte qualifie de
Grand appui de nos Loix , Oracle de
Thémis 9 d'Affoucy le remercie de fes
bienfaits , &. furto^j de fa prote&ion,
Il y a auffi des Sonnets à Ja Reine ,
à la Ducheffe de Savoie , fur l'in-
conftance du jeu , que le Poëte n'é-
prouva que trop , & à qui il fe fia
toujours , fur \ç Livre] de Far et inti-
tulé Y Honnête Homme, aux Archevê-
Ïies de Rouen & de Sens ; & enfin
es vers pour des Ballets. Ses Lefttes
en profe à Madame Royale , à MM.
de Lyonne, de Servien , &c. ne font
guéres que des Requêtes pour deman-
der du lecours contre l'indigence qui
le preflbit , & oh la furpur du jeu &
fon peu de conduite le réduifoient
fouvënt. J'excepte de ce genre fes
Lettres à Scarron , à Molière , & à
Mcllitc 9 qui étoit apparemment fa
.Maîtrefle. Du Pelletier & Chapelle ont
loué ce Recueil. Le dernier , qui étoit
alors fon ami , lui dit entre autres
complimens :
igitized by G#OgIe
Charles
COYPIAU
•p'Assoucy.
+ 67*.
4$ B1BLIDTHEQU1
C'eft à cette foii, Dieu merci ,
Que Vous allez l'avoir entière,
La gloire d'avoir réufli ,
Sur toute forte de matière ,
Mettant tous les jours en lumière »
De nouveaux ouvrages , par qui
Sera bientôt votre Libraire j
De beaux écus blancs tout farci ,
Et plus riche qu'un Lapidaire.
Mais à propos de riche , fi
Vous me demandiez en colère,
Quand le ferai-je donc auffi ?
Je vous dirois , Grand d' Alloue? ,
Entre amis il ne faut rien taire ,
De bien n'entrez point en fouci ;
Quoique nos œuvres puiflent plaire ,
Ni vous , ni moi n'en aurons guères ,
Oui bien Loyfon 8c Chamhoudry ;
Car - pour des vers , c'eft chofc claire ,
Qu'il vaut bien mieux en ce tems-ci
Aes débiter que de les faire.
- ï
A peine d'Affoucy étoit-il de re-
tour de fon dernier voyage de l'Italie,
Su'il donna fes Rimes redoublées , dont
fit hommage au Comte de Lauzun.
C'était en 167 1. Il dit à ce Seigneur :
» Je fuis le but deil 'iniquité des mé-
» chans, de l'ignorance des fimples^
» & de la malignité des fots ; c'eft
igitiz*by(
Françoise. 47
» pourquoi ayant à me défendre de
»tant d'ennemis, je n'ai pas befoin Charlis
i, d'un moindre proteûeur qu'un Ca- Coypiau
^pitaine des Gardes du Corps du ^Asjoucr.
» Roi & d'un Commandant de fes ' 7
» armées auffi valeureux , de qui
» l'ombre feule peut détruire toute
» cette vermine affamée , fi piquante,
» & fi fatale aux honnêtes gens. » Il
ajoute parlant des vers contenus dans
ce Recueil, » que quoique conçus
» dans les difgraces , ils ne foient
»que les enfans d'un pere malheu-
» reux , la France , qui s'en»divertit ,
» les trouve engoués , & le Parnaffe
» qui les foiiflfré , les trouvé droites %
» qu'ils ont d'ailleurs côniribué quel-
le quefois au divertiffement du Roi* »
Cela peut être ; mais il faut convenir
aufli que ce plaifir n'a guéres duré , &
que ces poefies font oubliées depuis
ïongtems. ' ■ •
* Qupi qu'il en foif , ce Recueil com-
mence par une Epître badine, en pro^
fe & en vers. On avoit fait courir le
bruit de la mort de l'Auteur. » Tout
» de bon , dit-il , je crois que tout le
» monde eft îfans yeux , oii qu'il a per-
»du le fens ^ ily a plus d'un ah & de-
» mi que'je fuis de retour de Rome ,
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jfl BlBnÔTH^QtTE
D'où grâce à la toute-puiûance ,
Charles p our c h a fler les malins efprits,
)YPEAU
kssouc
COYPEAU Jc porW de<Jans Paris f
D ASSOUCY- . \ t . ^
L'aimable heu de ma natuance 9
Mainte relique de haut prix ,
Et, comme un Chrétien bien appris.
Maint beau pardon , mainte indulgence ,
Mes oreilles 8^ mes écrits ;
Cinquante belles ebanfonaettes ♦
Un Théorbe, deux petits Luths ,
Cinq -cens écus dans mes pochettes »
Trois dents de moins , quinze ans de plus »
* Deux bonnes paires de. lunettes ,
? Et deux Pages fort bien vêtus. «
» Et comme il y va de ma gloire f
» ajoute-toi, que le monde , qui me
» fyit l'honneur de sVntretenir fou-
» vent de moi , fçacbe que je ne fuis
» point encore une anatomie , je ne
» laiffe paffer aucunp occafion de me x
» faire voir. Je vais tous les jours au
» Louvre , à la Comédie...... Et fî
» vous ne m'en croyez pas , écoutez
» ce qu'en dit la Gazette, qui ne vou-
*> droit pas mentir : »
Le pauvre Monfieur d'Aflbucy ;
. A qui mainte raillerie ,
Dans maint écrit froid 8c trani, * ?
A voit ôté trois fois la vie # . . 1 ki
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F r a n ç o m; 49
Se porte fort bien, Dieu merci, ' Chàjuis
, Et de mourir n'a point d^envie. COYPEAU'
On difoit que la calomnie D'AssoUCT.
De feu Loret Pàvoit noirci ; 1^7 i«
N'en croyez rien , c'eft raillerie j
Il n'a pas feulement roufli :
Très-glorieux malgré l'envie ,
Plus blanc qu'un Cigne il eft id.
Ma foi , c'cft grande vilainie
De- traiter une Mufe ainfi
Dont la valeur cft infinie ,
On a dans ce Recueifta plupart des
pièces qu'il avoit compofées à Rome,
& dont j'ai dit quelque chofe ci-defllis;
une Requête à M. le Chancelier , par
laquelle il lui demande un privilège
pour faire imprimer ce même Re-
cueil ; un Remerciment à M. Del-
faut) premier Préfident à Soiffons,
; qui toi avoit offert de l'&rgent poiir
-le mêmé fujet ; quelques pièces in-
titulées, Hymnes ; Une Satyre contre
un Commis des Finances de Savoye ,
& une Plainte de la Samaritaine fur la
perte de fon Jacquemart & le débris de la
mujiquc de fes cloclns^
On voit par ce détail des poëfies de Mem. de
d'Aflbucy , qu'à Timltatiôn de Scar- ™!\ ^
rOn, h avoit çhoiu le .genre: burlef- pag. x«n,
TomeXVIU. C
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Bibliothèque
555555" que, lequel , . quoique bas & mefqiiîn
Charles par foi-ihême , fiippofe néanmoins
Cotma© beaucoup d'efprit , deieu , de faillie , *
* itii CJ " ^ une tQurnure ^ e caraûere qui eft
dans la foçietë ce que le grotefque
eft dans la peinture. Mais d'Affoucy
ne fut guère», .que le finge de Scarron ,
que perfoiine n'a pu. jufqu'ici imi-
ter qu'imparfaitement. C'eft ce: qui
^Art. poct. * ui att * ra cett $ cenfure de M. DeC-
ch. 1/ préaux:
Au mépris du bon fens , le burlef^c effrontés
Trompa les yeux d'abord , plut par ia nouveauté.
On rie vît plta.cn vers que pointes triviale*.
Le Parnaflc paria le Largage des Halles
Ire plus mauvais plaifant eut Des approbateurs »
£1 ]uù$£^<r.AfaBcy , tout trouva des k&euri.
Cette exa&e jufMce que M* DcÙ
pré^u^ r^n^oit à notre Auteqjr % dé-
plut beaucoup à çeUu-ci, comme il
te témoigne par cette fisguliere ex-
p. »6*,&< c ^ amat ^ 0,î » W^il foi* ^ ans 4™**-
Aûv." ' sures ^Italie ; » Ha ! cher Leâeur r fi
» tu fçavoiç comme ce tous trouva ipe
» tient au cqsur * tu- plaiftdrois nrn
» deôinée ; j'en fuis j>ncpnfolablô , 8c
h je. ne puis revenir de ma pamoi*
h fon , principalement quand je penfe
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Françoise. 51
» qu'au préjudice de mes titres , dans
ce vers qui me tient lieu d'un Arrêt Charlxi
h de la Cour de Parlement , je me £a£mc
» vois déchu de tous mes honneurs * D *•
» & que Charles d'Affoucy , d'Empe-
» reur du burlefque qu'il étoit , pre^
» mier de ce nom , il n'eft aujolir-
» d'hui , fi on le veut croire , que le
» reptile du Parnaffe & le marmiton
» des Mufes.... Voici , cher Leôeur 9
» ce qu'on gagne à faire de bons vers
» burlefques. » 11 entreprend au mê-
me endroit de venger ce genre de
poëfie contre le décri où M. Def-
préaux Ta voit fait tomber ; il fait fon
apologie & celle de Scarron , & quoi-
qu'il afFe&e de la modération en ré-
pondant à la critique dont il fe plaint,
qu'il dife même qu'il n'eft nrvindica-
tif , ni malin , & qu'*7 a toujours mille'
ans d? indulgence pour Us fautes £ autrui ,
on ne laine pas que de fentir un Au-*
tcur piqué.
Dans le tome XIIÎ. des Amuft-
mens du Cœur 6r de l'EJprit, M. Phi-
lippe a fait imprimer des vers de :
dr Aflbucy fur la Convalefcence du feU"
Pape Alexandre &de la feue Rei/ie-Mere f
guéris en mêmt-tems 9 & il les donne
comme n'ayant point encore parus,:
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52 Bibliothèque
Onles avoitdès 1671 dans les Rimes
Charles re j ou fitf e s de l'Auteur. Quant aux \rers
Copeau à la i ouange ae Lulii v que M. Phi^
P ASSOUCY. \ ' .P a q , M
lippe attribue au même , & qu il a
aufli publiés , j'ignôre fi on les trou-
y oit déjà ailleurs.
. Je ne dois pas omettre que d'Af-
fbucy a été accufé de plagiat. Cette
^cctifation eft expofée , mais non
prouvée , dans une Lettre anonyme
qui fe Ut parmi çelles qui ont été re*
Lettres de cueillies par Richelet. » Vous avez
* ich ^ u ** » tort , écrit l'anonyme , de vous eù
» tom^querque le bon homme d'Af-
h foucy pille nos fentimens. Il n'en
» ufe de la fprte, que parce qu'il nous
>f eftime. Ce qui me choque le plus ,
» eft qu'il attribue à fon imagination
n les bons offices que lui rend fà mé*
» moire ; & qu'il le croit l'auteur de
» mille penfées qu'il n'â'prifes que
j* dans nos ouvrages, C'eft un véritat-
»> ble écho; il ne dit que ce que les
>> autres ont dit : & néanmoins il eft
>> fi fou , que lorfqu'il nous copie
» mot-à-mpt , ij appelle cela compo-
p> fer , &ç. » Peut-être que l'anonyme
ou fon éditeur n'aproit pas mal fait
d*en donner des preuves. Les ayant
négligées , fon témoignage n'eft pas
^e grand poids,
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Françoise. 53
JACQUES CAS S AGNES.
* Jacques
w Tv y , , , Cassaones.
M. Delpreaiix n a pas mus epar- l6?9t
gné Jacques CaJJagncs que d Àffoucy;
& peut-être a-t-il eu moins de raifort
de cenfurer le premier que le fécond.
Celui-ci étoit un Aventurier, & fes ou-
vrages n'étoient guéres propres qu'à
gâter le goût ; l'autre étoit un homme
îage , & qui n'a voit travaillé que pour
fe rendre utile. Il étoit fils de Michel HHloirede
Caflagnes, qui fut Maître des Re- j£ ca *™ .
ouêtes du Duc d'Orléans , puis Thré- 170 & ftiiv.
forier du Domaine de la SénéchaulTée Kiccr. \iém.
de Nifmes. Jacques naquit dans cette l09 *
ville vers Tan 1634. Il fut élevé dans paran. det
le fein de fa famille , embraffa l'état jjjjj * d £
Eccléfiaftique , & eut le Prieuré de £59. »6oV
S. Etienne. M. l'Abbé de Loménie de
Brienne , qui Ta voit connu très-par-
ticuliérement , dit qu'il ne prit que uém. mf.
l'Ordre de Diacre ; ainfi , s'il eft vrai de Brienne '
qu'il ait été Do&eur en Théologie,
comme le dit M. l'Abbé d'OKvet,
ce ne fxit point dans la Faculté" de
Théologie de Paris qu'il obtint ce
grade; on fçait,qu'on ne le confère
3u'à ceux qui font dans le Sacer-
oce.
C iij
Digitized by Google
£4 Bibliothèque
— Venu jeune à Paris , il prit d'abord
UES les deux routes qui peuvent le plus
* ES * promptement mener 11 fe faire un 1
nom : il prêcha , & fit des vers. Une
Ode de 400 vers , qu'il fit en 1 660
à la louange de l'Académie Françoife *
lui en ouvrit l'entrée à l'âge de 27 ans .
C'étoit en 1661. Il fiit choifi pour
remplacer M. de Saint-Amant. La
même année , il publia Henry U Grand
au Roi , Poëme d'environ 6op vers.
C'eft Henri IV qui y parle à Louis
XIV, lui apprend la manière dont
il a gouverné lorfqu'il vivoit , & lui
donne de très-bons avis , tant pour le
gouvernement général & particulier ,
que pour tout ce qui peut faire la fé-
licité d'un Roi & celle de fes fujets ;
pour les tems de guerre comme pour
ceux de paix ; pour fa propre famille \
pour la Religion & pour les Lettres.
Dès le commencement , Henri IV
exhorte le Roi à lire fon Hiftoire qui
de Péréfixe, fur quoi il dit ;
Voi Couvent le portrait de mes jours glorieux ,
Qu'un îlluftre Prélat vient d'offrir à tes yeui :
Dans fon cours éclatant cette immortelle hiftoire
Découvre à ta vertu le chemin de la jloirc,
avoit été
>ofée par M. Hardouin
Digitized by CjOOglC
F* AKÇO I S E. $5
ïlfparott maintenant aux yeu* deTuniters
Vn chef-d'œuvre forait de chéB-d*œuvre$ â>ers : c^j^nu.
CYft par fon arc charmant que la France ratie , j £y^ #
JBft après mon trépas le témoin 3e ma vie;
Et que de tous mes faits l'éternel fouvenir
Doit rendre le pafle* préfent à l'avènir.
Ce poëme plut extrêmement à M*
Colbert ; & ce grand Miniftre , qui
ne fçavoit point effcnrer fafls récom-
penfer,procura à l'Auteur une penfion
de la Cour , le fit Garde de la Biblio-
thèque du Roi t & le nomma en 1663
un des quatre premiers Académiciens
dont l'Académie des Infcriptions /ut
d'abord compofée. L'année ?pffécé- Mém. de
dente i£6a, il avait donné une Ode ' t *<*
de 260 vers fur la naifïaace de M. le P . 4 .'
Dauphin ; & dans la fuite il entreprit
de célébrer les Conquêtes du Roi en
Flandres, dans la Ff anche* Comfé, &
en Hollande : il fit fur les premières ,
en 1667, une Ode de i6o vers , &
fut les fécondes, en 1668 , un Poème
d'environ 500 vers : fon Pôëme furla
guerre de Hollande en a mille , & pa-
rut en 1672. M. l'Abbé de Loménie
de Brienne , fon ami , a auffi inféré
dans le tome fécond de fon Recueil de
Ppifies diverfesj une Oie du même fut
Civ
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56 B X-JBLIOTHEQrUE
la Paix des Pyrénées, & dans le tome
Jacquis | j u m g me Recueil . neuf petites pié-
CASSA6NES. , Vj , V; *i •/•
ces qu on ht encore ayee plaijir. Les
StàncQsfur U cAaj^t des Oï/eaux y qui
en- font partie A font connues de tout
le monde , ayant été fouvent réim-
primée:; dans différens Recueils de
Cantiques fpirituels. J'ai toujours
âuiïi en endu faire l'élogje dexes deux
Stances fur la mort:
■ Rofes en "«jui je vois par oîire
Vu éclat fi vif & Si doux , ' ' '
Vous mourrez bientôt : mais peut-être,.
Je dois mourir plutèt cjue vous»
4 La mort que mon arrte redoute »
Peut m'arriver ince/femment : .
Vous mourrez én un jour fans faute %
JEt moi jScut^être en un' moment, -
L'Abbé Caflagnes qui s'éxerçoit en
profe comme en vers, fit auffi connoî-
tre fes talens dans le premier genre ,
par la préface qu'il mit à la tête de
l'édition des Œuvres de Balzac , faite
en 1665 , pzr un . Traité de Morale fur
la valeur, qui eft de Tac 1674, la
traduôion de ta Rhétorique de Cîceron ,
ou des 3 Livres de Oratore , qui eft de
la même année , 5c celle de Sallnfte
qu de rHiJloire de. l& Guerre, des Ro*
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Françoise. 77
mains , qui parut en 1675. Ces deux e——
tradu&ions font ornées de préfaces Jacques
qui ont toujours été eftimées. Celle Cassackes.
<jui eft au-devant du Sallufte en par- ** 7 * #
ticulier , me femblejudicieufe , quoi-
que peut-être un peu trop difïufe.
Quant à fon talent pour la Ghaire,
fi décrié par M. Deipréaux, il eft
certain que Caflagnes,après avoir été
applaudi à Paris, fut nommé pouf
prêcher à la Cour. Mais dans Tinter-
Valle parut la troifiéme Satyre de M.
Defpréaux , oii ce Poëte lança con-
tre lui ce trait fatyrique :
Moi qui ne compte rien ni le vin ni lajehere f
Si Ton n'eft plus à l'aife affis en un feftin ,
Qu'aux Sermons de CaJ/agnéHHi de f Abbé Cotin,
- On dit que ce fiit le fieur Furetiére
qui nomma ces deux Prédicateurs au
fatyrique. Quoi qu'il enfoit, Cafla-
gnes crut prudemment qu'il ne devoit
point fe montrer à la Cour , de peur
d'y trouver bien des gens difpofés à le
condamner fans l'entendre. Cepen-
dant à juger de lui par fon Oraifon
funèbre de M. Hardouin de Péréfixe,
Archevêque de Paris $ imprimée en
167 1 r il n'étoit pas fans mérite pour
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8 B Ifi LIC THEQ DE
- le tems où il prêchoit, » Et après tout,
ES remarque judicieufement M. l'Ab-
" bé d'Olivet , qu'étoit-ce parmi nous
„ que l'éloquence de la Chaire, avant
v que les Fléchiers nous euflent ap-
pris les grâces de la diâion ; que
„ les Çoffuets nous euflent donné une
idée du pathétique & du fublime ;
5 , que les Bourdaloues nous euflent
fait préférer à tout le relie , la rair
fon mife dans fon jour ? Jufqu'alors,
, ? ce qu'on appelloit prêcher , c'étoit
n mettre enïemble beaucoup de pen«*
„ fées mal aflbrties, fouvent frivo-
„ les , & les énoncer avec de grands
mots.
L'Abbé Caflagnes ne répondit point
à M. Defpréaux; il ne témoigna mê-
me aucun reflentiment contre lui.
Mais le trait qui l'a voit piqué ne le
bleflfa pas moins* Il continua cepen-»
dant de prêcher encore quelque tems.
Il étoit retenu pour PEglife de S. Be-
noît ; il voulut fatisfaire à fon enga-
gement ; & la curiofité ayant attiré à
Ion fermon beaucoup plus de monde
Ïu'il n'en avoit ordinairement , M.
)efpréaux dit malignement : // m'ejl
redevable de cet honneur , parce que je f ai
fait connaître :/oms moi vu. m f gourou
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François*. 59
ptsquc tAbbè Cajfagnes eût prêçhe: nou-
veau trait de fatyre qu'il a depuis em- Jac <* u *»
ployé en vers contre l'Abbé Cotin. C ^ 0NE «-
L'Editeur des Œuvres de M. Def- w#
préaux , de l'édition de 1740 , feu M, t ^ CVTt é
l'Abbé Souchay , met en partie fur le s. m1u%£
compte de ce Poëte la diforace qui \ c e [ u (ut t Boi-
arriva enfuite à l'Abbé Cattagnes, le 4?"/^*''*
dérangement de fa tête. Mais s il étoit
vrai que le chagrin d'avoir été taxé
d'attirer peu d'auditeurs à fes fer-
mons , fut entré pour quelque cbofe
dans fa maladie , il ne faut pas dou-
ter que M. Perrault n'eût eu foin d -en
tirer avantage contre M. Defprëaux.
Il n'en dit pas néanmoins un mot ; &
rien ne l 'empêchoit d 'en parler , puif-
que quand le troifiéme volume du Pa»
ralléleparat, Caffagncs étoit mort de-
puis quatre àns. L'ambition de ce
jeune Ecrivain , & l'envie qu'il eut
de fe rendre digne de la connance &
de l'eftime de M. de Péréfixe , & du
Public , étoient fuffifantes poar nuire
beaucoup à un homme que Chapelain
repréfentoit dès 1661 comme de peu
de fàtuL II fit en effet pour regagner
l'eftime du Public des efforts qui
étoient au-deffus de fes forces i> il pro-
duifit coup-fur-coup les divers ouvra-
C y y
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60 BlBLïOTHEQ tT f E
ges que j'ai cités; il travailloit de*
çSgnV plus > à Ia foflicitation de M - de Péré-
i$7*. * ^ xe > ^ un Scrmonaire, c'eft-à-dire, à
des Homélies propres à être récitées
. au prône dans les Eglifes où il n'y au-
roit point de Prédicateur ; cn unmot
fon travail fut fi excefîif , qu'il lue— ;
' comba fous un poids qu'il ne pouvoir
porter. Ses parens, avertis que fa tête
fe dérangeoit , accoururent du fond
de leur Province ; & l'ayant trouvé
hors d'état de pouvoir être tranfpor-
té en Languedoc , ils forent contraints
de le mettre à S. Lazare. Il y mourut:
le 1 9 Mai 1 679 âgé feulement de 46
3ns ,. guéri depuis quelque rems de fa
folie , mais n'ayant pas recouvré tou-
te fa tête.
. L'Abbé de Brienne dît dans le Mé-
Hioireque j'ai déjà cité, que Caflagnes
yy mourut en très-bon Chrétien y qu'il
5 j avoit toujours été de fort bonnes
t>9 moeurs > & qu'une mort telle que
yy la fienne > qui lui a paru précieufe
yy aux yeux de Dieu , & des hommes
3> de bien y qui l'efttmoient , vaut
# mieux , fans doute , que les meit-»
^ leurs ouvragés dû inonde. ,„ M. de
Brienne avoit été témbia de cette
mort y, lui & l'Abbé Caffagnes demeu-
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Françoise. 61
rans alors à S. Lazare > où le dernier
avoit revu les trois premières par- Charles
ties d'un ouvrage fingulier du pre- Cassagnw.
mier , intitulé le Roman véritable , ou voye*^
£ Hijloire J écrite du Janfénifme , en profe méiik.
j& en vers. Caffagnes le fit auflr héri-
tier de toutes fes poëfies ; car malgré
Je dérangement de fa tête , il en avoit
compofé beaucoup dans fa retraite de
S. Lazare , fans compter celles qu'il
avoit faites avant fa maladie , & qui
n'ont point été rendues publiques. Au
xelle M. de Brienne avoue que la Fon-
taine n'eftimoit point les vers de foi*
.ami ; & c'efl , ce femble , un plus
-grand préjugée pntre lui qu^/tous les
traits qui luiront lancés dans la troi-
sième fcène de la Satyre intitulée ,
.Chapelain dicoefe , ou Parodie de quel*
gues f cènes du Cid. '
ANTOINE DE RAMBOUILLET, Amow *
Sieur de la Sablière. di Ram^
L'Ode & lé Poëme héroïque que ^eur" »t
Caffagnes avoit préférés aux autres la Saslw»
genres de poëfie , ne furent point le as-
partage d'Antoine de Rambouillet,
Sieur de la Sablière y Parifien , Con*
faille* '-Secrétaire du Roi , Mai/on , Cou-
ronne de Frajice & dé fes finances > fils
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6l BlBLIOT HE QUE
de M. de Rambouillet, Secrétaire dû
Antoine i„ t érefle dans les Affaires de Sa
îo^^Majefté. Il choifit le Madrigal , la
Sieur de Chanfon , les Stances , & il y réuflït ,
la Sablie- principalement dans le Madrigal qui
**• n'eft dans le fonds qu'une efpece
* 6 79* d'Epigramme, qui doit finir par un
trait un peu moins faillant, que ce
qui porte parmi nous ce dernier nom."
Matthieu de Montreuil qui s'eft fait
beaucoup de réputation dans le même
genre, etoit peut-être plus fimple,
plus tendre , & plus aifé ; M. de là
Sablière paffe pour plus ingénieux ,
plus galant, plus travaillé. ,, Il écrf-
ikST't A i » VOlt > ditRichelet , kfcénieufement
' U 1 en vers & en profc , oc faifoit de fi
„ jolis Madrigaux , que M. Conrart
„ lui donna en qualité de Secrétairé
„ des Mufes , des Lettres de grand
„ Madrigalier François. -
Nous en avons un Recueil «n f\x
Livres, où Ton trouve aufli quelques
Staftces & quelques Chanfons. Ce ne
fut point l'Auteur qui les mit au jour ;
ils ne parurent qu'en 1680 , 8c il étok
mort l'année précédente 1679. Ce ht
fon fils , Nicolas de Rambouillet ,
Sieur de la Sablière , qui en fit prê-
tent au Public j fi Ton peut dire qtfe
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Françoise. 63
te foit faire un préfent que de ne don- J
ner que des poëïîôs , très-délicates , à D * N ^**
la vérité, dans le ftyle & dans les pen- BOU1LLET
fées , mais qui ne refpirent que la ten- sikur di
drefle & l'amour, & qui n'offrent mê- la Sablier
me en plus d'un endroit que des pein- R *•
tures fort peu chaftes. VIris dont il 2m£h.
eft fait mention dans plufieurs dç ces poet.in-4 u
Madrigaux, n 'étoit point une Iris en *• p '
tair; c'étoit une Demoifelle de con- * 4 *'
dition , qui par la délicateffe de fes
fentimens , autant que par fes agré*
mens extérieurs, a voit fçu fixer le
cœur de M. de la Sablière. Il étoit
fur le point de l'époufer, lorsqu'elle
fut attaquée de la petite vérole , dont
elle mourut quelque tems après. Voi- MadrÎRi j c
ci ce qu'il en dit lorfqu'il en fut u Sabi.' p.
prive. -
De la beauté d*Iris voi le portrait fidcllc :
Elle eut une ame digne d'elle ,
Un cœur tendre , un efprit charmant ;
Tu peux juger de mon martyie ;
Elle mourut , j'etois Amant ;
C'efi tout ce que je puis te dire.
L'Auteur fit un autre choix dont il T «- *« T ^
a'eut pas lieu de fe repentir/ Heffe- Jj' Fr ' +
lin de la Sablière, fa femme, étoit une
Dame de beaucoup de mérite & de 1
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64 Bibliothèque
. fçavoir. Elle étoit en grande, liaifon.
Antoine avec la plupart des beaux efprits de
Di Ram- f on tems ^ & j»Q n jfç a £t que la Fontaine
Si°£ur "de q u ' elle lo g ea chez elle Pendant près
zjl Sablie- ^ e xo ^ ns 5 en faifoit une eflime par—
jub. tîculiere. Plufîexirs ont cru qu'elle
**7*. a voit compofé des poëfies; & on lit
dans la lifte des Auteurs qui eft à la
tête'du Diôionnaire de Richelet y
„ qu'elle s'eft diftinguée parmi les
„ perfonnes de fon fexe par plufieurs
„ ouvrages de poëfie , où Ton trouve
„ beaucoup de délicatefle , & une
„ verfifiçation exaûe , & dont , ajoû-
„ te-t-on , on a fait tin recueil. „ On
a répété la même faute dans plufieurs
catalogues de Livres , oîi on attribue
' / à Madame de la Sablière les Madri-
gaux de fon mari. Mais il eft fur que
cette Dame n'a jamais compofé de
vers; M. Titon du Tillet cite en preu-
ve M. le Gomte de Noce, gendre de
M. & de Madame de la Sablière, &
M. de Fontenelle qui a été leur ami.
D'ailleurs, quand on a lu les Madri-
gaux dont il s'agit , il n'eft pas diffi-
cile de voir qu'ils ne peuvent être
■ d'une Dame , puifqu'ils s'adreflent
toujours à des Cloris , des Philisj
des Iris^ ou à des Dames connues, .
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Françoise. £5
PIERRE DU PELLETIER. l
Pierre du
Le nom de Pierre du Pelletier , loin P "" T " ,U
d'être aufli avantageufement connu 1 ™*
que celui de M. de la<Sabliére , feroit .
peut-être même entièrement ignoré
-fi M. Defpréaux n*avoit pas pris plai-
fir de le citer partout comme le mo-
dèle des mauvais Poètes. C'eft fur ce
ton qu'il en parle dans fon Difcours
.•au Roi, & dans fes Satyres, I, II, III y
:VII & IX ; & il auroit mieux vallu ,
•fans doute , d'être abfolument oublié
que de n'être jamais cité qu'avec mé-
pris & deshonneur. M. Baiiletlui afc
•tribue quatre Centuries de Sonnets, Baiiiet,jng;
que je ne connois point» Jé n'ai vu de dw 1 ^^ 1 : v
lui que deux Sonnets , adreffés au * % * %%%n *
Roi Louis XIV , imprimés in-folio , &
une multitude d'autres Poëfies , de
Sonnets en particulier , à la tête de
la plupart des Livres qui ont été
imprimés de fon tems. Ce font les
•Sonnets adreffés au Roi , qui ont fait
dire à M. Defpréaux dans fon JDi£-
cours à Louis XIV :
Oui , je fçai qu'entre ceux qui t*iadreflent leurs veille* f
fusai des Pcllcùeri ont compte des Conieilîei»
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£5 Bibliothèque
Richelet , qui l'avoit connu , dit
j'iUrKE do qu'il étoit de Paris, fils d'un bon
J> *^ TI£R * B° ur g e °i s * M ajoute , que comme dès
Lettre # de ^ a plus tendre Jeuneffe , il fit conrioî-
J^^is d ,# tre ^ U '^ a ™°* t * es Livres , fon père 5
Auteurs. M dans l'efpéranpe <Ten faire quelque
chofe , eut foin de le pouffer à 1 étude.
Il fit fes claffes au Collège de Har-
court à Paris ; & fitôt qu'il fut ea
troifiéme , au lieu de compofer des
vers Latins , il n'en faifoit que de
François, Ses Régens tâchèrent en
vain de l'en détourner ; tous les fu}et$
cu'ik lui donnoient pour en compo-
fer des vers Latins , il les rendoit en
vers, François. Son pere averti de cet
amour extraordinaire , pria fes Maî-
tres de le laiffer faire , dans la penfée
que fon fils pourroit s'avancer par cfe
moyen. Le bon homme fut trompé*
Du Pelletier forti des étwdes , fe fit;,
félon quelques-uns, recevoir Avocat;
mais ficela eft, au lieu de s'appliquer
à fa profelïïon , il continua de rimer*
Cependant comme il aimoit la ré-
putation, voyant qu'il n'en acqué*-
roit aucune dans le genre qu'il -avoit
embraffé , il crut qu'il trouveroit
mieux fon compte en écrivant eh
profe , & il fit des Lettres Françoifes
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Françoise. 67
dont il compofa un petit volume, qui
mourut tnnaijfant. Y êichè decemauvais P IÏRR1 w
fuccès , il revint à la rime, & prodi- ^t***
gua fans diflin£Hon fon encens à tows
ceux qui en vouloient. Dès qu'il fça-
voit qu'un Auteur faifoit imprimer
quelque chofe, il l'alloit voir aufli-
tôt , & lui portoit un Sonnet en fa-
veur de l'ouvrage qui s'imprimoit.
C'eft à quoi M. Pefpréaux fait allu-
fion dans fa première Satyre , où il
dit , Je ne fçai point
De mes Sonnets Auteur» Mer tout PUnivers »
Kt vendre au plus offrant mon encens & mes qtrs»
A l'âge d'environ trente ans , devenu
amoureux d'une jeune Demoifelle , il
compofa pour elle tant de Sonnets ,
bons ou mauvais, qu'elle fe laifla ga-
gner ; du Pelletier l'époufa ; & com-
me cette jeune perfonne étoit fage ,
adroite , laborieufe & économe , elle
fe fit fubfifter avec honneur. On dit
auffi que de fon côté , il alloit en-
seigner en Ville la Langue Françoife
aux Etrangers. Ceft fans raifon que
M. Defpréaux en a fait un para-
fite , dans ces vers de fa première
Satyre:
Digitized by CiQOglC
68 Bibliothèque
Tandis que Pelletier , crotté jufqu'à l'échiné >
Va mendier fon pain de eu i fine en cutfine ;
S ça varie en ce métier , fi cher aux beaux efprks
Dont Mommaur autrefois fit Leçon dans Paris ,
♦ Prom.deS. „ Le bon homme, cRt M. Gueret
Méinohei dî w dans fa Promenade deS. Clùud, avoit
Bruys , t. aflez de fa cuifine pour vivre , &
> v> *' „ d'ailleurs il étoit trop timide pour
„ faire le métier de Parafite. Auffi M.
9> Pefpréaux ir'avoit-il pas mis d'a-
„ bora Pelletier, mais Collctet dont il
„ ôta le nom à la prière de quelqu'un
„ qui lui fit fubftituer celui de Pelle>-
„ tier. „ C'eft par la même raifon que
le même M. Gueret fait dire â celui-
ci, dans fa Guerre des Auteurs ,
On me traite de Parafite ,
Moi qui plus reclus qu'un Hermite ;
.. Ne mangeai jamais chez autrui.
- O fatalité font fécond \
. Faut-il qu'on déchire aujourd'hui
Celui qui loua tout le monde!
Richelet met la mort de du Pelletier
en 1 660 ; c'eft zo ans trop tôt : ce Poè-
te ne mourut qu'en 1680, n'étant
point encoré avancé en âge. Il fut
inhumé à S. Severin fa Paroiffe.
Pierre du
Çeiletieiu
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F R A N Ç O I S £•
6 9
JEAN D U V A L.
JlAN DU-
Ce fiit fur la même Paroiffe, & vAL -
le 1 2 Décembre de la même année l *
1680, que mourut Jean Duval^ Prê-
tre , Bachelier en Théologie de la Fa-
culté de Paris, & Chapelain du Col*
4ége de Seès dans la même Ville,
François Henry, ami de Gaffendi,
qui l'avoit connu , dit qu'il ne man-
quent pas de talens pour la Chaire f
C'eft du même que j'ai appris, dans
un Mémoire manùfcrit original, que rit , par les
J'ai eu occafion de voir , que M, Du» B ^' t ^
val étbit aufli Poëte François , & en .
cette qualité Auteur de deux écrits
auxquels il n'a point mis fon nom.
Le premier eft intitulé Soupirs
François fur la Paix Italienne , petit
poëme de Huit, pages in-4 0 . imprimé
en 1649. L'Auteur le compofa au fu-
jet de la paix dont les articles furent
arrêtés à Ruel le 11 Mars de ladite
année. Duval s'y plaint de cette
paix, & l'appelle Italienne parce
qu'elle avoit été faite par le Cardi-
nal Mazarjin, & qu'il ne la regardoit
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yo B ib;li or t h e q u e
— ni comme fifïcére , ni comme devant
être de durée. Il y a dans cette pièce
beaucoup de vivacité contre le Cardi-
nal; c 'étoit le goût de ce tems-là d'ou-
trer Jes louanges ou la fatyre au fiijet
de cette Eminence , félon fes préju-
gés , ou le parti que Ton avoit em-
buafle.
Le fécond Poëme de Duval , beau-
coup plus connu 5 & plus confidéra- j
ble~, a pour titre , Le Calvaire propha.-
né 9 ou le Mont-Valérien ujurpi par les
Jacobins réformes du Fauxbourg S .* Ho-
noré , adrejfé à eux-mêmes» Ce poëme
d'environ deux mille vers libres de
huit fyliabes, parut en 1664 in-4 0 .
& a été réimprimé plufieurs fois de-
puis en différentes formes. On voit
dans (Hifioire de la Ville de Paris , par
les Bénédidins , ce qui donna lieu à
cette pièce. Les Jacobins ayant don-
né à Louis XIV une faulfe idée de la-
Congrégation ou Communauté du
Calvaire , dit le Mont-Valérien , lieu
de dévotion près de Paris , obtinrent
cette Maifon , & y entrèrent par vio
lence. Comme on oppofa la force à
la force , le tumulte fut grand ; les
Jacobins s'armèrent de tout ce ou 'ils
purent trouver : il y en eutplulieurs
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Fr an ç o is e. 71
çut furent blefles dangereufement ; il — —
ca coûta même la vie à quciques-ims J* an Dv*
des combattans* l/afïaire fut portée VAt "
au Roi , qui mieux inftruit , exclut 14
les Jacobins 9 rendit la Maifon à fes
véritables propriétaires , & eut foin
d 'y faire rétablir la paix & le bon or-
dre. Ce!! en partie ce qu'on peut
voir dans le Poëme de M, Duval f
qui eft en raême-tems hiftorique, fa-
brique & moral dans F Hiftoire de
Paris , que je viens de citer; & dans
le FaÏÏum de M. V aret , pour les Prêtres
& ff ermites du Mont-Valéricn. J'ai vu
encore attribuer à M. Duval, i. Les
Triolets du ttms , félon les vijions d'un
petit-fils du grand Nojlradamus 9 faits
pour la confolaiion des bons François ,
& dédies au Parlement , onze pages
in-4 0 . 1649J, 2 » Le Parlement burlefqut
de Pantoife; contenant Us noms de tous
UsPréfidens & Conseillers qui cômpofent
ledit Parlement : enfemble Us Harangues
kurUfquts faites par le prétendu premier
Préfident : libelle fatyrique, qui eft de
1652. 3. Enfin, un poëme de 1 6 pa-
ges , auiïï in-4 0 . H** a P our ^ tre :
S ordonne au Roi t fur deruntvelles Thèfes
contraires a la vérité y outrttgcufcs aux &
berces de tEglife Gallicane % funcft es à
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B I B 1I O T H E Q \J E
t.Etat , & condamnées par deux jirréts
J l anDu * du Parlement. M. Henri ne dit rien
iîsp. de ces trois derniers écrits dans fon
Mémoire, Sur la fin de fes jours ,
Duval tomba dans une mélancholie
fi exceflive, qu'il fe tenoit toujours
au lit , fe refufoit toutfecours , fe laif-
fa manger de vermine , & moiurut
prefque de faim.
— - N. BIGRE S.
N. BlGRfcS.
1680. On m'a dit auffi que le fieur Bigres,
Auteur d'un Poëme intitulé , Jefus
mourant , étoit compatriote de DuvaL
Ce Poëme parut dès 1644. in-4 0 . dér
dié à la Reine ; mais FAuteur n'eft
mort, à ce qu'on affûre , que long-
tems depuis. Le fu jet de fon Poëme
elt la mort du Sauveur du monde ; le
titre feiil l'annonce. On trouve dans
l'unique chant dont il eft compofé,
toute THiftoire de la Paffion de Je-
•fùs-Chrift, mêlée de quelques réflé-
xions fur cet événement , le plus in-
téreffant qui fut jamais pour le genre
humain, fit fur, les fruits qu'on doit
en retirer. C'eû tout ce qu'on peut
lèire de cet ouvrage.
NICOLAS
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i
Fr a nçoise; 73
NICOLAS L'HERITIER.
Nicolas
Voici encore un Poète né à Paris, L'Hi Ri-
mais d'une noble & ancienne famille rl f 6 i 09
de Normandie ; c'eft Nicolas L'Héri-
tier , Seigneur de Nouvellon & de
Villaudon. Militaire d'abord , il fcr-
vit dans les Moufquetaires du Roi ,
& enfuite dans le Régiment des Gar-
des Françoifes. Une Weffure qu'il re-
çut , en combattant avec valeur , dcMoréS'jc
Payant mis hors d'état de continuer w-
le fervice, on lui accorda la place de pag?^"" 9,
Thréforier des Gardes Françoifes , &
un Brevet d'Hiftoriogrtfphe du Roi.
Ce dernier titre , joint à fon goût
particulier , l'engagea à écrire plu-
fieurs morceaux de rHiftoire de Frang-
ée , & en particulier de celle de fon
tems ; entre autres , la Campagne de
Rocroy en 1 643 , celle de Fribourg , en
1644 , & quelques autres où les Trou-
pes Françoifes fe font fignalées. Feu
M. l'Abbé Bignon poffédoit ces rela-
tions, qui font demeurées manuferi-
tes. Je ne connois d'imprimé , en
genre d'Hiftoire , que fa Traduâion
des Annales, & Hiftoire des troubles
des Pays-Bas , écrites en L^tin par
Tome XVIU. D
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74 Bibliothèque
Hugues Grotius : cette Traduftion eft
de Tan i66x ; & un Tableau Hijforique
des 'principaux événemens de la Mo-
narchie Françoife , imprimé en 1669.
in-12.
M. L'Héritier s'eft fait connoître
auffi par quelques poëfies. En 163 9 f
il donna Hercule furieux , Tragédie 7
efpéce de traduôion d'Euripide , où
l'original eft fort maltraité ; dans la-
quelle on ne rctonnoît ni art , ni con-
duite , ni régies , & dont la vérifica-
tion eft foibïe. On peut en voir Tana-
lyfe dans V Histoire du Théâtre François f
tome V , pag.. 451, &c. M. Titon du
Tillet dit dans fon Parnaffe François y
& on le répète dans le Supplément de
Morériàt 1735, que M. L'Héritier
rompofa cette Tragédie étant encore
Moulquetaire. Il femble infinuer ce-
pendant dans fon Epître dédicatoire
à M, de Bautru, qu'il avoit déjà dé-
pofé les armes , puifqu'il dit qu'on
croira peut-être difficilement qu'une
perfonne qui naguerre ne s'aidoit que du
jnoufquet 6* de tèpie , ait pu Jitôt ap-
prendre à manier la plume comme il
faut. Il ajoute , dans la même Epître,
» Qu'il n'eftime pas fes ouvrages par-
» ce qu'il les a faits , mais parce qu'un
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Françoise. 75
»des meilleurs efprits du fiécie a
» voulu prendre la peine de l'aider
V à les faire. » On a foupçonné que
c'était M. de Bautru lui-même; mais
ce n'efl qu'une cpnje&ure.
On cite du même une Tragi-Comé -
die intitulée,, Le Grand Clovis 9 premier T » v «
Roi Chrétien j & l'on dit dans l'Hifftoiré
du Théâtre François , qu'elle n'a ja-
mais été imprimée. Cela peut être.
J'ai vu cependant la dédicace de cette
pièce , imprimée en 165 5 in-8°. &
adreffée à M. le Cardinal Mazarin,
dont l'Auteur faitiin ppmpeux éloge \
dont il fe montre zélé partifan , & à
qui ildit qu'il avoit des obligations.La
même Epître nous apprend que cette
Eminence avoit bien vouhi lire cette
Tragi-Comédie, &, qu'elle lui a voit .
plu. ILeft vrai. que l'exemplaire que
j'ai vu de cette dédicace n'eft pas
fuivi de la pièce même , mais elle
l'annonce , & l'Auteur la finit par
fupplier le Cardinal de continuer à
fon Clovis r honneur qu 'il lui avoit déjà
plu lui àccorder de fon efftme & de fa
prote&ion. C'eft, ce femble , dire aitez
clairement qu'il l'expofoit aux yeux
du Public.
Quoi qu'il en foit, je ne comtois
I> il
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B l't t IOTH È Q U E
■» plus d'autres poëfies imprimées de
Nicolas L'Héritier,que le Portrait d'Amarante i
L'H e r i- en f e p t ft ances ^ chacune de dix vers 5
TI j£g 0 inféré dans la féconde partie de Ut
Galerie des Peintures , ou Recueil des
Portraits & éloges en vers & en prof e ,
&c. imprimée chez Sèrcjr en 1663.
ïn-12! & dont on a voit deja une édi-
-Gaier. des tion faite en 1659. Cette pièce eft
?^.p-577,. écrite avec beaucoup de nobleffe &
de grâce. Celle que le Poëte y a
-voulu peindre étoit Mademoilelle
Françoife Le Clerc , nièce de M. Du
Vair , Garde des Sceaux de France ,
que le Poëte époufa depuis , & qui
mourut en 1704 , laiflant un fils &
«ne fille , Nicolas L'Héritier 9 morf
en 1730, & la célèbre Mademoiselle
. L'Héritier , qui ne mourut qu'en 17 3 4.
J'en parlerai ailleurs. Leur pere étoit
mort dès le mois d'Août 1680 : il eft
cnteité à S. Euftache. Mademoifelle
L'Héritier *a fait graver fon portrait
avec ces vers qui font d'elle-même :
pans fes vers , dans fa profe , on voy ojtt mille charmes ;
Son courage éclata .dans le métier des armes 9
Les vertus , le fcavojr ornèrent Ça valeur ;
%x lorfque fon cfprit , guidé par la candeur ,
P'un fidèle pinceau lui fit tracer THiftoire ,
Pc* ftéros qu'il peignit il partagea la gloire,
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Françoise. :' *pj
CLAUDE NICOLE. Claude
Nicole.
Claude Nicole, Préfident en i'EÏec* **** . .
tion de Chartres , n'a pas iftérité le *
même éloge. Ce Magiftrat n'a rien
écrit fur PHiftoire, & a.prophané fa
plume par cette multitude de traduc-
tions en vers de quantité d'endroits
choifis d'Anacréon , de Catulle^ d'Ho-
race , de Martial , &c. par celles des
Elégies amoureufes d'Ovide , desEji-
gies de Properce, duRaviffemerttae
Proferpine p^r Claudien , des Amours
d'Adonis du Cavalier Marin ^ &c. H
a fait auffi celle du quatrième Livre
de l'Enéïdev J'ai rendit compte de
toutes ces traduâions félon l'ordre
des tems des Poètes anciens dont j'ai
été obligé de parler. Mais* j'ai tou-
jours nqfhmé le TraduÔeur Jean &
non Claude , & je l'ai dit pere du cé-
lèbre Théologien Pierre Nicole. Je
me fuis fonde pour prendre ce parti
fur un piacet dxeffé par Pierre Nico-
le , & que Charlote fa fœur , fous le
nom de laquelle il eft , préfenta à M.
FEvêque de Chartres pour faire fup-
primer une édition des poëfies profa-
nes de fon pere qu'un Libraire de
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7$ Bibliothèque
Chartres vouloit entreprendre. Char-
Claude i otte Nicole y dit :
i?8o! - » Q ue Jean Nicole fon P ere a y ant
ic de pferre » enfin reconnu qu'il étoit coupable
Kieoie, t. i t 99 d'avoir employé fa plume à quan-
4 ' 5,6 * „ thé d'ouvrages , & furtout à des
poëfies , oh la licence dominoit
•„ en avoit témoigné beaucoup de re-
„ gret ; & qu'il avoit fait connoître
>9 que fon intention étoit qu'ils de-
„ meurafïent en quelque forte dans
, # PoubIi , en fe contentant desédi-
„ tions qui en avoient été faites , &
que ceux qui n^voient point en-
core paru, fuffent condamnés au
„ feu. Que néanmoins le Libraire
yy dont il s'étoit fervi de fon vivant,
„ .... loin d'entrer dans des vues fi
„ chrétiennes , étoit dans une difpo-
„ fition très-prochame de réimprimer
„ tous fes ouvragés , & enjoindre
„ aux écrits de piété qui étoient for-
p 9 tis en petit nombre de la plume de
„ fori pere , toutes les poëfies licen-
tieufes , & les attires ouvrages tout
„ prophanes , qui ne Fa voient que
•„ trop occupé, & dont il y étoit re-
penti; &c.„ .
Les poëfies contenues d^ns le Re-
cueil de M, Nicole * foit dans l'édition
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François t. 79
de 1662 en un volume, foit dans celle 1— — »
de 1695 qui eft en deux volumes , Claud^,
confirment ce qui eft dit danscepîa- N* co "«
cet. Tout eftprophanedans lapremre- 16
re édition ; & dans la féconde , qtii eft
fort augmentée , il y a en effet uri
petit nombre de polies chrétiennes
oui ne confiftent que dans une ver-
éon libre des fept Pfeaumes de la
pénitence , & des Pfeaumes 18, 23 ,
47,95, J03 & no; à quoi il faut
ajouter des Stances intitulées, Retraite
Chrétienne ; & au commencement du
fécond volume une belle Ode à ia
louange de M. le Duc de Saint-
Àignan. Le repentit du Poëte, dont
il eft parlé dans le piacet , eft vive-
ment exprimé dans Parvis- att Le&eur
qu'on lit au devant des Poïjies Chre~
tiennes , puifque l'Auteur y avoue ,
» Qu'après avoir donné autrefois de*
» traduâions un peu trop libres &
» trop enjouçes , il s 'eft fenti obligé
» d 'en faire la rétraôation , & en mê-
» roe-tems d'effayer par quelques ou-
» vrages de piété d'effacer le fouve-
» nir de fes vers libertins, . . . qu'il
» fouhaiteroit de tout fon cœur pou-
» voir anéantir , &c. »
Il femble donc qu'on ne puiffe dou*
Div
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So Bibliothèque
mmm ? a ~* ter que celui qui eft l'objet duPlacet
Claude Charlote Nicole eft le même que
ié*Q. l'Auteur des Poëfies dont il s'agit ici.
Mais ce Poëte étoit-il le même que
le pere de Pierre Nicole ? S'il n'y a
pas d'erreur dans les noms du Placet 9
il faut prendre l'affirmative. Les feu-
les raifons de douter font que l' Au-
teur des Pôëfies que nous avons eft
nommé Claude 9 par ceux qui en ont
parlé, & non pas Jean; que dâns Ifc
privilège accordé pour l'impreffion
de fes (Eiivres , il eft qualifié Préjîdent
en t Election de Chartres , & que le pere
de Pierre Nicole ne prenoit que la
qualité d'Avocat; que l'Abbé de Ma-
rollès qui parle de cet Avocat dans
fes Mémoires ne lui attribue aucunes
poëfies ; & qu'enfin Chapelain dans
deux lettres écrites au même Jean Ni-
cole , pere du Théologien y l'une du
4 Avril l'autre du 24 du même mois
1670 9 ne le fait Auteur que d'une tra-
Xew. mfr. du&ion des déclamations attribuées
4c chapei. fauffement à Quintilien , & d'un Son-
net à la louange de la verfion de Job
en vers François t par Dom Julien-
Gatien Morillon , Bénédiâin de la
Congrégation de S. Maur , Sonnet qui
ne fait point partie des Poëfies pieules
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Françoise. $i
du Nicole dont j'ai voulu parler ici, &
dont on rapporte la mort à Tan i 68o >
ou environ.
N. DE HEAÇFILLE. ■
N. DE
M. Baillet qui ne dit rien du Poëte Hi auvil-
Nicole , n'a pas oublié M. de Heau- Lt " l6 i Q9/
ville , Prêtre Abbé de Chantemerle ,
Ordre de S. Auguftin , au Diocèfe de
Troyes. Ce Poëte Chrétien étoit lié
d'amitié avec les plus beaux génies de
fon tems. Mais je n'en connois aucun
3ui nous ait inftruit des chxonftances
e fa vie. On le croit mort vers 1 6Bo ;
ce n'eft cependant qu'une conjeûure.
Son Catéchifme en vers dédié à M.
le Dauphin , a toujours été eftimé.
Dès qu'il parut en 1669 , il ne fe pro-
duifit qu'avec les approbations de M.
Hardouin de Péréfixe, Archevêque
de Paris 9 de FeHx Vialard , Evêque
de Châlons , des Evêques de Bayeux
& d'Angoulême , & de 23 Do&eurs
en Théologie. Ces illuftres Appro-
bateurs difent unanimement, » que
dans ta leôure de cette poëfîe , toute
>► pleine d'une doârine très-orthodo-
» xe & très-pieufe , les Chrétiens
» fe fortifieront avec douceur &l fa-
Dv
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$2 BlBlIÔTHEQUE
y—— - » cifité dans les connoiffances des vé-
N. de n rites de notre foi. »
H£auvil- c'eft en effet tout le but de l'An-
"itf&o teur > <I u î dans ce Catéchifme expli-
que avec autant de fotidité que de
netteté & d'élégance les vérités chré-
tiennes dont la croyance & la prati-
qué font -aécefîakes , Je Symbole des
^ Apôtres, les Commmandemerw^ de
Dieu & de FEglife f les Sacremens ,
les péchés * les, hmt héathudes , les
œuvres de miséricorde. Il y a ajouté
plttfieurs Prières chrétiennes. Le tout
eft en forme de Cantiques y avec des
airs convenables. Si Ton trouve dans
çe Livre quelques faartes légères con-
Avî$ de tre les régies exa&es de la poëfie, je
udeux! au ( ^ ra ^ a V€C l'Auteur* » qu'un Ecrirait
„ obligé d'enchaîner enferabie la ri-
„ me , la raifon & la foi , mérite bien
„ fur cela quelque excmfe ; & qu'on
„ doit pareillement lui foire grâce v
„ fi n'étant pis foutemi de fa matîé-
„ re , il tombe quelquefois , & s'il ne
„ s'exprime pas toujours d'une ma-
„ niére atrffi noble & auffi délicate %
„ que le pourraient faire ceux qui
„ ne font pas indilpenfablementobli-
>y gés de fe fervir des terjnes confa-
M çrés à l'explication des Myfiéra fk
Digitized'by CjOOglC
Fa ANçorsr, .
*des> vérités de la Religion. » On a
inféré une partie de ce Catéchifme N. i>*
dans le tome I. du Rtctuil des Poïjies ^ EAtmL -
diverfes dédié au Prince de Conti. \6%o.
M. l'Abbé de Heauville a fait en-
core un Livre des Devoirs du Ckré~
tien , qui a. pareillement mérité l'ap-
probation des Evêques de S. Pons r
de Périgueux, d'Amiens , de Leytou-
re , de Condom , & de pluficurs Doc-
teurs y qui rappellent tous encore
avec éloge le Catéchifme en vers.
Ce nouvel ouvrage ne parut qu'en
1 684 ; & dans le privilège du ij Avril
1683 obtenu pour Timpreffion de ca
Livre % il eft dit qne l'Auteur étoit
mort. On y retrouve tout ce qui
étoît dans le Catéchifme publié en
% 669 ; mais on y a d e plus les De-
voirs du Chrétien f où la Morale dè
Jtfus-Chrifi , en 14 chapitres ; un Trai-
té des cérémonies de la Meffe , un
Traite de la Prière > les fept Pfeau-
mes de la Pénitence , les Litanies r
le tout en vers , & l'Hiftoire des
Myftéres de Notre Seigneur Jefus-
«Chritf & de la Sainte Vierge , en
forme deCantiques r pour te tems de
l'AveiatrCe qui eft futvi de l'Hiftoi-
re de la Paffioa, félon les quatre
D vj
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COURT,
1680
84 Bibliothèque
Evangeliftes pareillement en versv
M. Titon du Tillet a donné place à
l'Auteur dans fon Parnaffe François.
LAURENT DRELINCOURT.
Laurent
Drelin- Laurent Drelincourt n'a cherché
non plus qu'à inftruire dans fes'&vz*
nets Chrétiens fur divers fuj&s divifés cri
quatre Livres , dont je connois trois
éditions , la première en 1677 , dé-
. diée à Madame Emilie,née Landgrave
de Heffe, Princeffe de Tarente ; la
féconde peu de tems après la mort
de l'Auteur ; &; la troiftéme en 173 1.
Les fujets de ces Sonnets font variés ;
ceux du premier Livre font fur la na-
ture & ion Auteur. La création dii
Monde , la Divinité , l'Efprit qui ani-
me tout , la création dfe l'Homme , les
Elémens., les Phénomènes les plus
connus , les différentes faifonsde Tan-
née, l'Aimant, les Pierres précieu-
fes,la Providence^ &c. en font l'ob-
jet. Dans le fécond Livre le Poëtfc
nous donne une idée des faits les plus
confidérables rapportés dans l'An-
cien Teflament* Il nous y fait pafler
en revue l'état d'Adam & d'Eve dans
le Paradis Terreûre y leur chute, le
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Françoise, £5
meurtre d'Abel , le Déluge , l'Hiftoi-
re des Patriarches , des Juges, de Laurent
quelques Rois & de plufieure Pro-
p^tes, &c. Tout cç qu'il y a de P4g0 ^
pnncipaldans le Nouveau Teftament
eft expofé dans le troifiéme Livre.
Le quatrième eft fur diverfes Grâces &
divers Etats. La féconde & la troifié-
me édition font augmentées d'une
Tradu&ion paraphrafée des fept
Pfeaumes de la pénitence f trouvée
parmi les papiers de l'Auteur , qui
avoit fait cette paraphrafe pour fe
confoler dans fes infirmités. Le der-
nier de ces Pfeaumes n'étoit point
achevé , un des amis du défunt a fup-
plée à ce qui y manquoit.
Les Sonnets font fort pieux , affez
bieqprerfifiés y exaôs pour le dogme
comme pour l'hiftoire , & je n'en ai
pas vu un feul qui fe reflente des
erreurs du Calvinifme dans lesquel-
les M, Drelincourt étoit engagé. II
étoit fils de Charles Drelincourt^ Mi-
niftre de l'Eglife prétendue Réfor-
mée de Charenton, & de N. Bolduc.,
Il fiit Miniflre à la Rochelle , & en-
fuite à Niort ; oii il eft mort en 1 68o>
fix mois après être devenu aveugle*
n'étant âgé que de 56 ans. On a die
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£6 B I B L r O t H E Q V E
lui des Sermons. Si les Sonnets %f 9
Dreun- T 28 & , 2 9 du quatrième Livre, fur la
court. mort £ un * filk unique 5 regardent quel-
j *8o. qu'un de fes jenfans , comme 09 te
croit, il étoit pere tendre & compa-
tiffant . mais en même-tems très»
réfigné à la volonté de Dieu. Voi-
ci le premier de ces trois Sonnets.
Ainfi de tes beau* ans je voi finir le eonrs , -
Doux objet de mes vœux f ainfi la mort cruelle r
Couvrant d'Un noir bandeau ta brillante prunelle r
Change en autant de nuits îc refte de mes jours..:
Quoi t'en vas-tu fi-tAt ? t'en vas- tu pour toujours *
Trois ans onvils borné ta carrière mortelle ? •
Et fenfuis-tu de nous ,& fi jeune , & û. belle
Revien , mon cher enfant f mon tréfor , mes amoim,
Mais pourquoi rappelle», par un tranfport extréfnc r
Ta fainte ame , qui vole à la gloire fuprême*
Mon cœur , ayons plutôt ce fendaient pierre
Ceft par Tordre d'enhaut que la mort t'a ravie :
It Dieu veut , en nVôtant la moitié de ma vie ,
Que l'autre ne rerpirc ici-bas que les d'eux»
' GABRIEL GILBERT.
Gabriel
€ï i*Zo*' Gabriel GiBkn , Parifien , Secré-
taire des Commandemens de Chrif-
4 tine Reine de Suéde , & fon Réfiderit
en France, étoit encore un Poète êe
la Religion prétendue Réformée.
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Françoise. 87
Chapelain dit de lui : » C'eft un efprit
» délicat, duquelon a des Odes, de g Gab ^
>► petits Poèmes, & phifieurs pièces "^g"*
» de Théâtre , pleines de bons vers. Mélanger*
» Ii n*a pas une petite opinion de IuL» dc » Lctlr - de
a r if r r • j i Chap.p.
Avant que d entrer au fervice de la
Reine Chfîftine , il avoit été dans fa
jeuneffe Secrétaire de la Ducheffe de
Rohai*. Il étoit en Itafie avaift 1657 ,
cumme on k voit par TEpître dédica-
toire de fa Tragédie des Jmours de
Diane & SEndhmion. Ailleurs il nous e p . dédîe,
apprend qu'il étoit bien venu chez ^ CTt ^°^i
M. de Lionne , Miniftre d'Etat, chez mours de Ké-
M'. Fouqwet , Surintendant des Finan- ™^J" 0 *Ï
ces , & que te Cardinal Mazarin fe de, 1
délaffoit quelquefois dans la leâtire
de fes ouvrages ; & cependant il *
avouoit en 166 3 qu'il n'a voit tiré
d'autre avantage de fes divers écrits
en preft & envers , que celui de les avoir
frèfentis a ce que fa France a de plus
auguflc & de plus eminent. Sa fortune Parn.Fowf?
fiât en effet h peu confidérable T qu'il P- 3 8 7*
auroit paffé de triftes jours fur la fin
de fa vie , fi M> d'Hervart , amateur
des gens de Lettres , ne lui eût donné
un azile favorable dans fon Hôtel à
Paris , où il mourut vers Tau 1680*
La Reine de Saéde ne l'avoit pas
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Stë Bibliothèque
■—— » apparemment récompenfé autant
Gabriel qu'il l'avoit efpéré, & qu'il s'y étoit
Gilbert, même attendu , comme on peut en
juger par cette Epigrammequ'il fit
après l'abdication de cette Princefler
£n ferrent cette Reine égale ats Amazones r
Je n'aurai pas perdu Cix ans ; % .
Car t^ui fçait donner des Couronner r
Sçaic bien faire d'autres préfens*
Gilbert a compofé feîze pièces de
Théâtre , qui çnt été imprimées in-
8°. & in-n, depuis 1641 jufqu'eti
1664. Lorfcjue le Thé|tre de l'Opéra
fut établi , il voulut aufli effayer s'il
pourrait s'y "faire cdtonoître par quel-
que pièce , & il donna en 1671 Us pei-
nes & Us plaifirs de V Amour ^ qui n'eu-
rent , dit-on , qu'un médiocre fuccès.
On peut confuiter fur ces pièces dra-
matiques YHifioire dit Théâtre François
de MM. Parfait.
Il étôit attaché à la Reine de Sué-
de , lorfqu'il donna en 1655 Y Art de
plaire, qu'il dédia à cette Reine. Ceft
un poëme divifé en deux Livres, fait
à l'imitation de Y Art a" aimer £ Ovide.
La morale n'en eft ni chrétienne , ni
fouvent même raifonnable* Dans
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Françoise. 89
prefque tout le premier Livre 9 le — —
Poëte n'eft occupé qu'à expofer les Gabrul
moyens dont il prétend que les fem- GlL "* T *
mps ulent pour le faire aimer* Il y
découvre , comme il s'exprime lui-
même au commencement du fécond
Livre ,
Ces rufes ces fineffcf ,
Dont ufent contre nous nos fubtiles Maîtreflcj.
•
À-t-il prétendu , en entrant dans de
pareils détails , honorer un fexe dont
il fait d'ailleurs le plus outré panégy-
rique ? Le fécond Livre a plus de rap-
port que le premier à l'Art d'aimer y
qui de voit être Tunique but de tout
le Poëme. Ce fécond Livre eft adreffé
à Monjieur* frère unique du Roi ; &
il eft étonnant qu'on ait foufïert que .
le Poëte ait ofe donner à ce jeune
Prince des préceptes auflï dangereux
que ceux qu'on lit dans ce deuxième
Livre, Le feul qui foit fupportable y
eft celui par lequel le Poëte finit»
L'art de plaire eft celui de fe rendre honnête homme.*»
Le mérite peut tout , chacun en eft charmé :
Deviens aimable enfin » & tu feras aimé.
Mais devient-on honnête homme eo
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<JÔ BIBLIOTHEQUE
y——" mettant en pratique toutes les rufes ,
Gaiwil tous ks artifices , je dirois prefque
Cxlbirt. t ou tes les baffefles détaillées dans ce
È 09 poëme , & en fe livrant de foi-même
a tous les périls où le Poëte jette im-
prudemment celui qu'il feint d'ins-
truire ?
Gilbert dit qu'il étoit jeune lorf-
qu'il.fit ce poëme, on ne s'en apper-
çoit que trop. Lorfqu'il le fit irppri-
mer en 1655 ^ en joignît un fecbnd
compofé dès 165 1. C'efl un panégy-
rique très-étenau , très-diffus y en
fiances , chacune de dix vers , de
Chriftinè de Suéde , devant laquelle
le Poëtç fait éclipfer toutes les Hé-
roïnes mentionnées dans FBiftoire
& dans la fable. Il accorde à la tien-
ne tous les talcns de Pefprit & toutes
les qualités du coçur qu'on ne trouve
pas même dans la perfbnne la jpjus
accomplie. Il eft fi enthoufiafme du
fuj et qu'il a choifi pour fon poëme ,
Îru'il croit que cet ouvrage eft fuffi-
Lnt pour rendréfon nom Immortel:
Jadis aux bords de la' Seine ,
Bartas , Malherbe & Ronfard ,
N*om fait fortir de leur veine
Que <ks chcfs-d'atiivxes de Tan \
Poè'me a la
R. de Suéde,
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Françoise.
9»
Çombaut , Chapelain , Corneille ,
Aujourd'hui charment l'oreille*
Êc portent loin leur renom ;
ITt mes vers aux bords de la Loire >
Ne manqueront pas de gloire
Puilqu'ils chanteront ton nom»
G ABRIît
GlLBIRT.
Ces Chefs-d'œuvre* de du Bartas 8c
èc Ronfard , & ces vers de Chapelain
qui charment £ oreille , ne font pas hon*
ftcur au goût de Gilbert,
Ce goût ne brille pas en effet dans
la plus grande partie de fes poëfies ,
non-feulement dans celles que je viens
de faire connoître , ît0ffk encore dans
fes Pot/îes diverfes 9 qu'il publia ert
1661. Comme ce nouveau Recueil
eft dédie au Rot , les premières pièces
qu'il contient font à la louange de ce
Prince ; mais prefque toutes les au-
tres ne roulent que fur l'amour , à
l'exception de quelques poëfies fpiri-
tuelles qu'on lit à la fin , & parmi
lesquelles il y a une paraphrafe affec
froide du Pfeaume Super flumind Ba-
bylonis. Gilbert dans FEpître dédica-
toire de ce Recueil, demande au Roi
la permiffion d'écrire. foiyHiftoire ;
je ne fçai pas fi elle lui a été accor-
dée ; m ais je doute qui! eût pu mar
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9* BlBLIOTHJEQVE
nier noblement une fi belle matière.
.Gabriel On eftime encore fa Tradu&ion de
Gilbert. j 0 des Pfealimes de David , qu'il fit
léga " en vers fur les mêmes méfures que
ceux de Marot, & dont je ne connois
qu'une édition faite en 1680. La pré-
face , qui eff au-devant , efï fenfëe ,
& Téloge que le Poëte y fait des
Pfeaumes eû dans le virai. Mais de
tous fes écrits en vers , celui où je
crois qu'il y a plus de génie poéti-
que , c'eft ion Ode au Cardinal Ma-
zarin, compofée en 1659, & qui a
Wift * 4 $, réimprimée dans le troifiéme to-
me du Recuemfe Poïjîcs divcrfes, dé-
dié à M. le Frince de Conti. Je se
fçai cependant û elle n'eÛ pas un
peu trop longue : elle a 4$ ûrophes,
chacune de dix verser
r—l— MICHEL DE MARQLLES.
Michel
J l A l'exemple de Albert , &: des au-
itfi. fres Poètes fes contemporains r l'Ab-
bé de Marolîes fe perfuada auffi qu'il
manqueroit quelque chofe à fa gloi-
re , s'il n'entreprenoit point comme
eux de nionter fur le Parnaffe. Il
Bain. jug. crut , 'ditfcl. Baillet, que fa compa-
res Sav. t. 5. . 7 t - . 7 1 r
t . iyir gnie ne leur teroit point de deshon-
Digitized by Google
Françoise. 93
neur , & quoique dans ua âge oîi les
autres fongent férieufement pour l'or- Michel
dinaire à s'éloigner des .Mufes , il fe D E M A "
préfenta à elles , & voulut leur faire E "g I 1 , ft
fa cour. Il en fut mal reçu ; & mal-
gré la prodigieufe quantité de fes
vers , on peut dire qu'il eft prefque
entièrement ignoré fur notre Parnaf-
fe. J'ai déjà parlé fouvent de cet
Abbé à l'occafion de la multitude de
fes traductions /la plupart en profe ,
& quelques-unes en vers, des anciens *
Poètes Latins , & je fuis fâché d'en
avoir pû rarement parler avec une
certaiaè eftime. Ce n'eft pourtant
point encore pour le louer que je le
fais reparoître fur la fcène.
Qui ^ft-ce qui connoît aujour-
d'hui , ou du moins qui eft-çe qui
auroit la patience de lire, fpàtraduç*
dons en vers François dei Prophètes
Jonas & Nahum touchant les Ninivites ,
de la Prophétie dp Baniel , du Canti~
<pie des Cantiques, des Lamentations de
Jirirnie , & de VApocalypJk de S. Jean ?
Son goût, fon ftyle, fa verfification,
fontr-ils plus fupportables dans £a
Description fuccinte de Paris, & nlan~
moins ajfe[ ample de cette grande Fille 9
far un certain nombre d'JZfigrammes d$
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$4 Bibliothèque
quatre vers chacune fur divers fujttà
dans fa Géographie facrée^ ou Ecclêfia\
tique de tout le monde en Quatrains
& dans fes Quatrains fur les Papes
Us Cardinaux François , les Archevi*
ques & Evêques de France dans Us aw
ciennes limites du Royaume , lcfqud\
.ont vécu depuis 1600 jufquuu premier 4
Mai 1677 ? Si Ton fait quelque gracd
à fes Quatrains fur Us perfonnes de l\
Cour , & Us gens de Lettres , c'efl ?
41 caufe des noms que FAuteur y rapJ
pelle , & dont plufieurs font célébresj
On y voit les curieux XEfiampes ; les
Peintres , Graveurs , Sculpteurs , Sé
autres Artiftes , dont la profefSon a
rapport au Deffein ; tout ce qui peut
être l'objet de la Peinture ; le Roi &
la Cour , les grands Officiers , les
Parleniens & la Robbe , les gens de
Lettres, les Théologiens, les Méc^
cins, les Jurifconfultes , les Mathéma-
Mém-d'Ar- ticiens , les Hiftoriens , les Poètes La-
tigny^, t. 6. t j ns François , &c. Mais quoique
cet ouvrage foit aflez curieux en
lui-même, on ne peut le lire, non
plus que les autres poëfies de T Au-
teur , fans fe rappeller ce vers de
Defpréaux :
Il fc tue à ,nmex, que n'écrit-il ea. pxofc?
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Françoise* 9f
Il y a tel de ces Quatrains , oi* PAb- — — t
be de Marolles gêné par la rime & Michel
par la mefure # s'exprime d'une ma- M*,
niere peu correûe , fouvent inin- RO j^g $-
telligible , & quelquefois ridicule.
Dans fes Poètes , par exemple ,
après avoir fait l'éloge de Coras ,
il dit :
. Reviens ici, Coraf : ton ara! Vaumorieres •
Eft un (âge critique , & lai-même aujourd'hui
En matière de vers en fait qui font de lui.
Cet éloge n'eft-41 pas plaifant , &
plaifamment tourné ï Chaque page
des poëfies de ce trop fécond Ecri->
vain eh pourroit fournir * plusieurs
exemples à peu près femblables.
Mais s'il rcvenoit au monde , je ne
fçai s'il ne fe confoleroit pas de fou- •
bli oîi il eft tombé , en relifant Pen-
droit de fes Mémoires (t. i . p. 173.) ibid. 1. 1 . p.
où il donne le dénombrement des dit- î 8 *» J 8 *»
férens Auteurs qui lui ont prodigué
leurs éloges ; & il croiroit encore que
c'était la beauté de fes produ&ions
qui avoit infpiré Roger de Gagnie-
res , à l'âge de treize ans , de faire fur
ces mots Michel de Marolles , cet ana-
gramme Cor de mille charmçs y & de
l'expliquer par ces vers 1
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$6 Bibliothèque
Ton pere a triomphé dans la gloire des armes ,
Michel Et w vas furpaflànt par tcs doétes écrits
DE Mir
JL o L L E s. ^ C ^ U J ama,s produit les plus rares efprits ,
1681. De-là vient qu'on te dit Vor vrai de mille cher mes.
Œuvres de M. Godeau flit auffi un de fes Pa-
f^mo^^égyriftes , & l'éloge qu'il en reçut
dutle flatter beaucoup. Ce Prélat lui
dit entre autres chofes dans TEpître
qu'il lui adreffe :
Abbé dont les écrits au Temple de mémoire ,
Malgré le jtems ingrat feront vivre la gloire ,
Et qui par tes travaux , & doftes & pieux ,
Ioftruis les ignorans , & plais aux curieux >
Qu'un aimable repos accompagne ta vie.
Et que ton heureux fort paroît digne d'envie ! ....
Tu pouvois juftement par ta noble naiflance ,
Ton efprit » ton fipavoir , ton cœur , .ton innocence *
Afpirer à l'honneur que la Cour fi louvent
Donne au plus importun , non pas au plus fçavant.
/Te laiflanc enchanter aux plaifirs de l'étude ,
De ton cher .cabinet tu fais ta folitude ;
Et la Cour a laiiTé dans cet heureux tombeau ,
De tes jours fans emploi confumer le flambeau.
Mais ne t'élevant pas jufqu'à la prélature ,
On t'a fait une grâce , &'non pas une injure.*..
Il vaut mieux , cher ami , ne vivre que pour Coi
Que jouir des fplendeurs d'un fi pénible emploi ,
Qu'en courir les danger*, qu'en foufrir les tumultes,
Mieux confulter les morts , comme tu les coafultes,
Et
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Françoise. 97
Et que tu fais fortir de leurs fameux tombeaux ,
Sans tes Traduction* , fi pompeux & fi beaux ,
Qu'aux rives de la Seine ils ont f air aufli libre ,
Qu'ils l'eurent autrefois for les rives du Tibre, &c.
Les louanges données à l'Abbé de
Marolles par Madame de Montbel
dans fon portrait tracé de fa main ,
aufli en vers François , ne font pas
moins exceffives. Je n'en citerai rien ;
on peut lire ce portrait dans la Gale
rie des Peintures , pu Recueil des Por-
traits & Eloges en vers & en profe , fé-
conde partie , pag. 409 & fuivantes.
Cette Madame de Montbel étoit ap-
paremment Charlotte de Menou , qui
avoit époufé en troifiémes noces lp
15 de Septembre 1647 Antoine de
Montbel , Seigneur de Çhamperon.
L'Abbé de Marolles , qui étoit parent
de cette Dame, en parle dans fes
Mémoires , première partie, fous l 'an-
née 165 1„
Michel de Marolles né en Tourai-
ne le xi Juillet 1600 , étoit fils de
Claude de Marolles , Capitaine des
cent Suiffes de la Garde du Roi , Se
d'Agathe de Châtillon , d'une famille
noble du Forez. Claude attaché au
parti de la Ligue * eft fameux dans
lomcXVUI. E
MîCHEI.
DE M A-
RO L L E S*
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<■— — notre Hiftoire par fou combat fingu-
Michel lier avec le fieur L'Ifle-Marivaut *
b e Ma- Royalifte , qu'il tua fous les murs
*°i6U S ' de P aris > à là vûe des deux Arméçs ,
le jour même de la mort de Henri
Kker.Mém. HL Michel fut deftiné de bonne l*eu-
* re à Pétàt Eccléfiaftique , & dès 1609
fôn per<e obtifrt p6ur lui du Roi Hdii^
ri IV. l'Abbaye de Bougerais en Tôu-
ràine. H fit fes premières études dans
la Màifon paternelle 9 & en 161 1 on
le mit en penfion à Paris-dans le Col-
lège de Clermorit , où des Séculiers
•enfeignoient les Humanités fous là
^direôion des Jéfuites. Dix-huit jotiris
après , il pafTa au Collège de la Mar-
che , '& eh 16 16 il retourna en Tôu-
raine , d'où il revint encore à Paris
faire fa Philofophie fotis Janus Ceci-
liiis Frey , qui enfeignoit au Collégte
de Montaigu. Il étudia eftfuite en
Théologie ; & depuis 1&23 jufqu'à
mort , Ion occupation prefque uni- j
que fitt la compofition de différens
ouvrages , & furtout de traduire ce
grand nombre d'écrits des anciens
qu'il a fi fouvent fort mal traités. Le
5 Décembre 1626, Louis XIII le
popuna à l'Abbaye de Villeloin en
-^ouraine, Il mourut à Paris le 6 Mars J
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f R A N Ç O * S E. 99
*68i dans fa 8 I e année. Ses Mémoires
devenus fort rares, font un ouvrage Michll
curieux & intéreffant : on vient de les D E M 4 ~
réimprimer avec des notes. itiu
C H A RLE S COTIN. H
Charles
Ce ne feroit peut-être pas un fujet Co ™ *•
d 'éîoge pour l'Abbé Cotin que de dire 1 u
que l'Abbé de Marolles avoit pour lui
plus d'eftime que M. Defpréaux n'en
a marqué. Mais en eft-il moins vrai
{pie ce dernier a outré la fatyreàfon
égard, comme en vers l'Abbe de Caf-
fagnes ? Toutpréjugé à part , dit avec
raifon M. l'Abbé d'OUvet ; l'Abbé
Cotin étoit-il homme û méprifable Hîftoiredc
qu'il méritât d'être immolé à la rifée [*"*'*ï£
publique } » Si j'étois chargé de faire fîfiv."
» fon apologie , continue le même
Hiftorien , » je chercherois M. l'Ab-
» bé Cotin dans fes ouvrages férieux :
» dans ce qu'il a écrit fur les princi-
» pes du mtmde, fur l'immortalité de
» l'ame , fur le Cantique des Canti-
# ques. Je montrerais par ces mêmes
» ouvrages , qu'il étoit verfé dans la
» Philofophie & dans ta Théologie ;
» qu'il fçavoit de l'Hébreu , du Grec ,
» du Syriaque. Je m'appuierois fur
E i j
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IOO BlBLIOThÉQ UE
— » l'autorité de ceux qui aflïirent i
Charles >y ^ comme Perrault dans fon Paral-
^1*82* * ) V*il aur0lt pu dire par cœur
Paraii. r. y » Homère & Platon. Je dirois que dans
» fes Poëfies même , qui font le plus
» fbible de fes ouvrages , il y a des
» chofes très-fpirituelles , & bien
» tournées. Je trouveroîs dans les
» endroits qu'il a traduits de Lucré-
' » ce , des vers affez beaux pour faire
» honneur à un Poëte,qui n'auroit été
» que Poëte. Je ferois avouer que fa
» profe a ce je ne fçai quoi d aifé ,
» de naïf & de noble , qui fent fon
» Parifien élevé avec foin. Enfin je
» dirois que M. l'Abbé Cotin avoit
» l'honneur d'être reçu & chéri dans
» les plus illuftres compagnies , où
» chez Madame de Guife , chez Ma-
» dame de Nemours , à l'Hôtel de
» Rambouillet , chez Mademoifeile
» de Montpenfier. A l'égard de fes
» Sermons , comme il ir'fen refte au-
» cune trace 9 je me contenterois de
» faire obferver qu'il a prêché feize
» Carêmes dans les meilleures chai-
» resde Parié, & que vrai-femblable-
♦ » ment , s'il avoit toujours été auffi
» frété que Ija fatyre le dit , il n'auroit
» l'on ne faifoit accueil
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Françoise. ioi
* pas eu la confiance de pouffer fi
» loin une carrière fi pénible. Charles
- - - -- - - n om.
16*1»
Chapelain avoit dit avant M. l'Ab- CoTlh *
bé d'Olivet : » Cotin a beaucoup
» d'efprit & de fçavoir dans les Hu-
» manités & dans la Théologie , &
» il efl bon Philofophe moral & Lo- Uéhnge t\-
» gicien. Il écrit facilement , pure- j£ Lc,t -
» ment & éloquemment , aufli-bien 4s , ?î 9 ?'
» eû vers qu'en profe , & a l'air du
» monde & de la converfation : ami
* de la liberté & du plaifir, fans dol
» & fans malice. Le jugement & la,
» connoiflance des affaires du monde
»n'eft pas en quoi il excelle. Il a
» beaucoup publié d'ouvrages de ga-
» lanterie & de piété avec une ap-
» probation égale; & fi la principale
» partie étoit de la force dés affres r
» il pourroit paffer entre les premiers
» de nos Ecrivains. » Peut-être dira-
t-on qu'il n'appartient qu'aux Chape-
lains de louer les Cotins : mais outre
que le jugement de Chapelain fur le
mérite des gens de Lettres n'eft pas
fi fort â méprifer , ce qu'il dit de trop
doit être reâifïé par ce que je viens
de rapporter d'après M. l'Abbé d'Oli-
vet , dont le préjugé ni l'intérêt d'a-
mi n'ont point conduit la plumer {
E nj
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101 B I B L ï OT heijue
Charles Cotin étoit de Paris, &
Charles d' une famille honnête qui le fît éle-
rdSi ver avec f° m ' ^ embrafla de bonne
Mém. d'Ârt. heure l'état Eccléfiaftique , & prit
t. e. p. 117, tous i es Ordres facrés. Il fut Confeil-
**** 1er & Aumônier du Roi en 1630 ou
peu de tems après : car dans une lifte
d'environ 130 Aumôniers honoraires
de Sa Majefté, de Tannée 1657 , il
fe trouve le vingt-quatrième ; & M,
Balefdens, qui l étoit dès 1637, n ' e ^
que le foixante-quatriéme. On lui
donne dans quelques autres liftes
deux autres qualités celle iïJbbi de,
Montfronchtl , & celle de Chanoine de
Bayeux* Pour l'Abbaye, je ne fçais
ce que c'eft* A Tégard du Canonicat,
H eft vrai que Cotin en prit poflef-
ûonétfi6<o; mais ne voulant pas
réfidër à Bâyeux , il le réfigna dès
Tannée fuivante. Il étoit à peine forti
de l'enfance lorfqu'il fît le Madri-
gal y qui commence par ce vers ,
Iris s* eft rendue à ma foi , qui fut trou-
vé une des plus jolies chofes qu'on
eût en ce genre , & dont l'air , fur
lequel on 1 a mis , eft digne des pa-
roles. En i6i8ilcompofafur laprife
de la Rochelle une pièce , auffi en
vers , qui fut applaudie. Ce n'eft
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Françoise. 103
qu'un Sonnet : Il parut de nouveau «FI— *3
en 163.4 *vçç d'autres poëfies du me- Charges
me, A* Jirufalem dé/olée > ou Médita- C ° T1 J-
tion fur Us Leçons des Ténèbres , Hymn* 1
de. la Divinité , Us contentemçns (fArifije
( dans la folitude) en neuf ftances ,
chacune de fix vçr$ , quatre Sonnets
fur des fujets de piété, un cinquième
au Roi fur fon premier voyage d'Ita-
lie , & un à Alexandre Bichi fur fa
promotion au Cardinalat , faite pa,r
Urî>ain VIII en 1634 même. J'ai vu
un autre exemplaire de ces poeiies ,
aufliin-4 0 . qui porte la date de 1636;
mais il m'a paru le même que celui
qui efl de 1634. J^'annçe fuivaote
1635 *l paroître fon Pçëmçfur la
Magdelçiçe qui chercha JçfusrChrijl,.
Sejwkkre , & le dédia au Cardinal de
Richelieu: ce n'eft pas la meilleure
de fes pièces.
Dans le même-tems , il s'amufoit
à compofer des énigmes , genre de
poëfie très-inutile , félon moi , &ç qui
n'eft propre qu'à amufer des gens
oififs. Dès 1638 on en imprima plu-
fieurs de fa façon dans un Recueil
<f Enigmes fans nom & rempli d'obfcé-
nités. L'Abbé Cotin fe fâcha de fe
trouver malgré lui en fi mauvaife
Eiv
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Ch
COTIN,
ÏO4 BiniOTHlEQUE
compagnie , & il avoit raifon. Il s'en
arles plaignit dans un Difcours f»r les Enig-
N mes qu'il donna en 1646 avec un Re-
cueil des poëfies de cette efpéce qu'il
avoit faites en différens tems. Ce Re-
cueil a été réimprimé plufieurs fois
depuis. Il dit dans le difcours qu'à
cette occafion , quelques perfonnes
de mérite & de condition lui donnè-
rent la qualité de Père de l'Enigme par-
mi les Poètes François , parce qu'il avoit
commencé à le faire revivre parmi nous ,
& qu 'il étoit le premier Auteur des Def-
criptions énigmatiques. On voit par ce
même Difcours qu'il étoit bien reçu
dès-lors dans une des plus célèbres com-
pagnies du Royaume ; apparemment à
THôtel de Rambouillet. Il y prouva
un jour que comme l'on dit , un poè-
me , un thème y &c. on pouvoit bien
dire un énigme 9 » les noms que les
>> Grammairiens appellent neutres ,
» & que nous empruntons des Grecs ,
» fe tournant ainfi en Latin. » L'ufa-
ge a prévalu contre cette règle , &
aujourd'hui l'on dit toujours une énig-
me. Le Recueil de Cotin , du moins
dans les éditions de 1661 & de 1673
eft divifé en trois parties, La première
contient foixante dix-huit énigmes s
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Françoise. 105
la féconde quatre- vingffquatre , & la
troifîéme quatre-vingt-trois. Cot-in* 1 "
L'Auteur qui l'avoit publié en fa- ^
veur des Dames , leur fit préfent en ' ?
1649 d'un nouveau Recueil de divers
Rondeaux. Ce Volume contient 160
Rondeaux, & il n'y en a que deux
qui portent fon nom. Il ne conve-
noit pas en effet à un homme de fon
caraftere de fe faire connoître pour
Auteur de tant de galanteries qui n'au-
roient jamais dû fortir de fa plume»
Mais Cotin , dit Richelet , » homme
» jafTez bienfait , quoique de médiocre
» taille y étoit toujours fort propre ,
» aveçune perruque blonde, & bien
» frifée. Il a voit les yeux vifs , le vi-
» fage rond , l'humeur agréable , un
» peu trop coquette pour un Abbé ,
>r& il fréquentoit fans ceffe les fem-
» mes.» Richelet ajoute ; » Qu'il'n'cn
v> aimoit cependant que l'efprit & la
» converfation , dans la penfé« oit
» il était y qu'elles poKflbient les
» mœurs. » Bayle & M. Baillet lui
, , ' . n. . aux Qucft.
ont reproche avec juftice d avoir cru a un Prov. t.
pouvoir allier innocemment dans fa "^j*- 4 £v
perfonne les qualités de Courtifan des desSçav. t. 5.
Dames , de Poëte galant & de Prédi- 3*4 > *«5-
cateur de l'Evangile.
£ v
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io6
>6 BlB^OTHEQUE
Ces ouvrages de l'Abbé Cotin^
Charlis ; 0 i n ts à fa Théoclée, ou la vraie Phi-
~otin. '
Cotin. lojophit des principes du monde , qui eft
de Tan 1646, & à fon Trahi de VAme
immortelle , qui parut en 16^5 , lui ou-
vrirent en 1656 l'entrée de l'Acadé-
mie Françoife , & il n'y fut pas un
membre inutile. Il paflbit alors pour
l'ordinaire l'Automne à Châteauneuf
où il étoit aimé & recherché. Il y fut
malade en 1658 , & Chapelain qui
craignoit pour lui un pareil accident
Lettr.mf.de en 1659 , lui écrivit de Paris pour
Si^sV Engager à revenir dans cette Ville ,
& à ie trouver aux affemblées de
l' Académie oii fes amis fouhaitoient
fa préfence. La réputation littéraire
de Cotin fe foutint jufqu'en 166$
que M. Defpréaux le repréfenta dan$
fa troifiéme Satyre comme un Pré-
dicateur aux Sermons duquel on etoii
afjts à fon aife. Et voici , félon M»
l'Abbé d'Olivet ce qui donna lieu
Hîftoircrfe à ce trait de fatyre. » Les premiers
rA *ss j g ** » ouvrages de M. Defpréaux corn*
1 ' » mençant , dit- il, à faire du bruit fur
» le Parnaffe , ce Poëte fouhaita d'en
» montrer quelques eflais à l'Hôtel
» de Rambouillet , alors fouverain
» Tribunal des beaux efprits. Chape-
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Françoise. 107
» lain , Ménage & Cptin y étoient le
» jour qu'il parut. Arten;ce & Julie
» louèrent le jeune Poëte ; i^i^is en
» même-tem$ kii conseillèrent p*r
» bonté , & avec cette politeffe dont
n les perfonnes de leur rang fçaverçt
» toujours aflaifonner un ?vis , 4 e
» confacrer fes tajens à une efpéçe
» de poëfie moins odieufe , & plus
» généralement approivyée ^ que n'eft
» la Satyre. Chapelain , Ménage &
» Cotin appuyèrent la même tnèfe ;
» mais durement , & avec l'aigreur
» me. Defpréaux en fut piqué , & jura
n dès-lors in petto de fe venger en
» tems & lieu. Une autre fourçe cje
» fa haine pour l'Abbé Cottin , c'e#
» que celui-ci étoit intime ami de
» Gilles Boileau v & que dans lçs
» brouilleries qui furvenoient entre
# les deux frères , il prenoit toujouf s
» le parti de l'aîné , & n'ouhlioit rien
» pour fufciter des chagrins domeftU
» ques au cadet. >r
Cotin , loin d'imiter la modération tefevre <?c
de C iffagnes que M. Defpréaux avoit s - Marc, no-
/ j a • r r /V . tes fur Boi-
pique du même trait, ne put iouftrir ieau, s*t. %.
que fon talent pour la chaire lui fût p- 55-
centeilé. Pqu* s'en venger , il fit
E Y\
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io8 Bibliothèque
une mauvaife Satyre contre M. Def^
Cotin RLES P r ^ aux > dans laq u ^He il lui repro-
choit comme un grand crime, d'a-
voir imité Horace & Juvenal. Il ne
s'en tint pas-là : il publia un Libelle
en profe , intitulé , la Critique dcfinté-
rejfee fur tes Satyres du tems , dans le-
quel il chargeoit fbn adverfaire des
injures les plus groffiéres , & lui im-
putait des crimes imaginaires. Il s'a-
vifa encore , malheureufement pour
lui , de faire entrer Matière dans cette
difpute , & ne l'épargna pas plus que
M.Defpréaux.Celui-ci ne s'en vengea
1 que par de nouvelles railleries r qu'il
répandit dans les Satyres qu'il donna
depuis, & qui font trop connues pour
que je les rapporte ici. Mais Molière
acheva de le ruiner de réputation r
en l'immolant en 1672 for le Théâtre
à la rifée publique, dans la Comédie
des Femmes fçavantes, fous le nom de
Tricotirty qu'il changea dans ha fuite
en celui de Trijfotim
jM. l'Abbé d'Olivet donne encore
un axttre motif à la vengeance de Mo-
lière. >r Quand celui-ci , dit-il r don*
H^oire^c » na fon Mtfanthrope^CoÛn & Ména-
rAcad. page » g € f e trouvèrent à la première re-
* préfentatioi>, & tous deux au for tir
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Françoise. 109
» de-Ià , allèrent fonner le tocfin à ■——
y> l'Hôtel de Rambouillet , difant que Chaule»
» Molière jouoit ouvertement M. le Cotin.
Duc de Montaufier, dont en effet la *****
» vertu auftére&infléxiblepaffoit mal
» à propos dans l'efprit de quelques
» Courtifans pour tomber un peu dans
» la mifanthropie. Plus raccufation
» étoit délicate , plus Molière fentk
'» le coup. Mais il l'a voit prévenu ,
» en communiquant fa pièce, avant
» qu'elle fut jouée, à M. de Montau-
» fier lui-même 9 qui loin de s'en of-
» fenfer , Ta voit vantée comme le
h chef-d'œuvre de l'Auteur, » Le
Poëte comique n^en voulut pas moins
punir là mauvaife^ intention dé Cc*-
tin ; Se il faut convenir que la fcène
de TrifTotin & de Vadkis eft d'après Fcmm.f w
nature. Car Cotin eft véritablement Aô -
Auteur du Sonnet à ta Princeffe Ura-
nie , & ce Sonnet eft dans la i c partie
de fes Œuvres galantes, fl l'avoit fait
pour Madame de Nemours , & il étoit
allé le montrer à Mademoiselle , qui
fe plaifoit à ces fortes de petits ou-
vrages y & qui d'ailleurs confidéroif
tellement Cotin , qu'elle l'honoroit
même du nom de fon ami. Ce Son-*
net a occafîonné une autre difpute
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flO BrBLlOTÏfEQlTË
entre Cotin 6c Ménage , qui a eu des
Charles fuites. Voici le fait r
;otin. Comme l'Abbé achevoit de lire fes
* ég *' vers , Ménage entra. Mademoifellp
les lui fit voir y fans en nommer FAu-
teur.Ménage les trouva fortmairv^ai^
& ils l'étaient en effet : lâ-defïus nos
deux Poètes fe dirent à peu près l'up
i l'autre les douceurs que Molière a
fi agréablement rimées dans la fcène
citée , où Ménage eft défigné fous le
nom de radius. Cotin irrité de la
franchife d'un homme qui avoit été
jufques-là fon ami y rompit avec lui y
& le fit avec éclat. De fon coté Mé-
nage chercha Toccafion de le morti-
fier , & en trouva le prétexte dairçs
une Epigramme que Cotin avoit fai-
te à Toccafion de la furdité de Ma-
demoifelle de Scudery, conçue eji
ces termes i
Suivre la Mufir cft une erreur bien lovait y
• De fes fleurs voyez le fruit :
les écrits de 5*pho menèrent t^nt de bruit r
Que cette Kymphe en devint fourde.
Ménage prétendit que Cotin avo*t
voulu iniuker par ces vers Madç-
œoifelle de Scudery i & en çopfç-
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Françoisï. iii
quence il lâcha contre l'Auteur une
Epigramme trop réellement injurieu- c ^"^ tI#
fe à l'Abbé Cotin. Qu'en arriva-t-il ? u ^
Celui-ci y répondit par un Libelle f
ou avec quelques plaifanteries affe*
bien tournées , on trouve en profe &
en vers beaucoup d Injures , d'irtmie*
& de traits fort piquans. On y donne
à Ménage tous les ridicules. Et que
n'y dit-on pas de fon pédantifme*
de fa vanité , de fon plagiarifme ,
ée fa galanterie !
J'ai vû deux éditions de ce Libelle.
La première fans nom d'Auteur & fans
date,eft intitulée y LaMtnagerie 9 à fon
Alttjje Royalt Mademoifelle , imprime
par Us Antiménagijlis , rut des mauvais
Garçons , à tenfeigne de la CorneilU
JtEfopty che[ le Pédant démonté: à Cof~
mopolis. La féconde édition a Ample-
ment pour titre , La Ménagerie 9 par M*
fAbbé Cotin ; à la Haye , 1 666 , in-i u
„ J'appelle ainfi , dit Cotin , un Re-
yy cueiî de vers que mes amis & mor
avons faits en faveur du fameux
M. Ménage > lequel a cherché que-
relie avec moi , & Ta trouvée^ Ce
y y galant homme a fait contre mor
yy une Epigramme de 18 vers, qu'à
„caufe de fa bigarrure de Latin &: de-
Digitized by Google
m Bibliothèque
mmmmmÊ „ Grec , j'appelle une Epigramme à
i^ïîv 99 ter obligeamment de brutal Se d'in-
„ fenfé , comme ayant attenté àt'hon*
» neur de la divine Mademoiselle de
9 y Scudery ; & cela pour ayoir tour-
„ né à la gloire de ton efprit un dé-
5 , faut purement de corps r pour avoir
„ plaint fa furdité.
Cette Satyre de l'Abbé Cotin eil
peut-être aujourd'hui' le feul ouvrage
de cet Ecrivain que Ton recherche
encore , & qu'un curieux fe plaît à
mettre dans ion cabinet. On fait un
moindre accueil à fa Pafioralc facrée ,
ou Paraphrafe en vers du Cantique des
Cantiques , qui eft de l'an 1662 , & à
fes Odes Royales fur les Mariages des
Princejfes de Nemours , c'eft-à-dire , fur
le mariage de Marie-Jeanne-Baptifle
de Savoye , Princefle de Nemours ,
avec Charles-Emmanuel Duc de Sa-
voye , Roi de Chypre , & fur celui
de Marie-Françoife-Elizabeth de Sa-
voye , Ducheffe de Nemours & d'Au-
malé,*avec Alphonfe VI Roi de Por-
tugal. Ces Odes font de 1665. L'Au-
teur les accompagna d'une troifîéme
Ode fur l'embarquement de la nou-
velle Reine de Portugal, d'un adieu
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Françoise. iij
à la Prîncefle de Nemours allant en
Savoye, de trois infcriptions Lati- CHARLlf
nés , & d'une Epïtre , dans la même °^' u -
langue, à Céfar d'Eftrées Evêque-
Duc de Laon, datée de 1665, Ce
Prélat honoroit Cotin de fon amitié.
Dans Favertiffement mis au-devant
de ces pièces , l'Auteur dit qu'il avoit
déjà fait les Noces facrées du Cantique ,
c'eft la Paf orale 9 que je viens de ci-
ter , & les Noces Royales de Louis XI P.
& de CAugujle Théréfe. Il ajoûte que
V Académie Françoife n avoit pas défap*
prouvé fa tentative pour fes Odes Roya-
les : c'efl un témoignage de plus en fa
faveur. Ces Odes ne m'en ont pas
paru moins froides.
On ne recherche guéres plus fes t. s . ch. t* t
Œuvres galantes en profe & en vers 7 im-
primées en deux parties en i66y 9
quoique Bayle dife dans fes Réponfes
aux queftions d'un Provincial , » qu'el-
„ les eurent alors un fi prompt débit,
yj qu'il avoit fallu que la féconde édi-
„ tion de 1665 fuivît de près la pre-
„ miere ; » & dans fes Penfèes fur la Co-
mète , tome 3 , page ^99 , quony trou*
ve un difcours contre l AJfrologic judi-
ciaire , dans lequel, en badinant , r Auteur
ne laifje pas de frapper a*affe{ bons coups*
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1 14 BlBLlOTIjEEQUS
— M — *.On a même prefque oublié fon 1?*-
Charles^// ^ Poë/fo Chrétiennes , imprimé
:< ï!£ dès 1657, & dans lequel il réunit en
*" 1668, lorfqu'il en donna une nou-
velle édition y phifieurs pièces qu'il
avoit déjà fait paroître, telles que lei
Poëme de la Ma§deUne au Sipulchre de
Jefus-Chrijl , fon imitation des Lamen-
tations de Jérémie , Us Contenumens
d'Arijle , & V Hymne de la Divinité.
Je trouve de plus dans le Recueil dp
1668 , une Ode fur la verfion faits,
des Œuvres attribuées à S. Denys
PAréopagite , par le P. Goulu, Re-
ligieux Feuillant ; un Cantique fur la
défaite des Anglois en rifle de Rhé ;
un Hymne & un Sonnet fur la prife
de la Rochelle; un Cantique au S.
Efprit y le jour de la Pentecôte ; un
Hymne à t Amour divin ; une Ode fur
ta mort heurcufe ; une autre fur l'entrée
du Roi en Flandres ; & un nombre de
Sonnets & de Madrigaux.
Bayle , dans Touvrage cité , ajoûte
qu'on ne voit pas que depuis 1671 ,
après la première repréfentatiori des
Femme s f avant es fCoûn ait donné nul
figne de vie , à l'exception d'un Son-
net qu'il infér^ans le Mercure Galant
du mois de Juillet 1678 , & M. l'Abbé
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Françoise. itf
d'Oïl vet a fiiivi M. Bayle fur ce point. T*—?
Il eft cependant vrai que Cotin donna Charlm
en 1673 une nouvelle édition de fon C ° x "g^
Recueil d'Enigmes ; qu'il prêchoit en-
core au mois de Mars 1672 ; que les
traits lancés contre lui par Defpréaux
& par Molière , ne lui firent perdré
aucun ni de fes amis ni de fes protec-
teurs ; qu'il continua même de yerfi-
fier comme il avoit fait auparavant.
Je trouve dans le Mercure du mois
d'Avril 1677 qu'il fit plufieurs pièces
à la gloire de MonfiturZM fujet de la
bataille de Caffel ; & le fieur de Vizé
ajoute r » J'ai beaucoup de vers de
„ M. l'Abbé Cotin que je fuis con-
„ traint de garder pour une autre
fois ; mais je ne puis m'empêcher
„ de vcms envoyer ces huit de fa
„ façon, „ Ils font adrelTés àMonfieur
for fa viftoire. Il y en a dix autres
au Roi y à la page 106 ; & outre le
Sonnet cité par Bayle , qui fe voit ^
dans le Mercure de Juillet 1678 ,
on lit dans celui de Novembre fui-
vant une particularité afTez remar-
quable. M. l'Abbé Colbert > mort de-
puis Archevêque de Rouen , fut reçu
de l'Académie à la place de M. Efprit»
M. Racine qui étoit alors Direfteur
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Il6 B 12) LI O T HEQUE
répondit au Difcours de M. Colbert.
Charlb* L'Affemblée étoit brillante & nom-
Cotin. breufe. Le Direfteur ayant fini , de*
manda aux Académiciens, fuivant
l'ufage , s'ils avoient quelque chofe
à lire. M. l'Abbé Cotin commença
par un Difcours de Philofophie , dont
il ne put lire qu'une partie , parce
3ue fon âge ne lui laiffoit pas affez
e voix pour fe faire entendre dans
une fi grande affemblée.
Au mois de Juillet précédent , il
avoit préfenté lui-même au Rpi un
Sonnet, & il fat très-bien reçu de Sa
Majefté. Il figuroit donc encore en
cette année 1678, quoi qu'alors âgé
d'environ 75 ans. Il ne paffa en efïet
dans l'inaôion que les dernières an-
nées de fa vie , oîi il tomba dans une
efpéce d'enfance , comme M. Per-
rault , fon ami & fon apologifle, en
convient ; ce qui engagea fes parens ,
dit le même , à agir pour obtenir qu'il
fut mis en curatelle. Mais on raconte
ce dernier fait autrement dans les
dîmes de Additions au Bolœana. „ L'Abbé Co-
é&i747. >/tin, dit-on , n'avoit pas grand bien
in- 8°, t. v.p. „ de fon patrimoine : mais il lui échut
,6 ** „ tout à coup deux ou trois fuccef-
v fions, qui le rendirent riche * Il eut
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Françoise. 117
^ des procès à effuyer , & cela l'obli- — —
„ gea à donner tout ce qu'il avoit à Charles
„ un de fes amis à certaines condi- Cotjn.
„ tions. Ses parens furent li fâchés l6%tm
„ de cette donation , qu'ils préfente^-
„ rent Requête , pour lui faire créer
„ un Curateur , & prétendirent le fai-
„ re paffer pour fou, L'Abbé, au lieu
„ de comparaître , alla voir fes Ju-*
ges , & les pria de venir entendre
„ quelqu'une de fes prédications qu'il
devoit faire pendant le Carême.
„ Ses Juges y vinrent ; & ils furent fi
„ fatisfaits de fes fermons, & fi in*
,, dignes de l'injuftice de fes parens,
„ qu ils les condamnèrent aux dépens
„ & à une amende. ,, L'Auteur de ce
récit auroit dû dater cet événement,
nous aurions fçu s'il peut quadrer
avec l'aveu que fait M. Perrault , que
fon ami tomba dans une efpéce d'en-
fance fur la fin de fes jours,
Richelet dans le peu qu'il rapporte
de Cotin , & qui eft rempli de fautes ,
dit qu'il mourut en 16^3 , âgé d'envi-
ron 5 5 ans. Il eft certain au contraire
qu'il n'eft mort qu'au mois de Janvier
1681 , & qu'il avoit alors environ
78 ans , & peutrêtre même plus. Peij
de tems aprè§ fa mort^ & en 168^
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^1
-11$ BlBLIO T HEQUE
— même , on fit ces quatre vers
Chaules
Cotin. ^ . .
148*. Sçavex-vous en quoi Cotin
Diffère de Tri florin ?
Corn a fini fes jour*,
Triflbtin vivra toujours*
Outre les poëfies de fa compofitîon f
dont j'ai pailé, on en voit plufieurs
dans les Recueils de fbn tems , &
même dès 1627, qui ne font point
comprifes , ni dans fes Poïjies Chré-
tiennes , ni dans fes Œuvres galantes.
Je ne parlerai point de fes trois Dis-
cours en profe , donnés fous ce titre :
Salomon , ou la Politique Royale , &
imprimés féparément : ils ne font
point ici de mon fujet > non plus que
quelques autres de fes éçrits en pro-
fe , citéspar M. l'Abbé d'Oiivet.
— ?5— ! MADAME DE VILLEDIEU.
Madame
de Ville- L'Académie des Ricovrati de Pa-
W 1*83. ^ oue ^ t ' A Marie-Catherine-Hortenfe
des Jardins , plus connue fous le
nom de Madame de Villedieu, le mê-
me honneur que l'Académie Françoi-
se a voit faite à Cotin. Elle la reçut
au nombre de fes Membres , & elle
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Françoise. 119
le méritoit par fon efprit. Voici de
quelle manière cette Dame , li con- Madame
nue par lès galanteries & par fes ou- DE VlLL1 *
vrages, fe peint elle-même dans ion D "$gj ^
Portrait traci de fa maïn , & imprimé La «aiierfe
dans la Galltrit des Peintures , &c. d « s Peimu-
J'ai , dit-elle , la phyfionomie cÛcûd«Pw-
heureufe & Spirituelle 9 les yeux traits ou Eio-
noirs & petits , mais pleins de feu ; & en^rJfc!
la bouche grande, mais les dents féconde par.
y9 aflez belles pouf ne rendre pas fon jnVa/p!*^
fy ouverture défagréable ; le teint auf-
„ fi beau <pe peut l'être un refte de
„ petite vérole maligne ; le tour du
vifage ovale , les cheveux châ-
tains. . . . mais j'ofe dire , que j'aurois
bien plus d'avantage à montrer
mon ame que mon corps , & mon
efprit que mon vifage; car fans va-
„ nité , je n'ai jamais-eu d'inclination
déréglée. La paffion dominante de
„ mon fexe ne me touche point. J 'ai-
y 9 me mieux la chaffe que le cours ;
y, & je ne retire du plaifir du bal , de
la promenade & des feftins , que
„ ce qu'il en faut pour remercier obli-
geamment & fans contrainte ceux
„ qui me donnent ce divertiffement ,
„ mais non pas affez pour les quitter
avec peine. J'aime fort Paris, &
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flO BlBLIOfHÊQUE
„ pafle pourtant affez bien mon tems
Madame f> feule à la campagne , pour y de-
de ^ViLLt ^ meurer toute ma vie fans chagrin,
PI JHg| » J' a * une compaflion fi grande pour
„ les malheureux, que bien fouvent
„ la pitié qu'ils me caufent, me met
„ de leur nombre. » Elle vante en-
fuite fa pente à la libéralité , & ajou-
te:,, Mon ame n'eft agitée ni par
„ l'ambition, ni par l'envie, & fa
„ tranquillité n'ëft jamais troublée
9 , que par la tendrefle qtie j'ai pour
„ mes amis.., J'ai plus de joie des
9y biens qu'ils reçoivent , que s'ils
„ m'étoient envoyés ; . • . . mais ma
„ tendrefle n'eft pas aufli générale ,
„ qu'elle eft forte , car je ne la donne
„ qu'à peu de gens , & pour qu'un
„ homme foit digne d'être mon ami,
il faut que fes inclinations foient
conformes aux miennes, & qu'il
„ foit le plus difcret homme de fon
„ fiécle. Ce n'eft pas que je don-
99 ne grande matière de difcrétion ,
„ car j'ai de la vertu, & de cette
„ vertu qui eft également éloignée
„ du fcrupule & de l'emportement,
99 dont la fimplicité fait la force , &
99 la nudité le plus grand ornements.
99 J'ai une fort grande fierté ; mais
comme
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F R À N Ç OISE. II?
profité du dernier , elle quitta la 1— ^ »
maifon paternelle , vint à Paris , Madame
& avoua fa faute à la Ducheffe ^ £u VlLLE "
de Rohan , qui eut la bonté de
la mettre en penfion dans une mai-
fon où elle mit au monde un gar-
çon qui mourut au bout de fix fe-
maines. , , .
Différentes petites pièces de poë-
fie l'avoient déjà fait connoître à
Alençon , & même à Paris , avant
Tévénement dont on vient de parler,
& qui ne prouye pas la fageffe dont
elle fe vante dans fon portrait. Mais
après cette première épreuve de fa
foibleffe \ obligée de refter à Paris,
elle cultiva avec plus de foin ce ta-
lent qu'elle avoit d'écrire en vers ,
& elle ne tarda pas à acquérir une
grande réputation parmi les beaux
efprits de ce tems. La Tragi-co;né-
die de Maniais ( Totquatus ) , dont Vo r c7 ;
l'Abbé d'Aubignac lui avoit donné c federAbS
le plan , & cjîi'elle mit en vers , .pa- d'Aubi^iac. -
rut avec fuccès fur le Théâtre de
l'Hôtel de Bourgogne , au mois de
Mai 1662*, & fon nom donn^ à
cette pièce *ne réputation dont
elle auroit été privée fous le nom
d'un #utre. . < .
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Î14 B I BL I O t H É Q UE
Des Jardins 9 jeune Demoifelle ,
* Madame
j>e Villi- Dit Loret dans fa Mufe Hijlorique du
* IEU * 6 Mai de la même année .
A fait cette pièce nouvelle A
Oîi très-bien des gens font d'accord ,
Qu'on y voit du tendre &. du fort ;
Une judicieuse fuite ,
Du génie & de U conduite «
£t le tout , fi beau % fi touchant ,
Qu'à moins d'avoir l'efprit méchant ,
Envieux 9 jalpux , & fauyage ,
Il faut admirer cet ouvrage ,
Que plufieurs nomment merveilleux ,
P'autres difent miraculeux......
Déjà plufieurs beaux écrits d'elle
Çouroient de ruelle en ruelle ;
pn trouvpit fort doux & fort nets
Ses Quatrains , Sixains , & Sonnets i
JElle a voit fait mainte Elégie ,
Pleine d'efprit & d'énergie :
Ses Impromptus , & Madrigaux
Aux plus rares étoient égaux ;
On idolâtroit fes Eglogue^
Quoique pourtant (ans dialogues î
J*ais des gens d'aflèz bon gu îu$
Pilent que dans fon. Torqjtatus ,
Cette ame belle & bien fenfée ,
$*cft infiniment furpaiTée.
facilité <jue la Demoifelle des
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Françoise. 115
Jardins ayoit d'écrire en vers & en ■ »
profe , lui fit entreprendre un autre Madame
ouvrage, qui dans Ion genre fiit aufli DE VlLLE -
bien reçu que fon Manlius. Elle Pin- °™g.
titula Carou{el du Dauphin ; & voici
encore ce que Loret en dit dans fa
Mufe Hijloriqut du xj Mai de ladite
année 1662.
Cependant que de jour en jour ,
Tous les plu» galans de la Cour
Apprêtent tous leurs équipages ,
D'habits , chevaux , Valets & rages ,
Pour paroître en pompeux aroi ,
Au Carrouzel de notre Roi ,
La jeune Autrice de Torquate ,
Pièce charmante & délicate 9
A fait en ftyle net' & fin ,
Un Carouxel pour U Dauphin ,
Partie en vers , partie en profe ,
Qu'on tieat une aufli rare chofe ,
Que depuis long-tems par écrit ,
Ait produit un fublime efprir.
L'invention en eft û belle 0
Et l'économie en eft telle ,
Que certainement tous Lecteurs
Deviendront les admirateurs
De cette pièce finguliére ,
Quand on l'aura mife en lumière, &c.
L'année fuivante 1^63 * Mademoi^
F iij
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i*6 Bibliothèque
felle des Jardins donna fa Tragédie
Madame j e ffi £ fâ s . m ^ is cette pi^ce n'ayant
de Ville- * /r ^ j*r i j'
pieu. -pasreufu, cette dilgrace la dégoûta
pour quelque tems du Théâtre, &
la fit retourner à fes petits Romans ,
dont plufieurs avoient déjà été ap-
plaudis d'un certain public.
Ces occupations littéraires ne pre-
noient rien fur fon penchant à la
galanterie. Parmi fes foupirans , le
jeune de Viliedieu , Capitaine d'In-
fanterie , fils du fieur Boëffet de la
Mufiqué du Roi , obtint la préfé-
rence. Il avoit de l'efprit , une figure'
aimable , & des façons preffantes.
Mademoifelle des Jardins voulut
cependant cacher fon attachement
pour lui fous lç voile du mariage ;
& comme M. de Viliedieu avoit
époufé depuis un an, la fille de M.
de Fez , Notaire à Paris i elle lui per-
fnada de faire déclarer nul fon ma-
riage , en alléguant qu'il avoit été
forcé de la part de fes parens. Cette
idée , toute folle qu'elle étoit , plut
au lieur de Viliedieu. Ilentreprit de
la réalifer , & fit publier des bans
pour fon mariage. Sa femme, qui en
fut informée , y forma oppofition 5
& comme elle étoit connue de I4
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F R A N Ç ô I S t\ I 17
Iteine-Mere , elle lui préfenta un iÊimÊmm *,
placet contre Mademoifelle des Jar- Madame
clins. Celle-ci avertie de ce qui fe DB VlLL *"
paflbit , prit le parti de fuivre Ville- Jt
dieu à Cambrai, oti fon Régiment
étoit en gamifon. Comment s'y pri-
rent-ils pour y conclure leur hymen ?
c'eft ce qu'on ignore. Ce qui eft cer-
tain , c'eft que quelque tems après ,
ils revinrent erifemble à Paris, &
tpie Mademoifelle (Jes Jardins y pa-
rut fous le nom de Madame de Vrltë-
dieu.
Cette union ne fut point heureufe.
La Dame s'en plaignit inutilement
en profe & en vers. Voyant qu'elle
fi'étoit point écôutée , elle fe crut
Cn droit d'ufer de repréfailies. Ville-
dieu feignit d'être jaloux; elle ne
s'en mit point en peine: la divifion
fe mit entr'eux ; mais elle ne dura
pas long-tem$ ; le jeune Capitaine ,
obligé de partir pour l'armée , fut
tué a la première rencontre des en*
nemis. La prétendue veuve continua
de vivre comme elle avoit fait au-
paravant. L'amolir & les Romans
partagèrent toutes fes occupations;
elle reprit auffi fon goût pour le
Théâtre 5 & donna au mois de Juin
F iv
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n8 Bibliothèque
— — 1665 * a Tragi-Comédie du Favori 9
e^Vilim eut P^ US ^ e ^ licc ^ s qu'elle n'en
ieu. ILL1 " méritoit. Liée alors d'amitié" avec la
1683. Dame Thévart , veuve d'un Procu-
reur , & voyant cette femme atta-
quée de vapeurs , elle lui confeilla ,
quoique déjà avancée en âge , de fe
remarier, & elle le lui perfuada fi
bien , que cette vieille étoit fur le
point d'époufer un jeune homme ,
lorfqu'une attaque d'apopléxie rem-
porta en un quart d'heure.
Cet événement ouvrit les yeu*
pre conduite ; elle en rougit, réfolut
de la changer , & en fît part à M. dç
Harlay , Archevêque de Paris , qui
fe prêtant à fes vues , lui ouvrit un
azile dans une Maifon religieufe ,
où elle fe fît aimer & eftimer par la
douceur de fon efprit, & même par
la piété qu'on ne fut pas long-tems
à remarquer dans fes adions. Il faut
croire qu'elle a voit un vrai defir de
continuer ce nouveau genre de vie ,
Tindifcrétion du frère d'une Reli-
gieufe de cette Maifon, qui confia
a fa fœur le détail des avantures de
la nouvelle proféjyte. La Hçligieufe
à Madame de Villedieu fur fa
dérangé par
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Françoise. 129
fcandalifée , dévoila tout ce que
elle fçavoit; on tint confeil, on Madame
députa à M. l'Archevêque; & Ma- ^J"""
dame de Villedieu fiit congédiée, ,$gj s
Elle auroit pu trouver une autre re-
traite ; mais foit dépit , foit par quel-
qu'autre motif, elle profita de l'offre
mie lui fît Madame de Saint-Romain,
(a fbeur, de la recevoir chez elle.
Madame de Villedieu y retrouva
les écueils qu'elle avoit voulu éviter.
Comme fa fœur recevoit grand mon-
de , elle reprit en peu de tems dans
cette maifon fon ton de galanterie.
Ce fut-là qu'elle connut le Marquis
de la Chatte, qu'elle époufa dans la
fuite. Ce Marquis avoit alors envi-
ron 60. ans , & étoit peu avantagé
des biens de la fortune. Il eft vrai
qu'il avoit époufé la fille d'un Cor-
donnier de Paris , qui lui avoit ap-
porté en dot 25 mille écus de con-
trats fur la Ville y ce qui formoit un
effet confidérable pour le tems , s'il
eût été réel ; mais les contrats fe
trouvèrent faux, Le Marquis indigné
de cette fourberie, n'en témoigna
cependant rien au dehors ; le feuî
parti qu'il réfolut de prendre fut de
quitter fa femme» Il follicîta en co&-
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I^O BlBLÎ OT HEQUE
féquence , & obtint une Compagnie
dit Vn^T ^ ans * es troll P es 5 ue * e eil ~
bilu. ILLE voyoit alors au fecours faVlûe de
16%). Candie , qui appartenoit à la Répu-
blique de Venife , & dont les Turcs
s'efforçoient de s'emparer ; & lorf-
que , plus de dix ans après , il revint
à<Paris , il trouva que fa femme s'é-
toit retirée en Province , oii elle
vivoit du peu de bien que fon pere
lui avoît laifTé en mourant. Mais en-
fin elle vivoit encore, & Madame de
Villedîeu ne Tignoroit pas quand elle
propofa au Marquis de Tépoufer. M.
de la Chatte ne fit pas plus de diffi-
cultés. Les deux Artiansjfe conten-
tèrent de cacher leur marche, 8c ils
furent mariés à dix ou douze lieues
de Paris. Cette affaire terminée, ils
revinrent dans cette Ville , & an-
noncèrent leur mariage à leurs meil-
leurs amis , mais fous le fceau du
fçcret. Le fruit de cette union fut
tin fils , que M. le Dauphin & Made-
xnoifelle de Montpenfier firent tenir
fur les fonts de Baptême. Cet enfant
ne vécut qu'un an , & M. de la Chatte
l'ayant fitivi d*aflez près, Madame
de la Chatte , après avoir paru quel-
que tems inconfolable , l'oublia.»
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Fr AKÇOi S t r 15 i
reprit le nom de Madame dé Ville-- SUSSS^
dieu , qui hu plàifoit davantage , & Madame
époufa en troifiémes noces un de fes DE VllLt ~
coufins , appelle aufîî des Jardins. ^'g
Elle paffa encore quelques années
dans le monde , ou elle s'occupa à -
campofer des Romans pleins d'efprit
~ & de îendreffe , qui contribueront
beaucoup à faire perdte le goût des»
grands Romans ; & enfin elle fe re-
tira à Clinchemore , petit Village
dans le Maine. Ce fut-là qu'elle mou-
rut à la fin du mois d'O&obre; oir
au commencement de Novembre de
Tannée 1683. On dit qu'elle abrégea
fes jours par l'excès d'eau*de-vie r
qu'elle s'accoutuma à boire , même
à; fes repas. Il paroît par quelques-
imés de fes léttres , qu'elle avoit fait
un voyage en Hollande : on y trouve
Haye.
: On voit toujours dans fes écrits ,
dit l'Editeur du Recueil de Barbin y
de nouveaux tours , de nouvelles ex-
pfrefîïons ^ ides fentimëns d'amour fi
raffinés & £ délicats j qu'on pourroit Recueil «te
feulement lui reprocher que l'efprit * nrb - i'
y a eu plus de part qiie le cœur. Il %Vm
faut peut-être eji excepter fes Elégies,
charmante de la
Fvj[
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131 BlBLIO THEQ VE
f— où malgré le mélange d'idées pafto-
Madame raies que bien des Critiques y ont
de Ville- çenfuré f c 'eft prefque toujours le
1)1 * u " cœur qui parle , & où l'efprit même
Not. de m. eft tendre & paffionné. Quelquefois ,
de s. Marc , à la vérité - fes vers font négligés •
fur Dm I » m _ . . _ _ , - V
foutenu : mais on peut douter , fi dans
cette forte d'ouvrage c'eft un dé-
faut auffi grand qu'on Ta voulu dire*
Au refte , outre les trois pièces de
Théâtre de Madame de Villedieu,
je n'ai' vu d'elle que deux Elégies ,
quatre Eclogues , des Sonnets , des
Chantons , des Lettres en profe & en
vers y & quelques autres petites piè-
ces. J'ai lu encore de la même des
Fables ou Hiftoires allégoriques, qu'elle
dédia au Roi 3 & qui parurent en
1670. La dédicace eu en vers , & le
Recueil contient huit fables y qui
m'ont paru affez bien racontées ;
c'eft dommage qu'elles ayent toutes
pour objet 1 Amour, & le pouvoir
qu'on lui attribue * & qfci ne vient
2ue de la corruption de la nature.
les fables font firmes du Triomphe
de F Amour fur? enfance , Ballet de M.
le Dauphin > envoyé à Ad. le Duc de
Madri!
des Stances , quelques
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Françoise. 135 ^ A
Montaufier , en profe & en vers ; ^"—^
d'une Lettre , auflî en profe & en Madam *
. _ _ . _ ~ X - - TV» Vu «
vers, à M. de Lyonne fur les Cabî-
de Mademoifelle de Lyonne & de
M. de NanteuiL
Prefque dès le commencement de
fa carrière poétique , Madame de
Villedieu demanda du feçours au
Roi par ce placet ;
Monarque incomparable à qui j'offre ces fers ,
Daignez vous fouvenir d'une Mufc naiûante y
Que votre vertu bienfaifante
.Semble feule oublier dans ce vafte univers.
Je fçai qu'en ma faveur rien ne vous follicite;
Et loin de préfumer quelque chofe de moi ,
Ce qu'on autre croirort devoir à fon mérite ,
Je veux bien le devoir tout entier à mon Roi,
Toutefois fi Terreur oh nous jette l'enfance r
Permettoit à ma Mufc un peu d'aveuglement ,
Elle attendroit , grand Prince , allez confidem-
ment ,
Quelque royal eflét de ta magnificence.
Tous ceux que ta bonté comble ici de bienfaits *
Dont même tu préviens la- voix & les fou»
bafts , t
Ces Âpollons mortels qu'au Temple de Mémoire
On verra par le tems à jamais révélés ,
Et qui (ont parvenus au fommet de la gloire ,
1 font montés d'abord par de moindies-dégtés%
nets
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134 Bï-B L I 6 T ft ï e
Letems peut m'accorder un pareil avantage ;
Et fi c^ft pour ma Uufe afpîrerun peu hant >
L r audace n v eft pas un défaut
Dans une Mufe de fon âge.
Daigne flonc foutenlr fon vol audacieux.
Anime les ardeurs de fon bouillant courage ,
Et fais enfin , grand *Roi , que ta bonté Rengage
A porter quelque Jour ton beau nom jufqu^aux
Cieux,
Je ne fçai pas fi ce Placet fut ré-
pondu favorablement. Ceux <Jui
nous* ont parlé de Madame de Villé-
dieu ne nous ont point appris fi elle
avoit éré gratifiée de quelque pen*-
fion ; ou de quelques àutres bienfaits
de là Cour. Ses œuvres ont été raf-
femblées deux fois. Barbin les re-
cueillit en dix volumes in-12. à Pa-
ris ,' depuis l'année 1702 jufqu'en
171 1. Depuis, la Compagnie des
Libraires de la même Ville en fit au-
tant : cette fecotjde édition a douze
volumes, qui parurent depuis 171 5
jufqu'çn 1721.,. Cependant on les
lit peu aujourd'hui , & j'oferai dire
qu'on les lit encore trop, vu le dan-
ger que les jeunes gens furtout ne
peuvent manquer de courir en fai-
t. a. p, a , fant cette leâure. Dans l'édition des
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Françoise. 135
Œuvres de M. .Pavillon , faite en fy *— *
1747 y on donne fous le nom de ce Madami
Poëte un Madrigal , affez peu digne DE VlLL *~
de fa plume y adreffé à Madame de
Villedieu lorsqu'elle n'étoit encore
que Mademoiselle des Jardins*
LOUIS-ISAAC LE MAISTRE L
DE SACX- Louis-
ISAAC LE
Ûn ne fera pas furpris que je tien- J£ A "™
ne un autre langage en parlant des u*y*
poëlies de Louis-Iiaac Le Maifire de
Sacy ; elles ont toutes l'inftruâion
ou l'édification pour objet. Mais on
ne s'étonnera pas non plus que je
n'entreprenne point d'entrer ici dans
le détail de fa vie. Je n'apprendrois
rien de nouveau à ceux qui font au
fait du Nécrologe de Port-Royal &
de fon Supplément y des excellens
Mémoires de M. Thomas du Foffé %
& de tant d'autres ouvrages hiftori-
ques du même genre pour lefquels
le public éclairé a toujours témoigné
rempreffement le plus vif. Je me
contenterai donc de dire ici , qije
M» de Sacy étoit fils d'un Maître des
Comptes, & frère puîné du célèbre
Avocat, Antoine le Maiftre, depuis.
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136 Bibliothèque
Confeiller d'Etat ; qu'il fit fes études
Louis- au Collège de Beauvais à Paris ;
**?f " qu'étant honoré du Sacerdoce, il en
1AISTRE * t* t r n>
>i Sacy. a rempli les fondions avec une gran-
1683. de piété & un travail aflidu, & très-
utile à la gloire de Dieu & de l'Egli-
fe ; qu'il etoit né à Paris le 29 Mars
161 3 , & qu'il mourut à Pomponne
le 4 Janvier 1684, âgé de 71 ans.
Tout le monde fçait auffi qu'on lui
doit cette belle & fidelle tradu&ion
de l'Ecriture Sainte , qui eft entre
les mains du fimple Fidèle , comme
dans celles du Pafteur 9 & quantité
une eftime univerlelle, & que mal-
gré fes rares talens , perfonne ne
porta peut-être plus loin que lui la
vertu d'humilité , qu'il faifoit con-
lifter furtout dans ce qui] a exprimé
lui-même dans ces quatre vers :
Se mépîifer foi-même , & méprifer le monde » -,
Ne méprifer perfonne , & fouffrir le mépris 9
Ce font les quatre effets d'une vertu fans prix 9
Qui fur Dieu .feulement toute fa gloire fonde»
Né avec beaucoup dégoût pour
la poëfie françoife , il en fit quel-
i fe font acquis
quefois fon amufement > & plus fou*
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Françoise. 137
veiit fon occupation. Dès le tems — i ém
qu'il étudioit en Philofophie , il com- Louis-
pofa en ce genre divecfes pièces dont ^aac li
plufieurs ne feroient pas indignes de Ma ^ t **
voir le jour. Je connois en particu- ^f^**
lier une Lettre en vers & en profe f
<pirituellement écrite , qu'il adrefîa
à fa mere , pour la remercier de qua-
tre bourfes de couleur différente,
dont cette pieufe Dame avoit fait
préfent à lui & à fes trois autres frè-
res. Cette Dame , qui ne connoiflbit
point ce talent dans fon fils , t eçut
cette lettre avec plaifir, la lut avec
fatisfa&ion , & defirant qu'il ne con*
facrât ce talent qu'à la Religion ,
elle l'engagea à traduire pour elle
en vers françois une des Hymnes de
l'E^life qu'elle lui marqua. Le fil$
obéit , la traduftion plut ; on lui en
demanda une féconde, puis une troi-
fiéme , une quatrième ; & infenfible-
ment M. de Sacy les traduifit pref-
3 ne toutes , & on imprima cette tra-
u&ion en 16 50 dans le Livre d'Egli-
fe qui efl connu fous le nom à 9 Heures
de Port-Royal. Il s'en eft fait depuis
beaucoup d'autres éditions ; mais je
ne dois pas répéter ce que j'en ai dit
ailleurs. J'ajouterai feulement que
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1 38 BlBtl O T H É 0 U E
* > f M. de Segrais faifoit une eftime par-*
Louu- ticuliere de la tradu&ion de ces Hym*
M Vst" nCS ' comme on * e P eilt vo * r ^ ans ^ a
v^Sac* P r éface fur fa traduâion en vers
2t$f t françois de l'Enéide de Virgile.
Une autre tradu&ion en vers frân-
çois qui a fait beaucoup d'honneur
à M. de Sacy , efl celle du Poème de
S* Profptr contre les Ingrats , c'eft-à-
dire contre les ennemis de la Grâce
de J. C. & elle fe fait encore admirer
aujourd'hui par lés critiques les plus
leurs, & je renvoyé à ce que j'en
ai dit. C'eft encore M. de Sacy qui
a mis en vers françois les Racines
Grecques de M. Lancelot ; il étoiP
alors a Port-Royal des Champs avec
Ce fçavant homme , qui fé fît depuis
Religieux dans l'Abbaye de S. Cy-
fan ; & il regarda ce travail comme
Un amufement, qui lui coutoit peu,
& qui pouvoit être utile.
Les autres poëfies dont perfônne
rie doute qu'il foit l'Auteur font
les Enluminures du fameux Almanack
des PP. Jéfuites , intitulé, La déroute <§•
la confujion des Janfénifies , ouvrage
dogmatique & critique , d'environ
deux mille vers , dont il fe fit deu#
intelligens.
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Françoise. 139
éditions en moins de deux mois au
commencement de 1684, & que l'on " L °vi*-
a plufieurs fois réimprimé depuis ; ^
un Poème contenant la Tradition de Sac y»
tEglife fur le Très-Saint Sacrement de 2683,
fEuchariftie , qui n'a été publié qu'a-
près la mort de l'Auteur. Ce poème
efl: en fiances , &> divifé en dix li-
vres." Comme M, de Sacy l'avoit
compofé étant encore affez jeune ,
& quelques années après que la Ro-
chelle eut été réduite fous Pobéif-
fance de Louis XIII , il a cru pou-
voir y parler de ce fiége fi fameux ,
de cette digue élevée au milieu de
1* mer , qu'on regarde comme la
merveille de ce tems-là de la
prife d'une Ville , qui paiToit prefque
pour imprenable , & qui étoit alors
comme le boulevard de l'héréfie
dfems ce Royaume. Si ce poëme n'a
été rendu public que plufieurs an-
nées après la mort de l'Auteur, c'eft
qu'outre qu'il ne l'avoit fait que
pour fa propre édification , & pour
fe remplir dans fa retraite de ce qui
occupoit plus fortement fon cœur +
il a voit affez de peine à remplir l'idée
qu'il a voit .de la poëfie , & que fes
autres occupations Tempêchoicnt dô
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140 Bibliothèque
revoir cet ouvrage & de le perfec—
Louise tionner autant qu'il l'auroit voulu.
Mms C tre Tel eft on le Bt avCC qU f lq V C
s^Sacy. plaifir & avec beaucoup d'utilité ,
2*8). n'étant proprement qu'un enchaîne-
ment des paflages des anciens Pères ,
de la do&rine defquels le Poëte
avoit eu foin de fe nourrir dès fa
jeuneffe. Le difcours en profe qui
eft à la tête en forme de préface ,
montre un Théologien également
pieux & profond.
■ PIERRE CORNEILLE.
Pierre
Corneil- A rimîtation de M. de Sacy , le
f célèbre Pierre Corneille employa
auffi fa plume à la traduftion en vers
françois de divers ouvrages où PE-
glife reconnoît foh efprit & fa doc-
trine; & fi ce n'eft pas par ce genre
d'écrits qu'il a acquis aux yeux des
hommes cette immortalité que tant
de Poètes fe promettent,& que fi peu
obtiennent, la gloire qu'il en a reti-
rée n'eft ni moins réelle ni moins
folide.
vie de p. Ce fublime génie qui a élevé le
5c° Fomem Théâtre François au plus haut point
ou on Tait jamais vu, étoit né à,
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Françoise; 141
Rouen en 1606. Pierre Corneille fon mmmmmm
pere étoit Maître des Eaux & Forêts * Pl ****
en la Vicomte même de Rouen , & CoRNEIt -
avoit mérité par les fervices qu'il "1684.
avoit rendus à Louis XIII en diffé-
l-entes occafions , que le Roi lui ac-
cordât des Lettres de nobleffe. Sa
mère fe nommoit Marthe le Pefant.
Il fit fes études chez les Jéfuites ,
dans le lieu de fa naifl'ance > & il y
prit en particulier les leçons du Pere
Delidel . comme il le dit dans une
Ode qu'il compofa depuis fur un
Traité de la Théologie des Saints 9 que
ce Jéfuite donna en 1668 . in.4 0 . Le
fur fa fidélité à fuivre les mouve-
mens de la grâce , ajoute :
J'en connois par toi l'efficace ,
Sçavant & pieux écrivain , j
Qui jadis de ta propre main
ATas élevé fur le Pamaïïe ;
C'étoit trop peu pour ta bonté
Que ma jeuneflê eût profité
Des leçons que tu m'as données ;
Tu porte plus loin ton amour ;
£t .tu veux qu'aujourd'hui mes dernières an-
Poète
nées
De tes inftruâions profitent à leur tour.
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*î4* Bibliothèque
Je fuis ton Difciple» & peut-être
Pierre q w ph cureux ^.i at ^ mcs ?erf
Corneil- Eblouh aircz runivm
LE.
- 1684. * our * à * re P 611 hontc au Maître 1 &c.
Ses études finies, il voulut fré-
quenter le Barreau pour lequel il
n'étoit pas fait ; auffi le fuivit-il fans
goût & fans fuccès. Mais dans le
teins qu'il exerçoit tranquillement
dans le fein de va. patrie la Charge
d'Avocat Général à la Table de mar-
bre, une petite occafion, qu'il n*a-
voit pu prévoir, fit éclater en lui un
génie tout différent. Un jeune hom-
me de fes amis, qui âimoit urte De-
-moifelle de la même Villè , Payant
prié de l'accompagner dans une de
ces vifites aflidues , où l'amour étoit
fon guide , il arriva que le nouveau
venu plut davantage que l'int#oduc-
teur. Le plailir de cette aventur© ex-
cita dans M. Corneille un takntîqu'il
ne connoiffoit pas , celui <le la. poëfie
dramatique. Sur ce léger fujet , jl fit
la Comédie de Mélitc , qui parut en
162J. On y découvrit ,un earaôérc
original, on conçut que la Comédie
„ alloit fe perfectionner , & fur la con-
fiance qu'cm eut au i*p.uvel Auteur
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F R ANÇ6I5É. 143
qui paroiffoit, il fe forma une nou-
velle troupe de Comédiens.
T Le jugement que Ton porta dé
Méliu fut qite cette pièce etoit trop
limple 9 & avoit trop peu d'évene-
mens. Corneille piqué de cette cri-
tique , fit Çlitandre , & y fema les in-
tidens &; les avantures avec une très-
VicieYife profiifion t plus pour cenfi^-
ter le goût du publicy que pour sV
accommoder. Il paroît qu'après cefa
il lui fut permis de revenit à fon
naturel. La Galerie du Palais 9 la Veu-
ve 9 la Suivante , la Place Royale , en
approchent davantage. Après avoir
fait un èffai de foh génie dans ces fi*
premières pièces , oèi il s'éleva déji
au-deffus de fon fiécle \ il prit tout
à coup Teffor dans Médee, & monta
jufqif au Tragique le plus fubKme.
A la vérité , il rtit fecouru par Séné-
cjif c ; mais il ne iaiffa pas de faire voir •
ce qu'il pou voit par lui-même. L7//i-
jion comique , qu'il donna enfitite ; liii
fit du tort. 1 Pièce irréguliete & bi-
zarre , les agrémens qu'on y trouva
ne purent faire excufer fa bizarrerie
& fon irrégularité. Mais l'Auteur ne
tarda pas a fe relever de cette chute ,
en faiïant HeOi; qui eût le plus grand
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*44 Bibliothèque
— — f U ccès , qui a été traduit dans toutes
Pierre les Langues de l'Europe , hors 1 Ef-
Corneil- davonne & la Turque , & qui nous
LE# a valu ces judicieux Sentimens de
l '* 4# £ Académie Françoife , dont j'ai fait
mention à l'article de Chapelain &
ailleurs. Quand M- Corneille eut une
fois , pour ainfi dire 9 atteint jufqu au
£id, il s'éleva encore dans les Hora-
ces, & alla enfin jufqu'à Cmm ? & ^
PolieuSe, au-deffu$ defquels, dit-on,
il n'y a rien*
Suivant mon plan , je n entrerai
dans aucun détail fur toutes ces piè-
ces , où j'aimexois beaucoup mieux
voir le Chrétien que le grand Poète;
je ne nommerai pas même les mitres
Tragédies & Comédies qui fortirent
de la même plume , & qui toutes en-
femble forment 33 pièces de Théâ-
tre, fans compter Pfychè, Tragédie-
. Ballet dont il a fait le prologue , le
fécond & le troifiéme aûe , & plu-
fieurs fcènes. On peut voir fur tout
cela les Examens que Corneille a
faits lui-même de fes pièces,/' Hijloin
du Théâtre François , & le tome V . des
Jugemens desSçavans de M. Baillet;
Ce judicieux Ecrivain parle en cri-
.tique de chaque pièce en particulier ,
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François e. 14c
Je de toutes en Chrétien , & les Dil-
fertations fur plufieurs Tragédies de pIER **
Corneille & de Racine , recueillies ^ RNm "
en <ieux vokimes in-ïi, par feu M. \^%^
l'Abbé Granet, qui y a joint une cu-
rievife Préface.
Ce? Differtations ne font cepen-
dant pas les feules qui parlent ou ex-
preflement, ou comme en paffant f
des Tragédies de Corneille ; & fons-
prétendre indiquer tout ce qui a été
fait fur ce fujet, je connois de plus,
la Critique de Britannicus , par Bour-
fault ; un Jugement fur le Comte d*Ef-
fex , dans le Mercure Galant du mois*
de Janvier 1678, un Jugement fur la
Tragédie d'Horace dans leSpe3ateut f
tome 1. Difcours 52, page 205 de
la troifiéme édition , laDéfenfe de
Cinna , & cette de Rodogune , dans
les Œuvres de M. de Saint-Evre-
mont , un Jugement fur la Tragédie
4e Pompée , dans un Difcours de feu*
M. Olivier, de l'Académie de Mar->
feille , imprimé dans le tome IV des
Mémoires de Littérature du Pere desr
Moletz, deux Differtations fur TŒdi-
pe , dont une par Mademoiselle Bar- \
bier , laquelle eft dans le Mercure de
Trévoux, Février & Mars 1709, &
Tome XVlll. G
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146 BlBLIOTHÉ Qtl E
Ï^^SSï l'autre dans le Mercure de France i
Corme" f econ de partie du mois de Juin 1 729 f
tE# une Differtation fur ce vers de la
1684. Tragédie des Horaces, ou quun beau
dèfefpoir alors le fecourut , dans le Mer-
cure de France , mois de Juillet 1 748,
& une Défènfe du même Poëte , &
en particulier d'un endroit de la Tra-
gédie de Rodogune , par M. Coc-
quard, Avocat à Dijon, dans le mê-
me Mercure, Février «741. Cette
lettre ou défenfe répond à deux au-
tres , dont }'une eft dans ledit ou-
vrage périodique , Décembre 1738,
& l'autre au mois de Mai 1739.
. MrCorneilie fut reçu le 12 Janvier
1647 àl' Académie Françoife,à la pla-
v ce de M, Maynard. Quelques années
après , en 1653 , il donna Pçrtharite,
Tragédie qui ne réuflit point. Cette
chute , qui avok été précédée de
quelques autres , le rebuta du Théâ-
tre 9 & il déclara qu'il y renonçoit,
dans une petite préface affez chagri-
ne qu'il mit au-devant même de Per-
thariie.
M, <le Fontenelle dit dans la vie de
ce grand Poëte, fon illuflre oncle, que
ce fut alors qu'il entreprit la Tra-
duction en vers de V Imitation de Je/us*
Digitized by Google
Françoise.
Chrift.^ Mais fi la Tragédie de Pertha- ■ ■
rite n'eft que de 1653 , il falloit dire Pierre
=que M. Corneille entreprit alors de c °Rneil-
continuer la tradu&ion qu'il a voit LE '
déjà commencée des quatre Livres de 1 ' 4#
l'Imitation. Car il efl certain qu'il
en avoit donné le premier Livre dès
165 1 . Ceft lui-même qui le dit dans
l'Avis qui eft à la tête de l'ouvrage ;
où il ajoute , que celui-ci a commen-
cé avec l'Epifcopat de M. i'Arch. de
Rouen. On lit dans le Carj>tntariana y
page 284 & fui vantes * que cette tra-
duâion fut une pénitence que lui im-
pofa le Pere Paulin , Tierçaire du
Couvent de Nazareth , pour réparer
le fcandale qu'il avoit caufé par la
pièce lubrique intitulée 9 fOccafon
perdue & recouvrée , & M* de la Mon-
noie dit la même chofe dans fes Re- t.t.ç. 3^
marques fur les Jngemens des Sça-
vans de M. Baillet. Mais première-
ment, ce petit poëme ne fiit impri-
mé pour la première fois qu'en i66z;
& , comme je viens de Tobferver ,
le premier Livre de l'Imitation tra-
duit par Corneille étoit public dès
1651. Il s'enfuivroit donc que la
pénitence auroit précédé le péché ,
& que Corneille fe feroit repenti
Digitized by GoOglC
148' Bibliothèque
mmm d'une faute qu'il ne devoit^commet-
Pkrre tre que plus de dix ans après. En fe-
Corniil- con< i lieu , je prouverai ailleurs que
L \tf4 VOccajion perdue & recouvrit n'eft point
v. ci-après de Corneille , mais du fieur de Can-
rartdcCan- tenac ^ ce qui (uffit feul pour faire
tmm, tomber l'anecdote de la prétendue
pénitence impofée au premier pour
cês vers obfcènes. M. de la Monnoie
ajoute cfue le premier Livre de l'Imi-
tation étant achevé , la Reine Anne
d'Autriche f à qui , dit-il , le Poëte le
préfenta* en fut fi contente , qu'elle
lui demanda le fécond ; enfuite de
quoi , dans une dangereufe maladie y
qu'il €iit quelque tems après , il pro-
mit le refte , & le donna; & ce récit
- eft encore pris du Carpentariana xjue
M. de la Monnoie avoit vû avant
l'impreffi^n. Mais quelles preuves
M. Charpentier donne-t41 de ce ré-
crit? aucunes. M. de Fonteneile fe
contente de dire, que fon oncle fut
. porté à faire cette traduûion par'
quelques Jéfuites de fes amis , par
des fentimens de piété qu'il eut toute
fa vie, & peut-être auffi par TaéHvité
de fon génie , qui ne pouvoit demeu-
rer pififé
, Cet ouvrage eut un fuccès prodK
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Françoise,
U9
gieux. Cependant , dit M. de Fon- - 1 ? ■
tenelle , » fi j'ofe en parler avec li- Pi£*ri
» berté, je ne trouve point dans cette C(>RN£Ft ^
» traduéKon le plus grand charme de
» l'Imitation de J. G. je veux dire fa *
» fimplicité & fa naïvetés Elle fe perd
» dans la pompe des vers qui étoit
» naturelle à M. Corneille , & je crois
» même qu'abfolument la forme de
» vers lui eft contraire. Ce Livre ,
>> le plus beau qui foit parti de la
» main d'an homme, puifque lHvàk-
k » gile n'en vient pas r n'iroit point
>p droit au cœur comme il fait , & ne
» s r en faifiroit pas avec tant de for-
» ce 9 s'il n'avoit un air naturel &
- » tendre , 5 quoi lar négligence même
» du ftyle aide beaucoup.
M. Corneille dédia fa Traduôion
au Papa, à qui il ne témoigna que
• des fentimens pleins de modeftie ,
Œuvres <fe
Rac. t. i. jp,
«17.
Couronné par lies mains d*Àugufte & d'Emilie. r
A côté d'à KcnapîY Corneille ^humilie ;
îaree qujen effet ii paroît lùwnêaie '
Giij
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150 Bibliothèque
avoir voulu s'humilier, piiifqu'il dit
au Pape dans fon Epître dédicatoire :
» La tradu&ion que j'ai choifie, par
» la fimplicité de fon ftyle ferme la
» porte aux plus beaux ornemens de
» îa poëfie , & bien loin d'augmenter
» ma réputation , femble facrifièr à
» la gloire du fouverain Auteur, tout
» ce que j'en ai' pu acquérir en ce
» genre décrire. »
Il fe paffa fix ans pendant Iefquef*
il ne parut de M. Corneille que Pou-
Trage dont on vient de parler. Mais
enfin follicité par M. Fouquet , qui
négocia en Surintendant des Finan-
ces , & peut-être encore plus poufle
par fon penchant naturel, il fe ren-
gagea au Théâtre, où il fit repré-
ienter encore dix pièces nouvelles
depuis 1659, qui eft la date de la
première repréfentation d 9 Œdipe 9 ju£~
qu^à Surtndy qui efl de 1675.
Ce fut dans cet intervalle de 1 65^
à 1675 qu'il traduifit en vers Fran-
çois t Office de la faintt Vierge > avec Us
fept Pfeaumes pènitentiaux , les Vêpres
& CompUes du Dimanche , & teus les
Hymnes du Bréviaire Romain. Cet ou-
vrage auquel l'Auteur joignit des
inârufèons & des prières , tirées de
Digitized by Google
Françoise, 151
fa traduâion de l'Imitation , fut ache- «— —
\é d'imprimer le 15 Janvier 1670, Pierre
& Corneille eut l'honneur de le pré- Corneil-
fenter à la Reine, à qui il le dédioit. LE *
Cette traduftion dit M. Gobillon , l6%4 '
Curé de S. Laurent , qui avoit lui-
même du talent pour la poëfie Fran-
çoife , » cette traduâion de l'Office
>> de la fainte Vierge , &c. efl un
y> ouvrage qui exprime le fens des
» Pfeaiimes & des Prières de l'Eglifje
» d'une manière fi nette y fi majef-
» tueufe , & fi touchante en même*
» tems , qu'il donne de grandes lu-
» miéres pour leur intelligence r qu'il
» en imprime la vénération par de
& hautes idées , & qu'il excite ta
# piété dans le cœur par de faintes
» affeftions. »
Iï efl étonnant que depuis -cet ou-
vrage, M. Corneille ait encore tra*
vaifié environ cinq ans pour le
Théâtre ; mais les hommes font pleins
de contradiâiohs. Il y renonça enfin
pour toujours après Surcna qui fiit
joué en 1675 , & ne P en ^ a pl us qu'à
mourir chrétiennement , félon M.
de Fontenelle , qui ajoute qu'il ne
fut pas même en état d y penfer beau-
coup la dernière année de fa vie,
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iji Bjbliotheqvï
y— qu*iltermina à Paris le premier Oc*
Pierre tobre 1684 dans la foixante-dix-neu-
Corneil- viéme année de fon âge. Le Roi qui
lE lui avoit donné en phifieurs ocea-
lions des marques de fon eftime ,
lui en donna^ de particulières dans
fa dernière maladie ; ayant appris
Tétat dangereux oîi il étoit y il en*
yoya chez Jui pour lui faire fçavohr
Fintérêt qu'il prenoit à fa fanté , ce
qui fut accompagné de libéralités
4ignes de Louis 3lIV. C'efl ce que
nous apprend M. Racine , fon illut
ire Rival dans le genre dramatique ,
dans le difc ours qu'il prononça le 1
Janvier 1685 , à la réception de Tho-
mas Corneille, nommé à l'Académie
Françoife à la place de fon frerew
Voici Téloge que M, Racine y fait du
•défunt.
Après avoir repréfenté Fétat p^
toyable oii étcit le Théâtre parmi
nous, fans ordre, fans grâce, fans
jrégle ; & ce qui eft beaucoup plus
pernicieux , fans honnêteté & fans
jnenféance , » ilfaitconnoxtre la for-
cée avec laquelle Corneille furmon-
•rtant tout obftacle fit le premier
# paroître fur la fcène la raifon a£-
p compagnée de toute la. pompe &
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Françoise. ^53
» de tous les ornemens dont notre «!
» langue efi capable , & fçut accom- P'****
^ J_ 5 \r , T * CORNIXL-
» moder heureufement le vraifem-
» blable & le merveilleux,"en biffant "
*» bien loin de lui tout ce qu'il avoit
» de rivaux. Gîi trouvera-t-on , dit--
» il , un Poète qui ait poffédé à la
fois tant de grands talcns, & tant
» d'excellentes parties; l'art, la for-
» ce , le jugement , l'efprit \ Quelle
» nobleffe ! quelle économie dans les*
» fu jets ! quelle gravité dans les fen-
» timens ! quelle^ dignité* & en mê-
» me-tems quelle prodigieufe variété
» dans les cara&éres ! Combien de
» Rois de Princes , de Héros nous
» a-t-ii représentés , toujours tels
» qu'ils dévoient être , toujours uni-
» formes avec eux-mêmes , & ja>
» mais ne reflemblant les uns aux a\i-
» très ? Parmi tout cela , une magni-
» fîcence d'exprefliQns proportion-
• » née aux Maîtres du monde , qu'il
h fait fouvent parler ; capable nean*
*> moins de s'abaiffer quand il veut r
» & de defcendre jufqu'aux limples
» naïvetés du comique , oii il eft
f> encore inimitable. Pçrfônnage vé-
. » ritablement né pour la gloire de-
. » ion pays ; comparable , je ne dis-
1^84;
Digitized by Google
rf4 Bibliothèque
— — » pas à tout ce que l'ancienne Ko
Pierre » me a d'excellens Tragiques, puif-
orneil- n qu'elle confefle elle-même qu'en
L » ce genre elle n'a pas été fort heu-
x » reufe T mais aux Efchiies , aux So-
» phocles , aux Euripides, dont lar
■n fameufe Athènes ne s'honore pas
» moins y que des Thçmiftoeles , def
» Périclès, des Alcibiades, qui vi-
: » voient en même-tems qu'eux. La
» fcène retentit encore des accla*
» mations qu'excitèrent à leur naif-
» fance le €id , Horace , Cinna r
Pompée y tmis ces chefs-d'œuvres.
» repréfentés depuis fur fantde Théâ-
» très , traduite en tant de langues r
» & qui vivront à jamais dans la
f> bouche des hommes. » Voilà Ir
Poëte peint par Racine. VokiThom-
xrte crayonne par M. deFontenelle.
» M. Gorneilfe étoit affez grand ,,
» & affez plein , l'air fort fimple
»«& fort commun, toujours né-
t> teneur. H avoit le vifage affez
y> agréable ,* un grand nez , la boi^
* che belle , tes yeux pleins de feu>
*la phyfionomie vive , des traits
irtranfmis à la poûerite dans, une:
curieux de ion ex-
» fort
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François. ijy
» médaille ou dans un bufte. Sa pro- !
inondation n'étoit pas tout-à-fait Pierre
» nette ; il lifoit fes vers avec force, CoRNtIL *
» mais fans grâce. "1*84.
» Il fçavcit les Belles-Lettres ,
» l'Hiftoire , la Politique ; mais il les
» prenoit principalement du côté
» qu'elles ont rapport au Théâtre. Il
$> n'avoit pour les autres connoiffan-
» ces ni loifir, ni curiofité , ni beau-
» coup d'efiime. Ilparloit peu, même
» fur la matière qu 'il entendoit fi par-
» faitement. Il n'ornoit pas ce qu'il
» difoit , &. pour trouver le grand
» Corneille , il le falloir lire.
» Il étoit mélancholiqtier II lui fal-
^ loit des fujets plus folides pour ef*
n përer & pouf fe réjouir, que pour
fe chagriner & pour craindre. Il
avoit 1 humeur brufque , & quel-'
quefois rude en apparence ; an
foYid , M étoit très-aifé à vivre ,
bon père r bon mari, bon parent,
, y quefois rude en apparence ; an
„ foYid , M étoit très-aifé à vivre ,
99
„ tendre & plein d'amitié. Son tern-
ie, pérament le portoit affea à l'a-
mour , mais jamais au libertinage ,
„ & rarement aux grands attache--
mens. Il avoit Tame fiére & incfé-
pendante, nulle foupleffe , nul ma-
t „ nége: ce qui L'a rendu très-propre-
G VJr
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1^6 Bibliothèque
— ■» „ à peindre la vertu Romaine , Se
Pierre 99 très-peu propre à faire fa fortune.
Corneil- 9r \l n'aimoit point la cour 7 il y ap-
„ portoit un vifage prefque incon- |
L * „ nu , lin grand nom qui ne s'attiroit
^ que des louanges , & un mérite qui
99 n'étoit pas le mérite de ce pays-là.
99 Rien n'étoit égal à fon incapacité
9i pour les affaires r que fon ayer-
>9 fion : les plus légères lui caufoient
„ de l'effroi & de la terreur. Quoi-
„ que fon talent lui eût beaucoup
y, rapporté r il n'ei*étx>it guéres plus
, „ riche. Ce n'eft pas qu'il eût été fô-
„ clié de l'être ; mais il eût fallu le
„ devenir par une habileté qu'il n'a-
. yy voit pas, & par des foins cju'il ne
pouvoit prendre: Haie s'étoit point
„ trop endurci aux louanges , à force
. rr d'en recevoir : mais s 11 étoit fen-
^ fîble à la gloire^ il étoit fort éloi-
„ gné'dela vanité. Nfe de Fonte-
nelle ajoute , qu'à beaucoup de pro-
bité naturelle >il a joint dans tous !es
. tems de fa? vie, beaucoup de religion ,
' & qu'il a eu fouvent befoin d'être
rafluré par desCafuiftes fur fes pièces
de Théâtre.. Ces Cafuiftes étoient
. bien indidgens. La raifon que M.
4e. Fontenefle .dpnnc de leur djécjfion
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François tfj
& que je me dilpenferaï de rappor- ;
ter , n*anroit pas raffuré M. Racine Purr*
après fa converfîon , & ne raffûrera Corneh^
jamais un Chrétien perfiiade que le LE * ^
Théâtre: n'a* été en aucun tems , & 1
ne peut devenir une école de vertu.
Ce que dit M. de Fôntenelle que f<wi
oncle tu s 'était point trop endurci aux
louanges ? Corneille Ta preuve lui-
mêmepar celles qu'il fe donne dans
fbn Excufc à Arijlc y oùil pailë ainfi :
Nous nous aimons un peu t -c*cft notre foibîe à tous î <f urr;
Le prix que nous valons, qurle fçait. mieux que ^ e Corn; a) #
nous ï Mî '
Et puis fr modè en eft ,.& la Cour tfautoriie.
Nous parlons de nous-même avec toute franebifr ,-
Ita fauge humilité ne mec plus* en crédit*
Jfc feai ce que je vaux, & croi ce qu'on 'm'en dit;
Pour me faire admirer-, je ne fais* : point de liftie,
JL'ai peu de voix pour moi, mais je les ai fans brigue
Et mon ambition , pour faire plus de bruit , -
Ke les va point quêter de rédu.t en réduit.
Mon travail fans appui monte fur le Tnéatrcv
Chacun en liberté l'y blâme,. ou l'idolâtre;; -
Ca , fans que mes amis prêchent leurs fentimens ,«
J'arrache quelquefois leurs apptâudi/Temens ;
, content du fuccès que le mérite donne
Far d'illuftres avis je n'éblouis perfbnne
Je fatisfais cnfemble & peuple & counifans ,
El mes ver* en tous lieux font -mes feuls partifan* ^
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ry # BrBLIOT RE QUE
Par leur feule bouté ma plume eft eûimée ,
Je ne dois qu'à moi feul toute ma renommé*,
Et penfe toutefois n'avoir point de rival
qui je fafle tort en le traitant d'égal , &c.
Cette pièce fut faite vers l'an i6}6.
On a encore plufieurs autres élo-
ges de Pierre Cprnelfle; & j'en ai
,tru un affez bien tourné par le fieur
de la Fevrerie dans le tome 30» de
l'Extraordinaire du Mercure Galant.
M. Barafon Fa loué ainfi en vers t
PoèTîcs de Corneille tout rempli d'un cfprir héroïque ,
ïârat. page A par .un noble effort- porté le Dramatique
Plus loîti que n'avait fait toute l'antiquité r*
Le Théâtre François fi grand, fi magnifique,*
Lui doit fa régularité»
Il a le génie admirable
Pour traiter les grarfds fentimer» y
Et dans cet Art incomparable
Kul Auteur »*à reçu tant d'applaudifTemens.
, Pour les Héros enfin c'efr un excelle nf Maître*
Mais de l'homme fou vent il' outre le portrait >
Il le peins' comme il devroit être,
Et- non comme il eft en effet.
Itlais tous ces Panégyriftes n'ont loué
feûr Héros que comme grand Poète
Dramatique^ ffc ont tous paffé foas
filence fes autres poëfies , excepté
M^de Fontenelle qui a même oublié
de nommer la traduûion de l'Office
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F R A N ç o r S E. r^y
île la Vierge & des Hymnes de
l'année , & qui ne dit qu'un mot de
toute
CORN£lL»
LE.
{es Poèfies diverfes. Celles-ci font ce-
pendant en aflez grand nombre , &
il y en a phifieurs dont Ta beatïté
«ût fait une grande réputation à tout
autre qu'à M. Corneille, Tels font
tes poèmes compofés à la fbuange de
Louis le Grand & de M. le Dauphin-
depuis 1663 jufqu'èit 1680. Il me
femble f dit l'Abbé Granet qui a re-
cueilli ces Œuvres diverfes de Coi*- pré&cedt*
neille , » qu'il feroit difficile de trou- œwretdm
» ver des ouvrages de cette efpéce ,
»ok la louange foit maniée d'nntf
y> manière plus noble & plus héroï^
» que.»Teïles font encore les traduc-
tions de quelques poèmes Latins du
Pere de fa Rue , Jefuite, & de M-
de Santeul , qui font autant de Pané-
gyriques de Louis XIV.
- Des 1632 , Corneille avoit donné
hîi-même à' la fuite de la Tragi-Co^
me die intitulée Clitandre^ des Milan*-
gts poétiques. C'eft un petit recueil der
Sonnets de Madrigaux , de Ghan--
fons, avec un Dialogue , & une Ode-
galante; Il y a apparence que c r é~-
toient les premiers eflais de fa mufe r .
qu'il ne- laiffa imprimer y fi on l'es&
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t6ô Bibliothèque
gàgg croit r que pour céder à l'importunité
Pierre dit Libraire qui les lui demandoit.
Cornul- On y trouve des pîaifanteries d'un I
W 1 ut - %°^ lt P eu délicat , & divers traits
* d'une galanterie trop libre , mie M.
FAbbé Granet a bien fait de luppri-
mer dans fon édition des Œuvres di-
verfes de notre Auteur. Il* en a éga-
lement rejetfé quelques pièces du
même caraftere , inférées dans le
Recueil de Sercy . Pkr une* autre rai-
fbn , it auroit peut-être pu. fe difpea*
fer de faire réimprimer la traduâion
de 50 des Pfeaumes de David , &
des Cantiques des trois Enfans , de
la fainte Vierge, de Zacharie & de
Siméon , cette traduftion étant déjà
dans M Office de la Vierge ,« dont j'ai
parlé. Niais, il a bien fait de ne pas
©mettre les Leuanges dt la' fainte. Vier-
ge , compofées en rimes Latines , &
imprimées parmi les (Euvres de S.
Bon aventure , qu'on ne croit pas en
être l'Auteur. Quoique cette traduc-
tion de Corneille en vers François
eût paru dès 165-5 ^ u*-n. ce petit
volume ne le.trouvoitplus. On a en-
core dans le même Recueil ce que
fe Poëte avoit fait pour la Guirlande
Julie ^ les* vers qji'il comgofa p t ar
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_ Fr ah ç o I s e. . 161
terdre de la Cour r pour êtrfc mis au
bas de auèiques figures de Valdor^ P^rre^
qui reprefentent les plus célèbres ex- t £ RNE1L ~ M
ploits de Louis XIIL quelques pié-
ces qui n'étoicnt point encore con-
nues y & toutes celles qu'on lifoit
déjà dans les Epimcia Mu/arum à la
louange du Cardinal de Richelieu >
dans les poefiefc du Pere de la Rue ,
<lans celles de Santeul , &c. Il y a de
plus quelques poëfies Latines ; cat
M. Corneille faifoit auffi très-bitn
des vers -Latins. C'eft en 1738 que
l'Abbé Granet recueillit ces Œuvres
diverfes, avec une Préface qui eû uti»
le , & un écrit du feu Pere de Toutv
nemioe , Jéfuite , qui a pour titre 9
Définie 4u gpaad Corneille* Ce getit
^crit avoit déjà pàru fans nom d'Au*
leur dans les Mémoires de Trévoux
du mois de Mai 1717 , fous le titre
-de Défenfe du grand Corneille contre
le Commentateur des œuvres diverfes de
M. Boileau De/préaux. Mais il eft là
moins ample d'un tiers que dans les
Œuvres diverfes de Corneille. Dans
l'édition de 1717 , le Pere de Tôur-
- nemine s'arrête uniquement à l'Apo-
logie de Corneille. Dans l'édition de
-X73&, U prend déplus la défenfe ds
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ht,
161 Bibliothèque
plufieurS Auteurs cenfurés par notre
Pierre Satyrique François , & fe laiffe aller
CORNE»- contre lur à bien des vivacités qui
^ g n'ont pas été du goût de tous les
Le&eurs.
M. l'Abbé Granet auroitpu encore
groffir fon Recueil , s 11 avoit voulu
y faire entrer ce nombre de vers que
M. Corneille * fui vant Pufage de fon
feins , a adreffés à divers Poètes dra«*
matiques , & à d'autres Auteurs , de-
puis 1630 jufqu'en 1660 , & qui ont
été imprimés au commencement de
leurs ouvrages , dont ils contiennent
Féloge. Mais ces vers faits ordinai-
rement avec précipitation , lui dtst
paru froids & peu intéreflans ^ & il
n'a imprimé que deux ou trois pièces
de ce genre, pourien faire connoître
le caraôere. S'il n*a pas remplace
cette omiflîon par la traduftion des
deux premiers Livres de la Thébaïde
de Stace , que Corneille avoit faite
auffi en vers , j'en ai dit la raifon ail-
leurs ; c'eft que jufqu'à préfent on ne
connoît perfonne qui ait pu recouvrer
un exemplaire de cette traduâion.
^eciwpeUu On VOït P ar * es Lettres manufcri-
^0 juillet 8t tes de Chapelain , que M. Corneille
du^j Août ayQit f ^ t en Utin rEpitaphe ^
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Françoise. i6y
Jt. P. Dom Jean Goulu , Religieux
Feuillant T mort en 1629, qu'il eit fit
confidence à Chapelain , fon ami 9 Corneil* -
& que Balzac , qui en ignoroit l'Au- " lé g^
teur y fit des vers Latins contre cette
Epitaphe. Je ne fçai pas fi c'eft celle
qu'on lit aux Feuillans , & que M,.
Piganiol de Ta Force a fait imprimer
dans fa Defcriptiox de Paris. Chape- Defcrjpt.dr
lain confeille à M. Corneille de ne *
point fe plaindre des vers de Balzac r
de peur de rompre avec lui une ami-
tié dont Piin & l'autre fe faifoient
honneur. Ces Lettres de Chapelain , Lettrerifc
de même que quelques autres, mon- f^JJ' Acjfr
trent auffi que Corneille fréquentait 1643 » & du
fouvent M. le Chancelier Seguier,. 8No *'**s*-
& l'Hôtel de Rambouillet » & qu'il
y lifoit fes- pièces dramatiques avant
de les livrer au Théâtre; Il les com^
muniquoit «rafli à une Madame dtr
Pont, fémmed'un Maîtredes Comp-
fong-tems avant fon mariage , dans
îe .tems que lui-même étudioit chez
les Jéfuites , & pour qui il avoit com-
pofé un nombre de pièces galantes
qu'il n'a jamais voulu rendre publi-
ques , quelques* inftances que lut
ayent fait fes amis ; qu'il brûla même
tes. de Rouen
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l64 BlÉLIOTrtEQ UE
environ deux ans avant fa mortl Où
Piirre dit que cette Dame avoit beaucoup
corneil- apprit, & quelle critrquoit fort ju :
1684* dicïeufement ce que notre Poète lui
montroit y enforte que Corneille a
dit pliifieurs fois r qull lui étoit re-
devable de j>Iufieurs endroits de fes
premières pièces. C'eft de cette Da-
me dont il parte dans fon Excuft â
Ariftt , où il convient qu'il avok
pour elle un amour tendre & vit
qu'il avoit îong-tems confervé. Il
fe voyoit fou vent forfquil étoit à
Rouen ; & lorfqu'il ne pût plus l'ai-
mer légitimement, il dit qu'il n'aima
• plus du tout,
Après beaucoup de vœux & de fournirons » *
Vn malheur rompt le cours de nos affe&iont ,
Mais toute mon amour en elle confommèe ,
Je ne vois rien d*aimafele après ravoir aimée:
' Auifi iTaimai-je plus , & nul objet vainqueur
»*a polfédé depuis ma veine ni» mon cœur.
; ANNE DE LA VIGNE.
Anne de *
ia Vign*. La Normandie , qui a eu ht gloire
1*84. de produire le grand Corneille, &
qui a* toujours été fi féconde en gens
de mérite , a auffi donné k naiffançe
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Françoise. 165
Mademoifelle Anne delà Fient 9 n _
>nnue par la délicateffe de Ion ef- Anne di
it , & par fes poëfies Françoifes. LA Vig »ê-
.le étoit née à Vernon , petite Ville 1 ** 4 *
j cette Province. Son pere , Michel . s *w {é >*:'
k TT . . . . r , / A de Mot. 6é
Vigne , qui etoit de la même i 7J5 .
illë , fut un célèbre Dofteur çn
médecine , & fe diftingua auffi par
m éloquence. Il difoit plaifamment, JJp* MarT *
wr marquer la différence qu il y P . 97 .
mit entre fa fille & fon fils 9 homme
'un efprit un peu borné : Quand* fai pj^? u ™'
lit ma fille , je penfois faire mon fils ; page
: ' quand j'ai fait mon fils^je penfois faire
a fille. Ce fils époufa Madame de N <>*- i*
. Vigne Villedo , dont il eft fait men- Bai\u°u ^
on parmi les Dames devenues illuf- P» 458.
es par leur érudition.
Pour Mademoifelle de la Vigne f
lie demeura dans le célibat ; & par
m application continuelle aux feien*
, & principalement à la poëfie ,
!c devint Tune des plus fça vantes
^ des plus foiritu elles filles de l'Eu*
*>pe. Dès fon enfance elle faifoit fi
fément des vers qu'il fembloit qu'el-
étoit alaitée par les Mufes. Elle
l'avoit pas moins de goût pour la
^hilofophie , furtout pour celle de
Oefcartes , comme on le voit par la
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t*66 Bibliothèque
— — pièce intitulée l'Ombre de Défiants^
A^ViGN DE ^ ue * a n ^ ce ^ e ce g ranc * Philofophc
* k xil^ lui adreffa^ & dans laquelle elie fait
verschJuîs ainfi parler fon pncje ;
Au P.:fiouh.
f. a 5 & fui?, Mcrve i lle <j c jour* , jeune &l>cllc Héroïne,
Qui fous les doux appas d'une beauté divine 4
Cachez tant de vertu , d'efprit & de fçavoir ;
Ne vous étonnez pas qu'un mort vom vienne voir*.
Je n'ai pu vous entendre eftimerrnes ouvrages ,
Et vous voir chaque jour en feuilleter les pages,
■Sans (entir en mon cœur tout ce qu'on peut
•fentir, &c.
Mademoifelle de la Vigne répon-
dit à ces vers par d'autres auffi dé-
licats , & dans lefquels elle ne mon-
tre pas moins de modeftie gue de
iw.f,-s9 fïnefle d'efprit. Son Ode intitulée,
le fuiv. Monfeigneur U Dauphin au Re,i 9 eft une
*bid. p. 41» pièce admirable. L'Auteur en reçut
iine jufte récompense , & d'une ma-
piére également galante & gracieufe.
Peu de tems après que cette Ode eut
été répandue ^ un inconnu lui e^
yoya une petite boëte de coco , dm
étoit une lyre d'or émaillée , avec
des vers intitulés , Ode à Climent ,
où parlant à Mademoifelle de la
Vigne , le Poëte inconnu dit entre
autres :
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Françoise 167
Tes vers oqt qe tour .augufte
ANNE 1) S
Ce tour qu'il faut pour les Rois, lA y 1GNJL
Si beau, iî grand, & fi jufte.
Ainû chantoit autrefois
Celui qui -chanta d'Augufte
Les vertus & les exploits,.
Tel en les voyant paroître t
Crut voir fc^alh^be renaître.
ReçoJ donc , be^Wéroïne ,
Vnc Lyre qu'Apollon
Pour xe deiTcin te deftine.
Souvent Ton illuftre Ton
A fous une main divine
Changé le facré Vallon î
Trop beureufe qu'elle obtienne
De redonner fous la tienne.
Mademdfelle de la Vigne répon- ïht pt 0i
dit à cette Ode par de fort belles îo# 5*>îjI
Stances , & un Madrigal ingénieux
à Madpmoifelle Dupré. Toutes ces
pièces , de même que le Madrigal de
Mademoifelle de Scudery # Climtnt ,
& une Réponfe auffi en vers de Ma-
demoifelle Dupré , font rafTemblées
dans les Vtrs choifis du P. Bouhours*
Il y eut encore quelques autres piè-
ces faites à la même occafion , qu'on
trouve réunies dans un petit volume
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*l6i BlBtïOTHIQÎJE
in-8°. imprimé à Paris en 1673.
Î N Vign! L'excellente Ode de Mademoifelle
lA J GNE ^ de la Vigne à Mademoifelle de Scude-
n'a pas mérité de moindres louan-
ges. M. Péfiffpn la fit imprimer ,
avec la Réponfe jkJMademoifelle
de Scudery 9 à la fi^p de fon Hiûoi-
re de l'Académie Fraaçoife f de l'édi-
tion de 1671. On connoît encore de
Mademoifelle de la Vigne , des Stan-
ces fort eftimées , qu elle adreffa à
M. le Dauphin , & une Réponfe à
Ver &œu ir ' unt ^ t ^ atl0H 0 l*éaure monde que M.
iSePaviiLéd' Pavillon lui avoit envoyée. Cette
me. Trop d'application caufa beau-
coup d'infirmités à Mademoifelle de
la Vigne. Sur la fin de fes jours elle
fiit même attatjuée de la pierre , &
mourut à Paris à la fleur de fon
âge, en L'Académie des Rico-
vratide Padoue l'a voit reçue dansfon
iein. Elle a voitfait,peu de^tems ayant
fa mort , -ces vers témoinsde & piété.
Vaine beauté , que ? oulez-vous 4e moi ?
Quels font vos droit* , Iris, pour engager ma foi »
3 y , pour la congratuler fur le prix
'éloquence qu'elle remporta au ju-
gement de rAcadémie Françoife,
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Ah ! fur mon cœur ce fiez de rien précendre ;
Ceflcz de le faire fouffrir :
Anne dî
LA VIGNE»
Le Ciel ne l'a pas fait fi fenfiblc À û tendre-» 1 6 8 4,
Pour aimer ce qui doit périr. ^
Ces vers avoient été précédés d'utt
Sonnet , intitulé , la Pajfion vaincue ,
qu'on lit auifi dans les Vers choifis du
Pere Bouhours, fans nom d'Auteur,
mais que M. Le Fort de la Moriniere
dônne fous le nom de Mademoifelle
de la Vigne dans le tome deuxième *
de fa Bibliothèque Poétique.
JACQUES CAREL DE SAINTE- — —
GARDE. Jacques
Carel de
Jacques Carel , Sieur de Sainte- s A 1 N r £ -
Garde , a compofé.plus de vers que G *£jj^* #
Mademoifelle de la Vigne , mais il
a donné moin3 de poëhes. Son Poè-
me héroïque , intitulé Childébrand ,
ou les Sarrajlns chaffes de France , n'a
à la vérité que quatre chants ou li-
vres , mais il devoit en avoir feize ;
& ce^'elique le mauvais accueil,
fans doute , que i'on a fait aux qua-
tre premiers, qui a empêché l'Auteur
de mettre le relie au jour. On fçait,
ce qu'eadit M. Defpréaux, qui dans
Tome XVIII. H
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170 Bibliothèque
fon Epître neuvième le met ni de-
Jacques veau avec le Jonas de Jacques de
Sainte* Coras > & qui en blâme jufqu'au nom
Garde. d^rHéros dans le troifiéme chant de
2 6 84. fon Art poétique :
La fable offre à fefprit mille agrémens divers .
Là tous les noms heureux femWent nés pour Jes vers*
- Ulyfle, Agamemnôn , Orefte, Jdoménée »
Hélène » Ménélas , Pâris , Heftor , Enée.
O le planant projet «"un Poèjce ignorant ,
Qui de tant de Héros va choifir Childcbrand 1 .
f D*un feul nom quelquefois le fon dur & bizarre
Rend un poëme entier , ou burlcfque ou bizarre»
Le nom de Childtbmnd n'efi
cependant inconnu .dans notre
toire. De Serres, Dupleix, Mezerai
diient xp'il fut envoyé par Châties
Martel , fon frère , au-devant des^ar*
rafins qui ravageaient la Guienne >
& qu'il contribua beaucoup à leur
défaite. On pourroit dire auffî , à
Toccafion des deux derniers vers de
M. Defpréaux , que ce feroit poufler
un peu loin la délicatefTe , que de
rebuter un poëme qui feroit bon
d'ailleurs , par la feule raifon qu'il
s'y trouveroit quelques noms pn**
Dr^s, dont le fon ne feroitpa^agréa*
î>Ie. Mais ce n'eft pas aum parxettç
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f r a n ç o:t s 171
raifon que le poème de Childtbrànd — ■ — jg -
a déplu , c'eîft par le fond même du Jacques
poëme & par la verfifîcation. Uue Car **-
preuve ^ ce femble , de cette vérité , ^ A 1 N T E
que le fieur de Sainte -Garde iti^.
ayant fait réimprimer fon poëme en
1668 , & y ayant ûibHàtoé le nom
de Chartes Martel â celui de Childe-
bretnd , ce poëme n'én fut pas plus
applaudi, & que depuis long-téms
perfonne ne s'avife de le lire.
Quelques années après cette nou-
velle édition , le fieur de Sainte-Gar-
xle fe voyant raillé fur le choix &
fur le nom de fon Héros , publia ,
Î>our fe venger , un petit écrit fous
e titre de Defenfe des beaux efprits de
ce tems contre un fatiriqut r & fous le
nom de Lerac qui e# ramagfamme de
Carel. Mais ce petit écrit qui parut
en 1675 * & ? ue l'Auteur dédia à
MM. de l'Académie Françoife , n«
le réconcilia pas avec le Public. On
blâma les injures groffiéres que le
Poëte y dit à M. Defpréaux , & on
rit des efforts. ..qu'il y faifoit pour l
juilifier fon choix par la conformité ^
qu'il trouvoit entre le nom de Ckit»
debrandtk celui à' Achille
M. Charpentier dit dans le Car*
Hij
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rji Bibliothèque
— — pentariana , p. 460 & 46 1 , que Saintc-
Jacqvls Garde lui écrivit une Lettre aufujet
arel di j c cc poë m e , où il lui avouoit que
ard"" * es Libraires craignoient fi fort de
Texpofer en vente, qu'il fembloit
-qu'on le leur eût défendu ; » Voilà.,
» ajoûte-t-U , un aveu bien fincérc
-» de la part d'un Auteur : mais , con-
< » tinue-t-il , il ne me parle pas tou-
» jours fur ce ton-là dans fa lettre.
» Si notre langue , m'ajoûte-t-il , it*
» voit être auffi durable que la Grecque ,
» ou que la Latine 9 /ejpererois le dejiin
m de Menandre. Vous fçave[ quon m
» reconnut qu après fa mort ce que var
loient fes ouvrages v » Voici , dit en-
» core fur cela M. Charpentier , un
» retour de tendrefle d'Auteur pour
» fa produ&ion. Je ne crois pas c&-
♦> pendant , conclud-il , que perfon-
» ne reconnoifle à préfent dans le
» poëme de Childebrand , rien qui
» puiffe faire regretter fon Auteur. »
Le fieur de Sainte-Çarde étoit de
Rouen, Prêtre & Prédicateur. Dans
le privilège qu'il obtint pour l'ini-
preffion de fon poëme , & qui e&
•daté du mois d'Oâobre 1666 , il
ajoute à fes qualités celle de Con-r
feiller & Aumônier du RoL On voit
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F R A N Ç O I S E.
par les lettres manufcrites de Cha- — —
pelain > qu'il accompagna en Efpa- J AC Qui
gne George d'Aubuffon de la Feuil- < ** E „V!
lade , alors Archevêque d Embrun , g a r d e,
& depuis Evêque de Metz; lbrfque 1**44
ce Prélat fut envoyé en ce Royau-
me Pan 1661 en qualité d*Ambaffa-'
deur extraordinaire ; & que ce fut à
Madrid qu'il compofa fon Poëme.
J'apprends des mêmes Lettres que M.
de Sainte- Garde étoit ennemi , de'
même- que Chapelain , de la Philo-
fophie de Defcartes, que l'un & l'au-
tre trouvoient plus luifante que foMe\
doârine de ce Philofophe , princi-
palement contre fon fyftême du mona-
de , des Lettres que M. l'Abbé de la • N
Chambre fit imprimer à Paris- ew
t66 j y & dont Chapelain fait un très-
grand éloge : Que fon goût pour la
Philofophie, & fon oppofition à cel-
le de Defcartes , lui firent entrepren-
dre encore Un Dialogue Latin,, où il
traitoit des idées & des principes de*
chofes j & que ce Dklogue s'eft per-
du entre les njaûis d'un Monfieur de
Gueudreville à qui l'Auteur Tavoit
confié. Au refte les Lettres que Cha-
pelain écrivit à M. de Sainte-Garde y
le premier compofa contre la
Hiij
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. 174 B I B L I O T h é: q V Ê
à Madrid , au nombre de 14 , deputf
•«2m le 16 Fëvrkr 1662 i 0 *! 11 '» i<J Nd-
aihte- vembre 166 y , font ttès-curieufes â
1*84.. porte de beaucoup d'Auteurs Espa-
gnols > furtout des Poètes de cette
nation 9 & de plufiettrs queffcons phi-
lofophiques qu'il y agite* M* de Sain-
te-Garde fçavoit parfaitement la mê-
me langue , & l'écrivoit purement.
Il revint en France au commence-
ment de 1666 , & l'on croit qu'il eft
mort en 1684. H avo *t donné en
2671 un petit poëme intitulé : Louis
XI F. le plus noble d$ tous les Rois par
fis Ancêtres : le plus J agi de .tous les £0-
tentats par fa conduite : le plus admh>
rable de tous Us Conquérons par /es vic-
toires: c'eft un in*4°. de 16 pages*
Je crois que foi* dernier ouvfâge eiî
celui qui parut en 1676 fous le titre
de Réflexions Académiques fur les Ùra*
teurs & fur Us Poètes. C'eft un petit
ih-ïi. dëdié à M. du Bois , Seigneur
de fiaillet , Avocat Général en la Cour
des Aydes y chez qui l'Auteur alloit
pafleï quelquefois le tems des va*
cances; & c'efl un fruit des en-
tretiens qu'il a voit avec ce Magiftrat.
Il contient une comparaifon du %le
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Françoise* 17$
8e Cicer on avec celui de Sénéque 5 iaaM> — > — *
une traduôion du traité de Séneque J AC <^*
i/e la Providence , avec des qbferva- $ **^ L t *!
fions; là Défenfe d'Homère & de Vir- G * X R D
gîle ; & des Réflexions furla rer/fyïc& 1684/
Françoife propre au Poème héroïque*
Cet ou vf âge prouve que l'Auteur
fçavoit la langue Grecqué , Se qu'il
avoit bien étudié Homère , quoiqu'il
en eût fi mal profité.
BALTHASAR JtUIN. ——
Baltma-*
Sans la Bibliothèque Lorraine du « A * Hom.
R. P. Dom Auguftin Calmet , je n'au- x***^
rois eu aucune connoiflfgce d'ua au- ion. in-foir.
tre Poëte qui mourut atrai en 1684. fc f fl9 * *
Ce Poëte eft Balthafar J5fcw, Con- *
fciller à la Cour Souveraine de Lon
raine & Barrois 9 & Intendant de la
Duchefle Marie-Louife d'Apremont,
féconde femme de Charles IV. 11
, naquit à Nancy le 9 Février i6zj ,
& mourut à Bruxelles le ii Juin
16S4. Il étoit fils de Nicolas Huin >
Concilier d'Etat , & Préfident dn
Confeil de l'Hôtel de Ville à Nancy.
Balthafar cultiva la poëfie $ pour
laquelle cependant il n'avoit qu'un
talent très-médiocre* L'Ode furtout
Hiv
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* 17$ Bibliothèque
— n'étoit pas foa fait , fi Ton en juge
Ba ÎT ha " P ar ce ^ e °^ ^ célèbre le retour de
Charles IV, dans fes Etats , & que
Dom Calmet a faif imprimer dans
la Bibliothèque citée. Je. n'ai point
vu les autres pièces en vers que le
même Poëte a laiffées fur la vi&oire
remportée à Nortlingue par le même
Duc, Charles IV. fur celle de Poli-
gny , la retraite de Cernay , le
fecours de Cambray , la fortie de
Nancy du Duc Nicolas-François
& de la Princeffe Claude fon époufe.
Il paroît par une Ode en vers alcaï-
ques , rapportée aufli^ar Dom Cal-
met , que M. Huin faifoit mieux des
vers LatinfSjue des vers François ;
& ceux qui ont étudié la politique
difent qu'il avoit encore plus de dif-
pofitions pour cette fcience que pour ,
la poëfie. Il en a donné , dit-on , des
.preuves- dans fes Mémoires fur les pro-
portions de la France pour la rejlitution
de la Lorraine , dans ceux qu'il a écrits
fur t alternative des propojitions de la
France fur t option faite par M. Canon
le 31 Octobre 1678, & fur une autrt
•ption faite par le même du 4 Novem-
bre de la mime année : enfin dans un
Ecrit intitulé 9 Nullité du Traité fait, à
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Françoise. 177
Paris en 1662 , par feu fort ÀtteJJe de
Lorraine. M. Hiiin étoit frère de Jean- Baltha-
JofephHuin/qui^ftdiftingué par iA j/J 01 *'
fa valeur 9 & qui fut créé par l'Em-
pereur en 1707 Feld-Maréchal de
toutes fes Armées & Confeiller de*
guerre.
DOM LOUIS-GABRIEL BROSSE. 1
D. Louis-
Deux, autres Bibliothécaires Bé- Gabriel
nédiâins , Dom Bernard & Dom B "/£.
le Cerf de la Vieville > font pareille-
ment mention d'un Poëte contem-
porain de M. Huin , d'ailleurs aflfez
peu connu* C'eft de Dom Louis-Ga^
briel Brojjfe né à Auxerre en 1619,,
qui prit 1 habit Religieux dans l'Ab-
baye de la Sainte Trinité de Vendo-* BMoth.'
me , Ordre de Saint Benoît , de la *
Congrégation de Saint Maur, & y Bibiiot. des
fitprofeffion lç 3.9 de Mars de l'ai*
1637 , âgé de 18 ans. Ce Religieux s. Maur,
aimoit l'entretien des Mufes fit **• '
fes efforts pour leur plaire ; mais il
n'aima que celles qui étaient chaftes ;
& comme la piété étoit l'amfede tou-
tes fes occupations , il n'a travaillé
que fur des fujets convenables à font
état & conformes à fes fentimens. *
H. T v
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Je n'ai vu de fes poëfies que la vît
G À \°Ri S ' de tri$mlllu fi n V jj& 1 & Martyre fainte
Bros$i I1L Marguerite * nouwkement mïfe en yen
itl y François : avec les riches Anagrammes
tirées du nom de la Reine , fans chan-
gement d'aucune lettre, fuivies de Son*
nets 9 & d'une Ode Royale furcesAna*
grammes. Ce petit volume , dédié à
la Reine > eft de 1669. Mais Dom
Broffe dit qu'il Favoit tiré du Para-
dis facri des Mufes faintes , autre ou-
Trage en vers , qu'il avoit pareille-
ment compofé. Dont Le Cerf ne par-
lé point de ce Recueil. Mais il cite la
vie de fainte Marguerite ; des Hym-
nes fur différens fujets, imprimés en
1650 ; les Tombeaux & Maufolées
des Rois inhumés dans PEglife de
Saint Denys 9 depuis le Roi Dago-
bert jufqu*à Louis XIII. Avec im
àbrégé des chofes les plus notables*
arrivées pendant leur règne, volume
ih-8°. qui parut en 1 6 5 6 ; & le Triom-
phe de la Grâce fur la nature en la
vie de fainte Eufrofine , Vierge , &
Patrône de PAbbaye de faint Jean
de Reaulieu-lez^Compiégne. C'efturt
Jn-4°. imprimé en 1671. Tous ces
ouvrages font en vers Frârtçois. Donl
JBroflfc avoit déjà donné ctt profe la
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»
vie de fainte Euphrofine , en 1649.
Ce Bénédiâin eit mort en l'Abbaye D. Louis-:
« _ . — — - Gabriel
point
dans fa Table des Auteurs EccUJîafti*
ques , ni M. l'Abbé Lebeuf dans le
îome deuxième de fes Mémoires pour
ftrvir à tHifioire EccUJîafiique & Civile
efAuxerre. M, Papillon dans fa Biblio- Bibiîoth.
ihique des Auteurs de Bourgogne , s'eil dc Bourg, p.
contenté de copier Dom le Cerf.
JEAN DE MAYRET. ■
Jf AN DE
Je ne ferai prefque que copier à M */g£ T "
mon tour THiftoire du Théâtre Fran-
çois dans une partie de ce que je
vais dire de Jean de Mayreu La rai-
fon de ce choix , c'eft qu£ les Au*
teurs de cette Hiftoire ne parlent én
eux-mêmes que d'après un Mémoire p . ' |£. tf *
envoyé de Befançon jparM. de May- fr*v.
*et , Seigneur de Romain , & neveu
du Poëte. J'ajouterai cependant ce
que celui-ci dit de lui-même dans les
préfaces dé fes pièces de Théâtre >
dans fes Epîtres dédicatoires , & dans
les pdëfies diveffes.
Jean de Mayret tire fon origine
Hvj
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1 8o Bibliothèque
— — d'une ancienne famille noble, éta«
Jean de klie dans la ville d'Ormond , en
Mayret. Weftphalie , & qui eft une des dé-
i6%6. pendances de TEleâorat de Cologne.
La Religion Proteftante s'étant in-
troduite dans le pays , Gabriel May*
ret ,. bifayeul de notre Auteur , qui
étoit avec raifon attaché à celle de
fes ancêtres , & qui craignôit la fér
duftion ou la violence , abandonna
fa patrie & fes biens , & fe retira à
Befançon , avec Jean de Mayret foa
fils unique, cjui fut obligé de fe met-
tre dans le négoce pour fubfifter. Ce
Jean de Mayret mourut le 11 No-
vembre , laiuant entr'autres enfans
un fils de même nom & furnom que
lui, qui avoit époufé Marie Clerget,
Demoifelle de Troyes en Champa-
gne , &*qui eut pour fils celui dont
il eft ici queftion.
Prefque tous ceux qui ont cru parler
avec exaôitude de Jean de Mayret ,
le font naître en 1610 , fondés iïir ce
que dans fon Epître dédicatoire des
Galanteries du Due d'OJJonc , Cornér
die, qui eft datée dii4Janvier 1636,
il dit » qu'il a commencé de fi bonne
» heure à faire parler de lui , qu'à fa
>> vingt-fixiéme année , il fe trouvoit
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Françoise. iSi
h le plus ancien de tous les Poètes — w
» dramatiques alors vivans , » d'où Jean db^
l'on a conclud. qvi'il avoit vingt-fix Mayret^
ans lorfqu'il parloit ainfi en 1636, lét *?
& que conféquemment il étoit né en
1610. Mais ielon le Mémoire de fâ
famille , envoyé de Befançon , il étoit
né le 4 Janvier 1604, Il commença
fes études dans le lieu.de fa naiffan-
ce ; mais la pefte y ayant enlevé fon
pere &_fa mere , il fut obligé de ve-
nir à Paris , & de les continuer air
Collège des Graflihs , d'où la conta-
gion qui fe fit pareillement fentir
dans cette. ville,. & q\û obligea de
fermer les Collèges pour un tems , lè
contraignit encore de fortir.
On dit dans le Mémoire cité que
Mairet profita de ces vacances for-
cées pour aller à Fontainebleau où
la Gour étoit alors , & .que ce fut
dès ce tems-là qu'il trouva accès au-
près du Duc de Montmorenci , grand
Amiral de France , & Gouverneur dû
Languedoc. Màiret arrange autre*
ment les faits , & félon ce qu'il rap-
porte , il. dormoi t. encore dans la pouf- Ep. dédiW
Jiere &C obfçuritédes écoles, lors qu'éveil- ^ d ^qY
lé par le bruit que commençoit à faire fon C " C
par fcs Roëfies Antoine Brun , qui a
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r#i Bibliothèque
été depuis Procureur Général au Par-
Jean di lement de Dole , l'audacieux dtfir <U
MM** P orur f es P** f ur Jiens 9 lui perfuadar
de changer , comme il fit , tait de Befan*
çon à celui de Paris , a l'âge dcjeiçe
ans , par conféquent en 1620, tems
auquel il donna fa première pièce ,
la Tragi-Comédie de Chriféidc &
tfArimond. Il ajoute : » Ce fut-là ,
» c'eft-à-dire à Paris , où prefque en
» arrivant , je rencontrai par une
» heureufe témérité , la proteôion &
» la bienveillance du plus grand , du
» plus magnifique , & du plus glo-
» rieux de tous les hommes de
» condition , que la France ait ja-
» mais porté , fi nous en ôtons les
» trois derniers mois de fa vïe, avec
» laquelle toutes mes efpérances ent
# fait naufrage.
Ce Seigneur , dont il fait un fi bel
éloge , étoit Henri II, du nom , Duc
de Montmorenci , qui fut décapité
dans l'Hôtel de Ville de Touloufe
le 30 Oâobre 163 2. Mayret plut en
effet à ce Duc; & celui-ci voulut
qu'il l'accompagnât dans fon expé-
dition contre M. le Duc de Soubife 3
chef du parti Huguenot , lequel pro-
fitant de la révolte de la Rochelle $
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Françoise. ifj
fenôit la mer & les ifles de Ré & —
d'Oleron. Mairet, quoique fort jeu- * EAN D *
ne , fît cette campagne , en qualité Ma ™
de Volontaire , & s'y dïffingua dans #
deux batailles , qui furent données
dans Fefpace de douze jours, l'une^
fur mer^ & l'autre fur terre. M. de
Montmorenci , à qui la .viâoire de-
meura , témoin de fa valeur, voulut
fe l'attacher plus intimement, & dans
cette vue, il le mit au nombre desj-
Gentilshommes de fa Maifon , avec
une penfion de i yoo livres , & bou-
che à Cour. » Ma Mufe au berceau,
» difbit Mayret en 1636 , reçut de
» ce Seigneur plus d'affiftance & de
» bienfaits dans la foibleffe de fort
» enfance , qu'elle n'ôfe efpérer dé-
» formais de tous le$ autres dans la
» vigueur de fon adolefcence. Il efl
» vrai , ajôute-t-il, parlant de lui &
» des autres Poëtes fes contempo-
h raîns , » qu'on nous fait au Louvre
» des facrifices de louanges & de fu-
mées , comme fi nous étions les
» dieux de l'antiquité les plus déli-
» cats , ôîi nous aurions beloin qu'on
» nous traitât plus grofliérement , & ,
» qu'on nous offrît plutôt de bonnes
» hécatombes de roiffy, avec une
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184 Bibliothèque
_____ » large efïufiôn de vin d'Arbois-, de-
Jean de » Beaune , & de Coindrieux. On nous
KIayrlt. » am ufe encore d'une certaine cou-
» ronne de laurier , qui ne pourroit
» nous fervir tout au plus , quand
» elle feroit efFeûive 9 ... qu'à Ia_ dé-
» coration d'un Jambon de Mayence
» en un feftin. C'eft en cette matié-
» re , comme en toute autre , que no-
» tre Martial François , lé Préfident
m Maynard, a fencontré , ce me fein-
» ble 9 fort plaifamment , quand il a
» dit aux Mufes , pariant du Po'êu
» croti de notre gros ami- Sainte
» Amant? ,
Traitez-lé plus utilement;
Le Laurier n'eft pas une étoffe
Dont il veuille un habillement.
Il convient cependant que M. leDue
de Longue ville ne fe contentôit pas
d'honorer lés gens dè lettres , & fur-
tout lès Pôëtes , mais qu'il étôit auflî
attentif à pourvoir à leurs befoins ;
St il paroît qu'en effet Mairet en re-
çut plufieurs gratifications. Il met en-
core M. le Comte de Belin au nom-
rp.^éaicit. jj re de fès bienfaiteurs, & il dit qu'il
1C lûi fut attaché durant fix années
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FRANÇOISE.. 1-8^
c'eft-rà-dire jufqu'à la mort de ce ~
Comte y que je mets au mois de No- m ^ret DE
vembre 1638 , puifque Chapelain .^g"*
dans une de fes lettres du 17 No- Lett. mf. de-
vembre de cette année , tâche de le cha P cUin -
confoler fur la perte qu'il venoit d'en
faire. Mairet fuivoit le Comte au
Mans v & dans lèsdiverfes terres qu'il
poiTédoît , & que notre Pbëte nom-
me autant de Parnajfes. » Ce fut là
» dit.il , que je compofai en différens,
» tems r le Duc d?O.J[one,U Virginie,
» la SophonisU , la Cléopâtre , le Soly-
» man,\e Cor/aire illujire,& le Roland..
Il avok dit ailleurs : » Je compofai
» ma Chriféide' à feize ans , au fortir
.» de Philofophie ; la Silvie fuivit un
» an après : je fis la Siivanire à vingt*
» un an , le Duc d'Offone à vingt-
» trois, la Virginie à vingt-quatre ^
» Sophoniffie à vingt-cinq , Marc-An-
^ » toine , & Soljman , à vinzt-fnt, ...
» pendant que je m'iniljuifois à FHô-
» tel du grand Henri de Montmoren-
» ci , & dans la maifon du fëu Comte
» de Belin , à la pratique dû monde
» de la bienféance & de l'honneur,...
» Chez celui-ci , dit-il encore , je
h mené une vie dont le repos n'effc
» troublé que par- le fou venir d'unes
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î86 BlfirLlOtMÉQtÊ
» maîtrefle : & depuis SUvartite , que
Jean di w j e compofai fous les ombrages de
May £ t - » Chantilly , je dois le refte de mes
* ' » derniers ouvrages au foin <jue M.
» de Belin a pris de me folliciter de
» les faire.
Son fejour au Mans lui procura la
connôiflancedc Charles de Ëeaûma-
noir Evêqtie de cette Ville, qu'il eut
foin de cultiver, & après la mort du
Comte de Belin , il paffa encore Qua-
tre ou cinq mois chez Emeric-Marc
de la Ferté , qui avoit fuccédé à Mr
de Beaumanoir mort le ix Novenv-
Bre 1637. Chapelain lui écrivit plu-
fieurs lettres dans cet intervalle.
Dans une du 15 Décembre de ladite
année 1637, il lui mande qu'il avojt
tt~?> pot? hn d» Cardinal de ftkH**
lieu une gratification de 600 livres,
que lui & l'Abbé de Boifrobert lui
avoient fait obtenir. Le Cardinal fît
cruelaue chofe de plus , il le grati-
fca d\me penfion de mille livres ,
apparemment à la follicitation de
la Ducheffe d'Aiguillon , puifque
dans un Sonnet adretfé à cette Da-
me , & qu'on lit après l'Epître dé-
dicatoire de VlUuJirc Corfairc , il lui
dit i
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Françoise. 187
C % cft par votre faveur que l'invincible Armand ,
| iVttn regard tout enfembk & propice & cÀannant ,
A relevé fefpoir de ma bonne fortune.
Il eft vrai qu'il n'en jouit pas long-
teins. Mais la mort de ce Mmiftre ne
dérangea point fa fortune ; M. le
Comte de Soiffons & le Cardinal de
la Valette l'en dédommagèrent pen-
dant leur vie. Marie-Félice des Ur-
Ans 9 veuve de Henri IL Duc de
Montmorenci , & plufieurs autres
personnes de confidération , s'em-
preflerent aufli de lui faire du bien.
Le (leur de Mayret s'étoit marié en
1648 à Paris avec Jeanne de Cor*
douan , dfte de Courton , d'une an-
cienne Maifon du bas Maine , & il
fc retira «*yw elle à Befançoû . oit
elle mourut fans poftéritéle 21 Jan-
vier 1658. Ilavoit déjà renoncé au
iThéâtre , & même depuis long-tems r
fa Sidonu 9 Tragi-Comédie héroïque^
Ta dernière de fes pièces , étant de
1637, Mais il n'avoît point négligé
les liaifons & les connbiffances qu'il
fit que depuis fon mariage , il fiit
chargé deux fois de ménager une fuf-
penfion d'armes avec la Province de
s'étoit faites à la Cour. C'eft
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1&8 B î B LI O THE QUE
y— Franche-Comté- La première en 16491
Jean de H eut l'honneur de figner un Traité
May r et. à ce fujet au nom du Marquis de Caf-
}* u : tel-Rodrigo , Gouverneur des PâyS-
Bas , du Gouverneur du Comté de
Bourgogne , & du Parlement de Be-
fançon , avec M, le Maréchal de Vil-
feroy. En 16 51 il entreprit avec fuc-
cès une pareille négotiation. La Rei-
ne-mere Anne d'Autriche, alors Ré-
gente , fut fi" fatisfaite de fes bons
offices, que pour les reconnoître , Se
lui donner en même-tems des mar-
ques de reftime dont elle Phonoroit,
elle lui fit remettre par Madame la
Comtefle de Brienne un préfent de
mille piftoles. Dans la fuite il prit
occafion de ces fervices rendus à la
Province, pour travailler à rétablir
fa famiiie dans Ist nobleffe dont elle
avoit joui autrefois, & il en obtint
en efFet des Lettres de l'Empereur
Léopold , tant pour lui , que pour les
enfans de fon frère.. Ces lettres da-
tées du 18' Septembre 1668 font fort
honorables pour fa famille.
Depuis la mort de fa. femme , il fit
encore cruelques voyages à Paris;
mais enftn ayant fixé Ion féjour au
lieu de; fa naifîance , il y mourut le
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~ T F R À "N Ç O 1 S "E.
31 'Janvier 1686, âgé de 82 ans & 27 ammmmKmmm -
jours. Il laiffa pour héritiers fes trois Jean D *
Jieveux , enfans du fieur Jacques- M j^J"
Antoine de Mayret fon frère , vivans
en 1716 ; l'aîné , Chanoine de la Ca-
thédrale de Befançon ; le fécond , Sei-
gneur de Romain , Confeillerdu Roi,
premier Subûitut de M. le Procu-
reur -Général du Parlement ; fc le
troifiéme, Confeitlerau Magifirat, Ju-
rifdiâion particulière de la même .
ville.
A l'exception d^Athcnaïs^ Tra^i-
Comédie , qui eft de 163 5 , j'ai deja
nommé toutes les pièces de Théâtre
de Jean de Mayret , qui font au nom-
bre de douze , & qu'il donna dans
refpacede dix fept années. Oivpeut
voir ce qui eft dit de chacune dans
VHiftoirc du Théâtre François , tome
IV. & {uivans. Je dirai feulement ,
qu'il y a des beautés dans tous fes
ouvrages , mais qu'elles font offuf-
•quées par la multitude des défauts 9
& particulièrement par la négligence dc , M *
de fes vers , & la dureté de la die- w ar cfurBoii.
tion. Ce Poète avoit certainement p- s*-
un génie capable d'aller plus loin ,
-mais il auroit fallu qu'il eût em-
ployé y ce qu 'il ne fit pas , l'étude &
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T90 Bibliothèque
les réflexions à le mûrir. Il aimoît
Jean de l es pointes , & fa Sophonisbt n'en cft
^Is**' P as exemte » q 110 "! 1 ^ d'ailleurs écrite
1 * affez raifonnableraent pour ce tems-
là.
Cette Tragédie dont le fieur des
Barreaux fait fans preuves honneur
au fameux Théophile , que Mayret
avoit en effet connu , eut un fuccès
étonnant dès qu'elle parut , & l'ap-
Î)laudiflement qu'on lui donna dura
ong-tems. On la repréfentoit encore
du tems de celle de Corneille , &
beaucoup la lui préféroient. La rai-
fon , félon M. de Saint Evremoht *
Disert, fur eft que Mairet a tâché de rendre les
Rac kx Wuvr mœurs de fes perfonnages conformes
de* s. Evi. à celles de fon fiécle , & qu'ainfi il a
t. s. p. joi. rencon tré le goût des Dames, & le
vrai efprit des gens de la Cour , au
lieu que Corneille, qui a, dit~il ,
prefque feul le bon goût de l'antiqui-
té, a eu le malheur de ne pas plaire
\ k \ à notre fiécle , pour être entré dans
le génie des nations où il prenoit fes
héros , & avoir confervé à la fille
d'Afdrubai fon véritable cara&ére.
Corneille lui-même parle très»avan*
tageufement de la Sophonifbe de Mai-
ret. Depuis trente ans f dit-il, qu'il
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. Françoise. 191
a fait admirer cette Tragédie fur no- ^ mmmm ^
tre Théâtre , elle y dure encore ; & Jean D *
il ne faut point de marque plus con- M **g"*
vaincante de fon méritt , que cette
durée 9 qu'on peut nommer une ébau- .
che , ou plutôt des arrhes de l'immor-
talité qu'elle affûre à fon illuftre au- -
teur; & il faut avouer, ajoute-t-il,
qu'il y ? des endroits inimitables , Se
qu'il feroit dangereux de retâttr.
Malgré ces éloges , un anonyme Nouv.Mere.
• • r f • j 1 r imprimé à
qui a fait un examen ieneux de la So- Tr £ v . 1
phonifbe de Mayret , trouve que cet- »7°s>.
te'piéce ell ridicule dans la conduite,
intolérable dans les fentimens que le
Poëte y prête à fes perfonnages , &
mauvaife pour la diûion. „ On ne
„ voit rien 9 dit-il f de grand ni de
M noble dans fes héros , rien qui foit
^ capable d'infpirer fur leur malheur
M cette tendre compaffion, qui doit
n être l'ame de la Tragédie» Syphax
„ eft moins un grand Prince, qu'un
„ bon Campagnard ; la Sophonifbe
„ de notre Poëte efl une jeune effron-
„ tée 9 Maffinifla efl un étourdi ; en
„ un mot tous les caraâéres font pi-
„ tié. fl Le Critique entre fur cela
dans un détail , que Ton peut voir
dans fon écrit.
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TÇ1 BlBXTO THÏQ VI
■ La Silvic , Tragi-Comédie-Pafto^
•j ean de ra j e 9 e fl encore une des pièces de
Aayret. .Mayret qui a fait le plus de bruit ,
& ceux qui n y trouvent aujourd hm
aucun mérite , fbit pour l'intrigue,
foit pour l'arrangement , ni même
pour les caraûéres & Ja verfifica-
tion y conviennent qu'elle eut en fon
tems toute la réputation que puiffe
jamais prétendre aucune pièce de
Théâtre. Elle Ait repréfentée avec
un fuccès étonnant pendant quatre
ans. Mais le Cid de Corneille ayant
commencé à lui faire perdre fon luf-
tre , la jaloufie 9 vice trop ordinaire
des gens de lettres , rendit ennemis
Corneille & Mayret , d'amis qu'ils
étoient auparavant. Le dernier s'é-
tant déclaré contre le Cid , Corneille
fit en vers fon Excufe a Arijle , à la-
quelle il joignit contre Mayret ufl
Rondeau qui commence ainli :
Qu'il face mieux-, ee jeuhe jouvencel .,
A qui le Cid donne tanc de mortels
Que d'entafler injure fur injure .
Rimer de rage une lourde impofture
Mx fie cacher ainfi -qu*un criminel , &c,
Mayret répondit par d'autres vers
fatiriques
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FllA>îÇOlSE. 195
fatyriqiies fous le titre de Y Auteur du
vrai Cid Efpagnol à fort Traducteur ^^f*
François , fur une Lettre en vers quil à l6
fait imprimer , intitulée , Excufe à Au-
rifie , &c. C^eft un Efpagnol qu'il fait
parler ,&Éa pièce eftfignée Don Bal-
ta^ar de la Verdad. Je ne fçais pas
pourquoi les Auteurs de YHiJloire du
Théâtre François , ( T. 4. pag. 353.)
donnent cette fatyre aufieur Claveret.
11 paroît certain qu'elle eft de May-
ret , & il ne l'eft pas moins qu'elle
eft poftérieure à V Excufe à Arijle.
Parmi le grand nombre de Libel-
les qui parurent contre le? Cid , celui-
ci fut un de ceux gui chaerina le plus
Corneille. Il fentit d'oîi le coup par-
toit , il fit la Réponfe de **fous le nom
zfArtyle. C'eft une brochure de 8 pa-
Tges in-8. Mayret qui y eft fort mal-
traité , y oppofa une Epître familière
au Jieur Corneille fur la Tragi-Comédie
du Cid 9 avec une Refponce à VAmy
du Cid fur fes invecBves contre le jieur
Claveret : c'eft un écrit de 38 pages»
La vivacité -n'y manque point. Il tâ-
che d'y juftrfier fa Silvie. « Pour cette Epître h _
» pièce , dit-il , que mon adverfaire, r » 7 . &
» ( c'étoit Corneille même ) nomme fuiv '
les faillies d'un jeune écolier qui
Tome XV1U+ I
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194 Bibliothèque
f— » craint encore le fouet , il ne fau-
Jean di » roit nier ^ ni vous auffi , qu'elle
Mayrlt* n n ' a it eu ^ ans durant toute.la répu-
***** »tation que puiffe jamais prétendre
& aucune pièce de Théâtre 5 je n'en
» excepte pas même les v^^res. Elle
» parut toutefois en un tems que cel-
» les de M. Hardy n'étoient pas en-
» core hors de foifon * & que celles
» de ces fameux écrivains % MM. de
» Racan & Théophile , cofrfervoient
» encore dans les meilleurs efprits
» cette piriffante inoprefïîon qu'elles
.» avcwent jiuflement donnée de leur
» beauté., & cependant > je ne l'ai
» point appellée ni mon chef>d'œu~
» vre , ni mon ouvrage immortel.....
» Néanmoins t fi je ne craignois de
» vous ennuyer , j-e dif ois que la SiU
» vit de Mayret , & le Cid de Cor-
neille > ou de Guillen de Câftro,
comme il vous plaira > font les
» deux pièces de Théâtre , dont les
. M beautés apparente? & phantafli-
p ques ont le plus abufé d'honnêtes
>^gens* Il eftvrai que le Gid a; quel-
» <jue chofe de plus décevant que la
* Silvie , puifqu'il a pu tromper foà
\ » Auteur , même après 3 o ans d *étur
>« de^ Il ç& vrai auffi d'autre côté,
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Françoise.
»que le charme de la Silvie a duré — — ■»
h plus longtems que celui du Cid , Jean de
» veu qu'après 12 ou 13 impreffions, Mayret.
„ elle eft encore aujourd'hui le Paf- u8 *~
»torfido des Allemands , &c. „ C'eft
ainfi que Mayret s'encenfcit lui-mê-
me. On lui a encore attribué la Lettre
i ** fous le nom fArific ; mais il la
défavoue dans fon Epitre familier* >
où il fait entendre qu'elle yenoit
d'une perfonne qui tenoit un rang
confidérabte en Normandie. On ne
doute point «qu'il ne fok F Auteur
d'un autre écrit de 37 pages irt-4* in-»
titulé , Apologie pour M* Mayret con»
trtles calomnies du Jitut Corneille de
Rouen : à la page 1 1 . il fe trouve une
Lettre fignée de lui à M„ de Scudéry ,
contenant fa généalogie : cette Lettre
eft datée de Belin le 30 Septembre
1637.
Mayret a fait encore d'autres Poë-
fies que celles que j'ai citée*. l'en ai
vu deux petits Recueils , contenant
des pièces diverfes, l'un en 1629.
à la fuite de fa Silvie , imprimée cette
en 1631. in-4. à la fuite de la Sib&*
nirt. On a dans le premier deux OdeSf
au Duc de Montmorenci , la pre- .
année chez François Targa l'autre
ni
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196 Bibliothèque
— miere fur le combat naval oîi il défit
Jean de les ennemis en 1625. la féconde
Iayret. ^ ur j a p a j x j e !<5 2 6. plufieurs autres
* 6 *** pièces fur quelques autres aftions re-
marquables du même Seigneur de
Montmorenci , ou adreflees à Marie-
Félice des Urfins fa femme , une en
particulier fur la mort du Cardinal
Aléxandredes Urfins , frère de ladite
Dame , mort au mois d'Août 1 6 16.
n'ayant que 33 ans; une Ode fur
l'Aurore ,une à la Comteffe de Cruf-
fol , & une encore au fieur Bazan ,
Chymifte connu, cpxi par fes remèdes
avoit contribué a tirer Mayret de
deux rtialadies dangereufes ; une ,
entre autres , dont il fut attaqué lors
de la rédu&ion de Tlfle de Ré en
1625,
Après Pafliftance des Dieux ,
C*eft toy qui rendis à mes yeux
Les fruits de la clarté célefte ,
Lorfque les fofîbyeurs de Ré
Marquolent déjà Tendroit funefte ^
Ou je devois être enterré.
- La pièce qui m'a plu davantage
dans ce Recueil , eft celle qui eft in-
Pa^.xda. titutèe h Solitaire Çourtifan. Les Ré-
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Françoise. \<p
flexions fenfécs & bien exprimées
dont cette pièce eft remplie , la font Jean DE
lire encore avec plaifir. Voici le por-
trait qu'il y fait de la Cour & des
Grands i
La Cour eft une mer aux faîfons plus feraines
Perfide à fes nochers ,
Où cous les Courtifans font autant de Sy reines ,
De bancs & de rochers.
Là les plus grands vaiûeaux font les plus grands
naufrages y
Même dedans le porr ,
Et les plus aflurés remettent leurs voyages*
A k merci du fort. . . • • ••
• f 0 ¥ r •' + *
Croy-moy , ceux que tu vois à la fuite du Prince»
Avec plus d'appareil ,
Ne deviendront pas-tous Gouverneurs deProvinee,*
Ou chefs de fon Confeil.
le fon de qui la Cour eft le premier mobile.
D'un caprice outrageux
Careflera le fot v choquant le plus habile ,
Et le plus courageux .
Ne te pique donc plus d'une chofe fi vaine r
Et ne fois pas honteux
De fortir d'un Dédale où la peine eft certaine r
Et le repos douteux :
l iijj
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BlBLIOTHEQVE
— — ' Où le wee gouverne , & ce qui plus irrite
Jean de
Maya et. Uia <f P"* bicn fcnf ^
ll&l* OU le plus fortuné , fan» égard du mérite »
Eft le plus avancé»
Xt puis quand un bonheur n'auroit point de li-
mite ,
y En vain nous nous flattons #
Veu que fi par bazard lui-même ne nous quitte >
Enfin nous le quittons.
L'impitoyable mort d'une rigueur commune ,
Au milieu du plaiiir >
Et même entre les bras de la bonne fortune »
A droit de noue feifir » &c.
Le fécond Recueil ne contient pre£
«pie que des pièces que May r et corn-
pofa dans le teins qu'il etoit atta-
ché à la raaifon de Montmorency,
8r fur-tout au fervice du Duc Henri
IL Auffi dit-il que ce font les fruits
d'une plante que ce Seigneur a fait
cultiver lui-même , & que fi prefque
tous lui font offerts , c 'eft qu'il n'y en
a prefque aucun qui n'ait été pro-
duit pour hii. La plupart de ces piè-
ces en effet , font comme autant de
monumensdes différentes aôions mé-
morables de la vie de ce Seigneur,
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& quelques-unes étoient déjà dans le _" 555g
Recueil de 1629. Il y en a d'autres Jean M
où le Poëte fait parler Madame de M ^ P g"'
Montmorenci , fous le nom de Silvie^
fur les dangers fréquens 0*1 la valeur
de ion mari expofoit ce qu'elle avok
de plus cher au monde. J'ai vft auS
dans ce Recueil une loiïgue pièce in-
titulée , le Pefckeur au la Prophétie de
Neptune fur la ruine de la Rochelle : ce'
Poëme efi adrefle au Roi. Il y a de
plus des fonnets , des fiances , quel-'
quesPoëfies galantes 5 quelques Chan-* ^
tons 9 &c. Je ne rapporterai que les
fiances oîi le Poëte témoigne fa re-*
connoiffance à la ville de Dole ert
Franche-Comté , oîi il avoit demeuré
à plufieurs reprifes-
Séjour des plus fconneftes Dames »
Bes plus nobles eiprics 9 & des plus belles amer
Qu'éclaire l'œil de l'Univers ,
Belle ville où préfide un Parlement augufte ,
Que le reflèntinrent eft jufte
-Qui m'a follirité de te donner ces vers !
Ce n'eft pas que ma Mufe penfe
Avecque deschanfons donner la récompenfc
Qu'elle doit à ton bon accueil :
Le but où feulement afpire mon étude >
C'eû d'éviter l'ingratitude ,
I iv
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1Q0 BIBLIOTHEQUE
Jean de Qu'un bon cœur doit haïr autant que le cercueil»
I/Aftre qur la terre vifite
Voit-il quelque autre endroit oii les gens de mérite
Soient mieux reçus & plus chéris ?
-Ou qui peut comme moi prendre part à tes charmes >.
Qui ne les quitte avecque larmes ,
Et qui ne les préfère aux douceurs de Paris- >
\ CLAUDE - EMMANUEL LU1L-
Emmanuel LIER r SURNOMMÉ CHAPELLE.
LlJlLLlER ,
sur homme Mayret, comme on vient de le
Chapelle - voir , aimoit les Grands , & recher-
16 t. c jj 0 j t i eur proteftion , malgré les ré-
flexions philofophjques qu'il fait fur
cela dans fa pièce intitulée , le Soli-
taire Courtifan ; au contraire le génie
de Chapelle te portoît à l'indépendan-
ce , & lui faifoit préférer à tout te
plaifir & la liberté.
On feit que le vrai nom de ce
Poëte eft Claude-Emmanuel Luillier,
& qu'il n'î été furnommé Chapelle 9
que parce qu'il étoit né au village de
la Chapelle , près de Paris , fur la
route de S. Denys. Il étoit fils de
François Luillier, Maître des Comp-
tes à Paris , & Confeiller au Parle-
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FR A N Ç O I S E. . 101
ment de Mets , & de Marie Chanut ,
qui le mit au monde en 1626, Son Claude-
pere le fit légitimer en 1642. & mou-
rut à Pife dix ans après. Ce Magif- surnommé*
trat qui avoit beaucoup de fortune , Chapelle..
étoit homme de mérite , & amateur
de ceux qui fe diftinguoient par leur
efprit. Il fut en grande relation avec
MM. de Peirefc , Saumaife , Balzac ,
& autres ; & ce fiit à lui que Saumai--
fe dédia fes Remarques fur les A*-
mours de Clitophon & de Leucippe,.
d'Achille Tace. Comme il n'étoit pas
inoins ami du célèbre Gaffendi , &r
que ce Philofophe logea même dans
fa propre maifon dès 16:24. cette liai—
fon fut d'abord très-utile à fon.fils'
Chapelle;
Gaflendi qui avoit fouvent oçca- , v ^. dc G 0 af- '
- , - \ r * 1 r fcndi, p. 89.
fion de le voir , ioit chez ion pere 9 o.
foit au Collège des Jéfuites , où le Parn '^ n ^
jeune homme faifoit fes études , {uî v . 4U *
voyant qu'il avoit de grandes difpo-
fitions pour les fciences v fe chargea
volontiers, lorfqu 'il en fut tems , de
lui enfeigner la Philofophie r & il
voulut bien admettre aux* mêmes le-
çons Molière , depuis fi* connu par *
fes Comédies , & François Bernier v
qpi s'eil acquis une grande réputa^
L v
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toi Bibliothèque
î""" tk>n par fes écrits philofophiques^
Claude Molière & Chapelle fe lièrent dès-
Emmanuel j Qrs ^ xme ^^fa am itié que le teiïlS
LuiLLIER , ~ ^
surnommé put aflfoiblir.
Chapelle. Le génie heureux & facile de Cha-
i*s$. pelle lui rendit en peu de tems fami-
lières toutes les fciences auxquelles
îl voulut donner quelque applica-
tion ; i! fit principalement beaucoup
de progrès dans la Fhilofophie , dans
la Poëlie , & dans la connoiflance
des meilleurs Auteurs de l'Antiquité,
Grecs & Latins. Mais il paroît qu'il
ne tarda pas à facrifier Pàffidiih-é que
demande l'étude pour y réuffir , à
l'amour de l'indépendance & de la
-liberté , & que plus fenfible au plai-
lir qu'à la gloire 9 il préféra à tout ce
qui pouvoit le contraindre , les dou-
ceurs d'une vie libre & nonchalante.
Ses ftances à M.. Moreau , & fa lettre
•en profe au même y écrites de S. La-
zare à l'âge de 10 ans ,;prou vent qu'ils
a été quelque tems dans cette mai-
son. Etoit-ce volontairement ou de
force ? S'il ne s'exprime pas r feloa
moi , afiez clairement pour le déci-
der , il me femble au moins qu'il ia-
finue <jue cette retraite n'étoit pas de
fon choix , puifqn'ii -dit que la def-
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F^R A IT Ç GT S E. 20 J
cription qu'il envoyé de ce lieu à M.
Moreau, il l'a compofée pour Vexci- Claudi-
ter à compajjîon. Quoique fbn pere Emmanuel
Paimât beaucoup , voyant qu'il etoit L T ^!:" €R V
peu attache aux biens & aux: nchel- chapelle*
fes , & qu'il étoit d'ailleurs incapa- i*85-
î>ie de gouverner fon bien , il fe
contenta de lui laiffer une penfion
viagère dë'huit mille livres.
Il y a lieu de croire que lorfgu'ii
partit pour FItalie vers 165 1 , il rem-
mena avec lui, ou même qu'il l'avoit
fait partir dès 1650. Ileftcertain que
Chapelle a fait ce v oyage ; il en parle -
dans quelques-unes de fes Poëfies
gui n'ont point été imprimées ; il y
infirme même que par une trop gran-
de liberté d'éfprity il manqua de s'at-
tirer l'attention ^ & peut-être aufli
Tanimadverfion Ai Tribunal de lîn-
quifition y & qu'il brûla par cette'
laifon diverfes Fbëfies trop libres
qui lui étoient éckapées.
De retour en France , & content
dii revenu ^uefon pere lui a voit laid
fé 9 il fui vit fans aucune gêne foa
penchant naturel, & û laifla entraî-
ner à tous les plàifirs quileflattoient,.
Mais comme il avoit* beaucoup de*
goût , des connoiffances peu com^
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204 Bibliothèque
inunes , & de grands agrémens dans:
Claude l> e fprit , il fut également recherché
Emmanoel j es Ecrivains les plus difîingués ,
LuiLLIfcR , £ t r I • °
suknommi & par les perlonnes du premier rang.
Chapelle» Non feulement il étoit ami de Molie-
re , comme on Ta dit , il Fétoit en-
core de Racine & de I>efpréaux. Ces
grands hommes le conlultoiènt fur
feurs Ouvrages , & ils fuivoient vo-
lontiers fes décifions. On a même dît
Ju'il avoit beaucoup aidé Molière
ans fes Comédies. Mais ce fait eft
nié dans le Bolœana. Il eft bien vrai
dit M. de Lofme de Monchenai v Au-
teur de ce Recueil , que dans là Co-
mèdit des Fâcheux , Molière étant
preffé par le Roi , eut recours à Cha-
pelle pour lui faire la fcéne de Cariti-
dès ; mais on ajoute que Molière la
trouva fi froide , qu'il n'en conferva
pas un feul mot. Ces quatre amis
s'aflembloient plufieurs fois la fe-
maine , dans un appartement que M;
Defpréaux avoit loué' exprès ; ils y
difcouroient librement fur leurs Ou-
vrages , ou fur quelque point de Lit-
térature 9 & l'on juge biert que l'éru-
dition , les grâces &. les faillies d'e£
prit aflaifonnoient ces entretiens, qui
durèrent ainfi quelque tems.Xa Eon-
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Françoise. 105
taïhe , Furetiere & quelques autres
étoient aulïî de leur foçiété , , & quel- Claudê-
quefois ils fe réuniïïbient chez un fa- ?^£^* L
meux Traiteur , oîi ils faifoient alors su ^omkÛ
defréquens repas , ou ailleurs. D'in- chapei.lb.
génieufes plaisanteries égayoient ces 16% 6.
repas r & les fautes étoient févére-
ment punies. Le Poëme delà Pucelle p.. 74. 75. #
de Chapelain étoit fur une table , &
on régloit le nombre de vers que de-
voit lire le coupable , fur la qualité
de fa faute. Elle étoit fort grave*,
quand il étoit condamné à en lire xo
vers , & T Arrêt qui condamnoit à lire
ta page entière , étoit l'arrêt de mort.
Plufîeurs traits de la Comédie des
Plaideurs 9 dont Chapelle fournit fa
part , fiirent le fruit de ces repas.
Dans une autre occafion , M. Racine
parlant de fa Tragédie de Bérénice , ibid.py?tf-
& voyant que Chapelle ne la louoit
ni ne la critiquoit, pendant que Def-
préaux & les autres, difoient libre-
ment leurs avis r lepreffa vivement
de fe déclarer. jdvoue^-moi m ami y
lui dit-il , votre fentiment. Que penfeç-
yous de Bérénice} Ce que fen penfe? re-
pondit Chapelle , Marion pleure, Ma-
rion crie , Marion veut qu'on la marie.-
Cette faillie, qui a été attribuée, mal-
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106 BlBLrOTHEQtTE
à-prôpos à d'autres , fît quelque peîne*
Claude- à Racine , fans lui rien faire perdre
Emmanuel j e j a con fi ance qu'H a voit en fon
surnommé ami. ^ _
Chapelle. Celui-ci étoit auffi avec Molière ,
i6 bd. Defpréaux & quelgues autres de ce
fameux fouper fait à Âuteuil, qui fe
termina par un événement , lequel
quoique peu croyable , eft très-véri-
»id.p. w 9 . table. Le vin ayant jetté fous les con-
vives dans la morale la plus férieufe,
leurs réflexions fur les miferes de la
vie , & fur cette maxime des anciens,
que le premier bonheur ejl de ne point
naître 9 & le fécond de mourir prompte?
ment, leur fit prendre l'extravagante
réfolution d'aller fur le champ fe jet-
ter dans la rivière. Ils y alloient , &
«lie n'étoit pas loin. Encore quelques
kiftans, & la folie étoit confommée.
Mais Molière leur ayant repréfenté
qu'une fi belle aftion ne devoit pas^
être enfevelie dans les ténèbres , &
qu'elle méritoit d'être faite en plein
jour , ils s'arrêtèrent , & fe dirent en
fe regardant les uns les autres : lia
mifon\ à quoi Chapelle ajouta : Oui %
Mejjieurs 9 ne nous noyons que demain;
matih ; & en attendant 9 allons boire le
yui qui nous rejfe. On fent bien que le
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Françoise. 207
jour fuïvant changea leurs idées. — — — *
Cette paflion pour le vin étoit do- Claude-
minante chez Chapelle , & fes amis Emmanui l
lui en faifoient de continuelles répri-
. . . « . * . SURNOMME
mandes , qui etoient toujours inuti- chapillm..
les. M. Defpréaux le rencontrant un
jour dans la rue , lui en voulut par-
ler. Chapelle lui répondit r J'ai réfolu itid. P . sj.
de ni* en corriger ; je Jens la vérité de vos
raifons :. pour achever de me perfuader ,
entrons ici , vous me parlerez plus à votre
aife. Il le fit entrer dans un Cabaret,
& demanda une bouteille qui fut fui-
vie d'une autre. Defpréaux en s'ani-
mant dans fon difeours contre la paf-
lion du vin y buvoit avec lui , jufqu'à
ce qu'enfin le Prédicateur & le nou-
veau Converti s'enyvrirent.
J'ai dit que les perfonnes du pre-
mier rang ne recherchoient pas
moins que les plus beaux efprits la 1
compagnie & même l'amitié de Cha-
pelle. On compte parmi ces perfon-
nes le grand Condé , les Ducs de*
Vendôme & de Sully , les Marquis
de Vardes & d'Effiat , la Duchefle de-
Bouillon ,.ie Duc de Nevers-, & plu*
fieurs autres Seigneurs. Chapelle au*
roit pu tirer de grands avantages de
cette fociété , & il y en eut plufieur5>
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io% B r b l rorT » e ç u e
qui lui propoférent des emplois dit
Claude- tingués , des places lucratives & ho*
Iuilli N £r IL nonhl ^ Mais iL refilfa tout .> P ar
surnomm! Pappréhenfton de donner atteinte à
Chapelle, liberté , & qu'on ne le tirât de cet-
i68*. te vie fans contrainte , dont il fai-
Tit.duTîu. foit fon capital. Entre divers exem-
g^ n ;/ ranç * pies qu'on pourrait en rapporter ,
en voici un qui paroît fingulier.
Henri- Albert , Duc de Briflac, vou»
Jant aller paffer quelque tems dans -
,fes terres en Anjou, & y avoir une
compagnie qui lui fût agréable , pria
Chapelle d'être de la partie. La pro-
pofition ne lui plut pas plufieurs de
îes amis le blâmèrent de fon indiffé-
rence , & lui firent tant d'inftances
qu'il fe rendit enfin. Le Duc très-fa-
tisfait partit avec joie : le quatrième
jour on arriva à Angers ; Chapelle,
. du confentement du Duc , alla dî-
ner chez un Chanoine qu'il a voit
connu autrefois à Paris ; il ea fut bien
reçu , & l'on tint table jufqti'à la
nuit. Le lendemain , le Duc étant
prêt de continuer fon voyage , Cha-
pelle lui dit qu'il ne pouvoir le fui-
vre , parce qu'il avoit lu dans un
vieux Plutarque qu'il avoit trouvé
la veille chez fon Chanoine >. que
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Françoise". 209
qui fuit Us Grands , ferf devient. Le —
Duc lui protefta en vain qu'il ne le Claude-
regardoit que comme fon ami , & Ewmanuïl
qu'il feroit abfolument le maître chez LulLLIER j
lui ; il n en put tirer d autre reponle, CHAPiLLtr
finon que la maxime qu'il venoitd'aL- %$%6*
léguer étoit de Plutarque , & que cet
Ecrivain parloit jufle & avoit raifon;
il quitta ainfi M. de Briflac , &
revint à Paris. Il avoit eu quelque
tems un appartement dans l'Hôtel
de M. Pelletier de Souzy , qui avoit
beaucoup de goût & d'efprit > & il
alloit quand il lui plaifoit au Château
de Chîlly , appartenant alors à M. le
Marquis d'EÎKat , & il y reftoit au-
tant qu'il le vouloit. Mais tout cela
le touchoit affez peu , & il aima
mieux faire bâtir à Chilly même une
petite maifon pour y fuivre fon pror
pregoût avec encore plus de liberté.
Quand il n etoit point feul , il fe plai-
foit à vivre avec fes égaux , & même
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ÎIO BIBLIOTHEQUE
fe trouver avec elles à quelque partîe
Claude- d e pl a ifir on de table. En voici un
Luuuer EL trait ' ^ ue M ' Titon du TilIet ra P*
surnommI porte dans fon Parnajfe François.
Chapelle. Chapelle étant à Fontainebleau f
i6%*. le grand Prince de Condé l'invita à
fouper, & lui marqua le jour. Cha-
pelle promit de fe rendre à cette ho-
norable invitation : mais le jour mê-
me où il devoit fe trouver chez le
Prince r étant allé fe promener dut
côté du Mail , il s'arrêta à voir jouer
à la boulle quelques Maîtres d'Hotet
& Officiers de Seigneurs de la Cour.
L'attention qu'il prétoit à leur jeu ftrt
remarquée ; on te pria de juger d'un
coup qui étoit fujet à conteftation ; il
décida le différend, & fa partie étant
finie , les joueurs l'invitèrent de ve-
nir manger fa part de dix écus qu'il
y avoit de gain deffiné à un fouper
dans un tel cabaret. Il accepta l'of-
fre , & refta 7 à 8 heures à table , au
grand contentement de toute la com-
pagnie , qui ne pouvoit fe laffer de
l'entendre. Il ne fe refTouvint que le
lendemain de la parole qu'il avoit
donnée au Prince ; M. de Condé loi
fit quelques reprodies,Chapellppour
toute excufe conta fon aventure ^fe
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FrANÇOI SE.
iermina ainfi fon récit : En vérité , —
Moizfeigmur^ c'étaient de bonnes gens & Claitoe-
bien aifés à vivre , que uux qui mont ^ MMANUtL
j i r LUïLLllR Y
donne ce fauper. surnommé
Il ne parlent pas toujours d'un tan cha?ell«.
fi modéré , même en préfence des \6%6.
Grands. Un jour qu'il étoit à table Pa ™- Fr *
chez un de fes amis à Paris , un Sei- p * ****
gneurquirevenoitde la Cour , arri-
va au milieu du repas , & prit bru£
quement fa place auprès de Chapel-
le , qu'il ferroit un peu. Ce Seigneur
après avoir débité quelques nouvel-
les , s'avifa de parler des Poètes qui
âvoient, dit-il, la hardieffe défaire
des chanfons contre des perfonnes
de condition, & ajouta , que s'il les
connoUToit , il leur doonerok voloa-
tiers 20 coups de canne. ChapeHe
impatienté de fes difeours , 4l de
n'être pas à fon aife à table , fe levé ,
& dit au Seigneur en présentant le
dos ; frappa & va**~*n. Celui-ci éton-
né du ton dont Chapelle avoît pro-
noncé ces paroles , en fentit la force,
lui fit beaucoup d'honnêtetés , le
preffa moins. Une autre fois dînant
en nombreufe compagnie chez le
Marquis de Marfilly , dont le Page
pour tout domeftique fervoit àbeire»
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Claude-
Emmanuel
jluillter ,
surnommé
Chapelle.
Jbid. p. 415.
2x1 Bibliothèque
ce qui étoit caufe qu'on ne lui en dort-
noit pas auflî fouvent qu'il le fouhai-
toit , Eh ! je vous prie, dit-il , Mar-
quis y donnez-nous la monnoie de votre
Page.
Le célèbre Comédien Baron difoit
quefi Chapelle avoit querquefois de
ces brufqueries originales , H avoit
auflî le rare talent de dire à chacun
fes défauts d'une manière fi agréable
& fi plaifante , que loin que perfonne
s'en fâchât , il s'attiroit fouvent des
remercimens de ceux qu'il corrigeoit
en les divertiflant. Il alloit quelque-
fois fouper chez Mlle Chouars , fille
de condition , gui avoit du mérite,
& quelque érudition. Quoique dé/a
avancée en âge, il avoit pris de l'in-
clination pour elle , & fa tendrefle
s 'augmentant dans le vin', if lui pro-
pofoit quelquefois de l'époufeF. Mais
cette Demoifelle , qui étoit très {âge,
& qui connoiffoit Chapelle , le dé-
tournoit en riant de cette idée. Sa
Femme de chambre étant entréè un
foir après un long fouper dansr la falle
où l'on avoit mangé , & trouvant fa
maîtrefle en pleurs , & Chapelte ex-
trêmement trifte , & ne pouvant de-
viner la caufe de cette mutuelle
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Françoise. 215
fituatîon , la demanda avec vivacité.
Chapelfe lui répondit : qu'ils pieu- Claude-
roientlamortdu Poëte Pindare, que ^ MANU£L
les Médecins avoient tue par des re- surnomm!
médes contraires à fon état ; & fur Chapuj.e.
cela il recommença à entrer dans le i6%6.
détail des belles qualités de Pindare
& de fes grands talens , & à vanter
la force de fon tempérament , qu'on
avoit détruit par des remèdes qui ne
lui convenoient point* Il dit tout cela
avec cette éloquence naturelle ^ Am-
ple & féduifante , qui charmoit &
qui perfuadoit facilement ; & il le dit
d'un air fi touché, que la bonne Fem-
me de chambre , qui ignoroit aflïïré-
ment que Pindare étoit un mort de
plus de deux mille ans , s'intéreffa
pareillement à fon fort , & joignit fes
larmes à celles de fa MaîtrefTe.
On comprend bien qu'un homme
de ce caraftere avoit un grand éloi-
gnement pour les procès ; aufli les
évita-t-il avec foin , aimant mieux ,
dit-on , céder ce qu'on lui deman-
doit plutôt que de contefter. Les
deux fœurs de fon pere lui avant fuf-
cité quelque fujet de querelle , il ne
s'en vengea que par cé fonnet 'qu'il
adrefla à fon ami M. Moreau, &
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Claude- ne ffe.
Emmanuel
LUILLIER ,
surnommé
Chapelle,
s*g<r«
114 Bibliothèque
qui eft peut-être de fa première jeu*
Oui , Moreau , ma façon de vivre
Eft de voir peu d'honnête» gens ,
Et prier Dieu qu'Urne délivre
Sur «corn de Meilleurs mes parens»
Ce que j*ai fouftèrt avec eux »
Surpaffc même la fouftranec ,
De celui quipe*ir fa confiance ,
Dans l'Ecriture eft fi fameux.
Hélas ! ce (âge miférable
N'eut jamais affaire qu'au diable
Qui le mit nud Air le fumier.
Pour voir fa patience entière ,
U falloit que Job eût affiure
Aux deux feeurs de M. Luillier.
Chapelle pafla une partie des der-
nières années de fa vie dans fa mai-
fon de Chilly ; mais il mourut à Pa-
ris au mois de Septembre 1686 y. âgé
d'environ 70 ans.
Préf. du Quoiqu'il fut naturellement pa-
Fc . de la r effeux % il n'a pas laiffé que de nous
.oan. d onner d'excellentes preuves de la
beauté & de la délicateffe de fon ef-
# ' prit dans quelques pièces en vers &
en profe qui nous font reftées de lui.
Il avoit fur-tout un talent particulier
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Françoise. %i<
a faire des vers d'un tour aifé & na- S -
turel , témoin ceux-ci qu'il fit fur le Claude-
£haixip« * Emmanuel
LJBlLLlhK ,
Tout bon habitant êa Marais , surnommé
Fêt ées vers qui ne cousent gu ère. Cha^ell*.
P*ur mor c*efc aiûft que jf tm fais , 1 4
Kt fi je 1er voulais mieux faire ,
Je les ferais bien plus mauvais.
L^amouf & te vin étoient fon Àpot-
ton , comme M. de Voltaire le lui
fait dire dans fa lettre à l'Abbé de
Chaulieu. C'étoit eux qui l'infpi-
roient , félon le même,
Pour chamer toujours fur fa Lire
Ces vers aifés , ces vers coulant ,
De la nature heureux enfans ,
Où l'Art ne trouve rien à dire*
Emporté par le feu de fou génie , il
le mettoit quelquefois au-defius des
régies* Mais les beautés vives & ori-
ginales , tant de fes vers que de fa
profe , obtiennent aifément grâce
pour ces petites négligences , qui
d'ailleurs né font pas fréquentes. Il
excelloit en particulier à compofer
des vers fur des rimes redoublées ,
c'eft-à-dire , fur deux feules rimes ,
l'une mafculine , l'autre féminine
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2i6 Bibliothèque
dans chaque fiance , genre de PoëSe j
Claude- également difficile & harmonieufe,
Luulier EL otll,Qn doit le regarder comme un
suRNOMMi excellent modèle. L«s vers de cette
Chapelle,, efpéce qu'il fit à la louange du Roi ,
l6 }*~ j qui partok pour l'Armée , lui valu-
rent une g rat *fi cat î° n de Sa Majefîé.
Tout le monde connoît fon ingé-
nieux Fvyagt en profe & en vers,tqui
avec fon nom porte auffi celui de
François le Coigneux de Bachau-
mont , fon ami , qui n'y a , dit-on , eu
que très-peu ou point de part. M.
Defpréaux parlant de cet écrit , di-
foit que c'étoit une pièce excellente,
& M. de Voltaire , dans fa lettre en
profe & en vers à l'Abbé de Chau-
lieu , le cara&érife ainfiT
Chapelle vint ; à fon approche
Je fentis ua tranfport foudain •
Car il avoît fa lire en main *
Et fon Gaflèndi dans & poche :
Il s'appuyoit fur Bachaumont ,
Qui lui fervoit de compagnon
Dans le récit de ce voyage ,
Qui du plus charmant badinage
Fut la plus charmante leçon.
C'eft en effet un chef-d'œuvre dans
<:e genre d'écrire , & toutes les per-
fonnes
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Françoise. 117
formés d'efprit & de bon goût ne le
confidérent pas autrement. Ce vOya- Claude- _
ge fi agréablement décrit étoit réel
en foi. Mais en quelle année fiit-il SURNOM]
fait ? l'Auteur ne le dit point. On Chapeu
croit que ce fxit en 1655 ; & cette
conje&ure eft fondée fur ce que nos
rent des nouvelles de la mort de M.
de Chauvieny , Baron de Blot , qui
étoit attaché à Gaftori Duc d'Or-
léans , comme d'un fait tout récent.
Or félon la Gazette , ou la Mufe hit-
torique de Loret , ( livre 6. lettre
1 1 . ) ce Baron fi connu par fes ehan- v
f<jps fatyriques , & par d'autres poë-
fies , dont la très-grande partie n'a
point été imprimée , & ne pourroit
l'être décemment , mourut à Blois
vers le mois de Mars 1655. Loret en
parle eiv effet ainfi dans la Gazette
du 13 dudit mois;
Blot , ferviteur dudit Oafton , ,
A fenti l'effort de Cloton ,
Qui, par un procédé barbare ,
K'épargne non plus l'homme rare ,
à Blois , demande-
Que le moindre lourdaut,qui n'eft ,
Le phis fouvenr, qu'un gros benêt.
Je ne fçais s'il eft dans la gloire ,
Dans les Limbes ou dans le Purgatoire 9
TomeXrilh K
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2,i8 Bibliothèque
(Il vaut mieux juger bien que mal ) \
Mais Ci pour être joyial ,
Claude-
Emmanuel - . . c . t
T,c,r fl .o D^ncœitrgenereua, fetme & brave ,
surnommé D une huracur ,Are & 900 €ftkvç »
Chapelle De bo1 * ***** & d,rf P^ 1 pwtu ,
On acquiert un rang Jionorable
Dan* le Royaume perdurable ;
Je voit bien 4es gens aujourd'hui ,
Qui feraient au«»deflbus<lc lui.
Je n*ai point parlé de ce Chanfon-
nier , parce que, comme je viens de
le dire , il n'y a prefque rien de lui
qui foit imprimé , & que l& peu que
j'en^i vu mamifcrit ne. mérite, félon
moi , que d'être enfe.veli dans les tjf-
uébres. Le Cardinal Mazarin, fatigué
de fes chanfons , Tavoittattiré à ion
parti , ce qui le fit renvoyer par Ga&
, ton de France qu'il chanfomia à foa
tpur.d^n$ des terme&indécens; mais
n'étant pas payé dei la penfion; dont
le Cardinal lui avoit donné le bre-
vet , il recommença à lancer contre
lui fes chanfonsfatyriques, & rentra
dans les bonnes grâces de Mon-
sieur.
Je reviens au voyage de Chapelle.
On en a fait un gjrawfnombje 'd'édi-
tions; dès 1667; on lui dotma place
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Françoise. 119
dans le t. i.du Recueil de quelques pié- —
tes nouvelles & Galantes , tant en profe Claude-
qu 9 en vers , qui parut cette année in- Eûmanull
ix. Richeletl'a inféré en grande par- ^" UR •
. - , & T r SURNOMME
tie dans le tome' r. des Lettres di- gi^afelle
verfes cju ? il prit foin de recueillir & itb6.
de publier. Dans une autre édition Ric l h " tre t s d ^
de ce voyage, l'Editeur ou le Li- ^]\ 7 ^ ' **
braire s'étant avifé de joindre à ce
voyage les Amours de Catulle , de M.
de la Chapelle de l'Académie Fran-
çoife , l'Abbé de Chaulieu fit cette
Epigramme :
Lc&eur , fans vouloir t'expliq'ter ,
Dans cette édition nouvelle ,
Ce qui pourroit t'alembiquer
EntteChapcIit & La Chapelle ,
Lis leurs vers , & dans le* moment
Tu verras que celui qui fi maufladement
Fit parler Catulle & Le(bïe ,
N'eft pas cet aimable génie ,
Qui fît ce voyage charmant ,
Mais quelqu'un de r Académie.'
Le feul reproche que l'on ait fait à r
l'Auteur de ce voyage , c'eft que fort
génie fàtyrique & badiïï Vû quelque- '
fois emporté trop loin. Ce qu'il y dit
de d'Aflbucy en eft un exemple. Ce-
lui-ci en fut vivement piqué Skie 1
Kij
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22o Bibliothèque
ne crois pas qu'il eût tort. Mais il ré-
ClaudilJ pondit lui-même avec trop d'aigreur,
Saluer" dans fes Aventures , foit dans fes
surnomm! Poëfies, & en particulier dans cette
Chapille. ample Apologie en profe & en vers ,
i6H6. qu'il fit à Rome en 1665 , qu'il adreffa
à Chapelle même , & qui fait partie
• du i. volume de fes Aventures. On
peut voir ce que j'en ai dit ci-devant
en parlant de d'Affoucy. Celui-ci re-
proche , avec raifon , ce femble , à
Chapelle de ce qu'après avoir com-
pofé en-divers tems des vers à fon
henneur , il l'avoit fi cruellement
maltraité dans fon voyage , & furtout
de ce qu'il y avoit autorifé , autant
qu'il étoit en lui , des calomnies dont
il lui eût été aiféde connoîtrela fauf-
feté, & des faits deshonorans qui.
n'a voient point de réalité.
Je ne conriois au refte de vers faits
par Chapelle à la louange de d'Affou-
. cy que ceux qu'il compofa pour fon
portrait , & qui refTemblent encore
pjus à une ironie qti'à un éloge fé-
r'ip\\x 9 Sc tuie courte Epître en .vers ,
que d'Affoucy a fait imprimer à la
tête de fes Poëjîes & Lettres , & qui
«ft en effet toute à la louange de ce-
l^i à qui. elle eft adreffée.
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Françoise, 211
Quoique Chapelle ne foit guéres S
connu comme Auteur , que par fou Claude-
voyage , on lit encore avec quelque
plaifir les autres poefies , malgré la surnommé
critique qu'en faifoit M. Defpreaux , chafelie.
qui, au rapport de l'Auteur du Bo- i<>*6*
lœana , les trouvoit informes , négli-
gées , & tombant fou vent dans le
bas , témoin , ajoute-t-on . fes Stan-
ces fur une cclipfe , où il finit par ce
quolibet , Gare le pot au noir , & fait
venir comme par machines, Jufte-
Lipfe , afin de trouver une rime à
éclipfe. Ces diverfes poëfies de Cha-
pelle font , outre celles que j'ai déjà
citées , Y Ode à Carre , une Lettre écrite
de la Campagne à M. de Molière , line
autre au Marquis de Jonfac , des vers
contre Cufage des rideaux, une Lettre à
fa Maîtrcfje en lui envoyant un pâté y
une autre a MM. de Nantouillet & de
Sercelles , & une Epigramme de deux
vers à Philis. On lui doit de plus
Suelques Rondeaux contre Benferade 9
ont je parlerai à l'article de celui-
ci 9 trois Epîtres au Duc de Nevers y
fur deux rimes , imprimées dans le
tome. 1. de l'édition des (Œuvres de
l'Abbé de Chaulieu , faite en 1750 ;
& Ton affûre que plufieurs perfonnes
Kiij
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2%i Bibliothèque
confervent encore du même quel-
Ciaude- q lies Chanfons Bachiques & Galantes >
Emmanuel QÎl jj a ^ dit-on , beaucoup de délica-
suRNo^f i teffe/Je ne doute point que Chapelle
Chapelle, n'ait réuffi dans ce genre de Poëfie ;
16*6. & c'eft peut-être par là principale-
ment que l'Abbé de Chaulieu l'efti-
jnoit , qu'il parle de lui comme de
ion Maître , & qu'il le place au mi-
lieu de Catulle , d'Ovide , ,& de <piçl-
quejs autres Poëtes qui ont Quje chhiI-
heureux talent de bien traiter des ûi-
jets qui ne plaifent qu'aux volup-
tueux.
Chapelle au milieu d'eux , ce Maître qui m>prk
Au fon harmonieux des rimçs redoublées ,
L'art de charmer l'oreille &d'amufer Peffwil .
Par la diverfité de cent nobles pensées.
. «uvre» de Et ailleurs :
Chaul. édit. • . , 4
de 1750. t. a. Chapelle par malheur rencontré dans Anet*
S'en vint infe£rer ma jeunefle
De ce poifon fatal qui coule du Pcrme/Tc >
Et cache le mal qu'il nous fait ,
En plongeant l'amour propre en une douce yv rcflfc .
Çetefprit délicat ».cpmme moi libertin ,
Entre k tabac & le vin ,
M'apprit fans rabot & fans lime
L'art d'attraper facilement »
Sans être efclave de la rime ,
Ce touraifé , cet enjouement ,
Qui fçul peut faire le fublime.
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FRANÇOIS DE BEAUWLLIERS, f **«ço«
Dvc de Saint Mgnan. "„ B t « u "
Doc DE S.
M. Titon du Tillet dit en parfant Aign*n,
de Chapelle , dont on vient de lire ***7.
l'article > qu'on a dé lui une Epître à
François de Be&uvilliers , Duç de
Saint Aignan : je rie la connois pas*
J'en ai vu une du Perel^ Moine , Jé-
fuhe , qui nomme ce Seigneur , Tit. 4u ttiu
fart. Fr.
Hoimeur de la Coar do ce terne r ^Lettre* i jv
Modèle dc*toave»g*lans, du Pere Le
B Moine.
Ami de Mars & de Minerve*
C'eft qu'en effet ce Seigneur 6-eft
également diftingué dans les armés
& dans les Lettres. Ses titres de Pair
de France , de Chevalier des Ordres
du Roi , de premier Gentilhomme de
fa Chambre , de Lieutenant Généraf
de fes Armées , & de Gouverneur
du Havre de Grâce , ne furent point
un obftacle à la familiarité qu'il vou-
lut contrafter avec les Mmes , ni à
la Cour qu'il leur fit prefque toiite
fa vie. Peu de gens , même dans le Hiftoirede
grand loifir d'une vie privée , ont r Acad. Fr.
plus marqué de goût que lui pour &*fû& %M *
Kiv
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114 B l B M O THEQ/UE
■» g les Arts qui vont à orner l'efprit.
< François «Mais en s'attachant à ce que les
- de Beau- » Mufes ont de fleuri , dit M. l'Abbé
Du"™ s » d '° livet > il eut grand foin auffi de
Aign a n. " * ne P as tou cher à ce qu'elles peu-
ié%7. » vent avoir d'épineux. Il ne rem-
Pam. Fr. » porta de leur cor&qiçrçe que Ce qui
p. 4 iy , 410. >» pojivoit contribuer à répandre dans
» fa manière de penfer , d'agir , &
» d'écrire , cette galanterie fine &
t » in^énieiife , qui eft comme la. fleur
.-■y •• » de la pôlitefle ».
JalQux des titres qui décorent un
homme de Lettres , il fouhaita d*en-
trer dans l'Académie Françoife , &
il y fiit reçu le 8 Juillet 1663. Il ac-
cepta une pareille place dans celle
\ dç$ Ricovrati de Padoiië , & danis une
- Académie de Phyfique qui fe forma
; en 1662. à Caën ,lous les auipices
Hua. Com. de M. Huet , depuis Evêque d'Avran-
™b tar ad * c ^ eSt ^ demanda lui-même à M. Huet
pcnin. fo™ d'être un des membres de cette nou-
t* .« velle Société 3 ,& il le demanda avec
. inftance, En /1669. il procura l'éta-
bliflement de l'Académie d'Arles ,
qui a cela de fingulier, qu'elle ne
doit être compofée que de Gentils-
hommes. Il fit plus. Càr fçachantque
' , dans la ville de C a en , on couronne
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Françoise. ut
tous les ans une pièce de Poefie a — — y
l'honneur de la lainte Vierge , il François
concourut pour le prix en 1667, dans DE Beau-
la vue de ranimer ces fortes d'exer- ™ " s *
cices , & de leur attirer un nouvel aignan.
éclat , en faifant voir qu'un Seigneur 1 687.
de fon rang étoit frappé de la gloire
qu'on y acquiert. Il fait viôorieux, &
tous les Poètes de Normandie applau-
dirent à fon triomphe , ceux mêmes
qui avoient été fes rivaux fans le
fçavoir 5 & il y eut la même année
un volume de pièces publiées à fa
louange , tant en Latin qu'en Fran-
çois. Il étoit en relation avec les
plus beaux efprits & les plus polis du
R oyaume , Scarron , Voiture , Cor-
neille , Racine , & beaucoup d'au-
tres ; & la plûpart l'ont célébré par
leurs écrits.. Madame des Houlieres
lui adrefla plufieurs de fes Poëfies ;
M, de Grille d'Efïoublon , Marquis
de Robias , ltii a dédié fes Lettres
écrites pendant fon voyage d'Italie en
1669 ; combien d'autres lui ont rendu
lemêmehommage ï Le Sieur Guy on-
net de Vertrou en parle dans ces ter-
mes :
Il eft , iîliïftre D*uc , cTheureufes (îeffirrées r
lu mérites Tcftime & la faveur des Rois ï
KL v
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B rit TO T FF E Q UE
.paris , Arles , Padoue ont de toi fait un choix ;
François g t tcs j ours f ont autant débitantes journées.
"f" 0 ' L'Abbé de Marolles, dans fon
L.JLX V x* o ^ — # # _
pue de S. nembrement a Auteurs , lui attribue
Aignan. une pièce de Théâtre intitulée Bra-
***7. damante, & M. l'Abbé d'Olivet dit
au'il y eut en effet une Tragi-Comé-
ie fous ce titre , imprimée fons nom
d'Auteur en 1637. Les Ecrivains de
FHifloire du Théâtre François ne la
nomment point ; ils ne parlent que
de la Tragi^Comédie de Bradamantty
du Sieur de la Calprenéde qjii eft
de: 1*636.
Eorfqu*en fa qualité de premier
GentiHiomme de Sa-Majefté r c'étoit,
-à M. de Saint Aignan à diriger quel-
que Fête , Speâacle , Ballet ,Carron-
iel 9 &c. à peine a voit-il- reçu les or*
moment il concevoit
Speâacle magnifique r il en traçoit le.
plan il compofok une partie des
récits ; & quand Sa Majeflë diûri-
buoit les perfonnages , elle lui per-
mettait de choifir toujours le plus
(Times de difficile. Dans les Plaifirs dt fljle en?
d?i iw Vt' d ' d******* Fête donnée à Verfailles en
*' 1 664. & à laquelle il eut beaucoup de
part,., on lui fait dire n
dres immédiats du Roi
d
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Françoise; 117-
Les cx>mbats que j'ai faits en Tille dangereufe , ÎrançOis <•
Quanlde tant de guerriers je demeurai vainqueur, B£ gj A ^..
Suivis d'une épreuve amoireufe , VIllïirs
Ont fignalé ma force au flî bien que mon cœur» Due de S*.
La vigueur qui tait mon eftime , Aignan.
Soit qu'elle enabraflè un parti légitime v 1^87--
Ou qu'elle vienne à s*échapper ,
Fait dire pour ma gloire aux deux bouts de là «ne,. .
Q u'on n'en voit ppkit en tome guerre ,
Ni plus fouventni mieux frapper.
Pour l'ordinaire lefujet deces Fê-
tes galantes étoit tiré de nos vieux
Romans r dont il fçavoit imiter jus-
qu'au ftylë, comme ffous le voyons »
par quelques-itaés dé fes lettres im-
primées avec celles de Voiture. Il Fut
auffi un des Commandans du Car-
roufel qui fiit doniié en 1685 , à là
tête dtiquet étôit M. lé EJauphiri.
Qtiafnt £fés pbëfies r dit M- l'Abbé
è *Oli vet , ïë pelt -qu 11 en a làiffë for-
tir de Ton Cabinet , montre qu'il
pofîédôit les réglés dé l'art, comme
fceux qui en font leur principal objet j
mais que par une fîrieiîè de l'art mê*-
me , il y réparidoit de ces négligen-
ces méditées ,~ qui donnent lieu ■ #
Croire qu'on n^én a.fait que fbnamu--
fement. J'ajoute quefi l'brrprenoit là:
raine de ^amaiTeir. tes lettres £-totttesi
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Bibliothèque
les pièces que Ton a de fa façon ,îm-
François primées dans les volumes du Mer-
©e Beau- cure ? <jans j es Œuvres de Séhrron ,
Duc de s dans celles de Madame des Houli ères,
Aignan. dans le Recueil des pièces Académi-
1687. cjues du Sieur de Vertron , & peut-
ri"n in "1 A 6 etre ailleurs , on en formeroit un af-
p. 109, j 10* fez gros volume in-12. Je fuis même
furpris qu'un projet femblable , &
d'ailleurs fi.facrle^nefoit pas encore
exécuté. On doit cette efpéqe d'hom-
mage à un Seigneur qui honora les
beaux Arts , & qui répandit fes bien-
faits & fes largeffes' lur tous les Poè-
tes defon tems. On cpnnbît fa Rclar
tïon en vers du vçyage du Roi À Nan-
tes , du 2 de Septembre 1661 , im-
primée en 1667, dans le Recueil il
quelques pièces nouvelles & galantes?
tant en profe quen vers r t, i- p. 99^
fui vie d'une Réponfe anonyme faite
au nom des Dames de Fontainebleau.
La Relation a au moins 3 50 vers.
M, de Saint Aignan avoit porté les
armes dès fa plus tendre jeunefle. En
1635. *1 ^ e trouva " X. la retraite de,
_ Mayence fous te Cardinal de la Va-
lette. La même année % au combat de
Vaudrevange , où le Duc de Vaimar
& le même Cardinal de la Valeite
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F R AN ÇOÏSE, II9
défirent cinq mille hommes , il fut
blefle au vifage ; & Tannée fuivante François
il le fat à la cuiffe au liège de Dole. ** L J^T
Il étoit à celui de Corbie lorfque cet- * E
te ville ffttprife. Il fignala encore fon aignan. *
courage en diverfes occafions , & 1*87.
principalement aux fiéges de Lan-
dréci , de Maiibeuge 9 de Chimai y
d'Ivoi, de Gravelines en 1644, oîi
il fervit de Maréchal de Camp , & où
il fut dangereufement bleflé. En
1 64 5 . il fe trouva au paffage de Col-
xnè & à la prife du Fort de Linck,
Sa Majefléle fit Chevalier dè fes Or-
dres en 166 1 , & érigea en Duché-
Pairie fa terre de S. Aignan en Berrû
Ce Seigneur mourut le 16 Juin
1687. à l'âge de 80 ans. Ce fut un?
deuil univerfel fur le Parnaffe, &
. ehâ cun s'empreffa de jetter des fleurs
fur fon tombeau. Je ne rapportera?
que cette Epitaphe que lui fit Mada-
me Le Camus 1
Saint Aignan finit une vie r
Qui fut toujours d'honneurs & de plaifirs fuivfev
Mais khTons fon éloge > il n'en a pas fcefoin
Les fil les de mémoire
Piendront pour Ju : le même foin r
Qu'H prit autrefois pour leur gloire».
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B ïBLI OTITE Q U E
Le Pere Bouhours a rapporté cette
D J*{JJJ IS Epitaphe dans fon Recueil de vers
ÏÎllieÎ!", choifis » P a 8 e lx 9- Elle eft auffi dans
Dvc dï s. le Parnafle François de NL Titon du
Aignan. Tillet.
16% 7- L. PETIT,
Jb« Petit*
ié«/, ^ e dans même Recueil du
P. Bouhours ( p. 162. ) un Madrigal
d'un nommé Petit 9 pour répondre à
un autre de l'Abbé BofquiHon à MUe
de Scudery 9 fur u r quelle avait dit au
Jigct des vols qu*m avait voulu faire
che^ dle. Mais quel eft ce Monfieur
Petit ? Je n'en içais rien. : je trouve
Sefri*^ 51 1* ^*? S ^ ^î 0116 ^ de Serci plufieurs
p . X j\\ \ 7 \\ pièces lignées de ce nom ; des Stances
t. * . pag.. à une Demoi/ille tourmentée des vents ,
n une Ode longue & aieziroèée fur la
t j. p . 397. migraine d'une Dame , un ituUaèn
contre un Médifant > une Ballade fur
l'Amour , un Dialogue qui a \&mèm&
objet y un Madrigal fur la mort de
M. de Pizani à Madame de Ram-
bouillet fa mère, un Sofrnet én bouts
- ^ limés , un autre Sonnet galant , &:
une Elégie 0k le Poète fe plaint des
rigueurs de. fon Anlarillys., Il y a
anflî quelques autres piétés qui pa~
roiflent dit même dans un Recueil que:
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)
F« AN ÇOTS E. 1JI
f *ki déjà cité , de quelques pièces nouvel- T mtmmm
les & galantes r imprimé en 1667. en L * Pet1
2, volumes in-i 2- M. Titon du Tillet
attribue cès Poëfies au fçavant Pierre
Fetit^ Parifien, Doâeur en Médecine,.
Philofophe difiingué , célèbre par
fon érudition r très-bon Poëte Latin
mort à Paris le 1 3 Décembre 1^87.
dans la 71. année de fon âge. Mais
j'ai peine à croire que ces Poëfies
viennent de # luK Petit étoit un Ecri-
. vain grave , férieux , profond ; fe
feroit-il amufé à compofer des vers-
galants , & d'autres fur des fiijets û
peu convenables à fon caraôere &
au genre de fes études ? D'aiHeurs
l'Abbé Nicaiie , qui avoit été fon?
ne dit pas même qu'il foit jamais fortr
de fa plume aucun vers François*
M. Baillet , qui l'àvoit auffi connu r
n'en fait pareillement aucune men-
tion. L'un & l'autre ne le mettent
qu'au nombre des Poëtes Latins,.
En 1686. on imprima à Rouen'
des Difcours faty riques & moraux , ow
Satyres générales en vers y ,fignée&
Petit , & dédiées à M., le Duc de*
Montaufier. -L'Auteur doit être enco-
re différent de celui dont ona imprir-
. ami , & qui nous a laiffé feu él
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zj2 Bibliothèque
^"*— me les Poëfies qui fe lifent dans le
u ÎF lT * RecueiI de S€rci » & JI différ< ? fûre -
1 7 * . ment de Pierre Petit , comme ta Let-
Janv. 1686. tre L. le défigne. Dans les Nouvelles
MM. de la République des Lettres , on dit
cpie l'Auteur de ces difeours en vers
etoit de Rouen, & l'on a ràifon. Il
s'appelloit Louis. Son pere , Pirocu-
reur à la Chambre des Comptes de
Rouen j étoit fils d'un Gentilhomme
au bec-Corbin. Louis fut quelque
tems Receveur général des Domai-
nes & bois du Roi ; mai^ il quitta
cette charge pour fe livrer entière-
ment aux Belles-lettres. Il étoit ami
particulier de Pierre Corneille , & il
fiit l'Editeur de fes pièces de Théâ-
tre, réimpriméesà Rouen chez Lalle-
mant. Corneille ayant quitté Rouen,
M, Petit alla auffi à Paris, & il y fût
très-affidu à l'Hôtel de Rambouillet,
où il fe fit aimer & eftimer. Les Ducs
de Montaufier & de S. Aignan eurent
pour lui beaucoup de confédération.
Le dernier fur-tout lui éerivoit fou-
vent , & le qualifioit de fon Confrère
$n Apollon. M. Petit étoit pareille-
ment en commerce de Lettres avec
quantité de Sçavaris de fon fiécle ; en
particulier avec le Pere Cominire,
Google
Françoise. 133
Jéfuite , grand Poëte Latin , qui lui a
adreffé le Poème intitulé, Cicures Luf-
ciniœ totâ hyeme décantantes > p. 136.
du premier volume de l'édition de
Barbou 17 14. M. Petit eft mort à
Rouen en 1693. âgé de 7$ ou 79 ans,
& x fiit inhumé à S. Eloy ôii eft le
tombeau de fa famille. Il étoit grand
oncle de MM. Petit de Captot , fa-
mille confidérée à Rouen , dont un
eft aâuellement Avocat Général en
-la Chambre des Comptes.
Les Satyres de Louis Petit font au
-nombre de douze. La 1. eft contre
Pambition , l'avidité des richefies ,
& la volupté. Le but de la 2. eft de
- montrer qu'on ne fe corrige que bien
rarement des vices d'habitude. La
vie de la Cour eft l'objet de la j.
Dans la 4. le Poëte commente cette
-maxime , le nombre des fous eft infini.
La 5. eft en forme de Dialogue :
l'intention du Poëte eft d'expofer
quelle différence on a coutume de
remarquer entre les gens de néant
qui deviennent riches , & un homme
de naiflance fage & content de la
médiocrité de fa fortune. La 6. atta»
. que vivement les gens d'Eglife , dont
* les mœurs ne répondent point à leur
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X34 B IiB L I O T H E^Q U E
■gggB profeffion y & qui abiifent des reve-
L. Petit, nus qui ne leur font confiés que pour
i6%7. les partager avec les indigens, La 7.
eft un Tableau de la mifere de Thom-
nie. La 8. eft encore un Dialogue
contre les vieilles Coquettes. Dans la 9.
le Poëte parle des inconvéniens &
des abus de la critique. La 10. eft
contre les dangers & les malheurs de
la guerre. L'onzième eft contre le
menfonge 9 & la 1 2.. contre la mode
& fes abus. Il y a une Lettre préli-
minaire , auffi en vers , à M. le Duc
de Montaufier > qu'on pourroit enco-
re regarder comme une Satyre , une
féconde à une Demoifelle r dont ta
fortune n % étoit pas tonne , & des Stan-
ces contre les menfonges & les extrava-
gances des Poètes.
On dit dans le Journal des Sçavans
du 21 Janvier 1686, « que la route
» que l'Auteur a fuivie dans ces Saty-
» res y eft que fans que perfcnne sTy
» trouve nommé > chacun y «pourra
» voir fon portrait , &fe détromper
» des erreurs où l'emportement des
» paffions plonge fouvent les gens
» les plus éclairés y & qui paient
♦♦quelquefois pour les plus fages
On répète prefque la même chçfe
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Françoise. 23 7
dans les Nouvelles de la Republique des mmm — ^5
Lettres du mois de Janvier de la mê- L. Petit»
me année. l6 *7*
Ce qu'on peut blâmer dans ces Sa-
tyres , c'eft que la Poë'fie en eft trop
rempante. L Auteur n'en difconvient
pas. « J'avoue , dit-il dans fa Pré-
» face , que mon flylen'eftpas d'une
» grande élévation. Ainfî ma Mufe
» chante aflez uniment. Elle n'eft
» point foutenue de ces expreflions
fortes & recherchées 9 qui font la
» grande beauté d*un ouvrage... Elle
» a un peu de facilité ; je penfe que
„ c'eft tout ce quelle a de bon ». Le
Poëte difoit peut-être plus vrai qu'il
ne penfoit. Il eft certain que c'eft au
même qu'il faut attribuer des Dialo-
gues fatyriques & moraux en profe %
qui parurent auffi en ï6<8tf , & dont
on tait un grand éloge dans les Nou-
velles de la République des Lettres , du
mois de Mai 16^7 , article V. On
fait aufli que le même Auteur a fait
plufieurs pièces de Luth , & l'on m'a
afTûré qu il avoit eu part à U Mufe»
Normande*
Digltized by G00gle
13S Bibliothèque
N. DE SAÈATIER.
La fagefle caraâérife également
les Epîtres morales & académiques
de M. de Sabotier , de l'Académie
Royale d'Arles. Ces Epîtres ont été
imprimées à Lyon en 1687. în-n. H
yen a 54, toutes fort courtes, &
adreffées à des perfonnes connues.
Les fujets en font intéreffans en eux-
mêmes ; mais comme l'Auteur ne fait,
pour ainfi dire , que courir fur cha-
cun , il laiflfe fon Le&eur vuide d'inf-
truôion. Voici ce qu'il dit en parti-
culier dans l'Epître 51, contre la
leâure des Romans :
He t'occupe jamais d'une telle leéture ,
Ignore d\m Héros Tamoureufe aventure ;
On nous la peint toujours des plus douces cou-
leurs , .
Mais un ferpent cruel eit caché fous ce* fleurs....»
Une fage beauté , je te le dis encore »
Ne doit jamais fçavoir ce qu'il faut qu'elle
ignore.
La pocfie de ces Epîtres eft dans
le ftyle familier , mais fans bzffeffe.
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Françoise. 237
L. P. DE LONGE VILLE. L. p. de
Long ev il-
M, le Duc de Montaufier à qui le
Sieur Petit a dédié fes difcours en x ** 7#
vers , a été loué encore vers le même
tems par l'Auteur d'un Poëme héroïque,
dont le titre annonce affez le fujet ;
c 'eft r Homme-Dieu fouffrant^ où l'Hif-
toire de la paflion de Jefus-Chrift ,
depuis fon entrée au Jardin des Oli-
ves jufqu'à fa mort fur la Croix.
L'Auteur , qui a dédié ce Poëme au
Roi , figne ainfi fon Epître dédicatoi-
re, £. P. de Longeville , à faint Victor
le premier Septembre 168 1. Il y a eu
une première édition antérieure ; je
ne fçai en quelle année. Ce Poëme
eft fort pieux , & les vers font affez
bien foutenus. Il eft précédé d'un
Sonnet , qui contient une prière à
Dieu pour le Roi , & fuivi d'un élo-
ge de Monfieur le Dauphin , auffi en
grands vers , de M. de Montaufier
fon Gouverneur , & de M. Boffuet 9
qui étoit alors inftituteur des études
du même Prince. Le Poëte n'y ou-
blie point le Roi , dont il célèbre les
conquêtes. Il finit aufli fon Poëme
par une exhortation très-pathétique ,
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x3? Bibliothèque
mmmtmm & par une prière où il demande à
1 L# P# DI Dieu la grâce du falut , pour lui-
Longevil- même , pour M. le premier Préfident
le. de Lamoignon & fa famille , pour M.
de Bailleul , M. de Harlay , Arche-
vêque de Paris , M. le Chancelier Le
Tellier , & enfin pour le Roi.
JEAN DOUJAT.
Doi îat. Jean Doujat eft beaucoup plus
i*s8. connu que les trois derniers Ecri-
vains dont je viens de faire men-
tion. Grammairien , Traduâeur,
Hinorien, Politique, Jurifconfulte ,
Orateur même ; on a de lui des ou-
vrages dans tous ces genres , fans
compter ceux qu'il a voit achevés,
& qui n*ont point été imprimés.
Lettr« m/T. Chapelain qui étoit fon ami , en par-
4cchapci. k a i n fi en écrivant à Bakac le 24
Septembre 1650. « On ne fçauroit,
» dit-il, lui rien apprendre dans les
H langues Grecque , Latine, Italien-
» ne , Efpagnolè. Il a beaucoup de
»-connoiffance de TEfclavonne , de
^ l'Allemande , & de l'Hébraïque.
A tant de talens , ajoute-t-on dans le
Journal des Sçavans du 21 Février
1689 y «il avoit joint une rare mo
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Françoise. 239
+ deftie., une exa&e probité , & un »
» parfait défintéreffement. Jouiffant j£AN
» par fon travail d'un revenu confi- Do *££
» dérable , il ne fongea jamais à faire
* des acquifitions , ni à amaffer des
» richeffes. Content d'en tirer une
» honnête fubfiftancc , il employa
» toutlefuperflii au foulagement des
^pauvres».
Mi l'Abbé d'Olivet qui ne Ta pas
oublié dans fes additions à l'Hiftoire
de l'Académie Françoife de M. Pel-
liflbn , met au nombre deNTes ouvra-
ges des Poëfies Latines & Françoifes ;
mais il ne dit rien de fes talens en ce
genre. Chapelain les regardoit com-
me fort au-deffus du commun. J'ai
reçu , lui dit-il dans une Lettre qu'il
lui envoya à Touloufe le 10 Juillet
1638, « j'ai reçu beaucoup de con-
» tentementdans la lefture des beaux Lettres mft.
» vtrs que vous avez faits depuis que dc chipd.
» vous nous avez quittés. Et à vous
» en dire mon fentiment , j'y trouve
» partout le bel air de notre Poëfie,
» & il y a force Stances, entre autres
scelle de l'Aubedans l'Ode delà Ré-
»furreôion , qui pourront donner de
y> la jaloufîe aux meilleures qui fe
» fàffént de deçà. . . Touloufe n a voit
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34o Bibliothèque
» point encore produit dans notre
» langue de Poëte qui en méritât au-.
» tant le nom que vous ,& fans faire
» tort aux autres Mufes qui habitent
» votre belle province , la vôtre a
» grand droit d'y prétendre *le pre«*
»mier rang. » Dans une autre Lettre
du 27 Novembre de la même année f
il le loue fur le fuccès de fes Chant*
Royaux & de fes Ballades , & lui
confcille de compofer l'Ode qu'il
projettoit pour les Jeux floraux <le
Touloufe.
Je ne fçai pas fi toutes cesPoëlîes
ont été imprimées. Je n'ai vu de M.
Doujat qu'une Ode fur la naiffancc dt
M. le Dauphin, en 1661. in-4 0 . un
Sonnet & un Madrigal dans un petit
Recueil intitulé , La Rljouiffancc pu-
blique pour t entier rétablijfement de la
fanté du Roi , en 1687. m-4 0 . & * es
Eloges des perfonnes illujlres de t Ancien
Tejlament , pour donner quelque teinture
de rHifioirefacrée; à Vufage de M. U
Duc de Bourgogne. Cet ouvrage , orné
des portraits de ceux dont l'Auteur
fait l'éloge 9 & d'une courte chrono-
logie , eftdeî'an 1688. Il contient
environ fix cens vers. Le ftyle enefl
fimple , .mais tel qu'il convient à une
narration. M. Doujat
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François é. 141
M. Doujat étoit de Touloufe.
Après y avoir fait dans l'étude des JfAN .
Belles-Lettres , de la Philofophie fc^JJ""
du Droit , tout le progrès que Ton
pçut attendre d'un heureux naturel,
fécondé d'un travail affidu , il y prê-
ta le ferment d'Avocat en 1637.
Deux ans après il prêta le même fer- joum. des
ment au Parlement de Paris , où il|** v "
avoit déjà fait quelque voyage , v * 16 9#
comme on le voit par les Lettres ma-
nuscrites de Chapelain. La réputa-
tion de fon fçavoir & de fon élo-'
quence s'étant accrue de jour en 1
jour , il fut élu par l'Académie Fran-
çoife pour remplir la place vacante
par la mort de M. Baro , & reçu le
20 Août de Tannée 1650. L'année
fuivante il obtint une chaire de Pro*
fefleur en Droit au Collège Royal ,
& en 16 K 5 il fut pourvu d'une autre
Chaire ae Dofteur Régent en la Fa-
culté de Droit. Partagé entre ces
trois emplois qui auroient fuffi pour
occuper trois perfonnes, il s'en ac-
quitta avec autant de foin & de fuc-
cès^ que s'il n'en avoit eu qu'un feul. -
Ses ouvrages font en grand nombre ; 1
mais ce n eft pas ici le lieu d'en par-
ler. Il avoit encore la plume à la
TomcXFIII. L
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I
%4X. BlÇLIQTHEQVE
— ^ maîn pour foutenir les droits de Sa
Jean Majefté fur la Lprraine , & il médi-
Douiat. to i t d e décrire le fiége de Philifbourg,
1 * & la campagne de Ai. le Dauphin ,
torique, tous, ces projets fureat difll-
pés par fa mort qui arriva le %j Oc-
tpbre -168$, à Pifoe de 79 ans. Il étoit
alors Doyen de 1 Académie y du Col-
lège îloyal > & de la Faculté «U
Droit. Furétiere en parle affez mai,
Fum ft T & cherche même àle rendre ridicule,
p. «84 , »8y! dans fon fécond FaSum contre l'Aca-
démie Françoife ; mais ce Faclum
ii'éft guères qu'une fatyre^
! PHILIPPE QUINAULT.
Philippe
Quinault. La Poëfie qui n'étoit quVn amuf^
x * 88# ment pour M. Doujat, fut l'occupa-
tion la plus ordinaire de Philippe
Faôumdc Quinaulr. Celui-ci étoit Parifien-,né
Fur«. t. 1. en 163 5. Furétiere qui ferable n'avoir
p nSdirVic entrepris de fe détendre contre les
rAcad. Fr. attaques de l'Académie Françoife,
fcfuiv^ * 5I# <I ue P our cn décrier Jè corps 8ç ks
Nicer. Mém. membres , ihfinue que celui dont il
l ' pVm. Fr. s'agit étoit fils d'un Boulanger , & !
p. 406. qinl avoit fervi de dome&ique à
Triftan , ce qui a dopn4 lieu à cette
Epigramme ;
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•Françoise; 243
^ ;Elie , ainfi qu'il eft écrit ,
©e Ton manteau joint à fon double efprir ,
Recompema fon fervifeur fidèle.,
Triton eût fui vi ce modèle
Mais Triffcan qu'on mit au tombeau ,
Plus pauvre que n'eft un Prophète ,
En laifiant à Quinault fon efptit de Poète ,
NeputluUailTefr de-wameau.
Ménage au contraire , Perrault > St
plufieurs autres , drfent que Quinault
étoitde bonne fartïilfe. Quoi qu'il ea
fait , les talens ne dépendent pas de
la naiffance , & Quinault avoitfûre-
ment beaucoup de talens. Formé dès
retîfefice dans le genre dramatique
par Triftan lTîermite'qni a voit vieil*
K dans la carrière du Théâtre , il
n'a voit que 18 ans lorfqu'il cotnpô*
fa les Rivales , Comédie en cinq ac-
tes , en vers , qui fut repréfentee en
* 6-5-3 , & eut beaucoup de fuccès ; &
à l'âge de 30 ans il avait donné quin-
ze autres pièces dramatiques , tant
Comédies que Tragédies, qui forent
repréfentées depuis 1654 jufqu'en
1666. H a voit aufli compofé dans
Tintervalie une Paftorale des Amours
de Lyfis & à'Ifefpérie , fur le fujet de
la négociation de la paix & du ma*
riage-duRoi , qui Fut repréfentee au
Philippb
Quinault.
1688^
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%44 BlBLIOTHE QU E
■SB"™"! 1 ? Louvre le 9 Décembre 1660^ MM.
Philippe Parfait font connoître toutes ces pié*
QyiNAULx. ces dans leur Hiftoire du Théâtre
' François r à Texceptidn de la Pafto-
rale qui , poux de certaines raifons ,
n'a pas été rendue publique : je ren-
voie à cette Hiftoire.
tfcfpr. Stt. On prétend que les traits que M.
Lu»! ch?"* Defprcaux a lancés contre Quinault
tw-u-î. dans fes premières Satyres & dans
p*g« *I7« & { on L u trin , ne regardent que fes
Tragédies & Comédies ; & M. Per-
rault, ami de l'Auteur, convient que
les connoifleurs publioient qu'il n'y
avoit aucune de ces pièces oîi les
régies fuflent obfervées. Il eft vrai
qu'il traite çette décifion de pure ima-
gination 9 qui n'étoit fondée que fur
la faujfe prévention où ces prétendus
connoijfeurs étoient , dit-il , qu'un jeu-
ne homme qui n'avoit pas étudié à
fond la poétique d'Ariftote né pou-
voit faire de bonnes pièces de Théâ-
tre: & il ajoute que celles de fon
àmi firent pendant dix' ou douze an-
nées les délices de Paris & de toute
la France. \\ ^voue cependant quel-
les ne font pas toutes dans ta dernière ré-
gularité , & il ajuroitpu convenir aufli
que ce n'eft pâ$ fans raifon qu'op 9
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Françoise.
*4J
î>lâmé Quinault de n'avoir fait que ™H
des pièces où l 'amour paroît toujours Philippe
le principal but ? & où l'on ne tro.uve Qui J JJ lT#
rien de ces fentimens mâles & ver-
tueux , ni de cette grandeur Romai-
ne ,< qu'pn voit dans la plufpart des
pièces de Corneille , de Racine &
jd-e plufieuirs autres. Tels étoient les
«défauts , & de plus grands encore f
que -M, Defpreaux y trouvoit , &
jqû'il^ cenfuroit.
Ce Critique n'épargna pas même
la Tragédie à'JJlrate , Roi de Tyr. M.
de S alto avoit dit dans le Journal des j ourna j j 0
Sçavans, qnç Ton découvre dans la m»«
fimple leâure de cette pièce beau- l66s#
coup de grâces dignes d'être admi-
rées ; qu'elle a par-tout de la ten~
drefle , & de cette tendrefle délicate
qui eft toute particulière à l'Auteur;
qu'on y remarque auffi plufieurs ma-
ximes nouvelles de politique & d'a-
mour , pouflees dans toute leur éten-
due ; qu'enfin les vers en font magni-
fiques & bien tournés 9 & cjue les in-
cidens , tout furprenans qu'ils paroif-
fent , fe démêlent fans peine & fans
violence. M. Defpréaux au contrai-
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'%4fi BlBLIOTHEQVE
y—— de mauvais goût dans fa troifiéme
Philippe Satyre ;
Quinaulx,
1*8 S. f . ; àtcz-tous vû YAftrvu ?
C'efl-là ce qu'on apptlie un ouvrage mchcré»
Sur-tont F Anneau Rcyèl me Aérobie bien trouré ,
Son ûijct eft conduit d'une belie manière ,
Et chaque aâe en ùl pièce eft une pièce entière.
C'eft déclarer que cette Tragédie
péchoit contre une des premières ré- j
ries du Théâtre , qui eft , qu'il ne
faut qu'une aftion pour le fujet d'une j
pièce dramatique, & que cette aûion
doit être non feulement complette , (
mais continuée jufqu'à la fin , fans
aucune interruption. Or M. Def-
préaux prétend , par ce : qu'il fait dire
à fon campagnard , que dans l*Aitra-
te , l'aâion Théâtrale eft interrom-
pue à la fin de chaque a£te % ce qui
tait autant d'aûions qu'il y a d'aôes
dans la pièce. En général , il blâmoit
dans toutes les pièces Comiques ou
Tragiques de cet Auteur le toh fade
& doucereux qui y régne en effet
prefque par-tout.
Les Héros dans Qufaault parlent bien autrement»
IbiJ. Sat. 3. ' Et jufqu'àjfc vous hais , tout s'y dit tendrement.
On dit cependant que fe? Corné*
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F 41 A N Ç 0 ï S §. I47
«ftes lui ont fait pl^s d'honneur que SH^E*
fes Tragédies , & qtie Ton eftime Philippb
beaucoup celle qui eft intiMée U Lr#
Afer* Caquau. On peut voir le juge*
ment au'en porte feu M> RkçobiQûi
dans ton Traité de la Réfcxmatioji
des Théâtres.
Pendant que M. Quînault fe mon*
troit au public en qualité de Poëte* *
il étudioit çn particulier dans la vuô
4'çmbraffer la profeflion d'Avocate
M. Perrault dit dans fes Hommes il<*
iuftres, qu'il s'y rendit habile. « J'en
» douterois volontiers , dit M. PAbbé
» d'Olivet ; car un rimeur qui tous
» les ans donng, une pièce , & quel-
wquefpis deux y ne fç^uroit guère
» pâlir fur le Code. Pour ne rien
» outrer , bornons-nous à dire que la
» feience qu'il acquit chez un Pro*
h cureur 5 û elle ne fut pas des plus
» profondes , elle fut du moins neu«^
»reufe pour lui , jraifqu'elle procura
»fon établiflement ». Un riche Mar-
chand de Pa^s , homme de bonne
foi , mais que fes Affocié* inquié-
taient , parce que fes comptes ne
paroiflbient pas clairs , eut recours ^
lui pour le tirer de leurs chicanes ,
& il y réuflit. Ce Marchand mourut
• Liv
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14$ BliLIOTHEQUE
peu de tems après , & Quinault
Phui?pe époufa fa veuve , affez jeune encore
j*gg LT * pour lui donner une nombreufe po£
térité. Ce fut à l'occafion de ce ma-
riage , qu'il prit une charge d'Audi-
teur des Comptes , & qu'il ceffa de
travailler pour le Théâtre de la Co-
médie. Comme il avoit trouvé quel-
que oppofition à fâ réception , à eau-
ie de tes pièces Dramatiques , un
Poëte fit ces vers , cru'il adrefla à
MM. de la Chambre des Comptes :
Quinault , le plut grand des Auteurs ,
Dans votre corps , Meffieurs , a dcflèin de pa-
roître ;
Puifqu'il a fak tant d*i uditeurs ,
Pourquoi l'empêçbez-yout de Titre ?
Cette charge ne Poccupa pas beau-
coup, Louis XIV. ayant goûté le
fpeâacîe de l'Opéra-, qui ne faifoit
eue de naître en France , & connoif-
ànt les talens de Quinault pour les
pièces lyriques r Pânima à composer
ces fottes d'ouvrages , & Pencoura-
gea en' lui donnant une penfion de
deux mille livres. Lully d'ailleurs
qui en compofoit la Mufique, étoit
charmé d'avoir trouvé un Poëte tel
qu'il poiivoit le deûrer 9 qui avoit
(
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7 ; F R a n ç o i Si n.u 44^
•une oreille délicate fcour ^çchomr ;
que des paroles harmonieuses ; un Philippe
goût tourné à la tendrefle , : pour va- ( ^ u I I ^ A g ULT?
rier les fentimens confacrés à qette *
efpéce de Tragédie ; une^rapde fa r
cilité à rimer, pour êt^ toujours
prêt à fervir le Roi au befoin ; une
docilité encore plus rare , pour fe
' conformer toujours aux idées , ou
même au caprice du Muficien. Nous
-avons de M. Quinault 14 pièces eçi
.ce génfe , compofées depuis 167?,
jufqu'en i68jS, & l'on ne peut difcon-
venir que ce font ces pièces qui ont
lë plus Contribué à fa grande réputa-
tion. Mais pn lui a reproché aveç
juftice un grand défaut, c'eft d'avoir
jCherçhé à plaire en prêchant par r
; toutl , amôur ( & la volupté , fcd'avoif \
jftéçrédité la vçrtu ,* en s'efforçant d,e *
rendre le vice aimable. C'efi cp qtîç
M. Defpréaux appelle dans fa dixiè-
me Satyre,
: ■•;..:>• * • Morale lubrique,.
t Que Luïïy réchauffa des fons de fa Muûque. *"
Et c'eftçejqui fait auflï , du moins en
partie /que le fpeftacle <fe l'Opéra ,
' fi dangereux ^n^orç par d'autrgs -en-
droits r ne peut s'accorder en^iicuqe
r l v
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*5 Ô ftro-mçvt
y****** manière avec les régies du ChrifHa*
Philippe nifme.. Vn de ces Opéra , Jlcefie ou
Q y?as°' LT ' U Triom P he fJlcïdt ) * donné lieu à
M. Perrault , zélé apolbgifte de l'Au-
teur , de compofer fon Dialogue de
Cléon & (TArifiippt , ou examen de la
Tragédie intitulée Alcefie y.&c. dans
v lequel , N fous le nom de Cléon , il a
tépondu aux objeôions d'Ariilîppe*
cenfeur de cet Opéra. Ce Dialogue-
eft à la fin d'un Recueil in-4 0 . de divers*
Ouvrages en proje & en vers , de Ml
Perrault , dédié à M. le Prince de
<3onti par M. Le Laiaureun
M. Quinault travailloit à un de
ces Poëmes lyriques , dont le Roi lui
a voit prefent le fujet , lorfqu'il fit
tes jolis vers , oîi il dit que -1 Oper*
difficile à fon gré > ce n'ell pas celui
qué le Roi lui deittaade /mâis^'dl
d'avoir cinq filles à niarîer. ' «
- - J i-
Ce n'eft pas V Optra que je fais pour le Roi f
Qui m'empêche d'être tranquille ,
jXôut ce qu'on fait pbur lui' paroît toujottrr.
facile ; 1 ■ i
•La grande peine où je- me foî > .
C'eft dVdir cinq filles cita, mt>!
tfôntlâ moins âgée efehufeflel , -
jfeilôh les établir , de voudra le pou*èir 5 x
H**9 avec A poîlm on ae s^njtffeh guère»
Digitized by Google
Françoise; 251
d*eft avec peu de bien un terrible devoir ~PHiLiPPt
De fc fentir preffé d'être cinq fois beaurpere. ^'auet.
Quoi ! cinq Aétes devant Notaire , itf 88é ^ *
Pour cinq filles qu'il feut pourvoir *
O ciel ! peutron jamais avoir
Opéra plus fâcheux à frire ?
Plaifenterie toute pure , dit M,
VAhhé ^Olivpt ; car M. Quinault
étoit opulent. Sa femme lui ayoit
apporté plus de cent mille éçus* Le
Roi lui donnôit , comme je ï'ai dit r
deux mille livres de peiïfion ; & Lulli,
quatre mille livres pour chaque Ô-»
pera. Ainfi \ n'ayaht point de fils , il
n'étoit pas embarraifë 4 e & v °i r c * n( ï
filles. Trois ont été Religieuses , &
deux mariées avantageufëment.
Sur. la fin de fa vie M. Quinault
témoigna dû repentir devoir
ploy;éTÔp tems à fàitè <d£$ Ôpëra , 8c
il prît la 'rè&futiôn : deî'^.plus côm-
pofer de vers que pour. cKânter le$
louanges de ÏKëu & les grandes ac-
tions de Louis XI^. Il commença
par un Poëme fur F extîn&ion de Fhé-
néfie 9 dont Voici les 4 premiers vers :
Je n'aj quexrop chanté, les Jfiux & les Ainouxs ,
- jfrt un ton pî us (ublirne ji faut nie faire entendre ' |
* * Je-yous dis adieu ,Mufe tendre i
}& voû$ d0 adieu pour toujours.
Lvj
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152 Bibliothèque
Ce Poëme , & quelques autre Po&-
Philippe f ies j e j a même plume, parmi lef-
im? T? <i uene ' s efl un€ Sat y n à M * Bu f l
Rabutin 9 font , dit - on , entre les
mains de fa famille , qui n'a pas en-
core jugé à propos de les mettre au
jour. Mais on a imprimé de lui quel-
ques Epigrammes aui font voir qu'il
badinoit très - agréablement y & un
petit nombre d'autres Poëfies s entre
autres la Dtfcription de la mai/on dt
Seaux, , de M. Colbert y petit Poë-
ifie écrit avec beaucoup d'elprif &
de délicatefle, M. Titon du Tillet
dit qu'il n'a ep aucune part aux pa-
rties de la Pfyché de Molière , quoi*
que pfyfieurs lëslùi ^ient attribuées y
4u moins, eri partie.
Comme il ayoit été reçu à l'Âca^
demie Françpifç en 1670 , il eut auflî
ôccafion de jfaûre, voir qu'il n r étoit
pas mQins Orateur que Poète , . non
feulement dan? la harangue qu'il
prononça le: jour; de fa réception ,
lîiais aufli dans deux autres qu'il fit
au Roi fur fes conquêtes ^ à la têtç
ifiêmë de TAcad^niie. On# remarqué
qu'ayant appris £ là nouvelle de la
mort de M. dè Yirrenne, , au imm-
inent qu'il alloif haranguçç |^Roi , il
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Françoise. %tf
eti parla for le champ d'une manière
fi }ufte & fi fpirituelle , que toyte la Philippe
Cour en fUt furprife , & lui donna de
grands applaudiffemens.
. M. Quinault étoit d'un caraftere
aimable , poli , & prévenant ; & , ce
qui eû une vertu héroïque dans un
Poëte y il étoit fans^ fiel. Jamais les
traits fatyriques, dont il fut cruelle-
ment percé , ne le portèrent à écrire
contre M, Defpréaux , qui éfoh l'ag-
grefleur. II rechercha même fon ami-
tié ; & celui-ci eft convenu depuis ,
dans une /de fes Préfaces , qu'il n'a-
voit jamais prétendu nier qu'il n'y
eût beaucoup d'efprit dans les ou-
vrages de M. Quinrault. « Dans le «avres a*
„ téms où j'écrivpis contre lui , ajou- ?/ f |[ M f^ r ;
» te-t-il , nous étions tous deux fort t . i,'p. uu"
» jeunes , & il n'avoit pas fait alors
» beaucoup d'ouvrages tels que ceux
„ qui lui x^nt acquis dans la fuite une
» juûe réputation ».
Cette efpéce de réparation n'a pas
empêché le P. du Cerceau de venger
Quinault des traits fatyriques de M.
Defpréaux. C'eft dans fa piéee inti-
tulée % Néccjpté de la Critique , ou le
Grànd Prévôt du Parnafe , où il fait
parler ainfi les mauvais écrivains y
»
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Bibliothèque
f— * à l'occalion dû fatyrique François :
Philippe
Quinault. Voyez-moi ce Prévôt de Baie ,
Jf^fc» U n ' a p a$ épargné Quinault»
A quoi il fait répondre ainfi Apollon;
Mais Phébus d'une œillade rlere ,
Lesrejettant avec mépris,
Leur dit d'un ton ferme & févére ,
Paix , canaille de beaux efprits ,
Qufn'avez (ait ici que braire ;
Si fur Quinault on s'eft mépris ,
J'y veillerai, c'eft mon affaire
Jkmû fe calma la tempête ,
Et Qainatrlt s-'étant préferité
Dans lis griffe fat écouté.
Oh déclara , vÙH requête ,
fijen appelé comme d'abus ,
Et le Preyèt re/ta camus.
11 fut même fur 4e Parnaflê
Réglé fans coptejftatfçn j -
Qu'auprès d'Orphée & «fAmphion
]J iroit reprendre fa placé :
Et puis Phébus d'un air humain
Lui mit fa propre lyre en main ,
Won que la fienne fût ufée ,
Mais 4gt un noble $ fier «Jédain
' De la voir à tort mépri£ée ,
En tombant il Ta voit britée ;
On en fit recueillir foudain ,
Tous les morceaux jufques au moindre l
Mais on les recueillit en vain »
Et. l'on ne put bien les rejoindre»
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Françoise. 2 j j
Tel fut le deftin de Quinàult ,
Seul de tous oii le Commiflâîrc , Philippe
A fon éjard un peu dorfaire , ^
Se foit trouvé pris en défaut. Â
A peirie M. Quinàult commen-
çoit-il fa 54. année, qu'il fentit les
approches de la mort ; pendant deux
ou trois mois il fe vit , pour ainfi dire,
mourir plulieurs fois par jour : c'é-
taient de continuelles défaillances:
d'ailleurs l'idée de Lulli, mort Tannée
précédente fans beaucoup de prépa-
ration, Pa voit frappé : il en profita
«lirétieiinemetit , & redoubla fes re-
grets d'avoir empoîfoané fes pièces
tyriques d'une morale efféminée ,
4ont les Payens même ri'euifent pas
fouffert chez eux une école publi-
ée : c eiHa péûexhoa de M. l'Abbé
-d*01ivet. H mourut à Paris h 16
^Novembre Son corps eft in-:
Humé en FEglife de S. Louis dams
rifle. Il s'étoit lui-même corapojfé
cette épitaphe ^ qu'on a trouvée par- K|an deU
ftH fes papiers : Force , # defc.
de Par. t,
Paflànt , arrête, ici pour prie* un moment , ?• 340»
C'eft <e } que des vivans les morts peuvent atten-
dre ; "
■ % Quand tu feras au monument > ^,
On aura foin de te le rendre, ~
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iç6 ^IBLI OTHEQUE
Antoine ANTOINE FURETIERE.
ÏURETIERt.
Antoine Furetitrc , dont M. Qui-
nault fut, comme tant d'autres , fi
maltraité dans fes Faâums , étoit
auifi Parifien. Après avoir fait avec
fuccès les études ordinaires que l'on
fait au Collège , il fe livra à celle du
Droit Civil & du Droit Canon , &
s'y rendit habile. Il fe fit enfuit e rece-
voir Avocat au Parlement de Paris,
& exerça la charge de Procureur
Fifcal de l'Abbaye de S. Germain des
Prés. En 1664. wrfqu'il fit imprimer
fes Poefies , on lui donnait encore le
titre à' Avocat, amfi qu'il paroît p$r
le privilège du Roi daté du 26 Août
delà même année ; ily ayfcit.cepeiV'
*cfcartt déjà quelque teins qu ? il avoit
-quitté cette profèflibn pour emfcwraffeîr
*éàit Eccléfiaftrque. Le GaUia Chrif-
èidnate Ait Abbé de Chalivoy, Ordrfc
-deCîteaux , au Diocèfe de Bourges,
dès 1 66 3 . On lui donne auffi le Prieu-
ré de Chuines > & d'autres y ajoutent
celui de S. Dedys de ; la ; Chartre à
Paris , ce que je rie trouvé point Mar-
qué t da n$ le .npu veau Gfdlia Chnf-
tiana.
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Françoise. 157
C*étoit un homme d'efprit & de — -— t
Soût , d'un génie vif, aifé , Fécond. Antoini
1 : l'Abbé de Loménie de Brienne lui Fu ™ El *
reproche d'avoir été trop intéreffé ; Mém/mt
& il ajoute' que fes Couches de VAca- <** m. de
démie pou voient le mettre en parallèle B enne '
avec le Taffbne , dont il avoit , dit-il ,
tout le cara&ere & le génie. Furetiere
S acquit de la réputation par les ou- a e la Répu*.
vrages de Littérature en profe & en ^ettr. t.
Vers. On eftime encore fa Nouvelle * ' art ' é *
allégorique , 0# Hijioire des derniers
troubles arrivés au Royaume d'Eloquen-
ce , écrit ingénieux , dont on a cinq
Ou fix éditions , & l'un des phis pro-
pres , au jugement de Jacques Ber-
nard 9 à délaffer les gens de Lettres
des études férieufes qui font ordinai-
rement le fujet de leùrs occupations.
Son Roman Bourgeoise eu aufli beau-
coup de vogue ; mais on ne le lit
plus , parce que fon principal mérite
confifte en quelques traits fatyriques
Compris dans des allufions à des faits,
connus dans le tems. Il ne feroit in- Not. de s. 1
telligible aujourd'hui qu'à l'aide d'un p#
Commentaire , qui ne rendroit pas 48 , 49. '
le livre mieux écrit , ni plus digne
d'être lû.
Furetiere tient fa plus grande re*
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Iç8 BlBLlOTtfEQUE
nommée de fon DiSiontiaire, & de
Antoine ce qu'il écrivit à l'occafion de fes dé-
mêlés au fujetdecet ouvrage avec
***** une partie des membres de 1 Acadé-
mie Ffançoife, où lui-même a voit été
reçu le 1 5 Mai 1661 , & dont il fut
exclu , par une délibération de cette
W>i5oc Fr. Compagnie le 12 Janvier 1685- J'ai
npuv. édiJ* parlé ailleurs de F origine & des fui-
i fui* 1 *' tes de cette conteftation , auffi bien
que des ouvrages qu'elle a fait naî-
tre , & en particulier des Faûums de
Furetiere > que Ton a tant vantés , &
qui en général, ne font bien écrit*
que dans quelques endroits de mé-
chanceté , pleins du feu de la colère
qui Panimoit contre fes confrères de
KAcadémie. J 'ai feidement oublié un
Dialogue de M. D. ( Defpréaux) de.
? Académie Farnçoife, & de M. L. M.
C Le Miniftre ) Avocat en Pnvlewnfi
tait durant le cours de la même dé-
pute. M. Charpentier s'en donne
Ctrpcnt. pour Auteur dans le Caffent^riana ;
*: <**' ce n*eft cependant qu'un UteUe p^ifl
d'injures groffieres, & d'aceufation*
qui paroiffent calomnieufes , & dont
k ftyle d'ailleurs eft déteftable- Il ne
falloit pas deshonorer M: Defpréaux
au point de le faire un des interloçu-
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I
Françoise. 259
*:«rrs de ce miférable Dialogue.
Furetiere dans les écrits qu'il mit Antoine
au jour contre le Corps dont il avoit Fu
«té membre , répandit plulieurs vers
du même goût que fa profé ; & ce ne
font pas les feuls qu'il ait compofés.
Dè? 16*5 , il donna un Recueil de A*«t. a«
ies Poënes r qui fut réimprimé en ^Hcf"*.
. 1664 , & qçii ne contient que des piè-
ces qu'il avoit faites , dit-il, pour la
plupart, au fortir du Collège , & qu'il
11'auroit pas penfé , fi on l'en croit ^
à rendre publiques ,. fi Ton n'avok
fait de plulieurs des éditions fiirtives
& remplies de fautes. Ce Recueil
Comprend cinq Satyres , affez peu
intéreflantes en elles-mêmes , & lâ-
çfeement verfifiécs. La première con-
tre les vices des Marchands , eff
adf effée à l'Abbé de Marolles ; la \
& la 3. ftit les défauts des Procu*
reurs , le font , Tune à M. Pelliffon-,
l'autre à l'Abbé de Maucroix ; la a.
contre un Médecin Pédant , eft à M.
Conrart , & la 5. fur les Poètes , à
l'Abbé Ménage. Le Poëte n*y attaqué
perfonne en particulier , au moins il
le protefte ; & il ajoute que fes lec-
teurs y ont trouvé fi peu de person-
nalités, qu'un Marchand de Paris ,
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Ifo BiBtIOTflE'QUÊ
prit la Satyre des Marchands pour ufïe
^oiwinjlruSion faite à dejftin par quelque
^T%^^ ile t homme d ^ le Commerce , qui
vouloit tnfeignerà bien vendre 9 & qu efi
conftquence il la fit apprendre par cœur
ifes apprenti/s : il falloit que ce Mar-
chand fût d'une grande fimpKcité.
Ces Satyres font fuivies de Stan-
ces , d'Epigrammes, de Madrigaux,
d'Epitaphes, d'Enigmes , de 3 Ep£-
tres y & Je deux Élégies. Prefque
joutes ces Poëfias rie j>réfêntent que
des foupirs ou des dépits amoureux,
fi l'on en excepte les Enigmes & les
Epitaphes ; celles-ci ne iont que fa-
tyriques. La 3.EpîtreàM. Cafandrcy
eft au£i une Satyre contre ceux qui
veulent juger delpotiquement des ou-
vrages d'autrui , & qui font lin nïati-
vais accueil aux Auteurs qui n'ort
Îoint les richeffes en partage, M.
. >efpréaux, quoiqu'ami de Furetiere,
.eftimoit peu fes Epigrammes ; il
Jblâmoit fur -tout celle-ci, que le
Poëte a voit faite & refaite , dit-on , à
30 diverfes reprifes :
PoèTies de Paul vcnd fa mai<on dc clou »
Furet, in-iu ^ maints Créanciers engagée ;
page 1 17. On dit partout qu'il en eft fou ;
Je le croi > car il l'a mangée»
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(
Françoise, 161
Et la cenfure de M. Defpréauxétoit z~ * _i
jufte. La vieille Cour étoit fort pour Antoine
ces jeux de mots ; mais depuis que-^mm,
Benferade eut eu du deflbus , les poin- l6U *
tes & les àlluiions furent envelop-
pées dans fa difgrace. Si la Satyre qui Fureter. p t
efl dans le Fureteriana eft du même l * 6 *
comme je le foupçorine r jela préfé-
rerais atuè cinq dont je viens de par-
ler. Le fujet eft contre les vaines occu-
pations des hommes , & j'y trouve plus
de fel , plus de penfées , plus de ver.
fification. C'eft une des meilleures
pièces de ce Recueil , qui annonce
des bons mots , des remarques d'Hif-
toire, de critique, de morale, de
plaifantçrie , d'érudition , & qui
n'offre prefque rien «qui foit digne
d'un homme d'efprit & fçavant, tel
qu 'étoit ftiretiere.
Le voyage de Mercure , Satyre du
même en cinq livres , efl: encore une
cenfure de diverfes conditions , & en
particulier de la charlatanerie de
ceux qui profeffent les Lettres , les
Sciences & les beaux Arts ; mais elle
eft trop longue ; c'eft un babillage
fans fin , qui n'apprend rien de nou-
veau , & qui n'a pas toujours pour
guide la jufteffe du raifonnement.
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*Ô2 B 1 B I I O T N H E Q (J E
gg ggB On s'ennuie moins à lire les 50 Far
Antoine frfa mora ks & nouvelles du même Au*
FuRETiERE. t/Cur ^ ^ ont une avoit été hte
***** dans les affemi&ée* de l'Académie
Fraiiçoife. H eft vrai quelles ïoh*
pefacimeiit écrites , mais eBes font
çourtes., & tel moralité en eft bonne
& facile à retenir* L'Avis àti Ledeur .
roule fur-tout fur l'utilité des Fables
en géaéral. Furetiere y fait ufr juite
éloge de celtes: dë M. de La Fon&aiïie;
U ^convient qu'il eft fort au-deflbus
de lui ; mpis il fe dédommage de ce
petit trait d'hmiiitité, en relevant les.
£eimfcs>£ur ce qu'elles font toutes de
ibn invention. Ces Fabtes font dé-
diées à François de Harky , Arche-
vêque de Paris. L'Auteur mofcrut à
Paris le 14 Mai r688 , âgé 4e 58 ans,
& fut inhumé à S. £uftache.
1 11 ■ N. Xf A CY.
N. d'Acy.
1 m. Je rapporterai à cette mêtneànhée
les giTvrages <le trois Poètes que je
.rue contenterai prefque d'indiquer,
I^e premier eft de i68Smême. Ceft
une Traduction en *vers à la tente des
Pfmumœ de la Pénitence de Dàvid , &
des Kipm du 3iman€he^ à& Gatttique
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Françoise. i6j
Magnificat^ du Pfeaume Exaudiat, du
C ont au % (kl Laud&e VominuTh ôrHnes N • ^ c Y *
génies , & des Pfeaumes Bencdic ani- 1 " #è *
ma , IMninus illummuio % Dens ulèio-
num^&c Audite /tac omnes gerttes-, avec
dûs Asgumens & des Réflexions
Gj&rétiwfljes ou Méditations for le*
çiêmes Pfe&umes. C'eft un vokufoç
in- ix. imprimé à Pàris chez Bouille-
rot. Dans le Privilège du Roi l'Att»
teur eft nommé JV. EeuyerSiturd'A-
cy , & qualifié dis Confeiller Sécre-
taire du Roi* Son ouvrage eft un
firtrit de fa piété.
LOUIS GAÛVAIN.
LOUIS
. * . i a GaUVAIN.
Les deux autres 9 qui ont le même n as.
but , celui d'édifier , font plus anciens
de quelques années. ïl'un eft une
Verjion nouvelle des Pfeaumes de David
ta* vers 'François y fur les iûr's de tcux de
Clcmtnt Muret & de Théodore de Be^e ,
pàr Louis Gaùvain, Dôfteur en Droit.
C*eft encore xtn in- 12. imprimé à
léna en 1 677. Cette verfion n'a rien
de poétique.
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'1
264 B I SX ÎOÏHEQUE
Ailles de GILLES DE CHAMPAGNE.
Champa-
ONE,
1*88.
J'ai cru en appercevoir davanta-
ge dans les Devoirs du Chrefiitn, ou Us
grâces que le Chrejlien doit rendre & de-
mander à Dieu , auffi en vers Fran-
çois , par M. Gilles de Champagne,
Prêtre. Ce petit Livre , dédié à fon
Âlteffe Madame la Ducheffe de Ver-
neuil, a paru en 1670 , chez Jean
Guignard à Paris. Il contient en par-
ticulier des Paraphrafes du Pfeaume
VIII ,-du Te Deum , du Cantique Bé-
nédicité omnia opéra Domini Domino ,
du Pfeaume 85. &de diverfes priè-
res , entre autres des Litanies des
Saints.
RENE' LE PAYS.
René Le
Pays - Je pafle à Tannée 1690, que mou-
rurent René le Pays, Sieur du Pleffy-
Ville-neuve , & Raimond PoiJJhn. M.
Le Fevre de Saint Marc , dans fes
notes fur les Œuvres de M. Def-
préaux, dit que Le Pays étoit de
Nante. D'autres le font naître dans
la petite ville de Fougerres en Bre-
tagne , au Diocéfe de Rennes. Cefl
le
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Françoise. 185
îè fentiment de M: Titon du Tillet
dans fon Parnajje François , & de M,
Piganiol de la Force dans fa Dtp*
tription de Paris. Peu avantagé des
biens de la fortune , & defirant d'en
acquérir , il vint jeune à Paris , en-
tra dans la Finance, & obtint la
DireÉKon générale^des Gabelles de
Dauphi&é & de Provence. Il avoit Dcfcf | pt# ^
affez bien étudié , & fur-tout fa tan- *ar. t. 3. jh
gue. Il fçavoit la Fable , PHiftoire, 1 Patres de
& les principes généraux de toutes Richciet , u
les feiences. Il avoit l'efprit vif &
agréable , & compofoit avec facilité
en vers & en profe. Il brilloit dans la
coriverfation , & charmoit par fes
bons mots , & par les contes qu'il
faifoit , & qui plaifoient par leur na-
turel^ l'enjouement qu'il fçavoît y
ifrettre. Sincère d'ailleurs , & aimant
l'honneur & fon devoir , il étôit in-
capable de faire la moindre bafTefle
pour s'enrichir* L'Académie d'Arles bimua.
le reçut dans fon fein , & il a corn- M Dauph. p,
pofé la plus grande partie de fes 1 6,0
écrits à Grenoble & à Valence. ■»*> •• '
Ses Amitit{ , Amours , & Amouret-
tes , imprimées l'an 1 664 furent l'ad-
miration des Provinces,& M. Guéret
dans fon Dialogue , intitulé La Pré-
Tome XVUU M
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266 BlBX-îOTH£Qt*E
meaadc dt S. Ckud , p. 1 80. y relé-
René u g^oit entièrement cet ouvrage. Il
mérita cependant alors l'approba^
tion même dé la Capitale. Richelet
dit que les Libraires de Lyon (jui
l'imprimèrent les premier , & <jwy
trouvèrent leur compta , lui dédie*
rent , pour V$f\ remercier *les
vres dç Théophile ; Se le c<ÙQUri&
Jhr ce yi il en avqip IdficitUé. \Z çpetK
dant , ajoute Riçfcelet* Théophile
n'étoit pas fon héros ; c'étolt Voiture,
dqnt il fut appelle h Singe* Les Letr
très* de Le Pays ont en effet quelque
chofe de Pair aifé & naturel du pre-
mier j mais elles n'ont pas tout l'en-,
jouement ni toutç la délicateffe de
Pelprit de cet écrivain. C'eô ce que
M. Defpré^ix infiaua dans 3. w :
tjre , oîi il fait dire par &n Campa*
gnara :
Le Pays » fans mentir , eft «in feouflfon piaffent?
X^s je oc trouve rien de. bcaiLdw» ce Voiture.
t< LeÊaysput cette raillerie çn g*-.
Marc,W ' ble.oîi ît étoit alors , uns lettre ba-
dine fur ce fujet à va dç fes amis qui
étoit à Paris.* On la peut voir dans,
lèç HpmtUts, %jt« qui foitfk fuite
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♦F R A N Ç O I SE/ l6f
du premier volume. Il fit plus : 4tant ^p^"7ffi
fyi-meme M Paris ^ il alla voir M. Rens^ ju*
ïWprêaux; fe ïb^^ i
<œraâei*é»}<^ M; ©s^éâu* ffc* x **°*
d'abord effifoarraflfé de fa vïûte d'un
homme qu'il avait mis en droit de fe
plaindre ; mais il dit pour toute ex-
cœft' à M. Le Pays j j qu^it fcè 4*aVtftè
nommé dans £a &àtfr& K tfttè parce'
cpaiït a voit vû de$>gett$ ifto-W *ppefê- {
roientà Voiture. Le Pays pâffa feéî-,
lement çondaitonâltïbn mt cette ^ré-
férence ^ ils fe ^pt^rëreat j bons
aaBn9£ t*?i:>"> Gif- -i".-:; -^i^i v ï
liNfaKlaiiwf'ii Rûctieffe de Nemèitrs *am. Franç.
<pYàifot<l&*vec^^ ite?' 4 * 6 ' 417-
vrage de Le Pays , ayant demandé à
quelqu'un comment l'Auteur étoit
fait , iàè l 9*tyà ^ ™i" fût informé de
cette curiofité y 'raréfiât % cètféDame .
un écrit mêlé &^k>fç cfe vers
d\m ftyfç enptfç % intitulé Potmiêde
£ Auteur 4 Wiitm , Atnoom * & A-
m<wm& * & «et. écrit fut très-bien
réç&^L'^titeu*4ft donna de fuite plu-
lieurs autres ; mais fa Zêfotyde , H.if-
toire galante , n'ayant pas été goû-
tée * ilr^m^t^ r plus rat^ent en
publLc* La Lettre qu'il envoya à M.
Dogue: , Intendant de DaupHiné ,
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t6£ ÎIBLI OT H E Q'tTE
lorfque Ton faifoit la recherche de»
jï^s. B , £ faijx nobtes , pailapour bonne: il y
4****. ; flrtmva.-lâ nobtëflfe #e fa Mufe iflitè
1 âe Voiture , & it y roffeiabla divers*
traits curieux concernant la Génëâ-
- logié des Pof tes confidérés comme
Poètes. Il fot honoiié de l*eflime dû;
ï>uc:d£$s\toi£i qui le iffCafc^afiœ
^ftSi Ma^iqe^i& il/écriykbà cefujeti
imeJLett^if^rt î^ieoSur Ja fin défes>
jours , uade fes aflbciés ayant mal-
Yerfé , Le Pays d&it [attaqué , & Ton
exigea . qy*ilipay£t pour je Piffipa*
teur. Le Pays préfenta à cette qcc*c
. v ; „ fion&n P/acù au Roi £t>kbpxis\mtoir
* fxaltp |es conquête ^IwtJuisXiV^)
il finit ainfi ; : r : <[ ; ^
'■ juftice te veut j TOtre dfetje demande- 1
Ce font des «)B|>« aigries é'un Roi.
j î.fttaCLÛtt l*Empér*ur , prenez'iur Ui Hollande k
. Mais | Sire , au non* de ipfcq ^ Jte j j&encz iSeà '
. , - ^ forma*.; J . : m — -m;;^ , lîr ..:
ne fût pourfuivi & condamné 9 il en
jjréfenta unfeppnd en ccsitefme^; -
Jlet . de vers
.choif. du P.
£<iuh.p..s9x*
Digitized by Google
~ &K JL SfÇ O I S CHg^
- f !.« ) • !■■>. ■ " \> ï'-v ^
- ^ire , je l'aï perdu , ce procès fi terrible Reni hk
Qui peurmVnle ver tout mon bien ; Pays
Hélas! ce Unit n'eft pre-fquerien : j fpo.
Mais ce rien m'étoit tout , & tout perdre eft fenfible. ibid. pat>
jte le perds» , & pourquoi ? Pour m'être a/Tocié *V4«
D'un homme qui moniroit de fagea ap|>arcncet . r f
U a , ce faux prudent , A diflipé vos. finances; j . ,
Pour lui doi>je être châtié? ^
D*un innocent ayez pitié ;
Votre ame à la j uftice en tout tems eft ouverte >
Vous ou moi nous perdrons r confultez, votre cœur>
Qui de nous deux dans un malheur
Peut mieux fupporter une perte ï
Les autres Poëfïes de M. Le ?ays
eonfiftent en Eglogues , Sonnets , E--
Éégî*es , Mîadrigaux Stances & Chan-
fons^à cesPoëfies pleines de galan-
terie „' é|c , d'çnjouçmçnt : fç^î : impri-
mées avec fes Lettres , dont on a au
moins, cinq éditions/ AfcDefpréaiïx
foifoit cependanûplus de cas de fa
profè que de- fes vers. Le Pays eft
mort à Paris le ï 3 Avril/ 1 690 f & fut
♦ inhumé &S. : Euftachè. t
*' RAIMOND POISSON.
Raimond
RzimonA Poijfon , Parifièn>, Au- Poisson
teur & Aâeurdu Théâtre François , 16909
mourut la même année , je ne fçais
M iij>
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170 BllLI OTHEiQiUÊ
. en quel mois • & eut boijr lieu de fé-
twT P ult ? è fflKft ; ieS.«£âi,r ê nf. M. Ti-
I( ^o. ton au Tillet dit que fort père etoit
f*m. Fr. un habile Mathématicien, & qu'ille
*'£ëù : é*. perdit fort jeune, Une Epkre du fils»
aeR.Poiflin. en ver* François » nous inûmit ràc
r^t°!ut l'état d€ fa fortune , & nous infini**
P ag. ji».' & qu'il avok <eu dâttS & fcttiteffe quel-
. . . . _ . * ■ £ ett _e
éreglehiçnt 'trop ord
jeuneîfe ay oit réduit â un état fâ-
cheux , & <jue Poïflon avoit entre-
pris guérit Elte cenuaeece «fcfi :
J«cT*nte ici fes kfcs de ?0Ke<adalefcence,
" t>ix Ce *rouveni mêlés ceux tfe jnon ignorance 5
" ; ' 1 tfcuS roêWm'eh aVtt &1t *ir* #û*s dftm fouir ,
y.: no ♦ • .ô , .U ; - '^ ■ 1
U^cpb*^enfâite4e$ ikitsçia frayeur
: kju'fcut le jeuae Sergaèw que fa <GA*
, duite he fïït conmiede ia tamitte > &
jiCXiftpicnèiilis'aMreffa à ; hii pour te
tirer de cet embttrrts ; puis il conti-
nue en ces termes:
' ferrtes-Jloffc , tans page hî laquais >
Chez mon pere , auprès du Palais , .
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Françoise. 171
Nous entrâmes , moi te premier ,
Pour prendre ta meilleure cfaife » kxiMOND
Croyant vous y mettre à votre aife f POïfcs ON.
Mais nos foins furent niperflus , I
Le teins s'étoit aflis defîus ,
£t comme a tout perdie ii travaille ,
Il en avoit ufé la paille. 4
Ce^èndànt je Vous y faignal ,
JEt je crois que je vous tirai
Dans une petite terrine
Qui tenoit environ chopirte ,
Trois jmlette* defatogVrtgttârtk r
Le Cofi&l fctâtoit pas ptas beau.
J\nfcvois quWt^letonfcJem-e ,
Mais c¥cok 4e mon ordonnance ,
Je tt'e* vt*ift% tktt mbîfft.
Pouttim ptiffees îgttorans foins ,
" ta huit fours l'affaire en fut frite > 4
Je vie votre flmté parfaite ,
£t «om le «fiai -alfa fi fcfeh >
Que Mmfie*r-.k.... n'en vit tien.
Après la mort de fon pere, Poiflbn
S*attacha à M. le Duc de Créqui 9
Chevalier des Ordres du Roi , pre-
mier Gentilhomme de Chambre 9
& Gouverneur de Paris , v qtii voulut
bien l'honorer de fes bontés. Poiffon
en a manqué fa rèconnoiiTance dans
une Epître , qu'il a adreflee à ee mê-
me Seigneur , alors Maréchal de
France * & qui nous apprend encort
quelques circonôances de fa rie*
M ir
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.Br^rrorttEQtt
Après avoir demandé à M. de Creqnï
Raimond le congé du Sieur RochtbeUes , foi*
ÎIIT keau-frere, Cavalier dans le Régi-
ment de M. de Cadrieux ,
Poèï. div. Que la fièvre depuis deux ans t
deR.Poiflbn> ^ . .
Otou du ranf des combatun* *
II ajoute :
On Éiît pour un vieux dbmefHque
Ce qu'on ne feroit pas pour quelqu'autre, je croi|
Ce vieux domeftique 4 c'eii moi ,
Moi qui reçut de vous le nom de BdUroche 9
Dans un lieu d'Orléans, oîi l'on tournoit labrocbe ,
C'étoit un Cabaret que Ton nommoit ► je crois ,
Les trois Maures ou les trois Rois».
Vous étiez encor là , fuivi d'un rien qui vaille ,
Je penfe que c'étoit ou la, Fiante ou Briaille j
Je ne fçais quelle route ils ont eboifi tous deux »
S'ils vont en Paradis ils ferontbienheureux»
Mais je reviens à mon Baptême ,
Lequel fut fait fans eau , fans fel , huile , ni crème $
Le vin d'Efpagne feul fît l'office de tout ,
^ J'en tus mouillé de l'un à l'autre bout ».
Car après j'en bus comme un chantre ;
Bref , je fus baptifé jufques dedans le ventre. .
Enfirite ».il me fouvient encor ^
Que je reçus de vous douze beaux Louis d'or ,
J'en avois bom befoin ; mais pour ce bon office ,
J'en ai préfentement mille à votre fervice *&c.
]Le Poëte dit dans la fuite de cette
Jtpître , qu'il avoir alors fept enfans,
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F tC A N Ç O I SI.
dont l'aîné étoit âgé 18
Le goût que Poiffon prit .pour la« Raxmoni>>
Comédie , futfivif , que fans confi-
dérer les avantages que le £)uc de *
Gr équi auroit pu lui faire , il le quitta
pour aller jouer la Comédie en Pro--
vmee. Ce fut f^ns doute vers i6jp
. ou Tannée fuivante : car $n ,165$ il
étoit Afteur de la Tjou^jde Bour-
gogne ; 8t en i6%6\ çéttç Troupe
ayant été réunie à celle de Guéné-
gaud y il ypaffa avec fes camarades.
Sqn talent fupérieur pp>ir lès rôles
Ççtniiquës^ & principalèi^ient pour
çélui oe d^/Vr, <m^
'adopta, fôutenu d r un efprk kgréablë,
& rempli de faillies , le firent con-
noître de toute la Cour & même de
Louis }j|IVr" qui le remit dans les
bonnes grâces de M« deXréqui y &
lui donna plufievfs marques: de fa-
bonté & de fa libéralité. En '1661
tems auquel le Roi accorda dès pen--
fions aux gens de Lettres de fon
Royaumë , & S quelques étrangers , ,
Poiffon'adrçltâ une Lettrç à Louis*
XIV. qui commence ainfî :
< - f^A ccpx^qpi'fe mitent d'eNmre> " : "
On dit, que vous donnez de quoi , •
-Cependant je m'en mêle , Sîre*,
, Ek vouant -longez p^s à moi.
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POïsVOW, - m d'fetttfcbi ***%ttîr* , v<sus 6m défeaftoyé
De na vtihê trcmWarfte eût e»flé le coifrage ,
Si vous ne m'tufiiez. oublié !
ïî paffe enftiite ati Roi ANnrt ptafio»
: de arifle livret : qtfe 'lui , ? oitftm fei-
"fiflt à la tttte àe Vèiïetôfi, pdtùeàien-
ï& , qui s'étoit f étirée après forait
' de &etlerofe fon mari , & il hti expofe
d'uhe manière plaidante cotabren cet-
te peftfron lui&oit â cHatge,fc ipfeÛe
l'fertgâgeoit , à chaire di^Yttet mTil
payoit , de* fotihàtëï ^tfcflitie
<feïAier,& ajoute î; 5
ptrortatn fi tous Vonfirt ,&*tfn$ fccif r
Rétame* dfc nVfe {toit* m» ï>atfÉKe y
- Qutefa *fe ôuXa mort tue fafci*i8îHérett*e>
tfe n^tt,«)droisj^rte â lettre é» h^u<e>
• Cfellc où j'aipire $»*ele 4*e*»e£
J Vous changeriez mon irifte fort J.
Ôui trifte , je le puis bien tlïre . j
• ' ' t'ar fi je n'é^ére ieli vbjuSf',SiftV ' ' !j
• r ( Jtn%ért«i<iuWla4fibir. / ; . *
le Rpi goûta cette f^ïtre , Raccorda
quatre cens livres de .penfîoii à l'An*
teur,& PoiÉbnlui fit*c remet-ciment;
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f£Àtf<*Oïst. xff
fronarqàe adoré dans la paix 9
Et redoutable dans la guerre», Raimon©
toi «jui te tends par tes beuts faits POJMON.
Àdmiràtie à toute Ta terré , 1 6
toiffr -, qti*o«ifefe jlôttr foï dfe vteirx !
Que fat* *#hte <*>\ ft h etavux t
Grand *di> *6u\ l*(Jfef*tt$ ttidcfre ;
fce Tti#c y îe Sarnfete > te Mener ,
^ Tiennent de Uuit climats p dur te Voir tm moment $
Auprès de toi Céfer , $dpion , Alexandre r
Ne font pasieqrétonmment.
fct moi , Ôrand Roi , j'avoue ingénuement >
XJtûc je Yfc fixais f>àr ôti m*y préAdrfe ,
Pcmr té feireun rtmercimlrtr.
Par *tfe bonté fiirpWnknee •
Ta m\« Éflhwë ^iatré cWis fômfcis it ftrtre ,
/enere remerdrojs priait
fton , gr&Tid R$i ,je ne ptusltre ingrat, à çefoinu
Je jure , &c*eft hazard fi quel^u'ati n'en ntttrnuife %
Mais nétfeflairement t Sire* il feut que je jure i
. Èï que ta tàajeffc*' p*àfie voir en efret , *
Si je fuis Wehîîblë au bien qtïïérté hïafàît ; '
Qûe mi fâi^efoittkïti^^ t
• fit^liSetoto^ >-'■ •
Si jc^hÈtt ijÉrrfàft un fcul$Gur ttJAà t*e y • ' ;
Sans prier pour ta Majefte\
On lit et* mi fuit dans fe Farere- *******
rlana : « Pbifloft étbit bîêh Vèïih par- *
»tout. ^i.Colbprf tuiayoit tenufifj
^eniarit ce.quttui â^oit dorçne
» entrée chez ,ce Minière * à qui iï
V portait quelquefois des vers à là
M vj
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ij6 Bibliothèque
* louange. Un jour qu'il y fut , après-
JUimonû >} y avoir« été plufieurs fois pour tâ-
°iTo N ' » cher d'obtenir un emploi pour le fil-
" »leul , mais jufqu'alors inutilement
#il falua M! Colbert , & lui dît qu'il
» apportait quelques vers qu'il pre-
» noit la liberté de lui préfenter. Le
» Miniftre rebuté de pareilles pièces
» lui coupa la parole , & le pria très-
» fortement de ne lui point lire fes
» vers. Vous n'êtes faits vous autres,,
» dit-il , que pour nous incommoder
» de la fumée de votre encens. Mon-
»feigneur ,,dit Poiffon , je vous affure
» que celui-ci ne vous fera point de
» mal à la tête ; il n'y a rien qui ap-
» proche de la louange. NL De Màu-
« lévrier y & toute là compagnie ,
» impatiens de voir les vers de Poif-
» fon , prièrent M. Colbert de les îui
» laifler lire , ce.qu'il permit à condi-
» tion qu'il n'y auroit point de louan-
» ges. Poiffon commença ainfi
Ce grand Miniftre de la paix r
i » : . y i; Colbert qiie^ fa France révère ? x
. r - Dont4e r nom nerjnoyrça jttnaifi: . .
a'îto^ ybus hé
» me teiiefc pa& parole ; finiflez;jé
» me fouviendrài de vous dans l'oe-
il ~, ' <: b iir . " v
ir IL
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i
F r a n ç o rs e. 277
y> cafion...^ Monfeigneur , répliqua »
y> Poiflbn , je vous jure que voilà tout Raimond
»ce qu'il va de louange* dans cette Poisson*
n pièce. M'importe y ajouta M. Col- **9&
» bert r n*en Êfez pas davantage. La
*> compagnie le pria* néanmoins de fi
» bonne grâce , qu'il permit , cpioi**
» qu'avec aflez de peine , à Poiflbn
>> de continuer. Celui-ci recommenças
» en ces termes;;
Ce grand Miniftre de la paix
Colberc que la France révère ,
Dont le nom ne mourra jamais : '
Eh bien , tenez , c'eft mon compère. •
Eier d'un honneur fr peu commun , *
Eft-on furpris fi je m'étonne»,
Que de deux mille emplois qu'il donne ,
Mon fils n'en puifTe obtenir un.
5L Colbert accorda fur lé çKamp £
Êoiflfbn , pour fon fils , un emploi die
Contrôleur général des Aydes. Ce
Çoete quitta la Comédie à la clôture
du Théâtre,, avant Pâques de Tan—
née 1685 , & mourut , comme je l'ai,
cjit, en 1600. Il avoit eu fept enfans
dont -un teufj Paul Poiflbn , prit le:
parti de la Comédie , fuccéda à fon-
j>ere dans les mêmes rôles qu'il avoit:
jpués jJBc le remplaça avec cefuccè*
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37$ BïBt tOt HËQtfÊ
qui flatte l'amour propre , & qui l'ai*
Pots^oN D tâcha P lu * particulièrement à une
1**0/ profçmûn que le Chri&anifme con-
damne. On a dix Comédies dè Rai-
mond Poiffon , toutes en vers : Lubiriy
OU le Sùï vengé : Le Fvu de qualité : Le
Baron de la craffe : Vapres-fouf i des
jiuberges : Les faux Mofcovites : Le
telle Bàfque: Là Hollande malade:
La Mégère amour eufe : Les Femmes co*
quettes: Les Foux divertijfans. La Co-
médie du bon Soldat a été tirée de
cette pièce. On trouve dans le même
Recueil , & Ïqvls le nom de Podffoa
La Comédie fans titre ; mais elle eft de
Bourfault. A l'égard dés Poëfies di-
verfèS de Ràhntfnd Poiiïm\ il ù 9 y a
que fon Epître au Roi * qui le trouve
avec fon Théâtre 9 dans l'édition de
r6§7, en 1 vol. in- 11. Mais elle*
étaient réuntes dès îfôï â la t§re de
h Comédie intitulée Ln Fbux dîvir-
iiffàns. Celles dont j # ai firit mentiOrf
iy Kfent , avefc d'antres piétés m
Maréthal de Créauy , à MM. de Lou-
trois , Colbert , à £>dma*êts , à te
ïhicheffe dè Richdien, à pîufieutt
Aâenrs & Aûrkes du théâtre Fran-
çois , à MM. Sanfier , Cabouft , Har-
aouin & autres. Toutes ces Poéfies
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F*: ANÇOïi £r 279
dîvetfes ont un air aifé & naturel qui
plaît.
P. S. D.
Je âe fçâft à qtit attribuer xles Sa-
tyres mi parafent k même année
t&$o > ibtts le titre de Satyres 9 ou
' Réflexions fur ks ïrràift jtes hommes 9
ïès 'mïMtM^ii tem. L'Epître dté-
-^càtbire â Ml Bbiteherat , Chaiïce-
iiet de Frartcè > eft fignée J>. D. &
d&tis'te privilège du Roi , l'Auteur
fcft défigfté pa* tes Lettres initiales-
: P. &. S. D. Le Reci^ldbnt ils^t
-fctKitiertt neuf Satyf-é^verîifié^ affiér
^ lâthèÊ^nt » maïs |)Idiiie$ de chdfes
*tiïes & très-fenfécs.
Dans k ï. le Poëtefe récrie eofr-
^tre la fureur qui porte les hpmmes â
~te détruire^es uns les autres ; ce qui
; lui damjelieu dé parier de la guerre
* &4ss iafettmens iHewtri^rs qu'on y
met en ufage : il finit par une çein-
Ivttè <de$ ' dlfordres Çae k Vanité a
fetméuits daftsle monde. Il ftit>n*re
~Aa*&k 1. «que i& pfcts grands ham-
? *fcès:fdttt ïtyets à fe ttomper > & que
J tdprît , pêtf J'fcbus quel^în *m feit r
iTel! que trop foutent k caiife Oit
Focèafioa. (tes n*au& ks plus dange>
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iSo BlBLIOTH E Q V IT
> r eux : Télogc de Louis XIV. terminer
P. D. s. D, cette i. Satyre. La 3. attaque l'ava-
it jo*- rice & les effets pernicieux que l'â-
mour de l'argent produit dans toutes
les conditions. La 4. efi tin portrait
des égaremens de la j£uneffe : , & d«s
incommodités de la vieilleffe, & le
Poëte y prouve cette, vérité 9 . Que
le fage aufïi bien que celui qui a Pef-
prit foible eft fouvent l'efclave des
événement Dans la 5. qui eft: fur la
manière de fe rendre illuftre;par fes
ouvrages , le Poëte donne des avis
très-utiles;, connus y j'en cpnviens T ,
de tout écrivain fenfé y mais commu-
nément fort peu pratiqués. Il y parle
du Sieur P entier, Auteur du Cabinet'
des Grands ^ Evre peu eûimé :
-XJue d'Auteurs ûn^ rsifoxH Que de plume* J^ë*
* riles ! ; f
t'Âmour propre pént tout ett^efjBcHëtnr mener;
Et dam-feu Cabînâ on voit toujours Ponùm^
La 6. S&tyre concerne, les procès
& le malheur de ceux qiji plaidât.
Ge q^l'AnonypîPdit c,omrel^cor-
niptfc>/> des; Jt*gç$ r &r ïfe trjt>p:>gra^d
npmbre de Loiiç & de Coutumes , n-a
rien d'outté. Il prouve dans la 7. que
Iihomme n'eft point , à proprement r
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F & a n ç Oise. i£r
parler , heureux dans quelque con-
dition qu'il puifle être , & que , pour p - D - s * D *
l'ordinaire , on l'efi encore moms à 1 * Cé
la Cour que partout ailleurs
Que l'en foit habitant de Parii ou de Rome ,
Hr bien plus d'un endroit on fem que Ton efk
homme :
tes charges, les Grandeurs n'allongent painoa
jours ;
Ces chofes trop fouvem en arrêtent le cours.
Il dit de lui-même /en fîniflant > qu'il
ne fe fentoit p;
ouvrages , ni
ne fe fentoit pas propre à de grands
ai à écrire ThiÔoire.
Moi qui ne fuis point ne^pour ces projets fameux »
J'évite ces deifeins comme trop dangereux*
Si j'ofe quelquefois errer fur le Parnaflc ,
C'efl qu'au facré Vallon mon c(pri* &. délaflê :
De là vie « en un mot , je calme un peu l'ennui ,
Riant également de moi-même & d'autrui»
.C'efl dans la 8* Satyre qu'il attaque
les Nouvcllijles de profeflion 9 gens
prefque toujours fort oififs , très-iou-
vent fort ennuyeiix , & qui parlent
d'un ton décifif de ce qu'ils lçavent
communément le moins. Le Poëte
tes peint aflez bien , & montre le
danger cju'il y a en bien des occa-
sions, à répandre & à débiter des non-
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velles. H ne réprouve pas une loua*
d. s. D. ble curiofité , il ne veut pas qu'on
foit infenfible k ce qui fe paffe d'im-
portant dans le monde ; mais il Mi-
me l'inquiétude & le defir trop ardent
de vouloir tout fçavoir , tout péné-
trer. La 7. & dernière Satyre eft fur
la différence de ce fiécle (le 17. >
d'avec les précédens , & fur les de-
fordrfcs que le poifbn caufoiî d« fon
tems dan* lafociëté civile. Il y cen-
fure Fignorance, & fait voir lès avan-
tages de f étude.
SB S N. COURTIN.
N. Cour-
TI iV o Courtm attaqua auffi les erreurs
9 * des hommes-^ non par les traits delà
Satyre , mais en leur «oppofant quel-
ques exemples éclatant de grands
perfonnages qui en avoient fçu triom-
pher , & les dogmes comme les ma-
ximes de la Religion les plus capa-
bles de ramener à la vérité ceux qui
s'égarent , 011 de les prémunir connt
la féduâion. Ce ne fut pas cepen-
dant par-là qcTù commença fa carriè-
re poétique. Charmé des hauts faits
de Charlemagne , iï conçut le deifem
"de chanter U réiaMitfemint de f£m-
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F 'A ik 'W Ç te I s 6. if ?
Rmain , quittait coftté tant de
feins & de fatigues à ce Prince; &
foft* âvôir aflefc foefuré (es forces
avec fon etttreprife , il donna en 1 666
un Poëme héroïque en fix chants ; où
Ton voit trop peu de rritïmit y & trôp
' défiais : & de nierveimmx dénué
dç vr aifèthbîànc^.
Lauis te Laboureur âvàttriéja don-
Aé un PoëYftt de Charieittegne , mais
dont l'objet étoit dictent, ïl y trai-
tait te réfaWifftftient <dti Pape. M.
GôwtiYi ttédfcre qu'il n'én à voit inr
*«ne tofcftoiffance loriqu'il compofa
kfien; ii Ta voit fait dans une foïitude
"Où ï! n'entendoît xfyit rarement parler
dte te qm fe paffe dans la République
dfcfr 1 ïiettres.' Rentré apparemment
àârts fé-cottimè^ce ordinaire, de la
Vie, il c^iébVa *n 1^74 latfouvetlc
Cànqtcëtt de Ax Frânàie-Comtê. Ce le-
tond. Poème eft en quatre chants ,
fcî&éfc 4e quelques fiâioris & de plù-
fiejirs àlltewies qui paroiffent affôz
Jt^es. Le roete a fçu trouver le fe-
cret d'y rappeller une partie des deux
Campagnes qui avoient précédé la
conquête de la Franche-Comté. Il y
nomme les principaux combattans r
& il tend à chacun la juftice qui lui
TIN.
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1$4 BlfiLIO Tfl/E Q V *
étoit due. Ce Poème languit trçfT
cependant,, & le détail des aéUons
n'cft pas affez animée Le zélé avoit
fait prendre la phime à l'Auteur ;
mais les Mufes ne Font pas fuffifam-
ment fécondé. • j:
Il ne fit plus fur la #n de fes jour*
que des Poëfies Chrétiennes , qufif
réunit & publia en 1687. Ce Recueil
contient encore un Poëme héroïque
4e Charlemagne en cinq livres , mais
de Charlemagne pénitent. Le Poëte £t
qu'il avoit préféré de faire connoîtrtU
pénitence qui a fait faint et grand Mfh
narque , que de continuer à chanter Ut
hauts faits d'armes qui Vont fait Empe-
reur des Romains. H convient que 1911
ouvrage eiid'une invention auffi
guliere , que lé fuj et en eH nouveau ;
que les attions de piété y les humilia*
tions , les auftérités ,Jes affligions,,
les larmes , les foupirs ^qu'ilexpofç,
qu'il décrit % qu'iltâche de. peindre ,
. ne feront peut-être pas au goût de
ceux qui ne veulent dans les poëmfs
ue des portraits de grandeur , que
es idées magnifiques , que des aven-
tures extraordinaires , des faits d'ar-
mes merveilleux 9 des palîions écla-
tantes i.mais il fe flatte , & il iqefem^
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Tranço i si. 285
ble qu'il eft un peu fondé , que l'on
trouvera que les principales règles N - Co^&-
de Part ne laiffent pas que d'y être T1N -
e*a£teàiënt obfervees , que lés inci- 1 9 °* •
dens n'y font pas tout-â-fait dénués
de beauté & d'agrément , que les épi-
fcdek y font affçzfuftés & affez bien
imaginées , que les défcriptio^s n'en
fôikt pas défagréabtes. Je vôudrois
que la vérité dé l'hiftôire y fût aufli
exaôemènt obfervée ; mais il m'a
paru que le -Poète mettait beaucoup
plu» d 'é&ïonéâe faintetp fur le comp-
te ide ChàHemagn'e que l'hiftoire n'en
rê£ônnoît. J II lé f loué, auffi fur fon .
aftiour -pour les fdîences & pour les
fçtfVans-, & fur cela il ne dit rien de
trop. Voici le portrait qu'il y fait :
èUjilàân <lans ] le j. Livré. f ;
C'eft ti fagé^JoeTeur qui de toute la France
Chaflà y' comme un Soleil , la nuit de l'igno-
rance i '
„ Et quiiit refleurir an Royaume des Lys ,
.Depuis un teins fi long les Arts enfevetis.
C'eft lui qui fur les bords de îa fameufe Seine ,
Jetta k£ vtpndemens d'une nouvelle Atheine »
JEt dans l'ample pourprjs d'une immenfe Cité,
Qui fait de tout f Etat la iforce & la beauté ,
- Recueillit fur un Mont les Itoufes difperfées,
Alors de toutes parts errant** & chaiTées j
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iS6 Bibliothèque
■ Et ce im\â Empereur approuvai^ fcn «leftin ,
N. Cour- * Lc $ ^ & Çou* » & Uwç. twrit fan fcin.
tjn. r
A **°* Si le Poëtê â vqulu jiaHçr sa crt^,
droit , comme il parpït , de la forma-
tion de rUniveruté de Paris *jl s an-
ticipé les tetns ^c^te fenœufet é«oJe
eftpoftérieure à Chaule jnagB«v
Les autres Foefies de çe Recweit,
fpnt fur /b qiiatftjinf ck tkotoip* > I*
Mort % le Jugemçnt dernier * 1? Para-
dis & PEnfçr > Se ta àmt du premier
homme. Ce dernier PQëlOfc<ç&f 1* ë«*
chants ; dans lç u M* Cpurtia parte,
de la création dç fhonaiw dans l'strt
d*innocençe \ de ianbonh^mj, <te la
liberté que Dieu lui donna, d$ man-
ger de tpus les fruits du Paradis tçi>
, reftre Perception dfufl feui i. de
l'envie que lèï)emoh conçut de cette
félicité, & des moyens qu^j?j£t pQur
en dépouiller Acfam & jfcye. Ine-
xécution de ces moyens , la chute de
nos premiers pères, , & fes fuites , &-
neftes, à tmte tearfoàémé , font le
fujet du fécond charifc '
Il paroït par ces vers Au Pàime for
la mm , que 1* Auteur étoit alors daîfis
un âge avancé , piufqu'ÎI. dit ça le
commençant ; \ _ _ .
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F R A N Ç O I S E A *87
^ Comme, un Cygne mourant aux rives du Méandre,
Annonce fon trépas d'uncbaot lugubre & tendre :
Ainfî près du fépulçhre , & déjà fur le bqrd
Des ténÀreufcs eaux oh préfide ht mort ,
* charte le* rigueur de la Targue inhumaine
18* letfttaie* k*x de fim ample domawe , fcç.
M* Couurtia 3, dédié çe recueil k Da r
ujd *Lmunt ; & dan$ l'approbation
d« I>o£çur$en Théologie , mû çû
4u 16 Août 1683 » il e# analifiq a»'
ci^r Profijfiur en Humanités de CUni-
vtrjiti 4* Paris : c'eft tout ce que j'ai
pu Wrçpdçe à fçm fyjet ; j'ignore de
CQr^bÎQp 4$ tsms il a furvécu ï Vinx-
preflicajx 4e. çes Poë&çs chrétiennes. .
ISJAÇ PENSERADE. .
- I$AAC DE
l On n*a pas le même doute fur le Bensïra-
t^msde la mort dîfeaç de Benferade, DE -
ÇonfeïUer d'Etat , reçu à l'Académie: u * u
Françoifç le 17 Mai 1674; cette mort
arriva à Paris le. 1 9 Oftobre 1 ^ 9 u II Difc de
etoit né en 10 1 1 à Lyons-la^forêt, pe- !^ bé Tal -
«tç vjHe de la haute Normandie % 8c, chum i a vie
ibrtoitcTune famille engagée dans les tude***'*
erreurs dit 'Calvinifme. On dit que
*Qn pere étoit Maître des Eaux &
Forêts. Il y a lieu de croire que celui-
ci rçatxa dans l'Eglifç Catholique f
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188 Bibliothèque
— puifqu'il permit que fon fils reçut la
Is*àc de Confirmation! l'âge de 7 à 8 ans.
Bensera- Ce fo t Puget , Evêque de Dar-
PE *f*x. danie , depuis de Marfeille, qui lai
adminiftra ce Sacrement , & Ton rap-
porte que ce Prélat voulant l'engager
a prendre un autre nom que celui
d'Ifaac, l'enfant lui répondit qu'il le
YOuloit bien t pourvu qu'on lui donnât
du retour; ce qui fit augurer , ajoute-
t-on , qu'il fçauroit un jour défendre
fon bien : cependant on dit que fon
pere lui ayant laiffé une fucceflion
fort embrouillée f il aima mieux,
<jue plaider.
On a prétendu que fes ancêtres
avoientété illuftres par leur noblefle.
Si nous encroyons l'Auteur du Mer-
cure galant ( O&obre 1 69 1 ) il étoït
ïffu de Paul de Benferade , Seigneur
de Chépy , Chambellan du Roi Louis
XII , Grand Maître & Capitaine gé-
néral de fon Artillerie , Gouverneur
du Château de Milan , comme il eft ,
dit-il , juftifié par les Lettres de natu-
ralité à lui accordées , & à fon fils
Louis de Benferade en 1 504. Il avoit,
ajoute-t-on, des alliances dans la
xnaifon de la Porte & dans celle de
(lie Normand , abandonner tout
Vignacoiut,
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Françoise. 289
Vignacourt, étant petit - neveu d'un !
Grand-Maître de Malte de ce nom / IsAA c
& coufiniffu de germain de celui qui BlNSE **-
règne préfentement. Mais ce langage ' x 6 u
eft bien différent de celui de Ménage ,
qui prétend avoir entendu dire que
Benferade étoit fils d'un Procureur
de Gifors ; & d'un autre écrivain plus
moderne , qui dit, que ni fa famille ,
ni peut-être fon véritable nom , n'ont
jamais été bien connus, « Je ne m'ar-
rêterai point , dit à cette occafion Hiftoire.
» M. l'Abbé d'Olivet , à difcuter ce ï A " d p ; f 6 r ;.
» qui eft de la noblefle de Benferade.
» S'il a voit laifle des enfans, ce feroit
» leurs affaires ; mais il n'a Uiffé que . . , {
» des Poëfies, & à cet égard peu im-
» porte qu'il defcendît ou non des
» anciens Seigneurs de Malines , &
» que du côté maternel il tînt à la
» maifon de 4a Porte , & à celle ds
»Vignacourt ». Ce qu'il y a de
vrai , c'eft qu'étant venu jeune à la
Cour , il s'y donna pour parent du
Cardinal de Richelieu , & que ce
Miniftre & le Duc de B/ézé , le re-
gardèrent comme appartenant à leur
famille. Le Cardinal lui confeilla de
fe livrer à des études férieufes , &
d'emb rafler l'état Eccléfiaftique , afin
TomtXrilI. N
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îço Bibliothèque
de lui procurer des bénéfices. Mais le
I s a. a c Théâtre , dit M. d'Olivet , eut pour
de Bense- i u - pj us ^'attraits que la Sorbonne;
RA ^ r- une Aftrice , la Bellerofe , lui tourna
' la tête * & il s'amufa dès-lors à faire
des vers galans , & même des Comé-
dies & Tragédies. On a de lui dans
ce genre , Cléopatre , & La mort d'A-
chille & la difpute de fes armes , Tra-
gédies, dont la i. eft de 1635. & * a
%. de 1636 ; Iphis & Idnte , Comédie,
& Gujiave , ou Vheureufe Ambition ,
Tragi - Comédie , Tune encore de
1636 & l'autre de 1637. Méléagre,
Tragédie , qui eft de 1640. Paul
p Boyer , dans fa Bibliothèque univer-
p. 116. /elle , y ajoute La Pucelle d'Orléans ,
Tragédie , qui eft de 1641 ; mais Sa-
muel Chapuzeau , dans fon Théâtre
François , donne cette pièce à M, de
la Mefnardiere , & ilpouvoit en être
mieux inftruit que Boyer. Ces pièces
Dramatiques firent peu d'honneur à
Benferade , qui n'avoit pas pour ce
genre d'écrire les talens qu'il falloit,
& perfonne n'a foufcrit aux éloges
que Mayret a donnés à fa Cléopatre.
On peut confulter fur cela les tomes
V. & VI. de YHijloire du Théâtre Fran-
çois.
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i
Françoise. 191
Quoique le Cardinal de Richelieu «—
ne goûtât point le parti que Benfe» l8AAfi
rade avoit pris , il ne laiffa pas de lui £^ ENS1 ~
accorder une penfion de fix cens li- A x ^ x .
vres , & après la mort du Cardinal ,
événement qui lui fît perdre fa pen-
fion, il s'attacha au Duc de Brezé, qui
commandoit une Armée navale. Mais
à la féconde Campagne qu'il fit fous
lui , le Duc ayant été tué , Benferade,
qui n'avoit encore aucun grade dans
la Marine , fe réfugia à la Cour , oh
il étoit déjà très-connu en qualité de
bel efprit. La Reine Mere lui affûra
une penfion de mille écus ; & Ton
crpit qu'il aurpit eu auffi la protec-
tion de Madame la DuchefTe d'Ai-
guillon , fans ces quatre vers qu'il fit
après la mort du Cardinal , §c dont
cette Dame fe trouva offenfée ;
Cy gift : ouy gift par la mort-bieu
te Cardinal de Richelieu ;
Ec ce qui caufe mon ennui »
Ma penfion àvecque lui.
Il fut fecouru par d'autres Dames ri-
ches & libérales , dit l'Abbé Talle-
mant ; & dans la fuite , il obtint juf-
2u'à fept mille livres de penfion fur
es bénéfices % dont M. le" Cardinal
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■ îgi Bibliothèque
—y— Mazarin lui en donna deux en mou-
I s a a c ran t f ur l'Evêché de Mende auqiiel
Ide^"" avo ^ **** nommer Hyacinthe Ser-
ié$t. TOn *9 depuis Archevêque d'Albi. Il
a voit une autre penfion de deux mille
livres fur l'Abbaye de Hautvilliers ,
& une rente de 500 écus fur la Mai-
fon de ville de Lyon.
Ses Poëfies galantes , ou fur d'au-
tres fujets , & fes bons mots le mi-
rent fort à la mode. Durant plus de
20 ans il fiit prefque le feul chargé de
compofer les vers des Ballets qui fai-
foient alors un des principaux diver-
»■ tiffemens de la Cour. Il y prit un
tour nouveau & hardi , ce fut de dé-
couvrir dans les peintures fines &
délicates qu'il faifoit des Dieux &
des JDéeffes , le caraôere , l'inclina-
tion , & même les aventures des per-
fonnesde la Cour, qui repréfentoient
des rôles dans ces fpe&acles. Il fen-
toit fur cela fon talent , il en étoit
jaloux , & vouloit qu'on connût fa
fupériorité. M. le Préfident de Peri-
gny , qui étoit alors Lefteur du Roi ,
ayant fait 'en 1664 le defTein & les
vers du Ballet intitulé les Amours dè-
Çiiifès j & ce Ballet n'ayant pas eu le
fuccès de ceux de Benferade, celui-?
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à
Françoise. 195
ci en triompha , & le témoigna par
ces 4 vers qu'il fit fur le champ : l » a.a 9
DE B£NSE-
Ami Lecteur , ou Préfident ; n'importe : RADE.
La Mafcarade eft belle , & vous Tentcndez bien ;
Vos Amours dêguifts Je font de telle forte ,
Que le Diable n'y connoit rien.
M. de Perigny répliqua par ces vers :
Méchant pîaifant , ou Poète ; n'importe :
La Mafcarade eft belle , & là Cour l'entend bien >
Mais pour les gens de votre forte
On eft ravi qu'ils n'y connoiflent rien.
Mais ce commencement de querelle
n'alla pas plus loin. Celle que Benfe-
rade s'attira avec Molière ne fut pas
de plus longue durée. Il avoit plai-
fanté fur un endroit d'un Ballet que
le dernier avoit fait. Molière ne s'en
vengea qu'en faifant des vers pour
le Roi , repréfentant Neptune & le
Sçjeil , d'un ftyle fort refTemblant à
celai de Benferade , un peu outré ,
à la vérité , par les jeux de mots ; &
ces vers furent vus de toute la Cour f
& la réjouirent.
La pièce que Benferade lut en 1684
dans une afTemblée de l'Académie
Françoife , le jour de la réception de
N iij
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294 Bibliothèque
Thomas Corneille , fut prife plus fé-
I s a a c rieufement. Il faifoit dans cette pièce
e Behse- j e p or t ra }t en raccourci des 40 Àca-
IDE* ■•/»•• • • • * t
demicxens qm vi voient alors , par
rapport à leurs perfonnes , à leurs
talens , à leurs avantures , & à leur
fortune. Il y parloit avec liberté de
chacun d'eux , mais avec ce tour fin
& inimitable que Ton a loué dans
beaucoup d'autres de fes poëfies.
Celle-ci mortifia plufieurs de les Con-
frères ; & quoique très-applaudie par
d'autres ; & peut-être même par plu-
fieurs de ceux qui en entendirent la
lefture , l'Auteur crut devoir la fup-
primer , & elle n'a jamais vû le jour,
quoique le Pere Le Long , dans fa
Bibliothèque des Hiftoriens de France %
en parle comme d'une pièce impri-
mée.
Benferaderéuffiffoîtdans les chan-
fons ; & la plûpart des airs tendres
du célèbre Lambert font compofés
fur fes paroles, C'eft à caufesde fes
vers chantans , qui , avec ceux qu'il
a compofés pour les Ballets , ont fait
fa plus grande réputation , que M.
Defpréaux dit en parlant de Louis
XIV , dans le quatrième chant de fon
Art Poétique ,
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Françoise, 195
Que de fon nom chanté par ia bouche des Belles , — —
Benferade en tous lieux amufe les ruelles. 1 s A A c
de Bense-
En effet les Dames les plus aimables rade.
& les plus fpirituelles,foit de la Cour, 16 9 u
foit de Paris , fe faifoient un plaifir
de l'attirer, chez elles , & réçitoient
volontiers de fes vers. Chriftine Rei-
ne de Suéde charmée pareillement
de fes ouvrages , voulut l'attirer à
Stockolm , & la Cour de Fiance fut
furie point de lui donner l'emploi de
Réfident , & même d'Ambaffadeur
en cette Cour. Mais cela n'ayant pas
eu lieu , un plaifant , dit l'Abbé Tal-
lemant , data ainfi une de fes Ga-
zettes :
L'an que le Sieur de Benferade
X'alla point à fon Ambafiade.
* En général cependant , le fhrle de N s ot '^'
» & la vérification de Benferade font f ur Defpr^t.
h plutôt faciles qu'aifés , dit un Cri- 4 -P* x6 s»
» tique moderne. Ils ont l'air du na-.
» turel ; mais on y trouve fouvent du
»plat & du Ianguiflant. On ne peut
» nier qu'il n'eût beaucoup d'efprit ;
«mais qu'on ôte de fes pièces les
»plus eftimées,les allufions forcées,
aies équiyoques % les pointes, les
Niv
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296 Bibliothèque
g »> quolibets , que lui reftera-t-il qui
I s a a c H réponde à ion ancienne réputa-
D ^ NSE " » tion ? » J'ai parcouru fes Epîtres ,
j 6 p U fes Sonnets , fes Stances , fes Elégies ,
fes Madrigaux , fon Ppëme fur le Ma-
riage du Roi , fes vers des 24 Ballets ,
& il m'a paru que le jugement que je
viens de rapporter n'avoit rien d'ou-
tré. Une de fes meilleures pièces eû
celle que le Pere Bouhours a inférée
dans fon Recueil de vers choijis. Je parle
de la Plainte du Cheval Pégafe aux che-
vaux de la pethe Ecurie , qui le vouloïent
déloger de fon galetas des Thuilleries*
C'eft que Benferade avoit un loge-
ment au Pavillon de ce Château , &
qu'on avoit été obligé de le lui ôter*
pour le donner à un Ecuy er lorfqu'on
y plaça la petite Ecurie. La Plainte
qu'il compofa eft d'une badinerie fine
& délicate , & l'éloge du Roi y eft
très-bien afnené. Benferade n'étoit
propre qu'à ces ingétiieufes bagatel-
les ; quand il en fortoit , il fortoit de
fon caraftere. Les grands fujets lui
convenoient peu , encore moins les
fujets de piété.
Sçaurions-nous , dit M. l'Abbé
d'Olivet , qu'il eût paraphrafé en
vers quelques chapitres de Job , fans
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I S A A C
DE BENSI-
RADE.
Françoise. 197
un Sonnet dont il accompagna cette
paraphrafe en l'envoyant à une Da-
me? Il y a eu cependant au moins
deux éditions de cette paraphrafe , "^i.
l'une en 1638, & l'autre en 1 647 , &
peut-être y en a-t-il eu une troifiéme
vers 165 1 , puifque la difpute née à
Foccafion du Sonnet en queftion ne
commença que ladite année. On en
trouve Thiftoire dans les Mémoires de 1# Ari'ix!*"
Littérature de M. de Sallengre. On y
lit que le Sonnet de Benferade fiit gé-
néralement approuvé , mais que les
ennemis qu'il s étoit fait par fa liber-
té de parler, prétendirent que ce Son-
net n'approchoit pas de celui que
Voiture avoit compofé pour une Da-
me nommée Uranie, Ce différend
partagea toute la Cour >&l tous les
beaux efprits de ce tems-là , & Ton
nomma Jobtlins les partifans de Ben-
ferade , & Ufanins ceux qui le dépla-
roient pour Voiture. Il falloit nécef-
fairement prendre parti pour Fini ou
pour l'autre ; iln'étoit pas permis de
demeurer neutre : fur quoi un bel
efprit fit ces quatre vers :
Uranie & Job, ce me fcrtlblc,
N'a voient rien à fe demander;
N v
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29$ Bibliothèque
I S A A C
DE BENSE-
Ma foi Ton devroit bien gronder
Ceux qui les mettent mal cnfemble.
Les Jobelins fuivoient Tétendart du
Prince de Conti , & les l/ranim
avoient à leur tête Madame la Du-
cheffe de Longueville , qui s'expliqua
affcz librement fur le Sonnet de Ben-r
ferade dans une Réponfe qu'elle fit à
la Comtefle de Brégy , qui lui avoit
écrit en favettf du Sonnet fur Job,
Ces deux Lettres fe lifent dans le Re-
cueil de Madame de Brégy , p. 17,
ci fit fur le mêmeiujet.(ibid. p. 98.)
En combien d'autres manières ne
s'eferima-t-on point de part & d'au-
tre , comme le fait entendre M, Cor-
neille dans ce Sonnet :
Peux fonnets partagent la ville,
Deux fonnets partagent la Cour ,
Et femblent vouloir à leur tour
Rallumer la guerre civile.
Le plus fot & le plus habile
En mettent leur avis au jour ,
Et ce qu'on a pour eux d'amont
A plus (f un échauffe la bile.
Chacun en parle hautement
Suivant fon petit jugement ,
Eu'il y faut mêler le nôtre,
19. avec une Ept
celle-
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Françoise. 199
L'un eft lâns doute mieux rêvé , ~~ I "
I S A A C
Mieux conduit , & mieux achevé à DE BENSt-
Mais je voudrois avoir fait Tautrc. RADI.
Le même dit dans un autre Sonnet
en apoftrophant la démangeai/on delà,
guerre civile ,
Que vous avez de peine à demeurer oîfîvc >
Puifcju'au même moment qu'on voit bas les firon-,
deurs »
Pour deux médians fonnets , on demande , qui
vivef
M. le Prince de Conti , félon d'au- T 0 |v,Rem.
très celui de Condé , porta ain£ fon furBayic,p.
jugement fur les deux Sonnets , eau- l "*
fes de la difpute :
Ces deux fonnets n'ont rien de comparable ,
four en parler bien nettement ;
Le grand eft le plus admirable ,
Le petit eft le plus gaianJ.
Le grand , en vers de fix pieds , eft
celui de Voiture ; & le petit , en
vers de 4 pieds , eft de Benferade.
Ce dernier fâché de voir la Du-
cheffe de Longueville prévenue con-
tre fon Sonnet , lui en fit fes plaintes
par un autre Sonnet qu'on peut lire
* Nvj
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300 Bibliothèque
dans les Mémoires de Littérature de
Is aac M. de Sallengre , de même que les
*ade ENSE " vers ^ ue ^ t ^ e ^ e Scuderi fur le
même fujet , la Glofe que Sarfafin
adreffa à M. Efprit , qui étoit du parti
des Jobelins , & un extrait de l'exa-
men critique que fît Balzac des deux
Sonnets de Voiture & de Benferade.
Il y avoit plus de 40 ans que M.
de Benferade jouiffoit de toute fa
gloire , lorfqu'il s'avifa de publier en
1 676 fes Métamorphofes en Rondeaux ,
ouvrage qu'il entreprit à l'ufage de
j M. le Dauphin , par ordre du Roi ,
qui le gratifia d'une fomme de dix
mille livres , mais qui n'en fiit pas
Bibi. Fr. mieux reçu du Public, Je ne répéte-
rai?' nouv *» ra i point ce que j'en ai dit ailleurs,
&fuivf' S7 ' afin de ne pas trop allonger cet arti-
cle. Je me contenterai de rapporter
ce Rondeau que l'ingénieux Chapel-
le fit en réponfe à l'Auteur , qui lui
avoit envoyé de fon livre un exem-
plaire bien relié 9
A la fontaine où Ton puife cette eau >
Qui fait rimer & Racine & BoiUau ,
Je ne bois point , ou bien je ne boif guère ;
Dans un btfoin , fi j'en avois affaire,
J'en boirois moins que ne fait un moineau.
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Françoise. 301
Je tirerai pourtant de mon cerveau
Plus aifémenc , s'il le faut , un Rondeau ,
Que je n'avale un plein verre d'eau claire
A la fontaine.
Pe ces Rondeaux un livre tout nouveau »
A bien des gens n'a pas eu l'art de plaire ;
Mais quant à moi j'en trouve tout fort beau »
Papier , dorure , image , caractère ,
Hormis les vers , qu'il falloit laiiTcr faire
A La Fontaine.
On a plufieurs autres Rondeaux
fur le mêmefujèt dans le Porte-feuil-
le de M. L. D. F. à Carpentras /
1694 in- 11.
Le dernier ouvrage de Benferade
eft un Recueil d'environ 100 fables Pam - Ff »
réduites en autant de Quatrains , P HHtoirc dt
dont 3 9 ont été gravées au Labyrin- r Acad. Fr.
the de Verfailles. Non feulement il \ 7 \.* %?Q *
ne donna plus rien depuis au Public ,
il fit même divorce avec le grand
monde, Jufqu'alors çfclave de la
Cour y il voulut enfin fe voir libre ,
& à la campagne. Gentilly près de
Paris fut le féjour qu'il enoifit ; &
au-deffus de la porte de fa retraite ,
il £t mettre des armes qu'il s'étoit
données , avec une Couronne de
Comte. Un de fes amis dit un jour en
les voyant , ceji au* Poètes à tnjwu
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302 Bibliothèque
Sa maifon & fes jardins étoient des
I s a a c mieux décorés : tout y refpiroit l*ef-
pe BtNSE- p r it poétique du Maître ; on n'y
* A J\ E " voyoit qu'infcriptions gravées fur
Técorce des arbres , & celle-ci fe
préfentoit la première :
Adieu fortune , honneurs , adieu vous & les vôtres ,
Je viens ici vous oublier.
Adieu toi-même , Amour , bien plus que tous les an-
tres
Difficile à congédier.
Ces deux derniei-s vers ne doivent
être pris que fur le pied de l'hyper-
bole , puifque Benferade avoit alors
70 ans, & qu'il étoit de plus attacpié
de la gravelle. La folitude ne lui fit
rien perdre , dit-on , de la vivacité
& de l'enjouement de fon efpri{ , ce
qui a fait dire à M- de Senecé > fon
panégyrifte :
fïiftoire du Ce bel cfprk eut trois talens divers
Tb. Fr. t. 6. Qui trouveront Tavenirpeu crédule ;
ll 7« p c piaifanter les Grands il ne fit point ferupuk,
Sans qu'ils le priflent de travers :
Il fut vieux & galam fans être ridicule ,
Et s'enrichit à compofer des vers.
La retraite lui infpira cependant
des fentimens plus falutaires , & il en
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Françoise, 303
vînt à ne trouver plus de confola- T mmmm ^ >
tion que dans les Pfeaumes , occupé Isa a c
uniquement ou à les réciter , ou à les ™£ EN81 "
traduire en vers françois. On voit RA j^
par une de fes Lettres du 3 Novem-
bre 1690, imprimée parmi celles du
Comte de Suffi Rabutin , qu'il avoit
traduit ou paraphrafé ceux qui en-
trent dans les Heures de tËglife. Sa
Religion éclata âuffi dans les dou-
leurs ; & celles-ci devinrent fi vives,
3u'il réfohit de fe foumettre à la
angereufe & violente opération de
la taille. Mais fa confiance ne Ait
pas mife à cette dernière épreuve.
Ayant voulu fe faire faigner par pré-
caution, le Chirurgien lui piqua l'ar-
tére , & troublé de cet accident , prit
la fuite , au lieu de travailler à étan-
cher le fang. On n'eut que le tems
d'appeller le Pere Commire , Jéfuite,
fon Confefleur & fon ami , lequel
n'arriva que pour le voir mourir. Il
avoit 78 ans,
L'Auteur du Mercure Galant cité
plus haut , ne dit pas que fa mort ait
été fi précipitée. « La maladie qui a
» emporté M. de Benferade , dit-il ,
» l'a furpris dans la préparation qu'il
» faifoit pour fe faire tailler de ta
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1
304 Bibliothèque
» pierre , & tout l'art des Médecins
I s a a c » n'a pu réparer la faute des Chirur-
i>£ BENst- » giens. Il a eu une fièvre violente,
rade. >} accompagnée dp rêveries ; mais
l6 * u » commeil a toujours eu beaucoup de
» religion ( fans doute depuis fa re-
» traite ) & qu'il s'étoit préparé à
>> l'opération qu'on lui devoit faire ,
» en véritable chrétien , & en chré-
» tien pénétré, des vérités de la foi,
.» s 'abandonnant entièrement aux or-
» dres de la Providence , tous les dif-
» cours qu'il tenoit , quoiqu'ils fiif-
» fent prononcés avec véhémence ,
» fuivant fon tempérament , s'adref-
" » foient à Dieu , à qui il fe plaignoit 9
» en lui demandant en même tems la
» patience dans fes douleurs , qui
» étoient extrêmes. »
<Euvr. de M. de S. Evremont qui parle de lui
j. m™. fc . 4 ' ^ ans J ll g erne nt fur quelques Au-
teurs François, adreffé à Madame la
Ducheffe de Mazarin , dit qu'il avoit
4< un caraftere fi particulier , une
» manière de dire les chofes fi agréa-
ble , qu'il faifoit fouffrir les pointes
»& les allufions aux plus délicats ».
Il eft vrai qu'on no\is a çonfervé
quelques-uns de fes bons mots , qu'on
nous a beaucoup vantés j mais fi je
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Françoise. 305
puis dire librement ce que la plupart _ _
m'ont fait penfer , dit M. Le Fevre I s a a g
de S. Marc , Benferade n'étoit pas DJE Bfc Nsi-
meilleur plaifant que bon Poète. Et RAD *'
ce jugement me paroit affez confor- Notf fur
me à ce que M. Deforéaux dit dans Boil - *• »• P-
ces vers de fa Satyre (ur l'Equivoque, l6 *'
ou parlant d'elle-même , elle dit :
Je ferois mieux , j'entends , d'imiter Benferade :
C'efr par lui qu'autrefois , mife en ton plus beau
jour ,
Tu fçus, trompant les yeux du peuple & de la Cour*
Leur faire à la faveur de tes bluettes folles ,
Goûter comme bons mots tes quolibets frivoles.
MICHEL LE CLERC. *
Michel
Michel Le Clerc étoit plus ancien i6^u
que Benferade dans l'A cadémieFran- „. A . A
/ 1 n * ^- Hiitoiredc
çoile ; il y avoit ete reçu des le 16 rAcad. Fr.
Juin 1662. A l'âge de 23 ans , il vint & f *; v p ' %n '
d' Alby fa patrie à Paris , pour y fai- Hiftoîre du
rç repréfenter la Virginie Romaine , Th> Fr# t# 60
Tragédie , qu il avoir faite , comme t. xi. pag.
on voit , dans un âge peu avancé,
r* • ' j 1 s o • &t.XH. p.
Cette pièce donnée en 1645 , & *I m *7 6 *
eut du fuccès , fit augurer que fi l'Au-
teur continuoit dans ce genre d'écri-
re, il mériteroit une place dans le
fécond rang des Poètes : car Pierre
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306 Bibliothèque
E^*"*^ Corneille tenok feul le premier. Mais
Michel { Q [ t que Le Clerc fut peu flatté de
MQi*^ cettc réuffite > foit q ue la profeffion
d'Avocat au Parlement qu'il embraf-
fa , le détournât d'une pareille occu-
pation , 30 ans s'écoulèrent depuis
fa Tragédie de Virginie , jufqu'à cel-
le à'Iphigénit, qui ne parut qu'en
1675.
f Jacques Coras eut beaucoup de part
à cette féconde pièce Dramatique de
Le Clerc 9 quoique celui-ci ne faffe
honneur au premier « que d'environ
» une centaine de vers épars ça &
» là , qu'il a choifis parmi quelques
>* autres qu'il a voit faits , ajoute-t-il ,
» en quelques fcénes dont il lui a voit
» communiqué le deffein ». Cette
Tragédie n'eut que cinq repréfenta-
tions , la première le 14 Mai 1675 »
& la dernière le 9 Juin fuivant , &
elle n'eft guéres connue aujourd'hui
que par cette Epigramme attribuée
à M. Racine:
Encre Le Clerc , & fonamiCoras ,
Tous deux Aineurs rimans de compagnie ,
N'a pas longtems s'ourdirent grands débats.
Sur le propos de leur Iphiçénic.
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Françoise. 307
Coras lui dit , La pièce eft de mon crû, mmmmÊ ^*
Le Clerc répond , Elle eft mienne , & nen Michel
vôtre : Le CleRC.
Mais auflitôt que l'ouvrage a paru , I69U
Plus n'ont voulu l'avoir fait l'un ni l'autre.
L* Auteur de cette Epigramme a un
peu au refte abufé de la licence poé-
tique ,puifque bienloinde défavouer
cet ouvrage , M, Le Clerc aflure
liautement dans fa Préface , qu'il eft
entièrement de lui, à la réferve de la
petite part qu'il y donne à Coras*
En 1681 Le Clerc travailla aufS
avec le Sieur Boyer à la Tragédie
d'Orejfle 9 qui fut repréfentée pour la
première fois à Paris le 10 Oftobre
de ladite année , après l'avoir été à
Fontainebleau devant le Roi , dès le
mois de Septembre précédent. Mais
ila compofé feul un mauvais Opéra f
intitulé Orontu , qui n'a jamais été
joué à Paris.
Colletetdansfon Difcours du Son-
net , p. 104. parle de quelques tra- cl £ n [ P y Lut#
duôions en vers Latins , faites par c bu>i." Fr.
Le CJerc , & j'ai moi-même fait
mention ailleurs
De Ton TaiTe François en naiflànt oublié t
C'e#-à-dirç de fa tradu&ion en vers
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308 Bibliothèque
François des cinq premiers chants
Michel de la Jérufahm délivrée , dont le peu
Clerc. ^ e d^b^ empêcha le Traduâeur de
6,x " donner la fuite. Ses autres Poëfies
Françoifes font une Ode pour le Roi ,
imprimée en 1 663 , & qui a 280 vers ;
une x. Ode encore pour le Roi 9 de
240 vers, mife au jour en 1668 , &
Le Temple de f Immortalité 9 Ode de
400 vers , à M. le Dauphin , publiée
en 1673. On lit encore du même
trois Sonnets dans le Recueil de Ser-
ci, tome 4. fur l'abdication de Chrif-
tifie , Reine de Suéde , fur fon voya-
gé en France, & fur fon entrée dans
Paris : voici le dernier , où la louan-
ge eft trop outrée :
• Mufes qui préfidez fur les bords de la Seine ,
N " Rangez fous vos drapeaux vos plus chers nour*
rifibns >
Préparez vos concerts , méditez vos charbons ,
El venez rendre hommage à votre Souveraine*
Toi , fuperbe Paris , qui te contiens à peine *
De qui tout TUnivers doit prendre des Jcçons ,
Travaille à fon triomphe * & de toute* façons
Eftaïlc tes grandeurs aux pieds de cette Reine.
Voici la véritable & Tunique Pailas 9
IUuftredans la paix , comme dans les combats»
£t qui s'eii contactée au Temple de mémoire,
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Françoise. 309
On y voit à fes pieds les vices abattus ;
Et n'ayant plus de fceptre , elle ne met fa gloire - Michel
Qu'à régner en tous lieux par fes feules vertus. ^ fy****
Enfin je connois du même , un autre
Sonnet fur la Statue du Roi érigée
en la Place des Viâoires , & une Ode
à M. le Dauphin fur la prife de Phi-
lifbourg, en 1688. Ce Poète eft mort
le 8 Décembre 1691.
N. DE LA FOND. /
N.Dela
Je n ai riçn lu du Sieur De U Fond.
Fond, Parifien , Capitaine de Dra- l6 n*
gons dans le Régiment de la Reine.
M. Thon du Tillet , qui le croit mort Pam Ff
vers 1691, dit « quec'étoitun de ces p. 434 ,'435!
» agréables débauchés, qui étoit pref-
» que-toujours en pointe de vin,& qui
» alloit même quelquefois plus loin >,.
Il ajoute « qu'il avoit le talent de
» parodier , ou de faire des paroles
» fur les airs qui avoient le plus de
» vogue, & que Ton trouve plufieurs
» Parodies de fa façon dans les trois
» volumes de Parodies , & dans les
» deux volumes de Tendreffes Bachi-
» queS) imprimés chez Ballard ».
M. le Maréchal de Turenne , con-
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3io Blbliotheque
tinue M. Titon , & M. le Maréchal
N. De la d e , Créquy aimoient La Fond, &
Fokd. l'invitoient à leur table. Il n'étoiî
1692,0 pas moins recherché de M. le Duc
de Vendôme & de M. le Grand-Prieur
fon frère. La Fond mourut d'acci-
dent au Château d'Anet , où M, de
Vendôme l'avoit mené ; étant tombé
fur un efcalier , il fe fit une bleffure
à la tête , & en mourut quelques joiirs
après.
CHARLES DIS PERIER.
.•Sîîiïï. cha / le ? Di j périer >, mort Je i
i6$%. Mars de la même année 1692, eft
plus connu par fes Poëfies Latines oh
il a excellé, que par celles qu'il a
composées en notre langue^ Il n 'a pas
cependant négligé celles-ci, & ç'cft
dans ce genre qu'il a remporté deux
fois le prix de 1 Académie Françoife.
La première fois fut en 168 1. Sa pie-
pièces de ce e ^ une ^°S ue 9 farce fa) et > Qu'on
Fcef. qui ont voie toujours Sa Majejlé tranquille ,
remporté^ie quoique dans un mouvement continuel*
Franç.ctepuis La féconde en 1683. Le Poëme cju'il
sé7i. jufsu'à envoya à l'Académie , a pour objet ,
1? * 7 * Les grandes chofes que le Roi a faites
pour la Religion Catholique. M. De la
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Françoise, jh
Monnoye avoit auffi travaillé le me-
mefujet, &les deux pièces ayant eu Charl? s
un égal nombre de fuffrages , l'Aca- duPirur.
démie fit frapper deux Médailles , 1
chacune valant moitié du prix , pour
les partager entre les deux Auteurs.
Je connois encore du même deux
Sonnets , imprimés in-folio , l'un au
Roi y l'autre à Monsieur. Ils font
fans date. Il a auffi traduit en vers
François plufieurs des infcriprionsde
Santeul pour les Fontaines de Paris, SantoK
« i i~ • i i a * Garni, c* ).
& les Epitaphes du même pour Ar- P . 35 , ,
mand deGrammofit, Comte de Gui- 104 9 ,05#
che.
Charles Du Périer, .Gentilhomme
Provençal , né à Aix , étoit fils de
Charles Du Périer , Gentilhomme d«
Charles de Lorraine , Duc de Guife,
Gouverneur de Provence , & neveu
de Scipion Du Périer , ami de Mal-
herbe 9 & célèbre Jurifconfulte.
LOUIS E- AN AST ASIE ! !
SERMENT. Louise*
Anastas:!
Louife-Anaftafie Serment cuit va Sek * e " t '
de même les Mufes Latines & Fran- 1 * 1#
çoifes. Cette Demoifelle étoit de
Grenoble en Dauphiné. Son mérite
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3ii Bibliothèque
la fit adopter par l'Académie des
Iouise- Ricovrati de Padoue. Ayant fixé fon
Anastash féjour à Paris , elle y fut recherchée
Serment. ' • . / % r y
de quantité de perlonnes diftinguees
Pam. Fr. par la naiffance , de même que des
F* gens de Lettres , & des plus, beaux
efpritsde fon tems, & comme ceux-
ci remarquoient en elle un difcerne-
ment jufte , joint à beaucoup de génie
& de coniioiflançes , ils la conful*
toient fouvent fur leurs ouvrages.
Quinault en particulier la con fidé-
roit comme fa Mufe choiiie ; ce qui a
davr. ç*e donné lieu à ce Madrigal de M. Pa-
raviii. édh. yillon y adreffé à ladite Demoifelle :
de 17^7.1.*.
Ta Mufe , ta perfonne au-delà Tonde noire
Eterniferont ta, mémoire ,
V Amour en a fait le ferment ,
Puifijue Quinault eft ton Amant,
Mlle Serment étoit cependant fur-
nommée la Philofophc , titre qui ne
s'accofderoit pas trop avec ce qu'in-
finue ce Madrigal.
Cette Demoifelle étoit liée auffi
avec le célèbre Pierre Corneille , &
«uvr. di?. l'on voit dans les Œuvres divtrfes de
ao8 CO ao9. P ce g** anc * P°ëte un Madrigal très-
*° ' 1 9# galant qu'il lui envoya , par la raifon
que par un excès.d'eftime pour lui
ell
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I
Françoise. 315
elle avoit baifé fa main. Mademoi-
féfle Serment y répondit par un -Lowm«-
autré gu*on trouve au.mçme endroit. 5^^"*
Ce fiit çjlé qui donna le premier k + &91i
gout de la Poëfie à l'Abbé Geneft ,
quidemeuroit alors fxir lè ménaie pal-
lier , 8c qui obtînt par fon empreffe*-
ment à lui rendre de petits fervi ces ^
qu'elle daignât employer ^ quelques A d€
jaomens à jianllruire^ xromme noue l'AbbéG*-
le dirons ailleurs, «cft.
Les derriieres années .de fa vîè«
Mlle Serment fut tourmentéç par uri
cancer quijui rendoitla vie défagréa-
Wçy&iqtu W faâfdit fôuHaîter lit mort " * * "
avec empreffement. Près de ce der- 1 . r ; * ,
flfer tenrte 9 elle fit les vers fuïvàns : \ . , .
Bientôt ( la Jumierc ées Cieu&
paroîtra plus âmes yeux ;
. Bientôt quitte ènvers.Ja nature f ^
' J'iraitlans une nuit dbîcùre
Me livrer pour jamais aux douceurs du fommerV
' Je ne me verraiïplu* par ua trifte réveil
Jùcpofiée à feiuir les troubles de la vie.
Mortels qui commença ici bat vôtfie cours, >
Je jie vous porte point d'enVie^; * - » • • « k
( f Votre fort, ne vat»t pas ajeriiier, 4e mes jours, »
Viens favorable mon  viens brifer des liens ê ,
Qui malgré moi m* attachént à la vie ;
J ; Frappe , féconde mon vie ; ** \
qint ûwflfrir $ft Je plut.gtarid<Ses *
Tome XVUL O
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Louise» ,
An a sx as u
Gilles
Mhnage,
31-4 BlFtl O T II £ Q U E
Dans ce long avenir Teptre l^fpr^t tranquille;
Pourquoi ce dernier j>as dfc-ii à redouter ?
Du' fcfaftre des humains, l'éternelle bonté
Des malheureux mortels eft le plus fur' azile.
On a plufieurs autres pièces de
vers % & quelques Lettres en profe
de Mlle Serment dans le premier vo-
lume du Recueil de pièces Académi-
ques en profe & en vers , mis au jo«r
par le Sieur Guyonriet de Vertron.
jMUe Serment eft morte à Paris vers
l'aa 1692.
1 GILLES 9 m AGE,
Voîçi lui 3 c ^ c Coiu-tifaa des Mufes
Latines & Françoifes : c'eft le célèbre
Gilles Ménàgty Fundesolûs laborieux
écrivains du dernier luécle , comme
la multitude & la variété de fes Ou-
vrages le font affez connoître*
pour H naquit à Angers le 1 5 Août, 1 61 3 ,
5e r M. à Mé V n! àe Guillaume Ménage , Avocat du
à la tête du Roi dans la mêmeville , & de Guio-
Mmf«* f ne Ayrault , fœur de Pierre Ajrault,
Lieutenant Criminel; Son inclination
polir rétude , dont il donna des mar-
ques non. équivoques dès fa plus ten-
d^jfup^Tc,, engagea fon peare à lui
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François e. 31*
procurer une éducation conforme à ■■
de fi belles difpofitions. Après avoir Gilles
appris les premiers élémens de la lan? Ménage.
gue Latine , on lui fit lire & expli» l6 ? %%
quer les meilleurs Auteurs delà bon-
ne Latinité , d'oii il pafla à l'étude de
la Philofophie , dans laquelle il fit
un progrès extraordinaire. Pour le
délafler quelquefois de fa trop grau*-
de application , fon pere lui donna
des Maîtres de Mufique & de Danfe ;
niais ii ne put réufîir ni dans Tune ni
dans l'autre.
Il s'appliqua avec plus defuccès à
l'étude du Droit ,. & plaida à Angers
en 1631. La même année, ayant été
amené à Paris , il fut reçu Avocat au
Parlement, & y plaida pfufieurs caoi?
fes , une entre autres pour M. Sen-
gébéré fon Maître de Droit, qui
vouloit répudier fa femme pour c^ufe
xl'aduitere. Quelque tems après il
alla aux grands jours de Poitiers eu
qualité d Avocat ; mais à fon retour ,
dégoûté de cette profeflïon , & fe
voyant d'ailleurs attaqué d'une fcia*
tique , il retourna à Angers , <fe fit
appliquer le feu fur fon mal , fouf-
frant avec beaucoup de confiance
l'extrême douleur inféparahle d'un
pareil remède. O ij
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3 16 Bibliothèque
Lorfqu'il fut guéri , fon perc
croyant lui faire plaifir , fe démit en
fa faveur de la charge d' Avocat du
Roi. Ménage ne voulut pas le refu-
ser étant chez lui ; mais fitôt qu'il fot
de retour à Paris , il lui en renvoya
les provisions. Ce refus le brouilla
quelque tems avec fon pere ; mais
M. TEvêque d'Angers les ^accom-
moda ; & Ménage ay ant déclaré alors
au Prélat <[u v iï vouloit embraffer
l'état Eccléfiaftique , on lui laiffa la
liberté de fuivre fon penchant. Peu
de tems après il fiit pôurvû de quel-
ques bénéfices , en particulier du
Doyenné de S. Pierre d'Angers , que
fon pere avoit pofTédé. Je ne fçaîpas
en quelle année il en fut revêtu,
tetw mm Chapelain lui en donne le titre pour
4c çhapei. " la première fois dans une Lettre du
10 Septembre 1650, & il ne le lui
avoit point donné dans une autre du
12 Février 1648.
Il s'appliqua alors à l'étude des
fielles^Lettres avec une ardeur dont
le fuccès fut très-heureux. Il recher-
cha la connoUTance des plus fçavans
<lç la ville & des provinces , & fit
^habitude particulière avec tous ceux
*jui gtoient regardés alors comme les
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François e. 317
arbitres de la réputation des gens de
Lettres , & comme les difpenfateurs M ?^"
de la gloire. Je vois par deux Lettres \*** B " :
de Chapelain , l'une du 17 Septem-
bre 1640 /& l'autre du 11 Décem-
bre 1641, qu'il avoit déjaTeftime&
la confiante de phifieurs Littérateurs
connus > & par une troifiéme du 1 % JM ^
Février 1648 , qu'il étoit bien venu 1 *
chez M. le Duc de Montaufier , &
chez Madame de Sévigné,
Chapelain , à qui if étoit redeva-
ble en partie de cet accueil , Tintro-
dnifit auffi chez le Cardinal de Retz ,
qui n'étoit alors que Côadjtiteur de
1 Archevêché de Paris , & qui le défi-
roit avec paflion , & il eut une place
dans la maifon de ce Prélat 3 avec
jui il vivoit fort familièrement. Mais
ils ne s'accommodèrent pas long-
tcms enfemble. « Ce Cardinal qui Rem. de m.
» paflbit pour un grand homme , dit Jofyfur jNy-
» Ménage lui-même , fe laiffoit con- lc ' Pr 5 * 8r
>> duire comme un enfant. Les fem-
» mes le gouvernoient , & lui avoient
» fait de mauvais préfens. Lorfque
»je le quittai , ajoute-t-il y M. le
» Prince de Conti me fit offrir quatre
» mille livres de penfiôn , fi jfe vou-
» lois être à lui.. J'en fus fort tenté *
O il;
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3x8 Bibliothèque
» ce Prince ayant alors de grands
» bénéfices, & pouvant m'en faire
» tomber quelques-uns. Je confultai
» mes amis là - deffus , & leurs avis
» furent partagés ; mais jeprononçai
» pour la liberté Lorfque je fortis
* de la maifon du Cardinal , ma for-
» tie fit bien du bruit. Tout le monde
m en parla jufqu'aù Gazetier qui fai-
» foit alors la Gazette en vers bur-
»lefques»:
Le bel efprft Monfieur Ménage ,
^ Eft , dit-un , en mauvais ménage
Avec le Cardinal de Ret*;
On ne fçait par çuelt intérêts.
M. Ménage perdit ion pere îe 18
Janvier , & en hérita une telle
terre qu'il vendit 60 mille livres â
M. Servien, alors Sirr-întendant des
Finances , qui hii en paffa un con-
trat de trois mille livres de rente. Peu
de teins après il obtint par Arrêt du
Grand Conseil le Prieuré de Mondi-
dier , qu'il avoit acquis en vertu d'un
induit qu'un Confeiller de fes amis
lui avoit donné ; & dès qu'il fut pour-
Vu de ce bénéfice , il le réfigna à M.
l'Abbé de La Vieuviile , depuis Evê-
/ que de Rennes , qui fit créer en fa
GlLJL.ES
MÉNAGE.
Digitizeckby Google
fav^Ur iroe, i penfion de quinte cens
li^es fil* JHWbaye dé S, Lomer de M ^^f
Blois , & une de deux railfc cinq cens i
livres fur celle de Savigny. îi fat-
cfr^rgé dans le même tems par le
Çpçdi&al Maaarjnfiî M, Galbept , de
f^irç iœiralé de -gens de lettres,!
qiM l*on àvoit ddTem de donner des
pensions on deri gratifications. Mais*
ce fxrojet ne réuffit point «lors ; & '
Jorfque dans la fuite il eut fon effet ,
M^rtkgé fiit gratifié poacnfti part d'une >
penfion de &cùx miÉte fàvt^efe ; qui ne t
lui int : cependant payée ^ue pendant
les quatre premières années;
Cette augmenta tien de revenu lni
procura unplusjrrand repos ? & xm ^
plus .honnête loifir que jaimais pour
travailler à plwfîeurs iowVraçès <pïfil
donna fucceffiveraerit ato IM>Ub de-
puis 1^6 ço jufqu ? en 1690, & pour la-
OQfrtpofiHtion defquels fa mémoire *
qm était très-grande & fes vaftes
Içâaires lui fervirent beaucoup. Je }
n'entrerai point 4àns le détail de ces >
ouvrages dantia très-grande patrie
n'etft pas ici dé mon ïkjet ; il me fu£
fit de dire , qu'il n'y a point de genre
de Littérature dans lequel il ne fe
foit exercé* &ibHvent4vec fiiccés.
Oiv
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3dO; Bibliothèque
Il ét©it Grammairien ^PKilofoplî^ ^
y , Jtrçifeonfulté , Hiflariéri * Poëte , Ah-
Mîna«b. tiquaij^.^ & Critique. Les tangues
1 * u ' Grecque t Latine , Efpagnole, Ita-
lienne lui étoient familières; & il a
é^fcit eu profe dans phifiëurs àe ces
langues , & dans toutes dès Psoëfies ,
ck même que dans la Françoife. L*A
cadémiedela Crufca hiidonna place
dans fon corps ; & après la mort de
M. le PréfidentdePerigni^^uiavoit
été. nommé Précepteur de M. le Dau*
phin:, il ht sq!iieffi<»:deàii po«r le:
r^£ia#er. C'était; en 1670. ->LMt^
teur de la vie de M~îde Montàïifier
ne nomme pas cependant Ménage
Comment, parmi les eoncurrens ; mais M. Huet
en parle dajnS'ïfes Mémoires de fa
P^run.p.i6 9 , p ro pj. e v ^ ev ^,çi[ t que qiioique le
Duç de Monta ufier prévît bien que
Ménage ne feroit point choïfi, ie Roi
H Connoiflant à ïpeine de nom , il ne
laiffa paSiqin? deiepropofer conjoïn-
t$tn entravée MM. Bofiitet & Huet ,
qiii : furent adojités l'un pour Précep- .
teur ^ le feççnd pour îe féconder.
nu pag. Dans les ïtiêmês Mémoires , M. Huet
m» I parle twjQursdetMénageayee éloge»
jyjfr Dix an$ auparavant, en 1660, M.
MçAage ayoit ftfluyédfis tracafferies.
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Françoise* jit
çuî le chagrinèrent au fujet d'une — —
élégie Latine au Cardinal Mazarin, Gilles
où Ton prétendoit qu'il avo^t mal Ménage
parlé du Parlement de Paris , & d'une l6 * x -
députation que cette célébré Com-
pagnie fit alors à ce Miniflre. La vé-
rité cependant efî que" cette Elégie
âvoit été compofée trois ans avant
cette députation , & qu'elle a voit été
Vue & lue de tous lçs meilleurs amis
de l'Auteur , qui n'y avoient rien,
trouvé de ce que fes ennemis avoient
intérêt d'y voir. Makré cela , il fal-
lut fe juftifier férieulement , & Mé-
nage le fît d'une manière à perfuader
tous ceux qui n'aimoient que la jufiï»
çe & la vérité. On a encore le Mé-
moire r en forme de proteftation *
qirïl fit à ce fujet , & on Te trouve
au commencement du t. 1. du Mer
nagiana.
Ce nuage étant difîipé , Ménage
continua les travaux qu'il avoit com-
mencés , & qui lui ont acquis l'eftime
& l'amitié tant des Princes & des
Grands,^ vec qui il a toujours eu beau*--
coup de commerce , que d'une bonne
partie des Sçavans de l'Europe. On
a vu M. le Prince dé Guimené , M. de
Montaufier MM. de Bautru , Ser-
O v
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312 Bibliothèque
vien , quelques Prélats & des Minif-
Gilies très même lui accorder leur amitié ,
Ménage. j u j Q /f r } r place dans leur Palais ;
16 * l# Chriftihe Reine de Suéde l'honorer
de fes Lettres , l'inviter à venir chez
elle , & faire elle-même une partie
du chemin pour le venir voir. On a
vu lesSçavans de Florence lui accor-
der une place dans leur Académie,
ceux d'Angleterre & de Hollande le
confulter ftir leurs ouvrages ; ceux de
France même le regarder comme l'un
' des arbitres de la réputation des gens
de Lettres , & quantité lui dédier des
Livres.
Sa Requête des Dictionnaires , écrit
badin & critique , en vers aflez in-
génieux y qu'il adrefla à Meilleurs de
l'Académie Françoife, empêcha qu'il
ne fïit reçu dans cette Académie
prefque dès le commencement defon
Hiftoîre de établiffement. Mais en 1684 , la pluf-
» A< a F 26 T part des Académiciens nommés dans
*.^pag. il , cette R e g U g te ^ étant morts , il fut
propofé pour remplir la place que la
mort de M. de Cordemoi laiflbit va-
cante , & elle lui auroit été accordée
fans une puiffante brigue qui la fît
tomber à M. Bergeret , qui étoit alors
premier Commis de M, de Croiffy,
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François e. 32J
M^niftre d'Etat. « Toute la maifon >. .
» Colvert , dit Ménage lui»même , fit -Giu.**
»«ne affaire deconfequence ds cette. M ** AG «-
M^fers de Seignelay , «te
» woiiiy, leCoadjuteurde Rouen, ch. 7t .
» le Dac dé S. Aignait , foHicitérent
»en pertTonneipomr Bergeret , avec
»f>!u6eiirs E>aiftes de. la Cour». Co
W'P^^fé&flfeewijuïte, .■ >i
Doht la trouve ,de M^ûSge
A ppel la comme d'abus
Ail tribunal dé ^hébus, '
dit hardinwnt Benferade dans fes Pt>r-
-dàufatctiks:, lus en
pdebie Acâdémieiié ^ott^màne que
*4. Befgeret fiit re^u. . /
M. Ménage eut encore d'autres
affaires.; Sorbiere & Vkbbé Fay- sor^rian,,
wtiont.'foitieïe tuà «te» ^bfltraits fort r- l6 s. ,6 «-
peu.avaiJtagetix, «tit a eu des f
«neiés'afiez vifs avec l'Abbé d 'Aubî- fui Hem.'
«nac , Gilles Boiieati , C&tin , M. de
*alo Y le P. Bouhours , fit NfcBaiilef.
• Xfans-la cohteftation qnfiî y eut
«wtre Iwiât l'Abbé d'Aufeigrfac , il ne
«*a^flbk «que de ' fçavoir cornbïen
d?heuî«s.avoitduréi"aaiohder J B ê tt/'A
toutimmimhos de Térence. Cette
dilate qui cottâfiehça en 4640, &
O vj
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J14 B t B L ro ? H E QUE
qui paroiflbit de peu d'importance,.
Gilles ne ] a jflr a durer plufieùrs an-
Um*" °^ es •> ^ donna occafion à des volâ-
mes entiers de part & d'autrfe. J'en ai
parlé ailleurs.
Celle que lui fit Gilles Boileat*
s'était que fur fon Eglogue intitulée
Chrifiiru-y parce qu'eue contient Té-
loge de cette Ilçiae deSuéde;, & qii'iî
s'y agit de l'invitation faite par cette
Princeffe à Ménagé de fe rendre au-
près d'elle , & des, motifs qui pou-
voient le déterminer ou à faire ce
voyage >: qU à i demeurer en France,
Boilertu ,prétendifc dans J$n Avis fur
çettepiéçç,que Çfari&ne n'y étoh pàs
affez louée , que les vers en étaient
trop pompeux pour une Eglogue, que
d'ailleurs ils étaient pillés de toutes
parts , & qu'en générât Ménage-adop»
toit trop fréquènjment dans fes poër
fies , le$ penfées y & les expreflïons
même d'autrui. Ménage traita le pro-
cédé de ibn critique .d? ingratitude &
Ami Batfi. d'infidilitL «Jliaifoit , dit-it,pro-
«b. 136. n teffxon d'iïne grandê amitié pour
»moi, & dans letemsqu'iL ëcri-
» voit contre moi r il était tous les
» jours chez moi à me faire la Cour*
* Non feulement je ne l'avois. jamais
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Françoise. J15
*offenfé , mais je Pavois obligé en — —
nfréaueftiip-dé rencontres. « A l'égard Gilles
des louanges que Ménage fe donne à Ménage
lui-même dans fort Eglogue , il en" l ' 92 "
Convient, & fe juftine ainli : » Je
» m'introduifis dans cette Eglogue
» fous le nom de Ménalquc^ réfolu de •
* quitter ma patrie à caitfedes guér-
ites civiles > & d'aller demeurer en
*Suéde. Et jy introduifis le Berger
»Daphnis , me détournant de ce
wdeffein en me montrant les avan-
tages que j'aVois dans mon pays ,
en me les rémontrant avec de
» grandes louanges; Il eîit été ridi-
* cidé de; me convier de demeurer
adans un lieu , en medifant que je*
>>nV étois pas confidéré ».
Jai détaillé ci-devant fa dîfputé
avec PAbbé'Cotîn , & jen-'ai point v partiel*
omis les- traits que Motiere a' Fartcés codn.
contre f urt & l'autre. Le différend
Îu'il eut avec M* de Sailone vin t que
fcce que celui-ci a voit mal parlé de
fefc Amœnitates jurùdam fôn Journal'
de "1665 5 ce fF* dbnna lieu à Mé--
ftage d'ans la Préfàcede fefrObi^ va-
lons, for Malherbe* , de traiter le
Journal des Sçavans dé Galette , & de*
tikt^hs hebdomadaires* Son démêlé
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jiS Bibliothèque
— avec le Pere Bouhours , Jéfuite , fat
Es un peu aigre dans le commencement ,
mais il fe pafla k plus honnêtement
du monde dans la fiiite ; 3c û leur
amitié en fut un peu altérée » il ne
manqua rien à la fincérité de la récon-
ciliation.
La querelle de M. Baillet n'eut pas
le même fuccès. M. Ménage publia
fon Anti-Bailht poux répondre à quel-
ques jugemens défavantagfcux que
M. Baillet avoit recueillis contre fes
ouvrages , & particulièrement con-
tre fes Poëfies. On lui conseilla de
faire imprimer fa Réponfe 5 ôç com+
me on fa ifoit quelque difficulté de lui
en accorder ia permiffion , il fe réfo
lut , ne pouvant plus fortir à catife
de fon incommodité 9 d'en écrire à
M. le Chancelier. Cette permiffion
lui fut refofièe , parce que. des per-.
fonnes de confidéra tion qui lui ét oient
oppofées > s'en mêlèrent > & ce livre
parut en Hollande peu de teins après.
On l'a réimprimé depuis >à Paris fcvec
des notes de M, de la Mpanoye.
VAnti-ËaUktt&au refte ouvrage
fingulier , plein de forfaitteries , Bo-
lées avec un affez grand notrtbre de
bonnes remarques. L'article où Mé-
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Françoise, 327
nage veut prouver qu'il a pu faire
des vers de galanterie , parce que
d'autres Eccléfiâftiques en ont com-
posé , eïl ridicule en lui-même , &
fait peu d'honneur à l'Auteur.
Après la mort de M. le Cardinal
d« Rets , Ménage tintrèglément chez
lui les Mercredis de cha-aue femaine
une Aflembiée qu'il appelloit fa Mtr*
turiak , oii il eut la fatisfa#ion de
voir toujours un grand concours de
gens de Lettres , tant François qu'é-
trangers. Les autres jours il alloit a£
fiduement |u Cabinet de MM. Du
Vuy , & depuis leur mort, à celui dè
M, de Thou. Quelque tems après ,
étant à genoux à Notre-Dame un
Vendredi Saint ^ il fe démit la cuiffe
en voulant fe relever ; & depuis ,
ctant à Vitri chez M. l'Abbé Parfait ,
il fit une chute qui lui démit l'épaule ;
de la chambre , il commença alors â
tenir tous les jours une efpéce de pe-
tite Académie.
Il parloit beaucoup , & aimoit à
débiter ce qu'il fçavoit. Sa mémoire
prodigieufe lui fourniffoit toujours
une infinité de belles chofes fur tous
les fujets dont on venoit à parler dans
is hors d'état de fortir
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$i8 Bibliothèque
fon Affemblée : & comme il avok
eu les plus belles connokTances de
la Cour & de la Ville , il fçavoit .
euantité de faits , de bons mots , &
ae particularités , dont il divertit
foit ceux qui Fécoutoient. Une étude
continuée pendant toute fà vie , &
tant de correfpondances qu'il avoit
avec tous les Sçavans de l'Europe ,
à qui il écrivoit i & dont il recevoit
fréquemment des Lettres , étoit ua
fonds inépuisable d'érudition qu'il
mêloit agréablement dans la conver-
sation. Au mois de Juillet 1692,1!
fut attaqué d'un rhume , Çui frit fuivi
d'une fluxion fur la poitrine , & qui
ayant été jueée dangereufe, le fit
fonger férieulement à la mort. Il fe
confefla au Pere Ayrault • Jéfuite,
fon proche parent , reçut les Sacre-
mens , & mourut le 13 du même
mois , âgé de 79 ans. Il fut enterré le
25 à S. Jean le Itond , oû on lifoit
fon épitaphc compofée par M. P A vo-
cal Pinflbn , avant ïa deftru&ion ré-
cente de cette Eglife. On lui donne
dans cette Epitaphe le titre de Con-
feiller , Aumônier du Roi, Par fon
Teftament, M. Ménage a légué fa
Bibliothèque aux Jéfuites de la raair
£bn profeue,
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FR>A » Ç O I 5 E> '!
Comme Epëte * il e# plus connu ™^
par fes Poëfies Latines, Italiennes & Giu.es
même^Grecques * que par fe$ Koë- M ** Ar
lies Françpifes. De celles qu 'il a con>
pofées en fcettç, dernier^ langue , j'ai L
fi^fammjent^pajfé de fon Eglogue
iutituhée^ Chriftine. Sa Reqûitt Picr
tionnains dont j'aji fait ai*fli mention * :
fut dérobée par l'Abbé de Montreuil I
à l'Abbé Giraud , qui ayoit en garde .
les papiers de Ménage , & qui la fit
imprimer ipr4°. à Paris Tan i 649 fous
ce tifre r £p Parnajfe àllarmL Ménage
qui n'a voit pas lieu d'être content de >
cqtte édition , en donna une plus cor-
reôç en 165 1, auffi in-uf dans fes
Mifcdlanta ; &l M. de la Monnoye :
en a publié une troîfiéme^ansl^e.t, 4. -
diî Menagiana , avec des notes. Les
MiJ^Unea <\\\q je viens de citer y *
contiennent auffi d'autres Poëfies ,
une .Elégie, donf le titre eft, Rechute
amoureftfe , une Eglogue , te Pefcheur r \
ou *4 fais > Idylle à madame la Max-
quife de Seyigny > dont on a dit, fans>
trop de fondement >que Ménage étoit'
devenu amoureux , une Epure à Cha-
pelain , fon ami alors f & avec qui il
fe brouilla depuis , des Stances fous
lé titre $ Indifférence % des vers pour
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mettre fous le portrait iT Amarante ,
MiÏag" peut-être la femme de M. De la La- t
U9%. ne » & un Sonnetyî/r /a KSuhriande de
Julie , depuis Ducbefle de Montau-
fier. Ces Poëfies , & les autres ou-
vrages 4e Méiiage ont été imtéfc en
versFrsmçoii^ffrMM> Godeatt,May*
natxt P*éfident d'Aurillac De la
Lane , Colletet , De Segrais ; dont
Ménage hii-même a réuni les pièces
dans les Mifecîlanea , oh Ton a auffi
fà Differtation ftir ies Smntts de ia
bdle mneintîtfi , dont f ai ettoccaîîôn"
cte parier à f article de Voiture. Le /
but prefque unique deTEpîtretle M.
Godeau eft-de louer Ménage fin* le
foin qu'il a pris de recueiîfir & de
piAfierlesPoëfies Latines dé Sâfeac. :
i MATTHIEU DE MONYftEUît.
Matthieu <
x>i Mon- y a \ pgj-j^ ( j ans lîn a ^tr e volume de
T *i*ju. ^ can ^ e M° nttreu l °U Montreuit 9 cfai
avoit été ami de Ménage & fuh des
4b de l'Académié Frartçinfe ; t pàï ;
nommé dans le même article / Mat-
thieu de Montèrent f frère puîné de
Thon du Jean , qui fut lié pareillement avec
Slp.^, - ' Ménage^ & qui eftplus connu par
fespoéfîes que fou ^mé. Matthièti,
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Françoise. 331
•fils de Bernardin , lequel étoit Àvo- — ^
■cat aii Parlement de Paris , naquit en ^ A1 £Î£JJ
a 620 , vraifemblablement dans cette
ville , quoiqu a s en tenir à quelques- 1 6?z>
xmes de fes Lettres, ijparoiffe qu'il
étoit né en Bretagne. Son pere qui M é m .deM.
s'apperçut qu'il aimoit l'étude & la Mkhauit ,Y.
vie tranquille , le deftina à l'état Ec- **• *
cléfiaflique , & lui fit prendre la ton-
fure. Mais le jeune homme n'alla pas
plus loin , & il n*a jamais été enga-
gé dans les Ordres facrés , en quoiil '
a agi fort fagement , la gravité èe
point.
Né avec un efprit amufant, & un
cœur affez porté à la tendreffe , étant
bailleurs d'une phyfionomie reve-
nante Se tî'unefigure aimable , il plut
aux Dames , il en fut recherché, &
ne penfa qu'à les amufer & â fe ré-
jouir. Ses Lettres peuvent pafler pour
un Journal amoureux ; & fes vers ,
furtout fes Madrigaux , éloignés de
la verfifieation guindée de tant d'au-
tres pièces de ce genre , font clairs ,
faciles , naturels , & renferment ordi-
nairement un joli fens. On l'a aceufé
d'avoir affe&é un peu trop de les
faireinférer dans les Recûeik de Po#-
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332. BiBtIOTHEQVE
fies choîfies qtic les Libraires foi-
Wa " h,£D {oient alors imprimer : ce qui a fait
tkeÎil ON " dire à M - Dcfpréanxdans fafeptiéme
i4 9 i Satyre :
On ne voit point mes vers £ Tenvi de Montreuîl ,
GrôflW impunément les feuillets d'un Recueil.
Nor. furies Mais M. de la Monnoye prétend que
î Ug s. d p *îi6 Mor treuil étoit innocent de cette a£
'. feftation. Elle eft , dit-il , eatiérement
du Libraire Sercy , qui pour multi-
plier les volumes des Poëfies qu'il
imprimoit , ne me'ttoit dans la plu-
part des pages , qu'un Madrigal feul
de fix vers , & louvent de quatre,
avec le nom de Montreuil au bas en
grofle lettre. Barbin en ufa de même
.lorfqu'en 1666 il imprima les vers
du même Auteur à la fuite de fes
Lettres,
Il n'eft pas fur d'ailleurs que Mat-
thieu de Montreuil foit Auteur de ce
grand nombre de pièces qu'on trouve
dans les Recueils depuis 1645 J u f
Mém.d'Ar- q U » en 1665 ; on prétend même qu'il
wîV}». - & doit paffer pour confiant qu'il neTefl
îuiv. qu'en partie ; que les Recueils anté-
rieurs à 165 1 contiennent quelques
vers de l'Académicien , ou des frères
.^înés de Matthieu , car ils étoieat
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Françoise. 333
tous Poètes ; que dans les Recueils «— —»
fiiivans imprimés par Serey , il s'en Matthieu
trouve plufieurs du quatrième frère , D£ M 0
qu en général tous ceux qu on voit
fignés ^ • Montreuil , ne peuvent
être attribués à l'Abbé , puisqu'il ne
les a pas réclamés dans le Recueil de
fes Œuvres.
Quoi <gu'H en foit , le goût pour la
galanterie qui entraînoit celui-ci, ne
t'empêcha pas de voyager. On voit
par les Lettres qu'il fçavoit un peu
d'Efpagnol , qu'il a voit appris dans
le pays même ; de l'Italien , & du^
. Latin fuffifamment pour un homme
d'efprit ; qu'il a paffé june partie de
fa vie en Bretagne , qu'il y peffédoit
un bon Bénéfice , & qu'il étoit même
d'une Académie ou Société de gens
4e Lettres de cette Province. Il jouif-
foit d'jjnç fortune honnête ; mais
l'amour du plaifir Tengageoit à des
dépenfes conlidérables. En dédiant
fes Œuvres à M. Molé , Maître des
Requêtes, il publie hautement le$i
Saveurs qu'il a reçues de ce généreux
Mécène. « Mon deffein n'efl: pas de
» dire du bien de vous f mais de fai*
» re fçavoir à toute la France que
» vous m'en avez fait.,.... Grâces à
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334 Bibliothèque
— ■ — » votre générofité , fans le fecours de
Matthitu »la Phitofophie je puis vivre con-
Pe Mon- »tent».
treuil. M- dc Qjfoac , Evê^ue de Va.
* lence ,& depuis Archevêque d'Aix,
prévenu en fa faveur , l'engagea de
venir demeurer avec lui , & l'Abbé
y conlemit. Il avoit alors mangé une
grande partie de fon bien, il eltimoit
d'ailleurs le Prélat , & il fut content
de pouvoir lui être utile en qualité
de Secrétaire & d'homme de lettres.
Quatre vers de feu M. Calvy , Juge
eut auffi quelque autre emploi û ce
n'eft que ces vers font fur le ton de
critique : les voici ;
Lorfque M. de Çofnac paffa à l'Ar-
che vêçné-d'Aix , Montreuil le fui vit r
& mourut dans cette ville au mois
de Juillet 169a. Dans le Recueil de
fes Œuvres , dont j'ai parlé , on a di*
même une Lettre oîi 1 on remarque
beaucoup d'efprit & de délkateile,.
de Graffe
SuppK de
ifor.de 1749P
Pont la profe & les ver? font tant de bruit en
France ,
Matthieu Montreuil eft en Provence
Greffier de runiverficé,
Matthieu Montreuil , cet Auteur fi vanté ,
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Fn'4'irço! s s,"
• contenant lt voyageât la Cour de Fran-
et vers la framiettiTEJpagrit T >pour le Matthjeçj
-mariage du Roi' Loutë &\3L. elle çft M o ^
de *66o. Elle m été attribuée, par, TKE f u ]
pluûeurs Ecrivains à M, de Monti~ 1
pny , mort Evêquede Léon , comme
je l'ai obfervé en parlant de ce Pré-
lat : mais il eft fûrqu'çlle eft de l'Ab-r-
bé de Montreuil. Il y raconte ce *
qu'il avoit vu lui-même , ayant été
de ce voyage. On a réimprimé cette
Lettre en 1667 dans le t, 1. d'un
Recueil de quelques puces nouvelles &
galantes. > tant en proje quen vers.
CHARLOTTE SAUMAISE DM Charlot-
ÇHAZANy Comtesse de Breqy. t e s a u-
MAISE D fi
Madame la ComtefFe de Brégy Chazan ,
parle aufli de ce voyage dartsfes Let- Coi *tesse
très. Le nojn de setté Pame étoit DI 1 ^^ r "
Charlotte Saumaife de Chaym. Elle '
étoit nièce du fçavant Claude de Sau-
maife , qui fut honoré en 1645 ^ un
Brevet deGonfeilier d'Etat. Elle fut p*rn. Fr.
inariéafort jeune à M, de Flécelles, P-45ï«
Comte deBrégy> Lieuten^nt-Géné-
ral des armées du Roi , Confeiiler
d'Etat d*épé^ r Envoyé extraordinai*
re en Pologne * & depuis Ambaffa^
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33^ Bibliothèque
S!^ mm ^ deur en Suédè. Dans fes Lettres, elle
Chabot- parle de deuxde fes frères qui étoieat
T E d A . U v militai té6 , dont l'un fut tué à Far-
Ch az.an , mee , ce <jui rengagea de demander
Comtesse pour le furvi vant à la Reine Mere le
x>s Brégy. gradé'du défunt. Elle n'y dit rien de
Lcmcs & * es en f ans ♦ m ** s on fçait qu'elle étoit
pr èCdcMarf. mere d'Anne-Marie de Sainte Eufto-
•pour Maraine Anne d'Autriche , Rei-
ne de France , fit profeffîon à Port*
Royal des Champs le n Novembre
*66oàPâgede 27 ans ,& mourut le
premier Avril 1684 > âgéfi*4 e $ r ans »
On peut voir fon hiftoire dans le Sup-
plient ali Nécrôlôge *te l'Abat
r.jmo» & de Port-Royal des Champs. .
imu Sa mere , qui ne Ta voit élevée gue
^pour le monde , étoit bien venue au-
* près de la Reine, dont elle fat unç
1 ides Dames d'honneiir , & dont elle
le portrait ; elle pkit beaucoup à
ia Cour par fôn efprit , fes taiens &
fes agrémens extérieurs., & c'eft fur
ce dernier article que Bènferade là
: loue prijratipalèmfcat daiisiuiaEiritre
iw+tiuÙ' Mon ame incapable 4efan<îrc,
pag. 55. Voofconno«aifczpo*ip*otts^uâidre4 -
Et
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: François e:
Et le haut char oit je tous voy ,
Traîne a/Tez dVçlavcs (ans moi : CharlQT-
Si bien qu'il eû bon , ce me femble , TE Sa u*
Que nous n'ayons commerce enfembie ^ ISE DB
Qu'une fois , & fur ce papier ,. Co^l
Ou je vous rends compte de hier. D£ Brbgv*
Par le portrait que Madame de ,
Ërégy nous a laiffé d'elle-même , il & U
eft aifé de fentir que Jîeriferade ne dk
foit rien de trop. A l^gan! de fon ca-
raftere i voici comment elle le peint*
* J'aime trop la louange , dit-elle,»
» & c 'eft ce qui me la fait rendre avec
» ufure à ceux de qui je la reçois. J'ai
» le cœur fier & dédaigneux i mais
^ je ne laiffe pas d'être douée & civi-
» le. Je ne m'oppofe jamais aux fen-*
» timens de perîbnne ; rn^is il eft vrai
» qu'intérieurement je rie les reçois
» guéres au préjudice des miens ».
On voit cependant par l'hiftoire de
fa fille , qu'elle contredit avec beau-
coup d'empire le parti que cette*
pieufe Religieufe s'étoit crue obligée
d.e prendre , & qu'elle fît tout ce qu el-
le put pour l'arracher du port où elle
s'étoit réfugiée. Elle continue , « Je-.
» puis dire avec vérité que je fuis née :
» fage & modefte , & que l'orgueil
~ prend toujours foin de confer ver en
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jjS BritibrpÉQUE
„ moi ces deux bonnes qualités. Fai
CtfARLot- » de la pareffe * je ne cherche
f ê S a b- » pas les plaifii-S & tes divertifïemens;
AXise àfe H mà j s loifqù^H pf-ëiid plùs de foin
CoS«se » que moi-fiiêmè de xxie les procurer,
ai Brég*. h Ion m oblige, & jy parois fort
x j . « fcaie, bieri quèje në le fols pàs trop.*.
>i Je n'ai pas l Vfprit potté à 1 Intrigue;
» mais quand je fefâi ëntrée dans une
affaire, je ffèrife affliirémèfit m'en
» démêler kvet quéldufe condinte. Je
» fuis contente jùftjii à Topinfâtreté,
» & fecfétê jtifqu'à rèxfcès...... Pdttf
à lier d'antitîé aVec mbi , il en faut
^ faire Tôtrtes les avances ; itiàis je
n réptffe bien Ces pèrriés par les fui-
» téi ; car /e fëfs mëi âfriîs avèc toute
>> i'arâeiif qti'ôn a accoutumé d'em-
apfoyer feûleitfefrt pour fes particu-
» liers. îfttérêtsr ; jè les loue , & je les
Héf£ft& i fàtiê jamais convenir de
» rieri qui foit tontrë èiii Je n'ai
>i tfofnt âffèz de vertu pour être fans
^ le de'fir dù biéh & des honneurs;
» triais f'etf aîi tf op pouï furvre au-
* tûri dés" chemins qiii y peuvent
conditirê. J'âgis da'hs le tiïàhde feloa
* ce tfttû devtbii être ôfc tro>p ^eû
^fètoncè qù'il éft»;
ibid. P . i 7 . 4 Son affèftioft pbifr Bëftfëradë hii fit
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F r À n ç 6 i s e: 339
prendre parti pour le Sonnet de ce
bel efprit fur Job , contre le Sonnet Charlot-
durante pâr Voiture. Elle s'en expli- TJ \ A ^
Jua avec beaucoup de politeffe & Chazàn ;
'éfprit dans une Lettre qu'elle écri- Comtesse
vit ftir cela à Madame la Duchefle i>e b*egt«î
de Longue ville qui tenoit pour lè *****
Sonnet de Voiture , & qui hu fît yne â J$ c * zt f J
rëpohfe également fpirituelle à éld- dcBcnferad*,'
gante. Sur quoi un Anon^më fit lei
Vers fuivans , où il fait parler ainfi
l'ombre de Voiture à Madame de
Brégy.
geauté brillante autant que fombjrç ; Recueil de
Qui troublez fi cruellement , Serci » t, i.
Par votre injufte jugement ,
Le repos & la paix d'une Ombre ;
Réformez votre Arrêt , rétraftez votre écrit «
Et de votre raifon tirant plus d'avantage ,
Chaflèz rpbfcurité qui vous voile Tefprit ,
Vous la châtiez fi bien de deflus le vifage.
Les Lettres de Madame de Brégy 1
nous apprennent auffi qu'elle avoit
d'étroites liaifons avec les Reines
d'Angleterre & : de Suéde , avec
Monsieur , frère unique du Roi**
Madame la Comtefle de Soîflbns f
M. le Chancelier le Tellïèr , M. Har-
douin de Peréfîxe Archevêque de
Paris • le Pere de Sainte Marthe î qui
pi]
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34Ô B I fi LIOTHE QJJ E
y— B a été Général de la Congrégation de
Charlot- l'Oratoire /l'Abbé de Montaigu,
MAisE A dë E nvo y^ en Angleterre; , & plufieun
Chazan , autres perfonnes diftin^uées pàr leur
Comtesse, naiflance & par leur mérite. Ces Let-
DE Bregy. très, toutes fans date , finiffent par
i ** >• une Rejation allégorique d'un voya-
ge fait à S. Cloud.
Ses Poëfies qui font en petit nom-
bre, ont de la douceur de l'élé-
gance. Mais elles ont prefque toutes
pour objet un amour rafiné & méta-
physique , qui étoit du goût des
beaux efprits de ce tems-là. Oïl en
peut juger par les queftions d'amour
que Madame de Brégy propofa en
profe , que Quinault mit en vers par
ordre du Roi , & que la Comteffe
Expliqua ¶phrafa à fon tour,
auffi en vers. C'eft à peu près le
même goût qui règne dans fes Son-
nets & dans les Stançes. Le Sonnet
fur les Antiquités de Rome me paroît
mériter quelque préférence j le voici ;
• Voui que Ton vit jadis tle fplendcur éclatans ,
Termes , Cirques , Palais , q uc parcout on re-
nomme ;
Si vous montrez encor la puiiïancè. de Rome ;
yow mymrcz bicii^ufli la puiflknçc4utcmt<. ;
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Françoise; 341
Autrefois Ton a veu loger des Empereurs «
^ * Où logent maintenant tous les oifeaux fùneftes: ChàKlOT-
De ce que vous étiez vous n'êtes que les reftes ; T E S a U-
JEt la guerre a fur vous déployé fes fureurs. M AIS£ D B
« r . . Chazan ,
Rome qui fous fes loix rangea toute la terre , Comtesse
Ayant régné longtems , reperdit par la guerre |> E Brigy.
Tout ce que fa puiflanceavoit pu conquérir. I*JJ«
Sa ruine a du fort témoigné Pinconftance ;
L'Auteur de fon trépas le fut de fa nai/làncc :
Mars lui donna la vie , & Mars >a fit périr.
Madame de Brégy conferva fa
beauté extérieure avec celle de fon
efprit jufque dans un âge avancé , ce
qui donna lieii à ce couplet de chanr
ion y un peu malin :
Vous avez belle B * e a y s,
Plus de printems que les Lys ; r
Car Jcs Lys n'en ont qu'un ; . ]
Vous en avei cinquante , & bientôt cinquante un, r
Cette Dame eft morte à Paris le 1 3
Avril 1693 , âgée de 74 ans, & fut
inhumée à S. Gervais , où l'on voit
fon Epitaphe , conjointement aveç
celle de fon mari. Dans la deuxième
partie de La Galerie des Peintures y
Sec. p. 441 & fuivantes, on lit un
portrait en profe tracé par elle de Ma-
demoifeUe de Saumaife , fous U nom de
la jeune Iris*
Piijf
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341 Bibliothèque
y Jean- JEJN-LOUIS FAUCON DE RIS,
KL- F *i Seigneur de Charlevjil.
1. i s , Sei- ■ - _
«NtuR d s Jean-Louis Faucon de Ris , Sei-
t h a r l i- gneur de Charleval , à quatre lieues
* A L# de Rouen , étoit un de ceux que la
***** Comteffe de Brégy mettoit au nom-
bre de fes amis. Il étoit d'une illuftre
famille , originaire d'Italie > qui vint
s'établir en France du tems de la
Reine Catherine de Médicis 9 & qui
a donné quatre premiers Préfidens au
Parlement de Rouen , & un à celui
de Rennes. Charleval dont cette fa-
mille a pris le nom , eft un village
confidérable , ci - devant nommé
Noyon fur Andelle , où Charles IX.
a voit fait bâtir un Château en 1572,
parce qu'il trouvoit ce lieu commo^
de pour la chaffe , dans la forêt de
-t-yons & aux environs. Ce fut de lui
Sue MM. de, Ris l'acquirent , ce qui
îur donna lieu d'en prendre le nom.
Jean-Louis Faucon de Ris vint de
Bonne heure à Paris où il a fait fon
|ejour le plus ordinaire. Il fe plai«
toit aufli à Ris > village du tnêmç
Diocéfe , ainfi qu'on le voit par une
Lettre manufcrite de Chapelain , du
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Françoise; 34$
19 Oftobre 1655 ; & il faifoit dé ■ 555;
terns à autre quelque voyage en Nor- J h a n-
mandie , fa patrie. L'Abbé de Boifro- *ai>
bert^dansTEpître en vers qu'il hji a
adreflee , le gronde de ce qu'il étoit GNEU k dè
venu à Paris fans l'en avoir averti , Citf arliJ-
& le menace de le traiter de même VAL -
2uand fes affaires le conduiront a ^J|? de
.ouen, ou en quelque autre lieu de Boifr. in- 4 *.
la Normandie. p. 9*
Né avec une complexlon fi foible^
que chaque année fembloit devoir
terminer fa vie , il ne laiffa pas dè
cultiver les beaux Arts avec foin. La
nature qui lui avoit donné un corps fi
délicat , lui avoit fait l'efprit de mê-
me , & tout ce qu'il a produit eft
marcjué à ce coin. Marot fut en par-
ticulier fon Auteur favori , & fon
ûylè poétique en approche beau-
coup. Son affe&ion pour ce Poète
fe voit auffi dans ces vers qu'il adref-
fa à une Dame qui lui en avoit de-
mandé les Œuvres,
Les Œuvres <\c Maître Clément
Ke font pas gibier à dévote ,
Je vous les prête feulement ♦
Gardez bien qu'on ne vous les ôte.
Si quelqu'un vous les efeamote ,
Je k donne au diable Àôarou . .
Recueil de
Barbin , t. 4.
Mélange de
Vign. Marv#
c. t. p. agi t
»?»•
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344 Bibliothèque
D'autres font fous de leur marote ,
J,OU is F AU- Mo * ' e *"* S * 0U m0n Marot *
K?s N Sei- Comme ce Poëte , M, de Charle-
gneOr de va l faifoit des vers avec une grande
Charli- facilité, & où Ton remarque un efprit
tal. aifé & naturel II n'aimoit point à
***** faire de longues pièces , ni à beau-
coup méditer celles qu'il faifoit. Pa-
reffeux par caraftere & par une fuite
cle fon tempérament , tout ce qui de-
mandoit quelque foin le febutoit d'a-
bord. C'eft par cette raifori qu'il n'a
jamais voulu fe charger d'aucun em-
ploi , ni rien faire pour avancer fa
fortune. Il aimoit les plaifirs , mais
fans trop s'y livrer. L'entretien de fes
amis le charmoit plus que toutcequi
auroit pu le tirer hors de lui , ce qui
lui a fait dire :
„ . Amitié tout eft charmant
Recueillie .
Barbin,t. 4. Sous ton équitable empire ;
p. jj $• On te trouve rarement ,
Ceft ce que j'y trou v e à dire.
Cette plainte trop fondée en général,
ne le regardoit pas ; peu d'hommes
ont eu plus d'amis ; non feulement
parmi les Ecrivains les plus polis &
}cs plus agréables de fon tenu , mais
V
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F r a n ç o i S *7 34Ç
encore parmi les Seigneurs les plus
diflingués de la Cour. On compte " : J e a n-
parmi les premiers Scarron & fon il- LoUisFau -
ïuflre femme , depuis Marquife de £° S N * E *
IVlaintenon , Chapelain , Thévenot, gneur di
Sarafin ,'qui lui a adrefleplufieurs de Gharle-
fes Sonnets , & des Stances , & qui le val.
loue dans la pièce intitulé , te Mouton U9 **
fabuleux 9 Conrart , Maynard , qui
le confiiltoit fur fes vers , &c.Soh
cara&ere aimable, fon efpritfolide,
& fa difcrétion lui acquéroient Pefti-
jne & la confiance de tous ceux qui
Je cpnnoiffoient. Il avoit peu étudié
les anciens Auteurs , maisbeaucbup
les hommes.
Lire & repayer fouvent Recueil dt
Sur Athées & fur Rome, pa^tV/' *
dit-il,
pag. J5J.
Oô de quoi faire un fçavant *
Mais non pas un habile homme.
Méditez inceflàmment ,
Dévorez livre après livre ;
C'eft en vivant feulement
Que vous apprendrez à vivre.
Avant d'en fçavoir les loix *
La clarté nous eft ravie ;
11 faudroit vivre deux fois
Pour bien conduire la vie.
Quoique le plus grand nombre des nu, p. i%\
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54$ B I BilOT HEQUÉ
vers qui nous reftent de lui n'ait que
J * a n- [a galanterie pour objet , on prétend
IoukFau. Py . t : ^ d'intrigue fuivie,
K i $ , Sei- & < I ue ce fl u " diloit à une Dame 9
Ch a* Ll» ^ e ncn ?cuz V 1 '* wre amitié ,
^ a l« C*eft une faveur finguliere :
flj$# Ne m'obligez pas à moitié ;
Accordez-la-moi toute entière :
fon cœur le difoit à toutes , quoique
fa plume ne traçât que des fentimens
d'amour. L'Abbé de Boifrobert,dans
l'Epître citée plus haut , fait cepen-
dant entendre qu'il fréquentoit vo-
lontiers les Dames y & qu'il aimoit,
U jeu ;
...... Comment ferort-ir poflîblc
Qu'après t*a?oir tu Ci fenfible,
Mon cœur par tant de noeuds lié
fût été mot oubtié r
ïô m'as trop montré de tendrefle ;
Jfe ne pais croire qu'elle cefle
Enfin dy moi quel eft mon crime»
Le tien eft le hoc on la Primé ,
On le TriSrac ou le Piquet ,
On quelque attachement coquet»
/'
Mais il faifoit principalement confit
ter fa félicité dans la modération de
fes delirs , & dans ht tranquillité de
Isl yjc y que les paiEons ne mancgjent
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. Françoise. 347
jamais de troubler. C'efïçe qtfii y
exprimé par ces vers :
Louis Fai^-
Modérons nos propres ?«ux » C O N ' D I
Tâchons à nous mieux connoîure, & _i s > S*.£
~r>eiir€-tn d'être heureux ? cNiuft D I
Délire un peu moins de l'êxre. Charl^
y AL.
I-€ fameux fouverain bien , i f j j .
tn un féjour de mifere , 1^4, p.*j 54;
K'eft qu'un pompeux entretien
Et qu'une noble chimère.
VoicJ comment j'ai compté
Dès ma plus tendre jeuneflèj
La venu , puis la famé ,
Puis la gloire , puis la riebeflb,
La noblefle de fon cœur & fa gt> Pam. Fi»;
nérofité parurent en diverfes ôcc^- *•
fions. Il sVtéreffoit fur-tout à la for-
tune des gens de Lettres. Il fuffit dç
rapporter ce qu'il fit ppur M. àp
Mad. Dacier. Peu de mois apçès leur
mariage , ils eujçnt deflein d# 6? re-
tirer à Caftres. M- de Cb<arleva| s'i-
maginant que leur frrUwe qtii. ^tpit
alors très-bornée , ppiiyoit les cLéfcçfi-
miner à prendre ce p#r,ti , il aUa, led
trouver, leur apport» mille
yres en or , les prdfy ayeç tputçs Igj
iflftances poflibles de tes, açceptçi^
On dit que M f de Qkarjevai nîé t ctir
tf&pas wgios poEm t»t eti p^pfe
4 P vj
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■ - -^ 348 BlBLIOTHEQ VË
S mmmmm . qu'en vers , & que dans tout ce qui
Jean*- eftforti de fa plume , on remarque
\ o U " F d U h ?™ cou V <} c franchife ^d'ingénuité,
K 1 s s^i- fidèle au régime qu'il s'étoit prefcrit,
^neur dx malgré l'extrême délicatèffe de fa
Ch akjle- complexion , il a pouffé fa carrière
> T A *« jufqu'à Tâge de 80 ans. Son eftomach
u > u 9}* s'étant encore plus affoibli par les
années , il prenoit foirvent de la ru-
barbe pour le fortifier ; mais ce qu'il
regardoit comme un remède , fut
pour lui un poifon. Ce fréquent ufa-
' ge de la rubarbe réchauffa trop , &
lui caufa de la fièvre. Les Médecins
« «urent recours à la faignée , qui fut
réitérée plufieurs fois. A la dernière
faignée , comptant avoir réuflï , ils 1
dirent en préfence de M. Thévenot, 1
Sous-Bibliothécaire du Roi : Enfin
voilà la fièvre qui s'en va : Et moi,
répliqua Thévenot , je vous dis que
c'eftle malade qui s'en va. Et eneffef, 3
M, de Charleval mourut une ou deux
heures après. C'étoiten 1693.
Le Recueil de fes Lettres & de fe
Poëfies eft tombé après fa mort entre
les mains de M. le premier Préfiderft
de Ris ,fon i neveu, qui a négligé d'en
faire part au Public» Mais on avoît
«léja^de lui fept pièces ea vers dansfe
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J
Françoise. 349
Recueil de Serci , fçavoir , dans le
T. I. un Sonnet , des Stances à M. Sa- J e a n-
razin pour l'inviter à dîner 9 & deux Louis Fau-
Epigrammes ; dans le T. IILdes Stan- £ t f N ^ £I *
ces contre la coquetterie, & un Son- GNEl / R D B
net fur une quefte ; & une Epigram- Char Li-
me dans le T. V. Le Recueil de Bar- val.
bin contient un bien plus grand nom- de
bre de pièces du même , depuis la scrci , t. 1.
page 3-05 du T. IV. jufqu'à la page *'J\ 9 *£ 9
360. ce font encore des Stances 7 des t j-Vm*»
Epigrammcs , & plufieurs Chantons,
les unes fur l'amour , d'autres fur le # s *
vift : il y a auffi quelques Stances
chrétiennes, que l'Auteur compofa,
fans doute , dans un âge avancé ; je
fouhaite qu'il ait penfé auffi folide-
ment le refte de fa vie ; voici les fen-
timens qu'il y exprime :
#.cs ombres de la mort me vont couvrir les yeux^
11 faut quitter la terre & s'élever aux Cieuz ;
11 faut des libertins détefter les maximes ,
Et que mon repentir foit égal âmes crimes.
- Pardon , Seigneur , pardon à ce pécheur Chré-
tien ,
Qui sut homme d'honneur fans être homme dt
bien ,
Et qui d'une foi morte , ou plutôt endormie ,
, Ne cherchpit Ton falut que dans la prucTbomie ,
Par ta bonté , Seigneur , mon efprit éclairé , *
Rtconnoît qu'autrement ta doit 4u* adoré ,
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3jo Bibliothèque
E5555555 £t qu'une ame au plaifir par le monde etnpor-
Jean téc ,
Louis Fau- j^ft pas digne du hng dont ta Tas rachetée.
C O N D I
Ris, Sw M, Dacier , au commencement da
gneor di f econd tome de fa Traduûion d^Ho
tal. RL1 race » a donné un difcours fur cê
Poëte, qtiieftde M. de Charleval ,
Ce difcours comprend en peu de mots
un jugement très-fin & très-folide des
Poëfies d'Horace , dont Charleval
faifoit fes délices,
=== PAUL PELLISSON FONT4-
Peiusson NIER*
I O N T À-
nikr. L'indépendance & la tranquillité
qui firent les délices de M, de Char-
leval , ne furent point le partage de
PaulPe/liJ/on Fomamcr^fon, contenu
porain & fon ami ; & fi celui-ci fut
décoré de plus de titres , s'il fut re-
vêtu de plus d'emplois , il éprouva
auifi plus de troubles , de traverfes
& d'agitations. Sa famille f comme
celle de M, de Charleval , étoit
ancienne & difiinguée , fur-tout dans
la Robe. Il comptoit parmi fes An-
cêtres , Raymond Pelliffon , qui fût
Àmbailadeur de France en Portugal,
M%ft 4ç§ Rç^uçfes^ pxemjer P#fr
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Françoise. w
dent du Sénat de Chamberi , & Com-
mandant en Savoye pour François Pa u^
premier; & depuis ce Raymond juf- f*o"ta-
qu'à Jean-Jacques Pelliffon , pere de nier.
Paul , on pourroit , (i c'en étoit ici le 1*9*.
lieu , nommer plufieurs autres P e ^ r6 ^i] e , Mo ^
Tonnes de cette famille 9 qui ont remr r c
pli avec beaucoup d'honneur & de
diflinôion les emplois où leur mérite
les avoit fait parvenir.
Paul naquit à Beziers l'an 1614, Joîy.Rem;
auoique quelques Ecrivains le faf- ^j*** 1 * * w
lent naître à Caftres , & en 1628.
Pour fe diftinguer de fon frère aîné , N
il ajouta au nom de Pelliffon celui de
Fontanùr \ qui étoit celui de fa mere,
femme de beaucoup d'efprit , mais
fort entêtée des préjugés du Calvi-
nifme dans lefquels elle n'eut que
trop de foin de nourrir fon fils. Ce-
lui-ci fit fes Humanités à Caftres , fa Hiftoîre <fr
Philofophie à Montauban , & fon g-
Droit à Touloufe , où à peine eut-il & fut?',
donné (juelques mois à l'étude , qu'il
entreprit de paraphrafer les Infiituus
4e Juftinien , dont il ne donna cepen-
dant que le premier Livre 9 qui parrçt
en 1645. P^ 11 ^ e tems a P r ^ s il vint à
Paris , où le célèbre Conrart , à qui
4I étçit recon^mai»l4par les Prote£
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3fi Bibliothèque
tans de Caftres , fe fit un honneur de
Paul j e montrer à ces premiers Académi-
F E ^""°^ ciens , dont la maifon étoit le ren-
i e r. dez-vous.
1^5. Tout portoit dès-lors M. Pelliffon
à oublier fa Province. Il retourna
cependant à Caftres pour y fuivre le
Barreau , & fe difpofer à remplacer
dignement fes pères. Mais f^ carrière
s'ouvroit à peine, lorfqu'il fut attaqué
d'une petite vérole , qui lui déchi-
queta les joues , & lui déplaça pref-
que les yeux. Si cet accident l'af-
fligea , il crut ne pouvoir mieux fe
confoler qu'avec les Mufes ; & pour
cela il revint à Paris. Meconnoiffa-
ble à fes amis , k ne confulter que les
traits defon vifage , ils le reconnu*
rent à des traits plus durables , à des
manières douces & liantes , à un en-
jouement délicat ; & fur-tout à une
certaine éloquence de converfation
Îui lui étoit particulière. // abufoit y
it Madame de Sévigné , de la ptr-
miffion qu ont les hommes d* être laids:
mais il n'avoit qu'à parler pour arrê-
ter l'impreflïon que pquvoit faire la
difformité de Ion vifage.
Parmi les perfonnes qu'il cultiva
lé plus 1 Mlle de Sçudery tint le pr^
NIER
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Françoise. 353
mier'rang. Une parfaite conformité — —
de génie, de goût, & de fentimens
les avoit faits l'un pour l'autre. Il n'y F """£ !
eut peut-être jamais de liaifon fi ten- Nl E , R#
<ire ni fi confiante. Ou ils fe virent , 1^3.
ou ils s'écrivirent tous les jours , du-
rant près de jo ans. Le célèbre Sara-
zin étoit de leur fociété , & après fa
mort , arrivée à Pezenas en 1654 , „
M. Pelliflbn recueillit fes ouvrages ,
les dédia à Mlle de Scudery 9 & les
orna d'une préface où la bonté de
fon cœur ne fe fait pas moins fentir
que la jufteffe de fon efprit.
Dès 1652 , déjà pourvu d'une
charge de Sécretaire du Roi , il lut
à l'Académie Françoife l'hiftoire qu'il
avoit faite de cette Compagnie , qui
par reconnoiffance le nomma des-
lors à la première place vacante , &
ordonna qu'en attendant il auroit
droit d'aflifter à fes Affemblées : mais
avec cette claufe , Que la même grâce
ne pourroit plus être faite à perfonne 9
pour quelque conjidiration que ce fût.
Vers la fin de l'année fuivante , il
ceffa d'être furnuméraire , & pronon-
ça alors, le ^Novembre 1653 , un
difcours qui fut applaudi.
, Comme il a 'avoit pas moins Tef^
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MIE
un
354 Bibliothèque
prit des affaires que celui des Lettres,
Paul & qu'il s'étoit fait un fonds de con-
Pellisson no iflf ances utiles , qui le rendoient
ont a- p rQ p re ^ toll te forte d'emplois , M.
Fouquet , qui l'eftimoit & qui con-
noifloit fon mérite , rattacha à fa
perfonne en 1657, & le fit fon pre-
mier Commis , & bientôt fon confi-
dent. M* PellifTon, loin d'abufer du
crédit que cette nouvelle fituation
lui donnoit , ne s'en feirvit que pour
le bien public , & négligea même fes
propres intérêts ; ce qui lui fait dire
dans fa Requête à lapoficrité , que pour
fervir le Roi ,
Il quitta les amours ,
Les tendres vers & les tendres d&ours ;
Mourut au monde , & de très-bonne grâce #'
Son épuaphe en fut faite au Parnafle »
Veilla , fua , courut , n'oublia rien ,
Pendant quatre ans , hors d'acquérir du bien *
N'en voulant point qui ne lui vint fans crime g
St qu'un Patron ne rendît légitime.
En 1659 il alla prendre poffeflion
d'une charge de Maître des Comptes
à Montpellier ; & ce fut dans ce voya»
ge que paffant par Pezenas , il fc
transporta fur la tombe de Sarazin,
i'arrofa de fes larmes , fît célébrer un
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Françoise, 355
fervice pour lui , & lui fonda un An-
niversaire f tout Proteftant qu'il étoit Paul
1 Pellissok
encore, F o n t a*
Quelque tems après fon retour à N1 ER>
Paris, la difgrace de M. Fouquçt 1^5.
ay^nt éclaté , M. Pelliffon y fut en- M M d é c m p au ^
veloppé : on le conduifit à la Baftille Ferriés dans
aù mois de Septembre 1661 , & il y 1 e / * cm ' d *
, / 9 . 9 * M. Joly fur
demeura quatre ans & environ qua- Bayie , P ag.
tre mois , îans rien perdre de fa tran- &tor »
quillité , parce que fa confeience ne
lui reprochoit aucune faute dans
l'emploi qu'il avoit exercé. Àuffi
dit-il en parlant du lieu oîi \l éto\t
détenu :
Doubles gril' es à 'gros doux ;
Triples portes > forts verroux ,
Aux ames vraiment méchantes
Vous repréfentez l'enfer ;
Maïs aux ames innocentes
Vous n'êtes que du bois , des pierres & du fer*
Dès qu'il fut arrêté , un Gafcon de
beaucoup d'efprit , qui avoit été à
fon fervice, & qui avoit éprouvé
3u'il étoit libéral , alla trouver Ma-
ame Pelliffon , mere du prifonnier,
& lui dit qu'il venoit s'offrir pour
rendre fervice à fon ancien Maître,
& qu'il étoit réfolu de tout hazarder
pour y réuflir. On le crut , & on le
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356 Bibliothèque
■M^i chargea de rendre une Lettre de M.
Paul Pelliffon à M. Fouquet , que Ton con-
! E ^ SSON duifoit de Nantes à Paris , & qui étoît
r ER T *~ gardé à vue. Pour y parvenir , le
i6$i. Gafcon prit la route de Paris à Nan-
tes , offrit fon fervice dans tous les
logis où M. Fouquet devoit pafler, &
fe loua dans un en qualité de Cuifi-
nier. Lôrfqu'il fallut fervir à fouper à
M. Fouquet , il feignit d'avoir fait un
faux pas , & jetta exprès ûn plat de
potage fur un des gardes qui étoit à
. fes côtés ; & pendant que les autres
gardes avoient les yeux fur leur ca-
marade , il fit comprendre par un
clin d'œil à M. Fouquet , que ce qu'il
venoit de faire n'étoitpas fans my£
tere. Celui-ci ayant foupé , & vou-
lant aller au lieu fecret de la maifon ,
le prétendu Cuifinier prit Un flam-
beau pour l'y conduire , & en le po-
fant , il mit auprès la Lettre de M.
Pelliffon , avec du papier & une écri-
toire , & fortit fi promptement , que
les gardes qui étoient reftés à la por-
te , ne foupçonnérent rien. Il ne tar-
da pas à fe faifir de la réponfe, que
M. Fouquet avoit laiflee au même
endroit , prit congé de l'Aubergine ,
retourna en diligence à Paris , s'en^
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Françoise; 3^7
rolla en qualité de foldat à la Baftille,
& remit la Lettre à fon ancien Mai- p EL ^ I j S ^
tre , à qui il fut d'un grand fecours F 0 A .
durant tout le tems que dura fa pri- nier.
fon. u?$.
Malgré les ordres très-exprès du
Roi , qui avoit défendu qu'on don-
nât à M. Pelliffon ni encre , ni papier,,
& qu'il eût aucune communication,'
finon avec fes gardes , il fiit toujours
pourvu de tout ce qui eft néceffaire
pour écrire. Il entretint un commer-
ce de Lettres avec fes amis ; il en fit
paffer jufqu'à M. Fouquet , & en reçut
des fiennes. Ce ne fut même que par
les preflantès follicitations que ce
dernier lui fit dans fes Lettres , qu'il
employa le loifir de fa prifon à exa-
miner à fond par la lefture des Pères
Grecs & Latins , & des Conciles,quel-
Ie eft la véritable Religion parmi les!
différentes Communions qui parta-
gent les Chrétiens. La première écri-
toire & le premier papier qu'il eut lui
furent portés par un Ramoneur qu'on
avoit apofté exprès à la porte de 1$
Baftille , dans la penfée qu'il pour-
toit en demander un. Lui-même in*
Venta mille ftratagêmes pour entre-
tenir fes relations au*dehors . Se il
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35* Bibliothèque
■—— ■ » épargna fi peu l'argent dans cette
.Paul vue , qu'à fa fortie de prifon , il fe
E&usson trouva qu'il avoit dépenfé 54 mille
J^ TA -livres.
ïc 9 . LesFaôums répandus dans le Pu-
blic pour la défenfe de M. Fouauetf
furent d'abord reconnus pour êo-éde
fa main. Là Coiir en fit des repro-
ches au Gouverneur de la Baflille , 8c
lui ordonna de prendre de meilleu-
res précautions pour l'avenir. En
conféquence ce Gouverneur mit au-
près de M. Pelliflbn un Allemand ,
dont il fe croyoit aflïiré , & qui avoit
ordre de lui offrir fes fervîces , & de
faire un rapport exaû de ce dont il
feroit charge. Mais le prifonnier, fen-
tlt d'abord le piège auon luitendoit,
& peu après il fçut h bien gagnercet
Allemand , & le mettre dans fes in-
térêts , qu'en pâroiflant ne fervir
3' ue le Gouverneur , il fut en effet un
es plus fidèles émiffaires du prifon-
nier.
Pendant cjue M. Pelliflbn étoit pre-
mier Commis de M. Fouquet , il étoit
connu & eftimé du Roi. L'examen
rigoureux qu'on fit de fa conduite,
durant fa prifon , ne lui fit rien per-
dre de cette efiime. On répandit ce;
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Françoise.' 359
pendant contre lui plufieurs libelles
injurieux , on forma contre fa probité Paul
dés accufations odieufes , il fut plu- j^""™
Heurs fois interrogé avec beaucoup nier.
dë ievérité ; mais jamais on ne put u^j.
prouver qu'il fût coupable. Vous le
fçavez ^ dit-il , parlant de lui-même ,
dans fa Requête à la pojlérité, que j'ai
déjà citée , & qu'il fit à la Baftiile ,
' Vous le fçavez , grilles , portes , verroux ,
Si dans ces lieux , fans nuls témoins que vous ,
Son cœur , fa main , fa langue , fa mémoire ,
Du grand Louis n'ont révéré la gloire ,
Faifant pour lui ce qu'un cœur bien pieux
Au même état auroit fait pour les Dieux.
Vous le fçavez , ô puiflance divine ,
S'il eut jamais i'efprit à la rapine,
£t toutefois fans bien fçavoir pourquoy ,
Certaines gens , qu'on nomme Gens du Roy »
Bien renfermé le déchirent d*in jures ,
Lui demandant par longues Ecritures
Les millions que faifant fon devoir
11 n'eut jamais , mais qu'il pourroit avoir*
On le diffame , & qui pis eft encore ,
Il le fçait bien , mais il faut qu'il l'ignore.
On avoît faifi un de fes billets par
leqtrel il conféiltoit à M. Fouquet de
rte fe défaire jamais de fa charge dé
Pi-aciifew Géhéral; ce billet iht
ptfrté *tt Roi , qui après Ta voir lû j
(jfik : Le Cbmmis tn fçavoti-plus qïït /*
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36ô x BlFLIOTHEQUÉ
Maître. On lui infinùa de la part de
P a u l s a Majefté , que s'il vouloit fe faire
F ont a- Catholique, on pourroit le faire
nier. Précepteur de M. le Dauphin ; mais
x6;5» il n'étoit pas homme à changer de
Religion par des vues humaines. Ce
fut vers la fin de 1665 , ou au com-
mencement de 1666 , qu'il eut fa li-
berté , & il ne fit abjuration du Cal-
vinifme que le 8 d'Oûobre 1670.
Dès que fa fortie fiit arrêtée , &
qu'on eut permiffion de le voir , les
plus grands Seigneurs de la Cour,
& les Princes mêmes l'honorèrent de
leurs vifites. Il fiit propofé vers le
même tems pour écrire 1 hiftbire du
Roi , & en 1668 il eut l'honneur de
fuiyre ce Prince dans fa première
conquête de la Franche-Comté, dont
il a compofé une Relation, qui a été
imprimée depuis. En 1671 il fiit Maî-
tre des Requêtes, Vers le même tems,
il reçut l'Ordre de Sousdiacre ; & le
premier Bénéfice que le Roi lui don-
na , outre une penfion de fix mille
livres , fiit l'Abbaye de S. Martin de
Benevent , dans le Diocèfe de Limo-
ges, On voit par une Lettre imprimée
du 18 de Juin 1678 , qu'il étoit alors
pourvu de cétte Abbaye, Mais on dit
qu'il
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Fil ANÇO I SE. 361
qu'il ne la garda pas longtems,à caufe
des difficultés qu'on fit à Rome pour D p A u L
les Bulles , prétendant qu'elle étoit p ""iï
Régulière. A la place de Benevent , NI E J A ~
on lui donna l'Abbaye de Gimont , 1^3.
au Diocèfe d'Auch. Il eut enfuite,
pendant l'Economat de Cluni , le
Prieuré de S. Orens , fitué dans un
fauxbourg d'Auch même.
Tout ce qu'il a fait depuis fa con-
verfîon, dit M. l'Abbé d'Olivet , peut
fe renfermer en deux mots ; car il
n'eut dès-lors que deux objets devant
les yeux, l'avancement de la Reli-
Îrion & la gloire du Roi. On n'a rien
ur ce dernier article , que des pièces
détachées , & en particulier ce fa-
meux Panégyrique qu'il prononça
dans l'Académie , & qui fut auffi-tôt
traduit en Italien , en Efpagnol , en
Anglois , en Latin , & même en Ara-
be. On n'a publié que des fragmens
de fon Hiftoire de Louis XIV , qu'il
avoit cependant prefque finie.
Quant à fon zélé pour l'avance-
ment de la Religion , on le connoît
par les ouvrages qu'il a compofés
pour fa défenfe, qu'il a lui-même
rendus publics , & dans lefquels on
peut dire que la controverfe y eft fans
TomêXFIII. Q
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362 Bibliothèque
**— — * amertume, & la Théologie avec des
Paul grâces. D'ailleurs ce grand Convtr-
iusson tifleur, comme les Proteftans Tappel-
E R T A " loient , n'ufoit de fa faveur auprès
rets tant ipirituels que temporels f
de ceux qui fecouoient le joug de
Terreur : & les revenus des écono-
mats 7 confiés à fa prudence 9 étoient
difpenfés avec la? plus exaôe fidélité.
Il mettoit la dernière main à fon
Traité de FEuchariftie , quand la
mort le furprit à Verfailles le 7 de
Février 1693. C'étoit un tempéra-
ment ufépar de fréquentes maladies,
& par un travail opiniâtre qu'il n'a-
voit jamais interrompu depuis faten-
Réflcx.fur ^re jeuneffe. Il ne reçut point les Sa-
recevoir , comme les Hérétiques le
piaifantant , publièrent fauffement , & comme
Se d,t ' quelques Catholiques ont eu la témé-
rité de le répéter ; mais parce que la
fluxion dont il étoit attaqué le fuffo-
Îua , avant que le P. de la Chaife ,
éfuite, qu'il a voit mandé , fut venu.
C'eft le témoignage que lui r$nd M.
Boffuet dans une Lettre à Mlle de
Scudery ; & M, F Abbé Bofquillon ,
témoin des derniers momens de fon
du Roi
ménager les inté-
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Françoise. 363
ami, a certifié qu'il étoit mort dans !— — ■
les fentimens les plus tendres & les Paul
tiennes.
L'efprit de M. Pelliffon étoit ex- Rcm .dr\f.
cellent , vafte , profond , folide , pé- TAbbé joiy
nétrant , aifé, délicat, plein de feu, ^y lc 'P-
& également capable de -bien réuffir
en tout ce à quoi il a voulu s'appli-
quer. Il étoit Poète , Orateur , Hif-
torien , Jurifconfulte , Théologien ;
& dans toutes ces qualités fi rarement
réunies en une feule perfonne , il fit
voir qu'il n'étoit pas inférieur à ceux
tiere. Il avoit de bonne heure formé
fon goût par une lefture réfléchie des
anciens Auteurs Grecs %. Latins ,
qu'il préféroit aux modernes. Son
ame naturellement portée aux gran-
des chofes , étoit pleine de fenti-
mens d'honneur & de probité. Il étoit
généreux , libéral , & entroit chau-
dement dans les intérêts de fes amis.
Il étoit moins réfervé à demander
des grâces pour eux r que pour lui-
même , ou pour fes parens. Jamais bîm. Poc?t.
amateur des gens de Lettres ne fut «•»»?• s**
feule ma-
Qij
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364 Bibliothèque
plus ingénieux à faire valoir leurs
Pelmsson ta ' ens 9 n * P^ us af dent à prévenir
F o n t 4- leurs befoins. Le Févre de Saumur
hier entre autres , & Scarron reçurent
l6 9$* plus d'une fois'des marques eflentiel-
les de fa générofîté. Il avoit d'ail-
leurs beaucoup de modeftie 9 & pa-
roiffoit convaincu de ce qu'il a ex-
primé dans ces quatre vers.
Grandeur , fçavoir , renommée »
Amitié , plaifir , & bien ,
Tout n'eft que vent , que fumée ;
Four mieux dire , tout n*eft rien.
Enfin eftimé , chéri de tout ce qu'il
y avoit de perfonnes d'un vrai mé-
rite à la Ville & à la Cour , il en fut
généralement regretté après fa mort,
pam. Fr. Ménage qui etoit fon ami parti-
page 4*jo. culier luisît cette Epitaphe , fous le
nom tfAchanu. \
Ici gît le fameux Achante ,
L'honneur des rivages François ;
Il droit après lui les rochers & les bois
Par les Tons amoureux de fa Lyre charmante*
Patfant , ne pleure point fon fort :
( # ) Mlle de De l ' iI,uftrc $*P*° (*) ^ uc rcf P e & a l'envie ,
Scudery, H & l aimé pendant fa vie ,
Il en fut plaint aprèf fa mort»
Mlle l'Héritier fit auffi ces vers pour
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i
Françoise. 365
honorer fa mémoire , où elle fait al-
lufion à fa mort fubite : n P A w L
Pellisson
Toi qui de Pelliflbn vois ici le tombeau , Font a-
-Apprens qu'il fut pieux , qu'il fut bon , qu'il fut Nie R.
fage,
Qu'il fut par fon fçavoir Pornement de notre
âge ,
Et qu'il eut le cœur noble autant que l'efprit beau.
En marchant fur les pas de fes ayeux illuftres ,
Il remplit dignement le cours de treize luftres ,
Toujours dans la vertu , toujours dans l'équité*
Aufls pour prix de fa droiture ,
Le trépas dont fouvent la loi paroît fi dure ,
Pour lui n'eft qu'un paflàge à l'immortalité.
M. Pelliflbn avoit une fi grande
facilité pour s'exprimer en vers Fran-
çois , qu'il en faifoit fouvent fur le
champ , comme M. Le Goux , Con-
feiller au Parlement de Dijon , le
rapporte & en cite des exemples dans
fon Supplément Manufcrit au Menagia-
na , cité par M. l'Abbé Joly dans fes
Remarques fur Bayle. Mais fes Poe- Pa *' 6 ° 8 '
fies n'ont jamais été toutes recueil-
lies. On en a inféré plufieurs petites
pièces d'un goût excellent dans plu-
fieurs Recueils, tels que celui de
1667 à Cologne , celui qui a été im-
primé chez Couterot en 1681 , troi$.
volumes in- 12 9 & principalement
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^^^^ 366 Bibliothèque
S^SSS celui qui a pour titre Pièces galantes
Pilusson m P ™f C ^ tn ycrs dt Madame la Com-
F o n t a- u Sf € d'k Sui c & de M. Pellijfon, en
ki e r. 4 vol, in-12 , 1715, Plulieurs defes \
1^5. Poëfies Chrétiennes & Morales fe li-
x fent aufli dans le tome i. des Poëfies
diverfes dédiées à M. le Prince de
Çonti,p. 225-233 , dans le tome 2
du même Recueil , p. 306-331 , & I
dans le fécond vol. de la Bibliothè-
que Poétique de M. Le Fort de la Mo I
riniere , dans les vers choifis du P. ,
Boahours , & dans le premier tome I
du nouveau Recueil des Epigramma- ,
tiftes François , ( p. 268 & fuivantes.) j
On fçait aufli qu'il eft Auteur du Pro- |
logue en vers , à la louange du Roi > \
pCUi" lî Cvmcaie ici rdcheux , Ctfc Mo* I
licre, qui fut repréfentée à Vaut )
chez M. Fouquet en préfence de Sa
Jtëajefté, en 1661. Ce Prologue fe lit
aufli dans le tome 2 des Poëfies di-
verfes dédiées au Prince de Conti ,
avec l'Elégie de M. Pelliffon au Duc 1
de S. Aignan > fa Requête à la pajlèritt>
où il fait fon Apologie & l'éloge du
Roi d'une manière fort ingénieufe,
fon Epître à M. Conrart , & fon Ode
fur I3 mort du Marquis de Pizany.
« De tous les manuferits de M. Pel«
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François «. 367
» liflbn , dit M. F Abbé de Faur-Fer- =5»
» riés, fon coufin , dans le Mémoire p A u L
» que j'ai déjà cité, le plus fini eftle f^nTa*
» Poëme d'Eurimédon, qui , fans dou- * x E R .
»te , eft fon chef-d'œuvre pour la 1*93.
» Poëfie. C'eft un Poëmé Epique de j 0 i y , Rem.
» 1 500 vers en cinq chants parfaite- fc' Bayie , p.
» ment beaux. Les connoiffeurs , qui 59 '
» l 'ont lu , difent que toutes les régies
» de l'Art Poétique y font admirable-
» ment bien obfervees. Cen'eftqu'u-
» ne pure fiftion ; mais fous le nom
* d'Eurimédon , il fait uji beau por-
» trait du Roi , & une belle deferip-
» tion de Paris & de la Baftille , fous
» les^ioms de Lariffe & de fon Ghâ-
» teau. M. Pelliflbn compofa ce Poe*
» me à la Baftille , dans le tems où les
» interrogatoires qu'il avoit à fubir t
» ne lui laiflbient que des idées triftes
» & fâcheufes. H crut , pour les diffi-
» per , devoir compofer un ouvrage,
» qui , par la grande application qu'il
» demanderoit , détournât fon efprit
» des objets affligeans dont il étoit
» trop occupé.
Qïv
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368 Bibliothèque
Roger de ROGER DE RABUTIN 9 COMTE
Rabutin, DE BUS S Y.
Comte de
Bussy. * „ ,
i^y, M. Titon du Tillet qui a donne
place à M. Pelliffon dans fa Defcri-
ption du Parnaffe François 9 n'y a pas
oublié Roger <fc Rabutin , Comte
Bujfy ) qui étoit auffi de l'Académie
Françoile. Il en dit cependant peu de
chofe , parce qu'il ne Ta confidéré
qu'en qualité de Poëte , & par la
même raifon j'ajouterai peu à ce qu'il
en dit.
Difcoatsdu Le Comte de Buffy naquit le 3
SÏÏr y le è fct Avril 1 6 1 8 à ?P ir y > terre P rès d ' Au -
cnfans , de- tun , fort ancienne dans cette famil-
ï£ ïuÇS le > & <ï ui en eft fortie - P ès 1>an 1118
la fin. Mayeul de Rabutin étoit un des
grands Seigneurs du Maconois ; &
en 1460 Hugues de Rabutin y bi-
fayeul du grand-pere du Comte de
Buffy , époufa Jeanne de Montagu ,
fille unique & héritière de Claude de
Montagu , Prince de la Royale Mai-
fon de Bourgogne. Léonor de Rabu-
tin , Comte de Bufly , pere de Roger ,
après avoir laiffé fon fils quatre ans
au Collège de Clermont , dit depuis
de Louis le Grand , à Paris , le mena
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Françoise. 369
avec lui en 1634 au fiége de la Motte
en Lorraine , d'oii il le renvoya à R R ^** N DE
Paris joîi il fut fix mois à l'Académie. ç OMTt D g
Après avoir paffé par divers em- bussy.
plois hônorables , & s'être trouvé à 169}. '
plufieurs fiéges & combats , où il
donna des marques de fa valeur , il
fiit fait Meftre de Camp de la Cava-
lerie légère , Lieutenant Général des
Armées du Roi , à l'âge de 3 5 ans , &
fon Lieutenant Général en Niver-
nois. Il eut auffi la charge de Con-
feiller d'Etat. Il fut reçu à l'Acadé-
mie Françoife au mois de Janvier
1665 , après la mort de M. Perrot
d'Ablancourt , & il n'a pas oublié de
rapporter dans le Difcours à fts enfans
fur le bon ufage des adverjîtés , &c. le
remerciment qu'il prononça à cette
occafion. On y apperçpit de la déli-
cateffe & de l'élégance ; car l'Auteur
joignoit toutes les grâces du difcours.
à toutes celles de fa perfonne , & il
écrivoit bien en profe & en vers.
Mais la vivacité de fon efprit, & le
penchant qu'il a voit à plaifanter, lui
attirèrent plufieurs difgraces pendant
le cours de fa vie.
La plus confidérable en elle-même
& par fes fuites , fiit celle qui lui vint
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%jo Bibliothèque
y à Poccafion d'un petit Livre intitulé f
Ioger de Hijloire amour euft des Gaules. Voici
omxV^s ^ e < ï uc ^ e man * ere M raconte ce fait
u ssy! DE ^ ans ' c I^i^cours que j'ai cité.
1 6)\ . « Au mois d'Avril 1665, dit-il , on
Pag. *8o. » donna au Roi une hiftoire ma nul»
1 k* f • » crite qui couroit dans le monde fous
»mon rtom. C'étaient les amours
» généralement connues de deux Da-
»mes ( * ) , que j'avois écrites pour
¥> m'amufer , & pour en divertir quel-
» ques-unes de mes amies , dont Tune
#► à qui j'avois prêté cette hiftoire ,
» l'avoit fait copier. Je me plaignis
„ d'elle un peu rudement , & cela
» l'obligea de rendre cette hiftoire
» publique , après y avoir gâté les
n portraits des gens confidérables >
» dont je parlois > pour m'en faire des
» ennemis ». L'Auteur découvrit ce
ftratagême au Roi , qui fut con vaîncn
de la vérké ; mais la juflice de Sa
Majefté > atyoute-t-il y demandant de
&é avoit offeiifes , il m'envoya arrê-
ter & conduire à la Bafîille le 17
Avril 166J.
Le Comte y tomba malade au boat
de fix femaines , & le refus qu'on fit
4*) Mcfdaœei ck Chârillon & d'OIonnt.
Satisfaire
mamifcrit faM-
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Françoise. 37*
à fa femme de le voir , augmenta fon
mal. Sa captivité dura cependant j^' 6 *" 1
huit mois & demi. Ce fiit pendant ce comte 'm
tems-là qu'il compofa en vers cette bussy.
iïigénieufe Requête que le P. Bou- x**j.
hours a inférée dans les vers .choijîs ; d
elle eft de la part de trois prifonniers , t 8j. "
/'«/i defquels parle au nom des autres.
M. de Bufly avait commencé à goû-
ter la PoëïieFrançoife en lifant l'Ode
de Racan à Léonor de Rabutin , foi*
pere , comme il le dit dans le Dif-
cours à fes en/ans , où il rapporte cette
Ode. (p. 13 3. ) Pour être délivré *
il offrit de donner la démiffiori de fa
charge de Meftre de Camp de la Ca-
valerie , quoiqu'après 3 1 années de
fervice , & qu'il eût exercé cette
charge durant 1 3 ans ; il écrivit auffi
le 11 de Novembre delà même an- a8 J b ^ 0 J^
née 1665 une Lettre au Duc de S. jhiv.'i»»»
Aignan , qui étoit une forte de fatif-
faâion à l'égard du public & des per-
fonnes intéreffées dans fon manuf-
crit y & il a publié lui-même cette
Lettre. Le 2 de Décembre fuivant 9
le Marquis de Louvois virtt lui de^
mander de la part du Roi la démif*
fion de fa charge , en faveur du Du£
de Coiflin j il la donna , fortit de là
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37^ Bibliothèque
Baftille , & fut exilé dans fes terres
Roger de en Bourgogne, où il refta 17 ans. Il
Comte^b eut ce P en< iant en J ^73 la permiffion
Bussy. de venir à*Paris pour fes propres af-
1^3. faires. En 1676,1e Roi lui fit la même
grâce ; en 1 68 1 ,il lui permit d'y fixer
Ion féjour , &le 12 Avril 1682, il le
rappella à la Cour. Mais le Comte
n'ayant pas tardé à voir qu'il y étoit
affez mal accueilli , il s'en abfenta
pendant cinq ans ; & enfin il retour-
na pour toujours en Bourgogne : il
mourut à Autun le 9 Avril 1693 ,
âgé de 75 ans.
On Ht ce qui fuit dans fon Epita-
phe compoféc par la Comteffe d'A-
lets ou de Dalet , fa fille. « Prefque au
» comble de la gloire , Dieu arrêta
» fes profpérités ; & par des difgraces
» éclatantes , il le détrompa du mon-
» de , dont il avoit été jufques-là
» trop occupé. Son courage fut tou-
» jours au-deffus de fes malheurs. Il
» les foutint en fujet fournis , & en
» Chrétien réfigné. Il employa le
» tems de fon exil à fe bien inftruire
» de fa Religion , à former fa famille,
t» & à louer fon Prince La mort le
» trouva dans de feintes difpofitions».
L'Auteur de cette Epitaphe efl la
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Françoise. $73
même qui après être demeurée veuve
de Gilbert de Langeac , Marquis de Roger de
Coligni , fut mariée en fécondes nô- JUbutxn ,
P , r • 7-1 • 1 1 n • • Comte db
ces à Henri-François de la Kiviere , BusSY#
qui écrivoit très - agréablement en
profe &c en vers , & dont on a impri-
mé en 175 1 les Lettres avec l'Hiftoi-
re de fa vie & du Procès qu'il avoit
eu avec fon beau-pere , &c.
A l'égard des Poëfies de M. le Com-
te de Buffy , on s'accorde affez, à
dire qu'on n'y reconnoît pas le carac-
tère d'un vrai Poëte , & qu'on n'y
voit que celui d'un bel efprit , qui
s'amufoit à compofer de jolis vers.
On n'eftime ni fes Sonnets , ni fes
Rondeaux, & je ne crois point qu'on
faffe plus de cas de fes Maximes £4-
mour 9 & Almanachd 'Amour pour Van-
nés, de grâce 1665 , par le grand Ovide
Cypriot , fpeSateur des Ephemèrides
amoureufes , &c. Il y a cependant du
tour , de la penfée , de la délicateffe
même dans les maximes ; mais fi le
repentir de l'Auteur a été fincere ,
elles ont dû lui coûter des larmes.
Il réuffiffoit mieux dans les imita-
tions des Epigrammes de Martial y
de Catulle, & de quelques autres an-
ciens Poètes ; encore réduit-on à un
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374 Bibliothèque
affez petit nombre ce qu'il a fait de
Rogcr de b on en ce genre. Sa profe eft beau-
Comte ^ £ cou P me ^ eure * domine en convien-
Bussy. nent ceux qp* ont ^ ^ es Lettres , fes
i6f}. . Mémoires , le Difcours à fes enfans >
& fon Hiftoire abrégée de Louis le
Grand. M. Defpréaux a caraûérifé
en deux mots fes Heures galantes , par
ces vers de fa huitième Satyre :
.Tirai par ma confiance aux affronts endurci »
Me mettre au rang t des Saints qu'a célébré-
Bufli.»
Voyez fur cela la note de M. Brof-
fette y & TAvertiffement de M. Déf-
ères de préaux lui-même , fur fon Epître 4,
îe^MM?' °^ tOUt Ce ^ U€ ^ ^° mtC
tfi/p. "oô de Buffy fit pour ne point entrer en
* fui?. querelle avec ce Poëte , qui avoit eu
lieu d'être mécontent de lui.
■ j GASPARD DE FIEUBET.
Gaspard
K u 2 o m * Puifque M. Titon du Tiflet place
encore fur fon ParnafTe Monfieur de
Fieubet, il convient que j'en dife
âuffi ùn mot. Gafpard de Fieubet ,
Seigneur de Cendré , Ligni , &c. étoit
d'une famille de Touloufe , fils de
Gafpard de Fieubet > Baron de Lau->
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Françoise. 37? mmm ^^
me, mort en 1647, & de Claude ^ mmmaÊ ^
Ardier. Ilfuivitle Barreau, fut Con-
feiller au Parlement , puis Maître
des Requêtes , Chancelier de la Rei-
ne Marie -Théréfe d'Autriche , &
Confeiller d'Etat ordinaire y & fe fit
eftimer & chérir dans ces différent
poftes de tout ce qu'il y avoit de dis-
tingué à la Çour & à la ville. Sa mai-
fon fut toujours ouverte aux gens de
Lettres , de qui il a reçu les plus
grands applaudiffemens. Quelque oc-
cupation que lui donnaffent fes em-
plois > il s'amufa de la Poëfie Latine
&.Françoife , & réuffit dans Tune &
l'autre. Je ne connois cependant de
vers François de fa compofition , que
la Fable iïUlyjjt & des Sirènes , que
le P. Bouhours a donnée dans fort
Recueil de vers choijîs , & l'Epitaphe Pa ** ^
du célèbre Defcartes > en dix vers >
gravée fur une table de marbre blanc
dans TEglife de Sainte Geneviève du
Mont , & imprimée à la fin du tome
1 de la vie de Defcartes , in-4 0 . pag*
443. fie dans le tome y de la Déf-
ia Force. On dit qu'il eft forti de la
même plume plufieurs autres pièces
aufli agréablement tournées & aufli
cription de Paris de M. Piganiol de
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^^^^ 376 Bibliothèque
^— — — 1 bien verlifiécs. J'ignore ce qui en a
»f/»um ëtéim P rimé -
* 1 6y 4!"* ^ • ^ e Fî eu ^ et a y a nt perdu fa fem-
me au mois de Janvier 1686 , &
n'ayant point d'enfans , il fe retira
chez les Religieux Camaldules de
Grofbois près Paris , où il vécut dans
la retraite & dans la pénitence , & y
mourut détaché du monde,& ne (em-
pirant que pour le Ciel , le 10 Sep-
tembre 1694, en la 68 année de fon
âee. Son Epitaphe dit , Que la patrie
n eut jamais de Citoyen plus chéri;
la Robe , dè Magiftrat plus éclairé;
le liée le , de génie plus fublime ;
l'homme de bien, d'ami plus préve-
nant & plus fidèle. Il naquit dans
l'opulence , ajoute-t-on , fut entraîné
par les amufemens du monde , fut
élevé à plufieurs emplois ; mais dans
le tems qu'il occupoit une grande
place , & qu'il pouvoit prétendre aux
plus grandes , il prit les aîles de la
colombe , & s'envola dans la folitu-
de , où il courut à pas de géant dans
la carrière de la pénitence. Son Orai-
fon funèbre fut prononcée dans le
Oraif fun m ^ mc '* eu P ar l'Abbé Anfelme le
de vAb. Ani. 1 1 de Septembre 1695. Elle eft impri-
in.8. P 4,3. m é e> & on lit à la fin l'Epitaphe du
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Françoise. 37?
même en Latin , fuivie d'une traduc-
tion Françoife , & d'une paraphrafe
delà même en vers François, par M.
HaudiquL
JEAN - BARBIER &AUCOUR. — T —
Jean
Jean Barbier d'Aucour n'eft guéres Ba r b 1 e r
plus connu comme Poëteque M. de d Aucour *
Fieubet, quoiqu'il ait plus écrit que I6 * 4 "
lui en vers. Mais fes poëfies font
toutes anciennes. Cet écrivain à qui
Ton doit une excellente critique d'un
ouvrage qui fera toujours eftimé , Les r " c ^ 0, p de
Sentimtns de Cléante fur les Entretiens r . p ', £ 9
tfArijie & d'Eugène du P. Bouhours , " ^
étoit de Langres. Il quitta fa patrie r Ab'w* Gr£
dès l'âge de 14 ans , alla à Dijon , n « » au-^e-
& y trouva un azile chez M. Joli de éditées Seat
Blaizy , Préfident à mortier, qui le <*«
prit moins pour Précepteur de fes Cl sup t piém.
enfans , que pour leur compagnon <* e ^ot. de
d'étude. Après avoir fait fa Philofo- ,735 '
phie , il vint à Paris , y étudia en
Droit , & fut reçu Avocat au Parle-
ment. Il réfolutde fuivre le Barreau;
mais ayant demeuré court dans fon
premier Plaidoyer , il ne s'e^pofa
plus à plaider, & il fe contenta d'é-
crire dans les occafions d'éclat.
Quand nous n'aurions que fes deux
FaSlums pour Jacques Le Brun, fauf-
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37$ Bibliothèque
fementaccufé d'affaffinat, contre M*
J e a n d e Savonniere , Conseiller au Parle-
Ba r bu* ment ^ £ Qn accu f at eur , ils fuffiroient
9 îT^!*' P our démontrer combien il avoit de
talens pour ce genre d'écrire. M.
l'Abbé Granet a eu raifon de faire
réimprimer ces deux pièces* deve-
nues raies.
Rien ne fait plus d'honneur â M,
d'Aucour , que d'avoir été choifi en
1677 par M. Colbert pour élever M.
d'Ormoy , depuis Marquis de Blain-
ville , fon fils. On comprend aifé-
ment que ce Miniftre n'eût pas confié
cette éducation à un fujet médiocre.
Ce choix , & encore plus fon mérite
perfonnel,lui ouvrit les portes de l'A-
cadémie Françoife. Dans le difeours
qy 'il fit le jour de fa réception le 29
Novembre 1683 , il donna des preu-
ves éclatantes de fa reconnoiflance
envers fon illuftre bienfaiteur , qui
étoit mort depuis peu de tems. L'A-
cadémie fit fouvent des épreuves uti-
les de fes talens ; on fçait que c'eft
lui qui a le plus travaillé en ce tems-
là à perfeftionner & à achever fon
fameux Diftionnaire.
Trois ans avant que d'entrer à
l'Académie, il avoit obtenu une corn-
mifTion de Contrôleur des Bâtimens
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Françoise. 379
du Roi; mais ayant dépenfé tout l'ar-
gent qu'il avoit à des entreprifes qui J ean
échouèrent par la mort de M. Col- Barbier
bert , il fe vit réduit à une fituation D
fâchéufe. Vers Tan 1689 , îl entra
dafis un parti pour les bois de Nor-
mandie , dont il ne recueillit que'des
procès , ce qui l'engagea à fe placer
chez M, de la Meilleraye , en qualité
de Gouverneur. Mais comme fes
appointemens étoient fort modiques*
& -que d'ailleurs il s'étoit marié peu
avantageufement , il rentra dans le
barreau , plaida de nouveau , & il
le faifoit avec fuccès lorfqu'il fut at-
taqué de la maladie dont il mourut.
Les Députés de l'Académie qui allè-
rent le vifiter dans cette fituation ,
furent touchés de le voir mal logé*
Ma confolation , leur dit- il, c'eft que
je ne laiffe point d'héritiers de ma
mifere. L'Abbé de Choify,l'un des
Députés , lui dit, Vous laîjfe un nom
qui nt mourra point. Il répliqua : Qu'il
ne s'en flattoit point ; que quand fes
ouvrages auroient une forte de prix,
il avoit péché dans le choix de fes
fujets. « Je n'ai fait que des critiques,
» ajouta-t-il , & ces ouvrages font
» peu durables. Si le livre qu'on a
a critiqué vient à tomber dans le
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3$o Bibliothèque
Ï5ËË55!? » mépris , la critique y tombe en
JîAN » même tems,parce qu'elle pafle pour
B arbier „ inutile; &fi ma lgré la critique , le
DAUCOUR. r 9 - . ° t , * • • ^
i*P4. n " vre * e Soutient , alors la critique
» eft pareillement oubliée , parce
» qu'elle paffe pour injufte ». Le con-
traire eft cependant arrivé à fon
égard : le. livre du P. Bouhours eft
toujours lu y & la critique de notre
Auteur n'en eft ni moins eftimée , ni
moins recherchée»
M. d'Aucour mourut d'une inflam-
mation de poitrine , le i y Septembre
1694 dans la 53 année de fon âge.
M. de Clermont-Tonnerre , Evêque
de Noyon , qui lui fuccéda dans l'A-
cadémie Françoife , ayant aflfe&é de
ne rien dire du défont dans fon dil-
cours , M. l'Abbé de Caumartin ,
mort depuis Evêque de Blois , y fup-
pléa dans le fien. « Le Confrère que
» nous avons perdu , dit- il , ne de-
» voit rien à la fortune : riche dans
» toutes les parties qui compofent un
» homme de Lettres , il n'avoit au-
» cun de ces titres éclatans aui rele-
» vent fon fucceffeur : fon eiprit aifé
» & pénétrant lui avoit fait acquérir
» une facilité merveilleufe pour la
» compolition de fes propres ouvra-
ges r & une critique très - exaûc
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Françoise. 381
» pour la correâion de ceux des au- — — »
» très ; rien ne fortoit de fes mains j 1 a n
» qui ne portât ces deux carafteres y Ba r b i e r
» & nous nous fouvenons avec plaifir d Auc our.
» eu plutôt avec douleur , de 1 ufage l6 ?*'
» qu'il en faifoit dans nos exercices
» ordinaires».
M. de Caumartin n'a pas compris
dans cet éloge les Poéfies de fon
Confrère ; ce font les moindres de
fes ouvrages , quoiqu'on ne puiffe
pas dire qu'elles foient fans efprit &
lur-tout fans une grande facilité.
Comme il vivoit dans un tems où la
Traduôion du Nouveau Teftament,
iuppofée imprimée à Mons échauf-
foit les efprits , on le fait Auteur de
plufieurs des pièces en vers François
qui furent répandues alors contre les
adverfaires de cette Traduftion, qui
efl depuis fi longtems entre les mains
de tout le monde. On lui donne en
particulier une Lettre en vers libres fur
ce fujet , contre M. Hardouin de Pé-
réfixe , Archevêque de Paris , & une
autre de même genre contre un Man-
dement du même Prélat fur le retrait- -
chement de certaines Fêtes. Cette fé-
conde pièce eft de 1 666. La première
parut au moins deux ans plus tard f
en 1668 , ou l'année fuivante. Dès
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382 Bibliothèque
wmmmmm 1664 il avoit fait imprimer ion Poë-
J * ^ « me, moitié férieux, moitié burlefque^ .
a r b 1 f r intitulé Onguent pour la brûlure : cette
pièce , qui eft d environ 1800 vers, ,
eft une Satyre contre la morale des \
Xafuiftes relâchés : la première édi-
tion eft in-4 6 . J'en ai vu plusieurs au-
tres in-8°. in- 11 & in- 16. Accufé
d'avoir traité dans cette Satyre des
matières trop graves pour trouver
place dans le burlefque, il tenta de
îejuftifier par une Lettre en profe.
( Lettre d'un Avocat à un de fis amis )
qui eft du premier Avril de la même
année 1664. Elle n'a que 8 pages
in-4 0 . ^
Je ne fçais point de quel tems eft
la première édition d'une autre Saty-
re du même en vers irréguliers , que
M. l'Abbé d'Olivet intitule > Apollon
vendeur de Mithridaîe que Richard
Simon a fait réimprimer tous le titre
Bfti. criu-d 5 Apollon charlatan, dans fa Bihlio-
5*3- tMq UC critique , oii il a pris le nom de
Sainjore: c'eft une Satyre des Tragé-
dies du célèbre Racine , excepté
d'Efther & d'Athalie , qui n 'a voient
point encore { paru. Cette critique ,
toute ingénieufe que M. Simon la
trouve , n'a jamais nui à la réputa-
tion de celui qu'elle attaque. Elle fit
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Françoise. 383 -
cependant quelque peine à M. Def- ^—^^
préaux, qui lança ce trait contre g^^J
l'Auteur, à la fin de fon Lutrin , où il ^aucoua
v adreffela parole à M. de Lamoignon i6 9 ±.
premier Préfident :
Quand la première fois un athlète nouveau
Vient combattre en champ clos aux joutes du Bar-
reau
Souvent (ans y penfer , ton augirfte préfcnce ,
Troublant par trop d'éclat fa timide éloquence ,
Le nouveau Cicéron tremblant , décoloré ,
Cherche en vain fon difeours fur fa langue égaré ;
Cn vain pour gagner tems , dans fes tranfes affreu-
îes, - .
Traîne d'un dernier mot les fyllabes honteufes ;
Il héfite , il bégaye, & le^trifte Orateur
Demeure enfin muet aux yeux du Spectateur.
M. Defpréaux n'ignoroit pas cepen-
dant que l'accident dont il fait ici un
reproche à M. Barbier d'Aucour ,
pouvoit arriver aux meilleurs Ora-
teurs , & qu'il n'étoit pas fans exem-
ple. La dernière pièce en vers de
M. d'Aucour , eft une Ode fur la prife
de Philifbourg , qu'on a inférée dans
le Recueil de l'Académie Ff ançoife,
année 1689. ^ l'égard de fes écrits
en profe , on peut voir ce qui en eft
dit dans le Supplément de Moréri de
1735, & dans le Nouveau Boy le tra-
duit de TAnglois , tome I. p. 64 &
ftiiv. de la Lettre B.
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3$4 BlBLIOTHEQ UE
Jhan JEAN D\HESNAUD.
' Hes-
NAUD
x6 ^ 4> S'il eft vrai que Jean à'Hefnauà,
ou Z?* Htfnault , foit mort en 1682,
comme je le lis dans le Nécrologe
Manufcrit de feu M. De la Monnoyc,
je dérange l'ordre chronologique en
le plaçant ici ; mais outre que M. Ti-
ton du Tillet dit dans fon Parnafc
François, que le tems de la mort de
ce Poëten'eft pas bien certain, il m'a
paru convenable d'en faire mention
immédiatement avant Madame des
Houlieres , qui paffe pour avoir été
fon élève.
Ce n'eft pas par la naiflance que
d'Hefnaud a été diftingué ; il étoit
fils d'un Boulanger de Paris : mais le
mérite eft plus eftimabie que la naif-
fancé , & on ne peut fans injuftice
refiifer à d'Hefnaud la louange d'a-
voir été un des plus beaux efprits de
fon tems. On fçait qu'il étoit ami de
Chapelle, avec lequel il avoit étudié
la Phîlofophie de Gaffendi. Les cir-
conftances de fa vie nous font peu
connues , & l'on n'en fçait guéres
que cê qu'il nous en apprend lui-
même dans une Eglogue que je ne
crois
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N A UO.
. . Françoise.
crois imprimée que dans le Fureteria-
na. Cette Eglogue eft intitulée Ama- Jean
r<«w«; c eft Madame des Houlieres »' H e s-
<jui y eft en effet louée en vingt en- "
droits. Daphnis , l'un des interlocu-
teurs , eft d'Hefnaud lui-même , qui
V rappelle fes voyages , fes emplois ,
& fon attachement à M. Fouquet Sur-
intendant des Finances , qui fut fon
protecteur. On voit par cette Eglo-
guequ'il avoit été dans les Pays-Sas,
en Hollande , en Angleterre :
J'ai tenté la fortune en mille lieu» divers ,
Et traînant me» malheuts j'ai couru l'Univers.
J*ai fait ouïr mes chants dans cette terre heureufe i
Que baignoit l'Océan , & le Rhin , & la Meufe ,
J'ai vu ces prés touffiis , que d'énormes travaux
Sauvent depuis cent ans de la rage des eaux.
Jufque dans Albion j'ai cherché ma retraite;
Le Roide la Tamife écoutoit ma Mufette ;
Et ce Roi généreux eût été mon appui,
Si j'avois fervi Pan comme on le fert chez lu!.
Il paroît par la fuite de cette Eglogue
qu'il fuîvit Louis-Victor de Roche-
çhouart, Duc de Vivonne, en Sicile ;
& en particulier à Meffine , dont ce '
Seigneur fut fait Viceroi , & qu'il
iortit de ce pays brique la Sicile re*
tourna fous la domination Efpagnol-
le. Je ne puis entendre autrement le*
yçrs fuivans;
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386 Bibliothèque
A travers des écueils , an péril des naufrages
Jean cherché la Sicile , & fcs gras pâturages :
» H I s- Emre Sc || le & carybde , une ancienne Cité
* Au *>' . Alloit bientôt me rendre à la tranquillité ,
Si de fon protecteur Tauftere politique
Ne l'eût Elit retourner fous un joug tirannique.
D'Hefnaud , contraint de revenir en
France , chercha partout de l'emploi,
& en eut, à ce que Ton croit, dans le
Bourbonnois, qu'il fut encore obligé
de quitter , on ne fçait pourquoi»
Avant ces courfes , il a voit mérité la
proteôion de M. Fouquet , qu'il per*
dit par la difgrace de ce Miniftre ar*
rivée en 1661. C'eft lui qu'il peint
dans la même Eglogue fous le nom
tfArcas , oîi il parle auffi avec éloge
de M:, de Fontenelle qui étoit jeune
alors :
Ce Berger enjoué , ce doux Magicien , .
Qui connoît tous les morts du vieux tems Je du
fien , &c.
i
Quoique Mr Defpréaux ait mis
d'Hefnaud dans fa neuvième Satyre
au même rang que Bardin , Colletet,
Kot. de s. Pelletier , & plnfieurs autres qu'il
to cl~£ n'eftimoit pas , il ne laiflbit pas de
9. Satyre de . 1 , . rr i t\ ••
Pefpréaux. convenir qu il etoit allez bon Poète.
Il ajoutoit que fa meilleure pièce 9
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Françoise. 387
fîon pas pour le fujet , mais pour la
compofition > étoit un Sonnet contre J h a m
M. Colbert , qui commençoit par ce D * H E s ~
<vers: # NA ^\
Miniftre arare & lâdie , cfclavc malheureux.
Xa colère , ajoute-t-on , avoit-fait
enfanter 1 ce Sonnet à d'Hefnaud : il
avoit reçu des bienfaits de M. Fou-
quet , Surintendant des Finances ,
3ui s'était en effet attiré la tendreffe
es Gens de Lettres par fes gratifi-
cations ; il crut que M. Colbert avoit
contribué à la chute de ce Miniftre f
& dans cette perfuafion il s'imagina
qu'il lui étoit permis d'ea témoigner
publiquement fon indignation. M, .
Colbert , fuivant le même, récit , fit
^en cette occafion une aûion pleine
de grandeur. On lui parla de ce Son-
net : il demanda s'il n'y avoit rien
contre le Roi ; on lui dit que non.
«Cela étante répondit-il 9 Je nen veux
point de mal a V Auteur* D'Hefnaud
apprit cette réponfe , il eut honte de
s'être laiffé emporter au-delà des bor-
nes du refpeâ & de la modération ,
& fupprima fon Sonnet autant qu'il
lui Ait poffible. Mais eft-il bien cer- Refl| de
jain que d'Hefiiaud foit l'Auteur de joiyfurBay-
Rij Je p. 43».
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388 BlBLIOTHEQtTE
— — » ce Sonnet ? Ce qui en fait douter J
Jean c'eft que Loret dans fa Gazette du
d* H e $- j d e Septembre 166 1 , parle d'un au-
N lé D tre ^°^ te nomm é Hénaut 9 qui faifoit
, 1 * 4# alors des vers fatyriques , & qui ea
fut puni ,
Certain malheureux Nouvelliste ;
dit cette Gazette ,
Efprit brouillon , mauvais Sophifte ^
Qu'on homme Mathurin Hénaut ,
Fut hier , dit-on , bien penaut.
Car Cous prétexte de nouvelles ,
Ayant fait courir des libelles ,
Aficz niais f & peu fçavans ,
Contre des morts & des vivans ,
Pic par fentenre de Juftice. •••• •
Au Chltcïet publiquement ,
Tout du long amende honorable.. m»;
La torche au poing » 4a corde au col....,
£t même tout nud en chcruife ,
De France pour neuf ans banni , &c.
Le Sonnet que Jean d'Hefnaud a
compofé fur X Avorton 5 a beau?»
coup de bruit en fon tems , & a été
très-applaudi , quoiqu'il foit irrégu?
lier , les vers étant inégaux, & les
4eux Quatrains fur des rimes diffé?
rentes. Ce Sonnet fut fait à Toccar
$0» $ ? unç #Vfjmirp »ryiyéç à upe
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.-Françoise, 389
JDemoifelle de condition qu'il eft in-
litige de nommer. j a a n
Il fait partie des Œuvres diverfes de H e s-
l'Auteur , impnniées en 1670 , & NA ^ D *
contenant La confolation à Olympé 1
Jurla mon et Alcimedon , en profe , des
imitations en vers du chœur de l'A&e
a & de l'Afte 4 de la Trôade de Séné-
que , & du fécond chœur du ThieJIe
du même ; des Lettres en vers & en
profe, à Iris, à Lucrèce, à Sapho,&c.
toutes fur la galanterie ; onze Son- >
nets , en conïptant celui de l'Avor-
ton ; une hiltoriette , aufli en vers ;
le Bail du cœur de Cloris , en profe &
en vers ; & quelques vers Latins.
Parmi les Lettres , celle à Sapho ,
c*eft~à-dire à Madame des Houlieres,
avant Ion mariage en 1 649 , m 'a paru
la meilleure & la plus intéreffante.
D'Hefnaud l'exhorte à ne pas autant
s'appliquer à l'étude qu'elle le fai-
qu'elle ne le livroit pas affez aux
compagnies qui la déliroient , & que
la gloire qu'on acquiert à la fuite
d'Apollon ne vaut pas la peine qu'on
fe donne pour l'acquérir & pour la
conferver : fur quoi il lui dit ;
foi
fa fanté en fouffroit ,
R iij
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59° BtBLlCFTHÉCjUE
On ne peut craindre trop d'être trop eftimeey
Rien ne nous aflervû comme la Renommée.
Je a H
9* H E S'-
il A U D. ^ n P Cfd bîen dtt rC * 0S P ° Ur fairC Ua ^
bruit ,
Et ce bruit ne vaut pas la peine qui le fuit.
Four moi je ne fuis pas la dupe de la gloire ;
Je vous quitte ma place au Temple de Mémoire i
Et je ne conçois pas que la loi du trépas ,
Doive épargner mon nom , & ne m'épargne*
pas.
Je me mets au-deJTus de cette erreur commune*
On meurt & fans reflource , & fans réferve au*
cune#.....
Ce qui refte des morts, refte pour l'es vivans ,
Et va mourir comme eux dans les âges fui vans*
Ainfi du grand Homère , ainfi du grand Virgile r
l'éloquence & la gloire eurent un fort fragile.
L'une & l'autre nous touche , & ne les touche
plus î
les grands titres pour eux font titres fuperflus.
Tandis qu'on les admire , & tandis qu'on les
loue ,
L'impitoyable tems de leurs Œuvres fe jouer
Mous regrettons déjà ceux qu'il nous a ravis :
Et des autres un jour ceux-là feront fuivis *
Ceflêz donc , o Sapho , de vous en taire accroire.
Dans un monde nouveau ne. cherchez plus le
gloire;
Et faites fuccéder au foin de l'acquérir ,
Le foin de la connoftre , & de vous en guérir ,
&c.
]pe Recueil efl dédié à un M. Doort,
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F R A N Ç O I S É. 39I
que je ne connois point. Quand on a
lu ce qu'il renferme , on fent que le
principal talent de l'Auteur confiftoit
a traduire ou à imiter des morceaux
de Poëfies des Anciens Poètes Latins.
Mais le choix qu 'il a, fait pourroit fai-
re foupçonner qu'il étoit un peu trop
partifan d'Epicure. On ne croit pas
cependant que Bayle ait eu raifon dô
rapporter tant de particularités
odieufes à la mémoire de cet Auteur.
II n'a jamais fait de fyftême contre
l'immortalité de l'ame , ni confulté
Spinofa. Le Bail du coeur eft à mon
gré la moindre pièce de fon Recueil,
ce font de ces allégories forcées qui
îie font plus du goût d'aujourd'hui*
L'Hiftoriefte ou le conte qu'Amaran-
te envoyé à Diane le jour de fa fête ,
au lieu de Bouquet , eft affez joliment
écrit. Le Sonnet fur la vie privée; ,
imité du deuxième chœur du Thiefte
de Sériéque , m'a paru bon.
S'élève qui voudra , par force ou par adrefîe 9
Jufqu'au fommec gliflant des grandeurs de la
Cour ;
Moi je veux , fans quitter mon aimable féjout ;
Loin du monde & du bruit rechercher Ja fagelTe.'
Là , fans crainte des Grands > fans faite & fans
triftcflc,
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M AU D.
391 Bibliothèque
Mes ycui après la nuit verront naître le jour f
Jean j c vcrra i faifons fe fuivre tour à tour ,
* ^!. E _ S " Et dans un doux repos , j'attendrai la itciKdk.
Ainfîlorfque la mort fiendra rompre le court
Des bienheureux* momens qui corapofent mes
jours ,
Je mourrai chargé d'ans , inconnu , folitaire.
Qu'un homme e A: miférablc à l'heure duuré-f
pas ,
Lorfqu'ayant négligé le fcul point néceflàire ,
II meurt connu de tous , & ne fe connoît pas I
Ce Recueil de 167O ne contient
pas toutes les Poëfies du fieur d'Hef-
naud. J'ai parlé ailleurs de fa traduc-
tion du commencement de Lucrèce,
que M. de la Monnoye.a cru fauffe-
ment donner pour la première fois
dans fon Recueil Je' pièces choifîes , im-
primé en 1714. Onaffure que d'Hef-
naud avoit traduit tout le Poëme de
Lucrèce , mais qu'un Cônfefleur lui
en ayant fait fcrupule , il brûla fon
ouvrage , dont il n'eft refté que les
cent premiers Vers , que fes amis
avoient copiés ou retenus de mémoi-
re. Le Fureteriana , qui eft de Tan
,1696 > nous a donné outre cela deux
autres pièces en vers afTez longues
du même , dans lefquelles on voit
des vers pompeux & des penfées neu*
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* Françoise. 393
^res_,maîs auffi trop de négligence &. _
de diffufîon. La première eft uneElé- Jean
gie, dont le fujet principal eft le com- H * sa
bat de la Raifon contre l'Amour. Elle N : A J D -
commence ainfi : 1 M *
Echapé des périls d'une ardente jeune ffè ,
Et parvenu dans l'âge où règne la fagefle ,
Je rh'étois réfolu d'écouter la Raifon ,
Et d'être fage au moins dans l'arriére faifon.
Je contemplois déjà les miferes humaines , ^
Et j'en aceufois plus nos pîaifîrs que nos peines ;
J'en aceufois furtout les plaifirs amoureux ,
Comme les plus légers & les plus dangereux.
Je voyois qu'à la fin tous les cœurs s'en dégoû-
tent ,
Ou par les maux qu'ils font , ou par les biens
qu'ils coûtent ,
Et me reflbuvenant de ce qu'ils m'ont coûté ,
Je m'en croyois auflî pour jamais dégoûté ,
Mais j'ofei voir Olympe , &c» ^
-La Raifon lui donne de fort bons a vis,
& furtout l'exhorte à ne pas prendre
an lieu d'elle l'Opinion , qui ne pour-
roit que l'égarer :
Fuis le fantôme vain qui porte mes couleurs ,
La folle Opinion , Reine des fantaftiques ,
Source de tant de biens & de maux chimériquet,
C'eft elle qui de l'homme augmentant les befoins»
Muîtiplie avec eux fes travaux & fes foins , J
Qui lui faifant haïr le repos & la joye ,
Aux avares foucis donne fon ame en proyc ;
Rv
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394 Bibliothèque*
- £ A ^ ' Qui lui fait de la gloire enfanglanter Pautel ,
©* H E S- ^* cou " r * la mort pour rcn ^ rc ^ InIno^tcl •
W A W D. Ceft cllc V* corrompt les mœurs & les ma»*
mes ,
Ravale des vertus , & relève des crimes #
Selon fon Intérêt régie fesfentiroens ,
Juge des adions par les événemens ,
Méprife un vertueux que le fort abandonne t
Révère un fcélérat que le bonheur couronne g
Aux peuples inquiets vante les nouveautés ,
Et leur fait un Héros d'un chef de révoltés , &cV
L'autre pièce eft PEglogue dont j'ai
parlé, dont les interlocuteurs font
Philcne & Daphnis , & dont le titre eft
Amarante. On dit qu'elle contient
fous ces trois noms les portraits de
trois perfonnes illuftres que te Leâeur
y reconnoîtra fans peine. J'ai averti
qu'Amarante eft Madame des Hou-
lieres ,& Daphnis le Poète lui-même:
Pour Pkiléne , je ne fçai qui c'eft. Il
y a encore plus de négligence dans
cette féconde pièce que dans» la pre-
mière , mais il y a auffi des beautés,
ANTOINETTE DU L1GIER DE
LA GARDE , Dame
DES HOUIIERES,
Xa plus grande gloire du Sieur
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Françoise. 395
«d'Hefnaud eft d'avoir eu pour difci-
ple la célèbre Madame des Houiie- Ant ° 1n t * t -
t 1 -rx , . te du Li-
res. Le nom de cette Dame etoit GIERDE ^
Antoinette du Ligier de la Garde, garde ,
Elle naquit à Paris vers Tannée 1633 Dame de$
ou 1634. Son pere étoit Melchior du Hou "*-
Ligier» , Seigneur de la Garde , Che- RI ^ 4t
valiér de l'Ordre du Roi , qui avoit
été d'abord Maître d'Hôtel de la
Reine Marie de Médicis , & qui étoit
alors attaché en la même qualité à la
Reine Anne d'Autriche. Sa mere fe
nommoit Claude Gaultier.
La nature prit plaifir à raffembler Eloge «te
dans Mademoifelle de la Garde , les hJ&Ï
agrémens du corps & de l'efprit à un Mém' de
point qu'il eft rare de rencontrer. b^2t!°H
Elle avoit une beauté peu commune, <*« Poëf. de
une taille au-deffus de la médiocre , hÔu™^!*
un maintien naturel , des manières
nobles & prévenantes ; quelquefois
un enjouement plein de vivacité ,
quelquefois du penchant à cette mé-
lancolie douce , qui n'eft pas ennemie
des plaifirs ; elle danfoit avec juftef-
fe , montoit bien à cheval , & ne fai-
foit rien qu'avec grâce. Lorfqu'elle
entra dans le monde , les Romans
étoient regardés comme l'école de
refprit ci de la politeffe. Elle s'y livra
R vj
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. 39^ Bibliothèque
pourfuivre la coutume établie : maïs
/NToiNET- e u e ne b orna pas-là fon application.
cxex de la Avide de s'inftruire , elle étudia lé
Garde , Latin, l'Italien, & PEfpagnol, & fi
Dame des bien que dans la fuite les Auteurs les
Hou m- pl us eftimés en ces trois langues lui
* fis * devinrent familiers.
1 Son inclination pour là Poëfie fe
' montra d'abord au plaifir qu'elle pre-
noit à la lçâure des vers. Ce fût
d'Hefnaud , comme on Ta dit ^ qui lui
fit appercevoir les talens . qu'elle
a voit elle-même pour y réuffir , & qui
lui apprit les régies de la Poëfie Fran-
çoife. Ses parens la marièrent en
1 6 j i à Guillaume De la Fon de Boif-
guerin , Seigneur des Houlieres, Gen-
tilhomme de Poitou. Attaché à M. de
Condé , lorfque ce Prince fortit du
fa fortune , & fa femme fe retira chez
fes parens , d'où elle paffa à Roçrpi,
& enfuite à Bruxelles , où elle fut ar-
rêtée prifonniere , au moiç de Février
1657 , & conduite au Château de
Vilvorden , à deux lieues de cette
ville. Chez fes parens , elle avoit
cherché de la confolation en étu-
diant la Philofophie de Gaffendi ;
durant fa captivité , qui fut de h«U
Ro
M. des Houlieres fuivit
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Françoise; 397 ^
/mois , elle en trouva une plus folide — mmmm £
dans la ledhire de rEcriture Sainte Antoinet*
& des Ecrits des Pères de FEglife qui tE ™ L ¥ x ;
cpnvenoient le plus à la fituation. G k R D E
Délivrée de priîbn par fon pjrfpre da**e dis
mari , & le Roi ayant offert une am- Houlie-
xiiftie à tous ceux qui étoient fortis RES#
du Royaume dans le tems des trou- 1
bles , oc qui voudroient revenir , M.
& Madame des Houlieres furent pré-
fentés par M, Le TeHier au Roi , à la
Reine Mere , & au Cardinal Maza-
rin.
La mode étoit alors de faire des
portraits , ou de dépeindre la figure
& le caraftere des perfonnes de la
Cour & de la ville. Madame des
Houlieres qui eut dès Tinftant de fon
retour un grand nombre d'admira-
teurs ,fe vit bientôt fur les rangs. Le
premier de fes portraits fiit compofé
en vers & en profe par Chevalier
de Grarçiont , fur une Lettre que M.
le Prince, avec qui il étoit en rela-
tion , lui écrivit à ce fujet. Il n'y mit
point le nom de celle qu'il vouloit
peindre , fe contentant de la défigner
îbus celui tfAmarillis, nom paftoral
. qui fiit longtems celui de Madame
des Houlieres , jufqu'à ce qu'elle y
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Antoinet-
te du Li>
61F.R DE LA
Garde ,
Î>AM* DES
HOU LIE-
KES.
La Gallcrie
des Peintu*
res , a. part,
pag. 517 &
Fagc 349
Bibliothèque
eût fubftitué celui de Céliméne. Ce
portrait commence ainli :
Vous de qui la vertu , l'efprit & la beauté ,
Rendra le nom fameux dans la poftérité ,
Et donc les actions ont effacé la gloire
Des Héros de Roman , des Héros de l'Hiftoire ;
Vous qu'on a vu forcer d'effroyables prîfons ,
Et que huit mois entiers la mort en cent façons
N'a pu faire trembler ; adorable inhumaine ,
On a mille plaifirs , & Ton n'a point de peine ,
Quand on eft obligé de parler des thréfors
Qui parent votre efprit > votre ame , & voue
corps.
Quand on fait le portrait d'une beauté commune,
Ou d'un de ces efprits fujets à la fortune ,
Pour peu que Ton en ait * on s'en peut acquitter:
Où la matière manque , jon j«int l'art de flater :
Mais quand il faut dépeindre une jeune héroïne,
Sçavante , fiere , belle , éloquente , divine ,
Cette entreprife eft grande , & mon foible pin-
ceau ,
Ne fçauroit qu'ébaucher un û charmant Table».
Son fecon* portrait fut fait en vers
par le Poëte Lignieres , qui le lui en*
voya. Ceft celui qui eft intitulé ,
Portrait d 'Amarante , dans la féconde
partie de la Callerie des Peintures ,
&c. Il finit par ces vers où le Poëte
fait allufion à une petite chienne que
Madame des Houlieres aimoit beau-
coup , & qu'elle avoit perdue ;
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FftÀNÇÔISÊ. Jjjjf
Vous voulez qu'on lui fafle une Oraifon funèbre ,
Et qu'on f immortalife en vers.
Si vous ccflfcz , divine dés Houliere ,
De traiter fièrement le malheureux Ligniere ,
De le railler ; JH de le méprifer ,
II tâcheron de l'immortalifer.
Laj ! il fouffre une peine extrême f
Et rien n'égale fon ennuî:
~ ïmmortalifez-la vous-même ,
Vous faites des vers mieux que luf.
Ce portrait fut fuivi de deux autres P a s>
de la même main , aufli en vers , & 6l ?'* 6l% *
qui ont été recueillis dans le même
ouvrage que je viens de citer. Mada-
me des Houlieres feignit de ne pas
connoître l'Auteûr du premier , je
veux dire de celui qui avoit été fait
par le Chevalier de Gramont , & elle
n'y répondit point. Elle fentoit quel-
les auraient pu être les fuites d'une
Eareille démarche. Quant à ceux de
igniere , elle crut pouvoir répon-
dre fans conféquence à la civilité de
ce Poète. Elle fit donc à fon tour fon * b - P- *44
portrait en vers , ainfi que celui de lb ' p ' ^
Mademoifelle de Vilenne, leur amie
commune , & qui fe mêloit de Poëfie*
Ces deux pièces , les premières qui
nous refient de Madame des Houlie-
res , prouvent qu'elle ne compofoit
Antoinet>
té du Lf-
01 ER D£ LA
Garde ,
Dame de»
Hou lie-
RE S .
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400 BÎBLIOTHÉ <5^E
pas alors auffi corre&ement qu'elle
tb^^u^li- *' a ^ ait dans la ^ i " te : mais on y tr0U ^ C
euK de la ^ U naturel accompagné d'une négli-
Garde, gence peut-être affez convenable au
Dame des lujet. *
Houlii- £jj e exer ç a depuis fon talent pour
i x^ 4- ^ a Poëfie fur tous les fujets qui fe pré-
fentetent , & comme fa beauté lui
faifoit adrefler un grand nombre de
pièces galantes , elle y répondoit
d'une manière qui faifoit goûter fes
vers par ceux à qui ces fortes de fujets
n'étoient point indifférens. Si dans
plufieurs on trouve répandus beau-
coup de tons plaintifs contre la for-
tune , c'efl que l'état de fes affaires
a voit été en effet tellement dérangé ,
pendant fa retraite hors du Royau-
me , qu'elle a voit été obligée de fc
faire féparer de biens d'avec fon
mari dès 1658 , & que M. des Hou-
lieres a voit abandonné toupies fiens
à fes créanciers. Nous n^avons pas
toutes fes premières Poefies ; elle les,
négligeoit , & la plus grande partie
s'eft perdue. Celles qui ont été con-
servées , & qui lui donnèrent afors le
plus de réputation, furent le Sonnet
en bouts-rimésfur l'or , & deux Epî-
très fous le nom de fon chien > avec
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Françoise. 461
1*apothéofe du même , dont elle fai- SSSSA
fbit le Cerbère du Parnaffe. Ces pié- Antoinet-
ces furent inférées dans le premier Ti DU Ll-t
•Tome du Mercure galant en 1672. Gard1
Quand fes affaires , ou quelque dame des
autre motif, ne l'obligeoient pas de Hou lu-
quitter Paris , dont elle n'a pas laifTé RES#
que de sfabfenter aifez fouvent , elle
recevoir avec plaifir les vifites de
ceux qui fe diftinguoient par leur ef-
prit , entre autres de MM. Conrart ,
Pelliffon , Benferade , Charpentier ,
Perrault , des deux Corneilles 9 de
MM, Fléchier , Mafcaron , Quinault,
Ménage , des deux Tallemants , de
l'Abbé de Lavau, de M. de la Mon-
jioi| , &c. On voulut même l'aflbcier
à une compagnie de gens de Lettres
qui s'affembloient à l'Hôtel de Mati-
gnon chez l'Abbé d'A ubignac , efpéce
d'Académie que la mort de cet Abbé
difîipa. D'un autre côté elle recevoit
des vifitSs & des Lettres des Ducs de
la Rochefoucault , de Montaufier, de
Nevers , de Saint Aignan ; des Maré-
chaux de Vivtfnne & de Vauban , du
Comte de Bufli Rabutin , de M. Le
Peletier de Souzi , & de beaucoup
d'autres , & elle en étoit toujours fa-
vorablement accueillie quand elle fe
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46% ËlBtîOTHEQUE
préfentoit chez eux. On eftimoitdan*
Antoinet- toutes ces maifons les ouvrages qui
ti bu li - fortoient de fa plume , & on 1 exhôr-
GaVd " toit à les *n«itiplier. Elle étoit même
Dame dis confultée dans de certaines difputes
Houlie- qui arrivoient entre les gens de Let-
très, & le parti qu'elle prenoit étoit
"* 4# toujours loué , s'il n 'étoit pas tou-
jours fttivi.
Ce fut ainfî qu'elle efitra dans 1*
contéftation , mue principalement
entre l'Abbé de Bourzeis & le Pere
Lucas , Jéfuite , d'uiîe part , & de
l'autre MM. Charpentier 8r Talle-
mant , de l'Académie Françoife , s'il
convenoit de compofer en Latin on
en François, l'infcriptiori qu'on vcra*
loit mettre fur l'Arc dé Triomphe
qu'on eut alors deffein de faire élever
à la gloire du Roi. Les partifarts de
notre langue l'emportèrent, au iftôins
pour les infcriptions de la Galerie de
Verfailles ; car l'Arc de Triomphe
ne fut point exécuté , & Madame
des Houlieres marqua fon contente-
ment de cette viûoire , par une Bal-
lade qu'elle fit fur ce fujet.
Une autre queftion l'intéreffa da-
vantage. C'étoit la comparaifon de
Corneille & de Racine. Décidée pour
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Françoise. 40$
le premier , elle Vit avec peine la
Î>référence qu'on donnoit au fécond, Antoinit.
orfque Corneille eut ceffé de travail- TE DU Lr "
1er pour le Théâtre en 1675, Elle?"™ 1 *
avouoit que Racine avoit parfaite-* d xme de $
ment réuffi dans le ftyle tendre & les Houlie-
fituations touchantes : mais ne trou- * ES -
vant point dans fes Tragédies ce fu- u *+*
Blime & ce génie Romain , qui carac-
térifent Corneille , elle prétendit
2u'ayant pris une route différente , \l
toit en cela même inférieur à fon ri-
Val. Son zélé l'emporta trop loin ert
cette occafion , & fit tort à fon goût,
JA. Racine travailloit alors à fa Plié*
dre , & Pradon compofoit auffi fur le
*nême fujet. Les deux pièces avant
Çaru en même tems fur deûx différent
'héâtres en 1 677 , Madame des Hou-'
lieres prit parti pour celle de Pradon^
& jépandit un Sonnet où elle faifoif
une Parodie burlefque de laPhédrede
Racine, On en ignora l'Auteur pen-
dant quelque tems les méprifes
de M. Racine & de fes amis occafion-
nerentde grands troubles, dont on
peut voir le détail dans l'Avertiffe-
ment de M- Le Fcvn de S. Marc, fur Dc f " vr ^
l'Epître 7. de Defpréaux. Mais le pagf^l &
nuage de la .prévention fe dilîipa luiVr
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_ 4^4 BlBLIÔTHÈQÛE
f mtmmmm bientôt. La Tragédie de Racine a été
Antoinit- mife au rang de ce que ncftis avons
ïiï dAa de P lus P ar ^ h fur le Théâtre > &
Garde , ce ^ e ^ e P ra don eft tombée dans l'on-
Damb des bli , malgré la proteâion de Madame
Houub- des Houlieres , <[ui s'attira par cette
conduite un portrait peu obligeant
u * 4# pour elle , de la part de M. Def-
préaux dans fa dixième Satyre : c'eli
celui qui commence par ces vers :
C'eft une précieufe ,
Rcfte de ces cfprits jadis fi renommés ,
Que d'un coup de Ton art Molière a diffamés,'
&e. f \
Outre/ces difputes dans lefquelles
elle entra , & quitlurerent alTez long*
tems , les plus petits fujets lui don-
_ noient lieu d'exercer fa Mufe. On en
a un exemple dans les pièces qu'elle
compofa fur fa chate , qui firent une
partie de l'amufement de la Gour &
? 5e la ville pendant l'Automne de
1678 , & qui intéreffent très-peu au-
jourd'hui. Ce fut vers le même tems
que fans aflez confulter fes forces ,
elle voulut entreprendre des pièces
de plus longue haleine , & d'un gen-
re différent de celles qui l'avoient
fait eftimer jufques-là.
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Françoise, 405
Elle commença d'abord un Opéra — — — f
de Zoroafirc & Sémiramis , & elle ef- Antoinet-
faya dans la fuite de faire une Corné- TE DU Ll ~
die fous le titre des Eaux de Bourbon. gTrd'e^
Mais elle fut affez fage pour en relier dW Î>ip
au plan , ou à des effais informes que Houwb-
lepablic n'a jamais vus. Elle fe livra RES *
plus conftamment à llnclination l ' 9 **
qu'elle avoit pour le Tragique , &
compofadeux pièces en ce genre , la
Tragédie de Genferic, Roi des Van-
dales , qui fut jouée fur le Théâtre
de l'Hôtel dç Bourgogne le %o /an- Hîftoî^d»
vier 1680 , & celle de fule-Jntoint , T a h - * r - «•
dont on n'a imprimé que des frag- &î. 16 *'
mens , mais dont on conferve le Ma-
nufcrit entier. Quoiqu'il y ait de
beaux endroits dans la première , on
ne peut difconvenir , que Madame
des Houlieres ne fût extrêmement
éloignée de la grandeur des fenti-
jnens de Corneille où elle afpiroit ,
3u 'elle n'entendoit point le genre
ramatique , & que fa yerfification ,
' pôur l'ordinaire h coulante & fi natu-
relle dans fes autres ouvrages , eft
forcée & dure dans celui-ci. Lorfaue
cette Tragédie fut repréfentée , ua
Ajto/iymç fit ç$ Sonnçt :
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Antoinet-
te DU Llr
.GIER DE LA
(Garde ,
Dame des
Houlie-»
ILES.
1*94*
406 Bibliothèque
La jeune Eudoxe eft une bonne enfant »
JCa vieille Eudoxe une grande diableflc ;
Genferic eft un Roi fourbe & méchant ,
Digne Héros d'une méchante pièce.
Pour Traflmond , c*eft un grand innocent ;
Et Sophronie en vain pour lui s'emprelTc.
Jfuneric eft un homme indifférent f M*
Qui , comme on veut » & la prend & la Uttfe»
Sur tout cela le fujet eft traité »
Dieu fçait comment Auteur de qualité ,
Vous vous cachez en donnant cet ouvrage*
C'eft fort bien fait de fe cacher ainfi :
Mais pour agir en perfonne bien fage ,
11 nous fclloit cacher la pièce suffi,
Ce mauvais fuccès ramena l'Auteur
au genre auquel elle étoit propre»
Elle fît à l'occafion de la naiflance
du Duc de Bourgogne, petit-fils de
Louis XIV , une Idylle qui fut très-
bien reçue à la Cour , & lur laquelle
cependant on répandit cette Epi-
gramme fatyrique, qui eft attribuée,
lans fondement, à d'Hefjiaud dans te
purcteriana.
JPour immortalifer f enfant qui vient de naître ,
Bt qui gouvernera dans foixante ans peut-être ,
ï.a des Houliere a fait cent vers tant mal que bien,
Que lui donnera-t-on pour un fi long ouvrage \ ^
Si j'en étois cru , ma foi rien.
JPpur immortalifer & fa ebate & fon chien,
fille en a frit bien davantage.
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Françoise. 407
Une autre pièce qui fit plus de bruit , 1— mmm B
fat la Balade quelle compofa au Antoinetv
mois de Janvier 1684 , fur le chanr ™ L L *~
gementdela Cour en fait de galante» gÀVoe^
rie , & qu'elle adreffa par une Epître Dami dk$
à M. le Duc de Montaufier. Ce fut Houm*
l'Opéra d'Amadis qui y donna lieu. RES#
La caufe oppofée trouva des défen-
feurs dans la Fontaine , Pavillon , le
Sipur De Lpfme de Monchefnai , &
furtout dans le Duç de S. Aignan f
jcontre lequel Madame des Houlieres
foutint une guerre poétique , jufqu'4
ce que ce Seigneur voulût bien s'a»
vouer vaincu.
Le 14 de Septembre de la même*
année, elle fut aggrégée à l'Acadé*
jnie des Ricovrati de r^dôue , & le
?.8 Mars 1689 , celle d'Arles crut
également s'honorer en la choififlant
})out remplir une de fes places, J)ès
^commencement de l'année précé-
dente , le Roi lui avoit accordé une
penfion de deux mille livres. Elle
n'en jouit pas longtems , étant morte
à Paris le 17 Février 1694, Il paroît
par fes vers que dès 1686 elle fouf-
froit de grandes douleurs , ce qui ne
l'empêchoit pas, de fréquenter fes
amis , autant qu'elle le pçuvoit , 8f
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4o9 Bibliothèque
— de les célébrer à fon ordinaire , ainfi
àntoinet- que tous les événemens les plus re-
te dit Li- marquables. C'eft même à ce tems
G j^rd £ A ^ ue nous * omiIies redevables de fes
Dame "s P^ us b eaux ouvrages. Lorsqu'elle fc
Houlie- ientoit un peu moins de penchant à
*es. la gaieté , elle compofoit ces Idylles
l *94* tendres & languiffantes, qui femblent
exprimer la pofition où ellé étoit
alors. Si fes maux la portaient à des
impreffions de triftefle & à des pen-
fées plus férieufçs , elle produifoit
ces Réflexions morales , où fon amc
femble s'élever aux plus grands ob-
jets. Sur la fin de 1693 , elle compofa
celles qui roulent fur l'envie immo-
dérée de faire paffer fon nom à la
poftérité , à Poceafion de fon por-
trait peint pâr Madame Le Hay , plus
connue fous le nom de Mademoiselle
Chéron , & acheva la p^raphrafe de
trois Pfeaujnes qu'elle avoit coin»*
mencée quelque tems auparavant.
Au bas du portrait dont on vient de
parler, on lit ces quatre vers :
Si Corine en beauté fut célèbre autrefois ,
Si des vers de Pindare elle effaça la gloire •
Quel rang doivent tenir au Temple de Mémoire»
Les vers que tu vas lire , & les traits que tu vois ?
Le plus grand nombre des Critiques
femble
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Françoise. 409
fcmble en effet fe réunir dans ce
point qu'on ne peut refufer à Ma- Antoinet-
dame des Houlieres des grâces dans TE DU Ll-
leftyle, du tendre , du naïf, un élé- LA
gant badinage, une diûion nette & OameWs
précife , une verfîfication aifée & Houlu-
coulante^ des tours heureux & gui kes.
lui font propres. Je neiçai que teu l6 94*
M. Rouffeau qui ait prétendu « que
» tout le mérite de Madame des Hou- Ro „ " tr t e . s ^
» lieres n'a jamais confifté que dans p-
»une facilité ianguiffante , & dans
» une fadeur molle & puérile , propre
» à éblouir de petits efprits du der-
» nier ordre , comme ceux qui com-
» pofoient fa petite Académie ». Mais
n'entre-t-il pas dans cette rigoureufe
cenfure un peu de prévention & de
mauvaife humeur ? Je le laiiTe à déci-
der aux Maîtres de l'art.
On a fait un autre procès à la mé- ^
moire de Madame des Houlieres. On p r éiid. bou-
a prétendu que les plus belles ftances ^^ d ^ s ^ a
& penfées de fon Idylle des Moutons,
fe trouvent dans une pièce en vers
héroïques furie mêmefujet, inférée
dans un affez mauvais Recueil de
vers , imprimé dit-on en 1649 > P ar niSïte
les foins d'un nommé Coutel , & que Couui,
Madame des Houlieres n'y a fait que
TomtXFUI. " S
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4tà Bibliothèque
" . Ml . ir quelques changemens pour acconv
Antoinet- nioder les vers à la mefure des lyri-
;te du Li- q Ues ^ ( j ont e j j e f erv i e- ç e j e
G aVd b * con fi rttie » ajoute-t-on , c'eft qu'alors
Dame des elle n'avoit qu'onze ans , étant née
•Hou lie- en 1638 , ( elle étoit née dès 1634 ),
* ES - Un des premiers apparemment qui
*04* ait hàzardé cette accufation contre
Madame des Houlieres , eft l'Auteur
du Mercure Suffi > dans fon mois d*À*
vril 173 5 , p. 135. oîiil nomme l'Au-
teur des Promenades , Antoine Confel,
Chevalier 9 Seigneur de Monceaux des
Rues 9 & prétend cjue fon Recueil 3
été imprimé à Bloïs , & , quoique fans
.date, vers Tan 1649. Cette alléga-
tion donna lieu àdeséclaircifTemens,
ijui furent inférés dans le mois de
Juin de la même année du même ou-
vrage. L'Anonyme de ces éclaircif-
femens répond 1 e . Que l'Auteur des
Promenades fe nommoit Coutel & non
Çùnfel. 2°. Qu'à la vérité il voyok
un grand rappôrt entre l'Idylle des
Moutons de Mad. des Houlieres, & la
pièce dudit Coutel fur le même fujét,
jnàis que le plagiat , s'il y en avoit
un , devoit retomber fur cet Ecri-
vain , puifque dans tout ce qui étoit
de lui , il n*y avoit rien de bon dans
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François! 411
fon Recueil , que cette Idyiie , dont — —
il avoit même changé le titre en ce- Antoinet-
lui-ci : Sur Cindohnci , &,Lycidas. T ^ u ~
3°. Qu'il étoit faux que les Promenr- A
des fuiTent de 1^49 , la pièce la plus d ame Dï g
ancienne étant une Epitaphede i66ï. Houlie-
4*. Enfin que Coirtel avoit pillé dans
le même Recueil le Poète Bertaut. 1
feu M. le Préfidenl Bouhier averti
de l'accufation formée contré Mad*
des Houlieres , & des foftderaens fur
lefquels on Pappuyoit 9 répondit auffi
qu'il avoit de la peine à le réfoudre
à croire Madame des Hoidieres pla-
giaire ayant donné tant de preuves
de fon génie , & de fon caraâerè
original. « Je croiirois volontiers f
ajoute-t-il , que toute jeune qu'elle
?> étoit d'ailleurs { & eUe ne l'étoit
pas âutant que ce célèbre Magiftraî '
le croyoit ) « étant conduite par le
^ Sieur Hefnaut , fon Maître en Poë-
» fie , qui peut-être dès-lors cultivok
» les talens de cette jeune perfonne ,
elle avoit donné cet effai de fes
produôions , corrigé fans doute par
^ Hefnautqui le fit imprimer* Après.
*> quoi , quand elle fut devenue plus
habile , elle voulut remanier cette
# pièce, fuivantfa nouvelle manière, ,
Sij
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4** Bibliothèque
» & la remit dans l'état où elle a paru
àntoinet- n depuis ^ ans I e Recueil de fes Poë-
te du Li- ^fies*. Comme cette mêmequeftiou
jgierdela a été agitée encore depuis par plu-
Garde, £eurs de nos Littérateurs modernes,
Houue- £S vn Anon y. me a prétendu la décider
par ces raifons : Que les Promenades
n 9 + p du Sieur Coutd ont diverfes dates ,
pelles de 1640 & de 1649 » Q ue ce
livre n'offre ni permiffion , ni nom de
F^rTnt^oi ^*kraire » Q ue toutes les autres pié-
^6. feuille , fes de ce Recueil font fi inférieures à
m %. in^i. l'Idylle conteftée, qu'elles ne peu-
vent avoir le même pere ; Que celle-
jci peut avoir été mife dans la collec-
tion qui porte le nom du Sieur Coutel
par les ennemis de Madame des Hou-
Jieres, envieux de fa gloire ; Qu'il
feroit d'ailleurs étonnant qu'on eût
jété fi longtems à s'appercevoir du
plagiat 9 fi celui-ci eût eu quelque
.réalité; Que de plus on y retrouve
«fi fenfiblement le ftprle de la Dame ,
jqu'on ne peut l'y meconnoître ; qu'el-
le n'avoit aucun befoin de cette pié-
,ce pour fa gloire , & qu'on ne peut
fe perfuader qu'elle eût voulu s'ex-
pofer à la perdre par ce vol. L'Ano-
nyme en fait la comparaifon avec
.diy.çjfçs autres Poëfies de la même ,
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Françoise. 413
&: cette comparaifon occupe la plus _
grande partie de fon écrit , qui n'a Antoinet-
quc 59 pages. te du Li-
Madame des Houlieres avoit re* ® IFRDELAf
cueilli elle-même une partie de fes
I-'oeïies en; 1687, avec cette courte Houlie-
Préface en vers : res.
Loin de remplir ici d'ennuyeux complimens .
Un inutile & long prélude;
Sans crainte , fans inquiétude t
m. .
Je livre mes amufemens
A la critique la plus rude.
'Cette cfpéce de fermeté
Ne vient point de la vanité ,
Que m'auroiem pû donner les plus fameux fuflfnK
ges;
I>e plus juftes raifon s font nui tranquillité.
Du tems qui détruit tout je crains peu les outrages^
Le grand nom de Louis mêlé dans mes ouvrages r
Les conduira ians doute à l'immortalité.
En 160 y , Théréfe des Houlieres fa
fille , dont je parlerai dans un autre
volume 9 n'étant morte qu'en 1 7 1 8 ,
donna une féconde partie des Poëfies
de fon illuftre ntere , & ce Recueil a
eu encore depuis quelques autres
éditions. Mais la meilleure eft celle
S iij
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414 BïM/iof »eque Fraptç.
— — — qui ? été donnée en 1747 à Paris :
ÀNToiNET- outre qu'elle eft corre&e , & aug-
T£ du Li- m entée de plufieurs pièces qui n*a-
Gak^e* voient pas encore été imprimées , on
s - mere & de la famille , compofé en
particulier fur les Mémoires de feu
M. de la Boiffîere de Chambors,
Capitaine dans le Régiment Colonel-
Général Cavalerie, & de l'Académie
des Infcriptions & Belles - Lettres >
qui avoit été ami de Madame Des
Houlieres , & qui eft mort en 1 743 ♦
F I N*
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p ^Hh** «i^h- □
tfl» Il 1 1 -II II, g II g 3 « H- M jOEEDB I
BIBLIOTHEQUE
FRANÇOI S E.
O» 0 rangé ce Catalogue fuivant l'ordre des
matières qui font traitées dans cet ouvrage :
& afin que l'on trouve fans peine les jugemens
que l'on porte des livres dont il y efi fait men-
tion , on indique ici les pages où il en efi parlé*
On a cru auffi devoir inférer dans ce Caia*-
logue quelques écrits concernant les mêmes
matières , dont on ne dit rien dans 1* ouvrage;
mais ces derniers font en petit nombre.
SU1TÈ DELANÈI/VIËMB PARTIE.
P OËTES FR ANÇ OIS,
DIvcrfes Poëfies de Jean Baudoin , de
l'Académie Françoife ,dans le Cabinet des
Mufes , ou nouveau Recueil des plus beaux
ven de ce temps. A Rouen , David du Petit-
val , 1*19. in- 11, Item $ dans les Délices
de la Po'efie Françoife\ Paris , Touffaint Du
Jiray, i6to. û>&. Dans les Mufes iUufires*
S iv
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416 Bibliothèque:
A Paris , lé j 8. in i x. Et dans quelques antres
^Recueils de fon tems. Du même , Vers qui font
au bas des Portraits de la grande Hiftoire de
France , par Mézerai. tome 17. page 1 , 1 , j.
Les Oeuvres diverfes tant en vers qu'en pro-
fe , dédiées à Madame de Mattignon. Par Oc-
ta vie , ( contenant les Amours d'Acanthe , Se
autres œuvres. ) Paris , Jacques Le Gras ,
16; 8. in- 11. tome 17. page 3. 4.
Le Parnaflc Séraphique, & les derniers îbu-
pirs de la Mufe du R. P. Martial de Brives t
€apucin , contenant : Les Grandeurs de Dieuy
les Grandeurs de K. S. J. C. les Grandeurs de
la Sainte Vierge les Grandeurs de Dieu fur
fcs Sain&s 5 les- combats & victoires de faint
Aléxis. Et autres œuvres mêlées. ( Mis au jour
par le Frère Zacharie de Dijon > Prêtre* Ca-
pucin. ) A Lyon , chx^ François Demajfo y
1660. in 8. avec plulieurs gravures, tome 17.
page 4 & fuiv.
Soupirs & mort de Daphné , pour Tabiènce
du Roy très-Chreftien Henry le Grand , Roy
de France & de Navarre , a Anne de Cau-
mont , Comtefle de faint Pol DuchefTe de
Fronfac, 16 10. in-4. &in-fol. 13 Sonnets.—-
Rcnairtance & allcgrcfle de Daphné pour le
règne heureux de Louis XIII. Roy de France
& de Navarre y à Léonor d'Orléans , Duc de
Fronfac , 162 1. 13 Sonnets. Calliope , à
M. François Le Févre de Caumartin, Evêque
d'Amiens , à fon heureux avènement en l'E-
.glife Cathédrale de Notre-Dame, 13 Sonnets
& un Chant , 1 $ l$* -~ Polyrrlioé , à Henry
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Françoise. 417
d'Orléans , Duc de Longucville , Gouverneur
& Lieutenant Général pour Sa Majefté en Pi-
cardie, faifant Ton entrée à Amiens, 1615.
X4 Sonnets. — Au même , à fon retour à la
Ville Capitale d'Amiens , Cailirhoé , 16 16. l^
Sonnets. — — BannifTement volontaire & fpiri-
tuel du Pécheur , à Anne de Caumont , 1 61 1.
il Sonnets. Le Pécheur , à la Vierge
mère de Dieu, i6n. 13 Sonnets. — - Con-
fiance du pécheur à la naiflance du Fils de Dieu,
16 15. 18 Sonnets. Complainte de Daph-
fié. Guirlande ou Chapeau de fleurs : Progno-
ftiques , encore en Sonnets. — - Etreines à'
Louis Du Frefne , Sieur de Froïdeval , &c.
Toutes ces Poe'fïcs font à 1 Adrien de la Mor-
liere, Prêtre 3 Chanoine de l'Eglifed* Amiens,
6 fe trouvent dans fon Hiftoire de la ville
d'Amiens , in-4. & dans l'édition de 1641; in-
fol. tome 17. page ir. fi» fuiv.
Heures en vers François, contenant les ijo
Pfeaumes de David , félon l'ordre de FEglife ,
où font compris les Offices de la Vierge , les
7 Pfeaumes Pénitentiaur , l'Office dés Morts,*
les Vefpres , Complies , Heures Canoniales &
Cantiques. Avec plufieurs belles Méditations
fur 10 principales Feftës de l'année , & Myftc-
res de noftre foy. Nouvellement traduit &
cornpofé par Meflirc Claude Sanguin , Che-
valier Confeillcr du Roy en fes Confeiis,
Maiftre d'Hoftel de Sa Majefté & de feu fon
A. R. M. le Duc d'Orléans , dédiées à la Reine,
Paris , aux dépens àè l'Auteur , che^Jean de
la Caille r 1660. in-^ tome ij. page 14 , 15
6» juiv.
Hippôcrâte dépayfé , ou la verfion para*
S y
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4i8 Bibliothèque
phrafée de fès Aphorifmes en vers François,
par Louis de Fontenlttes.- Paris , Pépingué,
- 1-^54. in-4. tome 17. page 16 & fuiv.
Commentaire en vers fur les A priori fines
d'Hypocrate. Par le fieur Cabotim , Avocat
en Parlement. Paris , Guillaume SaJJier , &
Jacques Talon , i*6j. mm. tome 17. pages
19' 10.
L'Horofcope de M. îe Dauphin , tiré des
divers augures arrivés à fa naiuance , par N.
de Javerzac , Poème héroïque en vers libres.
Au Roy. Pour Etrcnes adreflécs à Madame la
Marquife de Montoxier , Gouvernance de M.
le Dauphin, in-4. &ns date.
Le Prince inconnu , ou l'Adieu de la France
au Mis naturel de Charles II. Roi de la Grande
Bretagne, Elégie. Parle même. in-4. (ans date.
Echantillons Amoureux à M. le Duc de*
Montauficr , Gouverneur de M. le Dauphin ,
in-4. Tans date. Par le même.
Vers du même fur la mort de M. le Cardinal
de Mazarin 5 in-4. * 6 6 1 •
Quatre Madrigaux y du même , au-devant
de la Mufè nailfante dû petit de Beau—
chastbau, in-4. l6 57* tome irj* page zo &
Juiv.
Les premières Oeuvres Po'étiques du fïeur
Frenicle. A Pans , Touffaint Du Bray ,
itfiy. in-8. tome 17. page 13.6» fuiv. p. %6-,
Ecs Poefies. de A* ( Nicolas ) Frenicle
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Françoise. 419'
Confeillerdu Roi , & fon Général eu fa Cour
des Moanoycs. Paris , Jean de Bordeaux ,
1619. in-8. Uid. pages 16. & Ju'tv.
Les Oeuvres de N. {Nicolas ) Frénicle ,
Confeiller du Roi , & Général en fa Cour des
Monnoyes. Paris , Touffaint Du Bray , 1 6 19.
mZ.Ibid.
L'Entretien des illuftres Bergers , par le
même. Paris y Jacques Duguaft y 1634.111 8.
Uid.
Jefus crucifié : Poëme, par le même. Paris ,
Jean Camufat 9 1636. in- 1 % . ibid.
Hymne de la Vierge, par le même, Paris \
Antoine de Sommaville , 1641. in- 4. Ibid.
pages %6- jufquâ 34.
Paraphrafe des Pfeaumes de David , par le
même. Paris , 1 66 1 . Jean Guignard >- in-i i.-
Hymne de Saint Bruno , Fondateur de l'Or-
dre des Chartreux , au R. P. Dom Jean Pegon ,
Prieur de la grande Charrreufe , & Général de
tout l'Ordre , par le même , in 4» fansdatc.
Hymne de la Vi&oire après la rcduûion de
la Rochelle. Dans le Sacrifice des M uf es. Pa~
ris, 1635. in-4.
Poelîes de Monfieur m Marmet , (îeur de
Valçroissant. 4 Paris , Louis Chamkou-
dry , 1 6 j y in- 1 z. tome 1 7. pages 3 5 & fuiv.
Poëfics du fieur pu Perret. A Paris , cher
Svj.
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4*0 Bibliothèque
U même , i6$6. in ix. rom* 17 *. pages , 11*
Nouveau Cours de Philofophie en vers
îrançois , dédié à M. le Duc de Mercœurj
augmenté par 1* Auteur de plufieurs Remarques
fur chaque partie. Paris , Henri Le Gras ,
1657. in-riM tome 17. pages yj , 38.
Recueil de Poefies diverfes des plus célèbres
Auteurs de ce temps, rêveur, corrigé & au-
gmenté , par Jean Conart : à Paris , Louk
Chamhoudry y 1655. in-n. tome 17. page y6.
PoSCles diverfes de M. Guillaume de Bré-
Biuf. A Paris , Guillaume de Luynes , i6;fr.
in-it. & i66l. À Rouen. , in^l. tome 17,
pàge 43V ' r
Panégyrique de la Paix , par le même. lbïd\
X660. in-4,
Entretiens folîtaires , ou Trières & Médita-
tions pieufes , en vers François , par le même.
Imprimés à Rouen & fe vendent à Parie
che^ Antoine de SommavilU 16*©. in-u..
Les mêmes , à Paris , T. B. Loyfon ,1644.
la- iu Ibid. pages 4$ & fuiv.
Les Oeuvres de M", de Brébeuf nouvel^
lèmcnt mifes au jour , contenant fes Lettres en
profe , & diverfes Poefies : en deux parties.
Paris y L I}. Loyfon^ U64. in-n.
Eloges poétiques , du même. Paris , Antoine
de Sommaville 16 6 1« in^i u -tome 1 7. pages-
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François e. 411
Diflertation fur la Pharfale , les Entretiens
foîitaires , la Défenfe de TEglife Romaine- r
ic autres ouvrages de M. de Brébeuf , ( par
Guillaume Du Hamel , Confeiller ic Aumô-
nier du Roi. ) Paris , Charles Savrtux , 1 664*
in il. tome 17. pages 4 z & fuiv.
Ode à M le Cardinal Dac de Richelieu , par
Maître Adam, {Adam Bïllàut , Menuifier
<îe Nevers.) Paris, Jean Camufat , 163^»
in- 4. tome 17. pages 53 & fuiv.
Les Chevilles de Maître Adam , Menuifier
de Nevers , ( avec une Préface de l'Abbé* db
Marolles.) Paris , Toujfaïnt Quinet ,1644.
ïn-4. lbid. pages 546» fuiv.
Le Vilebrequin de Maître Adam % contenant
toutes fortes de Poë fies Galantes , tant en Son-
nets , Epiftres , Epigrammes , Elégies , Madri-
gaux , que Stances , & autres pièces , autant
curieufes que diverti fiantes , fur toutes fortes
de fujets. Dédié à Monfeigneur le Prince. Pa-
ris , Guillaume de Luynes, in-11. lbia\
page 58.
Ode pour Monfeigneur le Prince , par le
même. Paris , TouJ/aint Quinet, 1648. in- 4*
te Claquer de la Frondé fur la liberté des
Princes 5 avec une Elégie aux Dames Françoi-
fes , & une Epigrammc 5 par le même , 16 yi,
in-4. Ibid. pages 6r & fuiv.
Odes facrées , par Dom Simplicien Gody*.
Du même, les Honnête* 3c diverfes Poê'fics-
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4%% Bibliothèque
de Placidas Valornancien, divifées en cînxf
Livres. A Nancy ,1*31. in-i i. tome 17. pages
Paraphrafes fur les Pfeaumcs VIII. Domine,
Do min us nofter. CXIL Laudate , ueri , Donù-
num. CXXVII. Beati omnts qui timent Do-
minum. CXXIX. De profundis clamavi adte>
Domine. CXL1II. Benedi&us Dominus. Et de
l'Hymne , Ave, maris ftella $ par le Sieur ( Sa-
lomon ) de Priez ac. Paris , Antoine de Som*
maville, 1643. in-ix. tome 17. pages 64, 6f.
Les Promenades de Saint Cloud , caprice
du Sieur ( Salomon) de Priez ac. Paris , ibid,
1645. in-4. Ibid. page 66*
Les Poëfies de Salomon de Priézac > fieur
de Saugues. Paris y i6yo. in-8. Il y a auiï
deux pièces du même dans la Mufe Bachique,
ou féconde partie des Mufes illujlres. Paris ,
1658. in-n. Ibid.
Paraphrafe fur les fept Pfeaumes de la Pé*
nitence de David , par François le Metel de
Boisrobert. Paris , 1617. in- 11. tome 17.
pages 6% & fuiv. pages ji.
Les Epîtres du même , première partie. Ibid.-
1V47. in-4. Ibid. page 90.
Les Epîtres du même , ( féconde partie ) 8C
autres Œuvres Poétiques. Ibid. 16 59. in- 8^
Ibid. pages ?c , 91.
»
Sonnet du même , dans TUranoplée ^ on-
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Françoise. 41$
Navigation du lift de mort au port de vie ,
&c. par Frère Martin tE Noir , Auguftin
Rouennois. A Rouen , 1616. in- 8* tome 17.
page 69.
Diverfcs Poëfïesdu même, i°. Dans le Cabi-
net des Mufes , ou nouveau Recueil des plus
beaux vers dé ce tems. A Rouen , itfiy.
in- ix. tome 17. page 70. i°. Dans le Tem-
ple d'honneur , & fur la mort de Florimond
d'Ardres , Baron de Frican 5 à Paris , \6xi.
in -8. ibid. 3 0 . Dans le Recueil des plus
beaux vers de Malherbe & autres. Paris ,
i£z6 & i6}8.in Z.ibid. & page 9}. 4°. Dans
le Parnafle Royal , èic> 1635. in-4- J°. Dans
le Sacrifice des Mufes , in-4. 5* * 6 *' ^ ans
l'Edite des bouts rimés decctemp"s>
in - 11. 7°. Dans le tome 3. du Recueil
de Barbin. 8° Dans le Parnafle François de
M. Titon du Tillet , in-fol. ibid.
Les Oeuvres de feu M. de Bouiilon , con*-
tenant l'Hiftoire de Jocondc , le Mary com-
mode , TOifeau de paflage , la Mort de Daph»
nis, r Amour defguifé, Portraits, Mafcarades,
Airs de Cour , & plufieurs autres pièces ga-
lantes. A Paris y Claude Barbin > 166}. m -
*x. tome i7*pages 05 & fuiv. 07 & fuiv.
La Pucelle d'Orléans , Tragédie , par Hip±
pvlytt'Jules Pilït de ii a. Mesnardiere. Ptf-
ris , 1641. in-4. tome 17. page 101 & fuiv.
Alinde , Tragédie, par le même. Ibid.i6^y, t
«fc-4°. IbÛL page 106..
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414 BlBLrOTHEQfUE
LesPoëfiesde Jules de la Mesnardier*,
de T Académie Fraricpife , Confeiller du Roy ,
& Maître d'Hoftcl ordinaire de Sa Majefté.
Ibid. Antoine de Sommaville 9 i6$ê. in-folw
Ibid. pages 106 & fiiiv.
Chant nuptial pour le Mariage du Roy. Pat
le même. Ibid. de t Imprimerie Royale , i$6o.
in-fol. Ibid. p. 105.
L'Hermaphrodite ; Poëmt , ou l'événement
d*une Fable cft deferit avec tous les ornemens
de la Poefie: imité du Prcti, par N. de Ram*
J allé , P*ris , Pierre Rocolel , 163?. in-4.
tome 17. pages 110. & fuiv.
Europe ravie , Idylle , par le même. Ibii.
1^41. ln-4. Ibid.
Le départ funefte : Idylle, par le même;
taris y Antoine de Sommaville , 1641. in-4.
f Avec un Avertiflèment au nom de Tlmpri-
meur. ) Ibid.
Les Idylles du Sieur de R*m*Alle , où font
Contenues , la Nymphe Salmacis : le funefte
départ .-Europe ravie : le Soleil amoureux: la
Lune Amante : TEfclave généreufe» Paris, Pier-
re Rocolet , 1 648. in-4. Ibid.
Les mêmes, in-ix. Ibid. pages' no ,111 fi»
fuiv.
Satyre contre laPofte, en ftances. Dans le-'
Recueil de Scrcy , t. 4. p. 1 it-xiir. lb. p. nu-
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Françoise. 425
L'Onofandc , Satyre , par Guillaume Bau-
tru , Comte de Servant $ dans Je Cabinet
Satyrique , tome 17. pages 1 1 3 , 1 14,
L'Ambigu, autre Satyre du même. lhid.
page 114.
Poëfies bùrîefques de Jean Loret , conte-
nant plusieurs Epïtrcs à diverfes perfonnes de la
Cour , & autres œuvres en ce genre d écrire^
Paris , 1 647. in-4. tome 17. pages 117 & fuiv.
119 6* fuiv.
Poëfies du même , dans un Recueil de poëfies
de divers Auteurs , ibid. 1654. Ibid.
Gazette burlefque de la Cour , de l'année
i6$$.Ibid. in-4.
La Mufe hiftorique*, ou Recueil de Lettre*
en versburlefqucs, écrites à Mlle de Longue-
▼iUe 7 ( depuis Duchefle de Nemours , ) conte-
nant les Nouvelles du temps , depuis le %6
0#obre i6$x. jufqu'au 18 Mars 166 y. Parle
même. Paris, 16 }6. &ann. fuhr. 3 voLin foL
Ibid.
La Mufe hiftorique , ou Recueil des Lettres
envers, contenant les Nouvelles du temps,
écrites à fon Alteffe Mlle dcLonguevill'e. An-.
née 1650. (depuis le 4 Mai ) dédiée au RoK
Année- 1 6 f 1 • dédiée à la Reine. Paris , 1 6 5 8 &
16 5 9. in-foi. Ibid.
Les Poëfies âc(Jean Ogier ).de Gombaitcd,
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4%6 Bibliothèque
A Paris , Auguflin Courbé , 1646. ia-4. tome
x 7« 113 £ iîtt^. 130 &fuiv.
Epigrammes, dû même, divifées en trois
livres. Paris , in-n. 1658. Ibid.
Les Danaïdes , Tragédie , du même. Paris,
in-i i . 1 6 j 8. 74f74. ptfge 131.
Amarante, Paftoraic, du même. Parit, 16)1.
in 8. Ibid. page 131.
Poëfîes diverfes , par M. P. A Paris ,
&ame Luynesy 1664. in-li. ftw»* 17. pop
133.
Introdu£tion à la vie de vote du B. François
de Sales , Evéaue de Genève : ou autrement fa
Phiiotée. Mile en vers François par le Sieur
Martinet Descury , Gentilhomme ordinaire
de la Reine mere du &oy , & dédiée à cette
pieufe Princefiê. Première partie. A Paris ,
André Soubron > 1665. ia-4. * Qm * l 7*ptgt*
*34>1J**
A Louis le Grand , Protecteur de TEglifè ,
Poème. Par le Sieur Martinet , in-8. {ans
date. Jbid. page 135.
Emblèmes Royales à Louis le Grand , en
▼ers , par le même , ou du moins par le Sieur
Martinet , Ayde des Cérémonies de France.
A Paris , 3. in-i 2.. .htm , 1673. in-ii.
avec figures. Ibid. page 1 3 j.
Les Plaifirs de S. Germain en Laye , & de tst
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Françoise. 417
Coor , & le Tableau 3e la vie humaine , ou le
Solitaire , par le Sieur H. L. N. Paris , Gabriel
Quintty Uéj.in-n. tome 17. page 136.
Defcription de la ville d'Amfterdam , en
vers burlefques , félon la vifite de foc jouis
d'une femaine , par Pierre le Jolle. A Am-
fier dam , cke% Jacques le Curieux , l'an 166 4*
in-ix. tome 17. page 138. ^
Diverfes pièces de Théâtre de George de
Scudery , dont on peut lire les titres dans
YHifloire de V Académie Françoife , in- 1 i . tomer
a. page 414. & dans YHiftoire du Théâtre Fran*
fois ,t. 4. p. 440, tome 17. pages 13$ 6f
fuiv. 1 40 & fuiv.
Diverfes Poefies du même, à la fiihe de cha-
cune de fes pièces de Théâtre. Ibid. Le Cabinet
de M. de Scudery , Gouverneur de N. D.
de la Garde , première Partie. Paris , Augujlin
fourbi y i*4*.in-4. tome 17. page 14 j Ofuiv.
PoSfîes diverfes , dédiées à M. le Duc de Ri-
chelieu , par M. de Scudery , Gouverneur
de Noftre-Dame de la Garde. A Paris , Auguf-
tin Courbé , 1649* »-4- Le privilège eft du 1^
Juillet de la même année 1 649, Ibid. page 1 5 3.
Difcours de la ïrance à M. le Cardinal de
Richelieu , après fon retour de Nancy. Par le
même. Paris , François Targa, 1634. in-4.
& dans U Sacrifice des Mufes. Paris , 1 6 3 5. in-
4. Ibid. page 153-
' L'ombre du grand Armand , par le même.
Parts, d* Scrcy, 164). in-4. Ibid.
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4*8 BlBLIOTHEQÛE
Le Temple: Poème , à la gloire du RoiSt
de M. le Cardinal de Richelieu, par le même.
Paris , 16} ). in-fbL Et dans le Sacrifice de*
Mufes. Ibid.
Regrets de la mort glorieufc de M. de Tarf-
crede de Rohan , à Madame de Rohan fa fœur,
par le même, Paris , Mufiùer , 1*49. in -4*
Ibid.
Àlaric , ou Rome vaincue : Poème héroïque,
par le même. ( Avec un difcours fur le Poème
épique. ) Paris , Auguftin Courbé , 1*14. in-
fol.ôc in-u.d Routa. Ibid, pages 153,
Poe'fies diverfes du Sieur C. FlOriot, Avo-
cat en Parlement. A Paris , François Mauger,
1664. in- ii. Le privilège eft du 30 Octobre
*66). tome 17. pages 16 1 &Jùiv.
Les fentimens <f honneur , ou les Maximes
-du Sage , pour fè conduire en honnefte homme
en quelque forte de condition de vie que ce
foit. Par /. François ire Salle*, Sieur du Sous.
A Paris , Claude Barbin y ? 166$.. in- S. tome
.17. pages 16 f & fuir.
Les première* Oeuvres poétiques de Paul
Ferri ( ou Perrt ) Mcfïïn , ou lous la douce
diveriité de fes conceptions fe rencontrent les
honnêtes libertés d'une jeunefle. A Montau-
ban , 16 10 .tome 17. pages lôj 6> fiùv. M)
& fuiv.
Avis à M» Ménage , fur fon Eglogue intitu-
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Françoise. 419
l^c , Chriftine , en profe & en vers , par Gilles
Boue au , depuis de l'Académie Françoifç.
Paris y 16 59. in-4. — Le même dans le Re-
cueil de Pièces choifïes donné par M. De la
.Monnoye , t. i. à la Haye , ( Paris ) 17 14.
jui- 12., tome 17. pages 170, 178 &Juiv.
Oeuvres pofthumes , du même. Paris ,167a.
in-i z. Ibid. pages 180 & fuiv.
Pocfîes diverfes du même , dans les Recueils
*ie fon tems , dans le t. 1 . du Ménagiana , &c
clans la Bibliothèque poétique de M. Le Fort
de laMoriniere, in-4. t. îAbid. pages 174 6»
fuiv»
Eglogucs , Printemps , & autres Poëfies. Dé-
diées à Madame la Comtcffe de S. Géran , par
le Sieur De la Bucaille de la Groudiere,
Paris ^ Olivier de Varennt , i64%. in- lt.
tome 17. pages i8z , 183.
Les Dialogues de Lucien en vers françoîs.
Paris y Claude Barbin , 16*9. in-n. tome 17.
pages 183 , 184,
La Cadette des Bijoux , par le Sieur D. T.
Paris , Gabriel Quinet , 1669. in-ft.. ( c cft
de Torches.) tome ii*pa$es 185, i8f.
Poêfies diverfes de Denys Sanguin de S.
Pavin , ( mort en 1 670. ) dans le Recueil de
Barbin , t. 4. in 1 1. Dans le t. 1 . de la Biblio-
thèque poétique de M. Le Fort delà Monniere,
in- 4. Plus , dans le Recueil de Serci , t. 1 . p. 80.
&t. 5. p. 104. tome 17. pages 187, 188
fuiv.
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430 Bibliothèque
Poëficsdivcrfcsde/dCftf** Carpentiir k
Marigny , dans les écrits duteras conaus fous
le nom de Mazarinades. tome 17. p*ges 154
& fuiv.
lettres ( en profe & en vers ) de M. de
Marigny. A (a Haye , cht^ Antoine Lafitilie,
1*58. petit in-ix. de «4 pages. ( Tous ceux
.qui citent ce Recueil le mettent en 16 5 j. (ans
avoir fait attention que prcfque toutes les let-
tres qui y font rapportées (ont datées de 1*58.)
Jbid. pages 1)9 , 100.
Les Oeuvres en profe & en vers du Sieur de
Marigny. Paris , Charles de Sercy , avec les
Amours de Léandre & d'Hero , en vers , 1 674.
in- n. Ibïd.
Recueil de Barbin > t. 4. p. 191. Il n'y a
-que trois pièces de Marigny $ Ballade 9 Eftrea-
A£S> Stances. Ibid.
Elégie a Maître Adam , Menuifïcr de Yen,
au-devant des chevilles de celui-ci.
Le Pain beni , Peëme du même, Uid. pages
403 , 104.
XHvcrfes Poëfies du même , dans le Recueil
*de Sercy : réimprimées dans les Oeuvres en
profe & en vers de 1*74. IkUL & 204.
PoëGes diverfes A* Honorât de Bu€ii , Mar-
quis de Racan , 1. Dans les Délices de la
Poëfie Françoife , itfiofc 162.1. in-8. i.Daas
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Françoise. 43 1
Je Recueil 4fc 162.7. *. Dans les nouvelles Mu-
fês , en 1 6 $ j . 4. Dans le Recueil des plus beaux
*ers de MM. Malherbe 0 Raçan , Maynard,
&c. Paris , Pierre Mettayer , %6)2. in - 8.
5. Dans le Sacrifice des Mufes , au Cardinal de
Richelieu $ Paris, Sébajlien Cramoify,,
in-4. 6. Dans les Recueils de Sercy > de Barbin ,
de M. Le Fort de la Moriniere ,&c. & dans le
«orne 1 1. des Amufemens du cœur & de refprie.
4omc 17. pages 205 6* fuiy>zii & fuiv.
Les Bergeries , du même , , 1 £ 1 y . in- &
, iMrf, Tùuffaint du Bray , 1618. in-8.
troifiéme édition.
Item, i Zy<w , J?<zi//^, 1^35. in-8.
p<*£*x 110 6» /o*V.
Les fept Pfeaumes, du même» Paris, Touf*
fainSi du Bray , 1*31. in-8. avec une Epître
dédieâtoire en profe , à Madame la Ducheilc
de Bcllegarde. lUd. page 1 1 $.
Odes facrées , du même , dont le fujet eftpris
des Pfeaumes de David , ôc qui font accommo-
dées au temps préfent. Paris, 16 5 1. in-8. Ibid.
pages zi ; 6» fuiy.
Dernières Oeuvres & Poe'fîes Chrétiennes ,
du même, tirées des Pfeaumes , & de quelques
Cantiques du vieux & nouveau Teftamenç,
Taris,* Pierre Lamy , itffo.in-8. Avec une
Epître dédieâtoire à MM. de l'Académie Fran-
çoife. lbid*. zrf &fuiv.
Oeuvres du même , >. vol. in-n. (dont le
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432 Bibliothèque
premier contient les Pfeaumes & les Can tiques -
le fécond les Bergeries & autres Poëfies)
Paris, Urbain Couftelier , î-ji+.Ibid. 1.16 &
fuiv*
Poème pour honorer la mémoire d'Antoine
de Mcaux , Baron de Survilicrs, par François
Ogier : cité dans fes Lettres qui font à la fuite
du voyage de Munfter de Claude Joly. tome
17. pages 119 & Jm'w*
Traduction d'une partie de l'Epître d'Ovide
de Phillys à Démophon , par le même. Avec la
traduction des Héroïdes d'Ovide de l'Abbé de
Marolles, 1661. in- 8. Ibid. pages zi$ &fuiv.
Poème , du même, pour célébrer la mémoire
de Médire Antoine de Chabannes. Paris , veuve
Jean Camufat , 1 6$ 1 . in-4. Ibid. page z 14.
3 Odes & 18 Sonnets , dans les Mufes illuf-
tres de François Coileret. Paris , Louis Chamr
houdry , 16 $*. in-u. Ibid. pages 114, 2.1J.
Autres Poëfîes , du même , dans le Recueil de
Scrcy.
La Miféricorde de Dieu fut la conduite d'un
pécheur pénitent : avec quelques autres pièces
Chrçftiennes Le tout compofé & mis en lu-
ornière par luy mefme > en réparation du pafFé.
Dédié à Ton Altère Royale Monfeigneur le
Duc d'Orléans , (par Pierre Patris , Georil-
homme de Caen. ) A Blois , che^ Jules Hotot,
16*0. in-4. famé l 7\P a g es ll 7 6* fàv* 2J1
firfuiy.
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Françoise* 433
La France à la Pucelle (d'Orléans ) \ Se autre
pièce fur le même fujet, (ignées P. Patris ,
Gentilhomme de Caën. Dans un Recueil d'In-
feriptions & de vers fur la Pucelle d'Orléans.
Paris , 1 6 1 8 . in- 4. Ibid . page 131.
Poëfîes dlverfès , du même , dans le Recueil
de Barbin , in- il. t. 4. Ibid. page 1 j r. v
Poëfîes diverfes , par ,1'Abbé d*Ingitmon,
{Jean de Montigny > depuis Evêque de Léon)
Dans latroifiéme partie du Recueil de Sercy ,
1 656. in-i i. tome 1 7. p âges 2 3 5 S» fuiv. 141
&Juiv.
Le Palais des Plaifirs , par le même , pour
réponfe au Séjour des Ennuis de M. de Mont-
plaifîr , dans le tome x. du Redueil des Poètes
diverfes , dédié à M. le Prince de Conti. tome
17. 135 & fuiv. pages 141 , 141.
. L'œconomic du petit monde , Ou les Mer-
veilles de Dieu dans le corps humain. Stances.'
Par Etienne Carneau , Religieux Céleftin ,
imprimées plufïeurs fois à Paris i, & dans les
Mufes illuflres >dc François Colxetet , Paris y
Louis Chamhoudry f 16 f 8- ïn-iu tome 17:
14* §t fui** s
La nàilTance du Fils de Dieu en notre chair;
Cantique fpiritucl , par le même, Paris ,
1-643. in-4.
Le Sage indifférent, Stances, .du même, A la
fagey ). âxi S toïque Chrétien: taris, ibid. 1*45.
in-i i. Ibid. page 14;,
7^* Xrill. T
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434 Bibliothèque
Stances Chrétiennes fur Y Anagramme de ta
Séréniflime Chriftinc ♦ Reine de Suéde , da
même. Paris, Alexandre Leflitin, i6$6. in- 4.
Uii. pages 143 , 144.
L'Imprimerie Royale , à M. le Cardinal Ma-
xarin , fur Ton heureux retour. Stances, du.
même, in-fol. fans date.
r
La Stimmimachie , Poëmé fiif la difpute entre
les Médecins au fujet de l'Antimoine, adrefle à
la Faculté de Médecine de Paris, Paris*, Jean
Paflé, 16 j 8. in- 8. par le même. UiJ. page
Les vérités divines contenues dans la Méfie
3ui fe chance à la Ectc du très £aint Sacrement,
U même. Paris , Pierre Lefclapart , 1666.
in-i4. JUd. page ^44,
Vers fur les 4 fins de l'homme , dans le Cloî-
tre des Récoilets de Paris > du même. Ibid.
La pièce de Cabinet , dédiée aux Poëtes du
tems > Stances éaîgmatiques avec an Sonnet fur
le même fo'jct > du même» Paris , /m/i Pajlé,
1648. in 8. Ibid. page 14 ;«
La Solitude, à;M. le Cardinal de Richelieu ,
par Pitjrc li Moywe , Jéfuite ; avec deux
Sonnets & deux Epigrammes , du même. Paris »
Jean Camufai , 1639.in-4.f0/pt 17+ pages 146"
&fkiv. 6> 15*5.
La Sagefte Divine ( dans la. création du
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Françoise. 43 5
onde ) en deux Odes , au même , avec quatre
Sonnets , par le même Paris , Cramoify ,165*.
in-4. —
Le Spéculatif \ Lettre héroïque & morale ,
il M. le Cardinal Barberin , taris , Cramoify ,
xéy7é iô-4. avec un Sonnet à M. Des Yvc-
xcaux , par le même. Ibid.
Lettre Héroïque ( du même) à M. le Prmce ,
&r fôh retour. Paris , Muguet , 1660. in-4.
Ibid.
Le Miniftre fans reproche , à M. le Préfîdent
J&ailleul , par le même , avec un Avis au Lec-
teur. Paris , HcnauUg 1^45. itt-4. Ibid.
De la vie chârapeftte \ Lettre morale , dU
même , avec un Àvertkïement. Pans , Muguet ,
1661. Ibid*
Le Théâtre du Sage ; Lettre morale , du
même. Ibid. 166 1. in-4.
De la pail du Sage j Lettre morale , du même,
ibid. i6Gz* in-4. ibid.
Plaifancej Lettre poétique, du même,i£«
i£$3. in-4.
Du jeu 5 Lettre morale , du même , ibid, 166 iî
în-4. Ibid. . _ .
" Nouvelles Poétiques , ou Lettre du fage à
la Seine fur la naiffance de M. le Dauphin , ib,
i*Cx. in-4« ZM*
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436 Bibliothèque
La vue de Paris , Lettre héroïque Se mo-
rale , par le même. Paris , Augujlin Courbé ,
1659. in-4.
Saint Louis , ou la fainte Couronne recon-
quifej Poëme héroïque, par le même; avec
un Traité du Poème héroïque ( & des Gravu-
res) Paris , Auguftin Courbe > 16$ 8. in- 11.
/<wb* 17. pages 147 6» /âiv.
Entretiens & Lettres poétiques , du même»
Paris , Efiienne Loyfon, i66j. in- 12. i&ii,
153 &fuw.
Les Œuvres poétiques du P. Le Moyne,
enrichies de très belles figures entaille douce,
( & du portrait de l'Auteur. ) Paris , Thomas
Jolly , 1671. in- fol. Ce Recueil contient tout
ce qui vient d'être détaillé , & beaucoup d'au-
tres Poésies , celles entre autres qui font dam
les Peintures facrées , & dans la Galleric des
femmes fortes, Ibid.
La Magdeleine au Défertde la (ainte Baume
en Provence , Poëme fpirituel & Chrétien ,
par le R. P. Pierre de Saint Louis , Carme ;
dans le Recueil de pièces choifîcs , publiées
par M. de la Monnoye. A la Haye , ( Paris)
17 14. in-xi. t. 1. tome 17. pages 159 & fuiv.
Œuvres Chrétiens d'Antoine Godeau , (de-,
puis Evêque de Grafle & de Vence. ) Paris,
Jean Camufat , 1633. in- 8. ( fçavoir , Dif-
cours de la Poëde Chrétienne, en profe : Eglo-
gues facrées , dont le fujet eft tiré du Cantique
'des Cantiques , au nombre de 8. ParaphralLs
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F a an ç 6 ï s ê. 437
du premier & du (ècond Cantique de Moyfe *
des Cantiques de" Judith , d'Ezéchias , des trois *
Infans, de Zacharie , de Siméon , du Magni-
ficat , du Te Deum\ des Pfeaumes 70, 94,
ni, 130, 138, 145-. Les larmes de la Mag-
deléne , Elégie ; les larmes de S. Jean , Stances ;
dans la maladie , Stances ; Méditations en
profe. ) tome 17. pages 169 & futv.
L'inftitutior* du Prince Chrétien , par le
même. Paris, Pierre Petit, 1*44. in-4,
( Avec des maximes en profe fur le même fu-
jet : les Elémens de la Religion Chrétienne en
vers : l'inftruction de S. Louis à (on fils : Para-
phrafe des Pfcaumes i 9 , 10 , 71 , 81 , 100.
Oraifon pour le Roi , tirée de Salomon , en
profe ,&c. }/£</.
La grande Chartreufe, Poème , par le même.
Paris , Jean Camufat , i 1. in-4. lbid.
La Sorbonne , Poëmc, du même. Paris,
Pierre le Petit , 1 6$ j . in-4.
Paraphrafé des Pfeaumes de David , par le
même , ibid. 1658. in-4. M>id*
Saint Paul , Poëme Chrétien , par le mémo
Paris , ibid. 1 65 4 & 1 6 6 4. in- 1 1 . Ibid.
Poëfies Chrcftiennes d' Antoine Godiau r
Evêque de GralTe , nouvelle édition , revue Se
augmentée. Paris, Pierre Petit, 1660. 3 vol.
en profe fur les Poëfies fui vantes. L'AfTom*
ption de la Yicrge , Poëme en trois Livrcsf
volume contient : Difcours*
T u j
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438 BtbiîOTKbque
j Hymnes, ij Fglogues facrées $c fpiritueî-
lcs. Paraphrafê des Cantiques , qui étoit dans
I édition de 1 6 j j. Paraphrafe des. Pféaumes 4.
1^. ic. if. jo. 70. 71. 8|< 54. 100. ro$.
in. i$o. 138. 145. 148. tes larmes de Saine
Jean. Les larmes de Sainte Magdelçne, La Sain-
te Baume. Sur le Baptême de N. S, A M. d'An-
dilly , fur tes Œuvres Chrétiennes. Stances.
28 Sonnets. Les EU mens de la Religion Chré-
tienne. Uinftittttion d'un Prince Chrétien. T. 2.
Les PoSmes de Sainte Magdeîéne ; de ta Vier-
ge d'Antiocbe ; de Saint Euftache 5 de la Spr-
bonne 5 de la grande Chartreufc. Hymaes à~
la louant de di vers faims & de «ju^kyscs priâ-
tes. Irnitarion dç U première hyatn* $yne-
fms. Sept Qdcs t dont f fiir d«* ftjsts de l'An-
cien Teftamènt ; & Ta feptiéme intitulée , Rora*
h fainte. Paraphrafe du Cantique (THabacuc. 1
Cifeoufs , aufli en vers , contre la mawaife
morale da terns T. j. 14 Epîtres morales, Sur
la mort de Madame la Princefle. Imitation des
ver* 4e K> de Saiqt-Genie* , pour le Cardinal
ChHï. L'éloignement de Paris , imitation de
Buchanan. Vers à ion DéTert. Autres à fa Bi-
NlotWquc. Sonnets fur la vie, la mort» & les
Myftercs de N. S. J. C. en trois parties. Sonnets
iur le très-faint Sacrement. Sonnets fur divers
fujets. pome 17- JP*£« -^S &./îwv«
Les Taftes de l'Eglife , pour les dotree mois
de l'année, Ouvrage pofthume, du même.
Paris , François Muguet , 1^74. in- 11. avec
une Préface , âc une Epître dédkatoirc , foqs te
nom <fe l'Imprimeur , à François de Harlay ,
Archevêque de Paris. Ibid. pages 169 & fuiv.
Remerciement au Roi , par Jean-Baptifie
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Françoise* 439
Socqueun Molière. 17. fag* 158.
La Gloire du Val de Grâce, Poëme, par le
même. Jbid. page 198 &fui\u Ces deux pièce»
font dans presque toutes les éditions des (Sui-
vre s de Molière ; la féconde eft aufll à la fuite
Ât fa vie de Pierre Mignard , premier Peintre
du Roi > par l'Abbé de Maziere de Monville ,
in- iz.
Polffics de Madame ( Henriette de Coligny)
Comte/Te de la Suzh. Paris , Charles de Str-
cy t 1666, in-ii. tome *7.page 301 &fuiv.
Poëfics de la même , dans, les cinq volumes
èn Recueil de Scrcy , 1*70. in - 11. Jbid.
Item , dans le t. 4. du Recueil de Barbin. Jbid.
Item , dans le Recueil de pièces galantes en
vers & en profe, A Trévoux % 17x5. 4. vol.
in-11. Ibld.
Le Temple de fa Gloire , Po&ae. A M. le
Duc d'Anguietf, par JV, Rouos j>v Plessis-
Belliere , Seigneur de MOntplaisir , dans
le Recueil de Poëfîes diverfes , dédiées à M. le
Prince de Conti , t. 1. tome 17. pages 30^ &
fiùv,
Réponfé du même , à des Stances.oii M. PcU
liflbn fait parier M. le Dauphin. Jbid. tome 17.
pages 309 & fuivi
v
Sonnet contre ceux qui méditent du Cardin
nal de Richelieu , par le même. Jbid. tome
tome 17. Jbid.
Balade à M. de Saint Aignan , en lui ca-
T iv
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440 Bibliothèque
voyant on moufqueton qui tire fept fois , par
le même. Ib. t. 3. tome 17. Ibid.
Siïain far le tombeiu d'Anne <f Autriche,
Heine de France, par le même. Dans le Recueil
de vers choîjzs du- Pere Bouhours. tome 17. Ib.
L'Hy ver , ( ou le Séjour des ennuis. ) Stances,
par le même , dans le tome 1. du Recueil de
Scrci. tome 17. Ibid.
Diverfcs antres Poëfîes du même , dans le»
j tomes du même Recueil, tome 17. Ibid.
Poefîes divcrlcs de Pierre de Lalane , dans
les Recueils de fon tems. tome 17. pages 314
& fuiv. &
Poëfies du Chevalier d'AcfiiLLY, ( Jacquet
de Cailly , Seigneur de Ruiily, Chevalier
de l'Ordre de Saint Michel Gentilhomme
ordinaire du Roi. ) Paris, 1667. în-n. tome-
17* pages 310 & fuiv. $1;.
Les mêmes, dans le Recueil de Pièces choi*
fies, tant en profe qu'en vers, (par M. De la
Monnoye. ) A la Haye , Paris x Emeri>\
I7Î4. in- il. t. l, lbid. page
Partie-des mêmes Poëfies , dans le Recueil de
Barbin, t. 4. in-n. & dans la Bibliothèque
Poétique de M. Le Fort dé la Moriniere, in-4.
1. Ibid. page
Sonnet de Jacques di Valljbe > Seigneur
dis Barreaux 7 imprimé an grand nombre
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Françoise. 441
*3e fois feparément, Se dans des Recueils, tome
mj. pages ^1$. 3 31-
Poëfîes diverfes de M. Robert Arnxth.i>
^d'Andilly, dans le Recueil de Tes Œuvres ,
în-fol che( le Petit , t. i. tome 17. pages 331
& fuiv.
•
Ouvres cftreftiennes de M. Arkai^d d'An-
dilly , contenant le Poème fur la vie de J. C.
Prière à J. C- fur la délivrance de k Terre
fàinte; Ode fur la folitude 5 Stances furdiver-
fes vérités chrétiennes , neuvième édition. À
Paris r veuve de Jean Camufat , 1 i 45. in- 1 x„
Iles mêmes , 1659. in- 11. Les mêmes y
ibid. 1684. in«4.
Les mêmes , â l'exception des Stances , avec
une traduction en vers Latins , par Pierre Bas-
tide, Prêtre. A Paris , le Petit, 1664. in-i*~ fc
Les mêmes , en partie dans fe 1. 1. du Recueil
de PoëJIes diverfes dédié à M. le Prince de:
Conti.
La même Ode fur la Solitude , avec Fa tra-
duction du Sieur Baftide , dans les Fables choi-
Jks de M. De la Fontaine , traduites en vers-
Latins , &c. à Anvers y { Rouen) 1738. ki-n-
Huit Sonnets du même, dans le c. x. du
Recueil dédié au Prince de Conti. On parler
de toutes ces Poefies, tome 17. depuis la page
331 jufquà 340.
Tableau du bonheur de la vieille/Te , oppofS
T v
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44* BlBXfOTHEQUE
an malheur de 1* jeunefle , corapofë en Qua-
trains , par Marin le Roi , ( Sieur de Gom-
berville. ) Paris , 1614. in-8. cfoç
Laque hay. tam ij. pages 341 6» /iiv.
Imitations ou Paraphrafes de quantité d'en-
droits d'Horace , & de quelques autres Poètes
anciens, dans CzDo&rine des mœurs , in-fol.
1646. & pluueurs ibis réimprimée in-ix. lbïi.
Poëfies diverfes du même, dans le t. 1. &le
t. u du Recueil de Poëfes <liverfc» , dédié à
M. le Prince de Conti lbid.
Ode à Monfeigneur le CardinafDuc de Ri-
chelieu , par Jean Chapelain , de l'Acadé-
mie Françoife. Paris , 1^57. in -4. Ibid. Au-
ptft'm Courbe, i6$o. in-4. It*m > dans le r.-i.
du Recueil de Poëfies diverfes, dédié au Prince
de Conti. jfo/B,.dans le t. 4. du Recueil de
Barbhu tome 17. pages 351 &fui*. .
: Du mêmç , Paraphrafe du 50. Pfeaume,
Miferere , &c. Paris , Jean Camufat , 1637^
in-4, lbid.
Du même , Ode pour la naiflance de Mon-
feigneur le Comte de Dunois. Paris , Pierre
k Petit, it+t.wr+Wpà..
Du même , Ode pour Monfeigneur le Duc
tfAngukn. Paris > Pierre kPttit, 1646. in* 4^
lbid.
Du même , Ode pour Monfeigneur le Cardi-
nal Mazarin. ibid. 1647» in- 4. lbid.
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ilfn & h ç 0 f & t. 44%
Du même , Ode poux là: Paix & pdur le
Mariage du Roi. Paris r Augufiin Courbé j
itftfo. in-4.
Du même, autres Odes , Sonnets & MacfrN
eaux , féparément , & dans le Recueil de Sercy*
La Couronne Impériale , pour la Guirlande
de Jolie , par lè même: dans le Recueil de
Sercv ; dans rHuetiana > & à la fin de la vie.de
M. le Duc de Moncaûfîer. Ibid.
La Pucelle , ou la France délivrée ? Poème
Héroïque en doiifce Livres , orné de belles Ef-
rampes à Ta tête de chaque Livré > du portrait
de M. le Duc de Lbngueville , & de celui de
l'Auteur. Paris y ié$6. in- fol/ Item y in-ix.
f0m* 17. /* 3 5 1. jufquà la fin de
l'article page $ 9 W
L'inftitution Chrétienne , avec <Tàutre$ Ou**
vrages de piété , en vers François , par Frère'
Claude Rohault , Prieur .de Holnon, ^e
l'Ordre dfc; I^éfcKmtreV A Paru , che\ Pierre,
& Petit, 1674, ut'ï*;tme ijipàgèi 5^*04»
lEpîtrfc ; Jè Vxknn* CôNfc Ait* y Çbnfciiler,
Secrétaire du Roi , l'un des 40 de fAcadémie
îraoçoife, à X Ahbè de Bbififàfbert , dam? iâr
première partie des Epines de eêW-ci $ in- 4.
16*471. tome 17. 3^4 6» /îtfVi
Balade de la mifero des Gtfuteux , par îe^
même, Parmi les ?o«6ès dé Sarswia, ï é 5 S. in- '
11. Ibid. » . . a : .
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444 BlFLfOTHEQUE
Imitation du Pfcaumc 91. dans le t. 1. dis
Recueil de PoSues diverfes , dédié au Prince
de Conti. Ib 'uL
Les fcfeaumes ( j 1 (êuîement) retouchés fur
l'ancienne verfion de Clément Marot. Par le
même. A Chartnton , 1677.M-H. Ib'uL
Madrigaux, de la Guirlande de Julie. Ibid.
Zénobie, Tragédie Ccn profe ) ou la vérité
de l'Hiftoire cft confervée dans robfervation
des plus rigoureufes régies du Poërae Draraa-*
tique , Ipar François Hidelin , Abbé d'Aubi-
gnac ) Paris % Auguflin Courbé , 1*47. in-4*
Le privilège cft du % Janvier 16+6. tome 17.
pages 406 bfuiv*
Le Martyre de fainte Catherine , Tragédie,,
( en vers ) par le même. Sur la copie imprimée
à Coin , cht{ Eléarar Mangeant , 1650. in-4*
Ibid*
Les deux Pucelles , Comédie en proie , par
le même, 1641 , in- n. lbid. /
Pocmctle 60* vers , du même , fur les Ta-
bleaux énigmati^ues. La foire d'An.our , avec'
l'Opérateur d'Amour, du m&ric; L'Ordre de la
liberté , du même. IVuL
Sonnets , dont un à la tete de la première
diflertation du même, contre Pierre Corneille,
«c deux autres dans Ifs Pottraks égarés , du
même, Paru , itftfo. in-ii. lbia\
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Françoise.
441
Le Trio de la Médecine , à Mademoifelle C»
«îu même. Dans le Recueil de Sercy >t, i. page
xxi. corne i pages 406 -41 9.
Œuvres Poétiques de Jean des Marets d*
Saint Sorlin , Conseiller du Roi, & Con-
trollcuç général de l'extraordinaire des Guer-
res , l'un des 40 de l'Académie Françoife »
contenant les Comédies de Roxane , de Sci-
pion , des Visionnaires, d'Afpafie Se d'Europe;
diverfts Poëfies-j des Enigmes, & des Œuvres-
chrétiennes. A Paris , 1*41 & i*47« "*-4-
tome 17. depuis la page ^i^.jufquà la fin du
volume*
Pleaumes de David paraphrafës , & accom-
modés au Règne de Louis le Julie. Ibid. 164c
in 4. du même. Ibid*
Tombeau du grand Cardinal" de Richelieu ,
Odet de 170 vers ) Ibid. 1643. in- 4. du- même».
Ibid.
L'Office de la Vierge Mark , mis en ve»
par le même. Paris , Henri le Gras , 1645^
in- 11. Sur un privilège général du 14 Mars*
1639. L'Approbation des Cenieursduij Mars
1 64 j. Ibia\
Le même Livre r lcconde édit> 15. 1 6+7. Ih.
Le même , fous ce titre : Prières & Œuvres
chrétiennes dédiées à Ta Reine , augmentées de
beaucoup de prières en vers, de la tradudion
de divers Pfeaumes, d'Hymnes des 7 vertus
chrétiennes , Pocmc divilé en fept journées.
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44<> Bibliothèque
de 178 Quatrains pour la vie chrétienne , tirtV
du Livre de l'Imitation de J. C. des Préceptes
de Mariage pour une Daine Chrétienne , tirés
de S. Grégoire de Na7ianzc , en Quatrains,
Paris , Denis Thierry , 1669 in-iz. Ibid.
Les Promenades de Richelieu , ou les vertus
Chrétiennes. Poème en 8 chants. Ibid. 16 Si*
in-11. Ibid*
les 4 Livres de limitation de J. C. traduit*
en vers , do même. Paris , Henri le Gras ,
x.654. in " 1 1 7«
Clovis, ou la France Chrétienne, Poème
héroïque, du même. Paris , 1654. in-4. Dédi-
cace au Roi , de figures. Ibïd.
Le même, en 1^57. à-Leyde , parles £t\e*
virs > in-iA. 7#rf.
Le même , à Paru* Florentin Lambert ,
*6 6i* in-4,. Ibid. -
Le même, à Paris ,A6f\. in- 8. augmenté
d*un Difcours pour prouver que les fujets
chrétiens font les feu& propres à la Pocfic hé-
roïque , & d*ûn Traïté dés Poëtes Gteci , La-
tins , & François. Ibid*
Le Combat fpiritueî , ou de la perfection de
la vie Chrétienne* Traduction fane en vers,
du même. Au Château de Riche&éu x . 1654.
in- 11. Ibid*
Sui la conquête de la Franche-Comte , Poème
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Françoise. 447
«Fenvirort ijo vers. Paris, 166S. ia-4. du-
même. Ib'uL *
Marie-Madelaîne , ou le Triomphe de la
Grâce , Poème du même , en dix chants , avec:
une préface. Paru , Denys Thurry, 1669. in*
11. i£i</.
^ La comparaifo» de la Langue & de la Poèfie
Irançoife avec la Grecque & la Latine > & des
Poètes Grecs , Latins & François , & les Amours
«le Protée & dePhyfis, Poème en 6 chants.
Plus dans la féconde partie : Difcours de la
Poèfie au Cardinal de Richelieu , Poème. Ibid*
Les beautés & les douceurs de la Campagne».
> ou la Journée du Solitaire , Poème. Détcftation
de la guerre , Ode. Autre Ode , imitée d'Ho-
race , Jufium é» tenactm y $cc. Stances contre
les Entretiens dangereux. Autres Stances. La
France , à la Reine Régente , lors de la guerre,
de Paris , Stances. Paru , BUlaine , 1670**
iti-ii. IbicL
1 Efther , Poème héroïque ( en IV. chants ) par
le Sieur de Bots val , U même des Marests, )
Paris ^1670, in-4-Avec une longue pièce en
vers , intitulée : L'excellence & les plaintes de
la Poëfie héroïque au Roi. IFid.
Le même Poème, augmenté de 3 chants,,
fous le nom de l'Auteur, dédié à Madame la-
Ducheflc de Richelieu * Dame d'honneur de la:
Pleine. Paris , Jwi G vignot d y 1*73.. in- 12*
Ibid.
Le Triomphe de Louis & de fon fiéclc,.pQcrner
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44% BlBLIOTHEQ ITE
lyrique, du. même , en 6 chants. Paris, 1674*
in-4. Ibii.
La Défenfc du Poème héroïque , avec quel-
ques remarques fur les Œuvres fatyriques dff
Sieur Defpreaux : Dialogue eu vers & enprofe,
du même. Paris, 1*74. ia-4. Ibid.
La Défenfe de la Pocfie & de la Langue
Francoifc , adrciîée à M. Perrault. Par le même*
Contenant 1 . Traduction de l'Ode latine <f»
P. Coramire , adrefféc à M. Santcul. z. Tra-
duction d'une Elégie latine de Santeul à M.
Perrault. 3. Epître à M. Perrault, pour réponfe
aux Poètes Latins, vers dithyrambiques. Paris,
Nicolas le Gras, 1675. m '%* H>id*
Œuvres Poétiques de Jacques ete Cor as,
dédiées à M. le Chancelier , contenant les Poe'-
mes de Jofué , ou la conquête de Chanaan y
Poème Grcré , dédié au Roi ; de Sam (on , Poe-
me facre , dédié à la Reine 5 de David , ou la
vertu couronnée , Poème facré 5 Jonas , ou"
Ninivc pénitente. Paris , Charles Angot,
166$. in-11. Jonascftdc 166^
Lettre fous le nom du Libraire Angot air
Sîeur de Ceras , & répdnfe de celui-ci ^ in-4.
de 15 pages 166%. & réimprimée dans les'
Remarques de M. l'Abbé Joly fur le Diction-
naire de Bayle , article Jonas,
Paraphrafes de quelques Pfëaumes , par fac~
qïies Esprit, de l'Académie Françoile , citées
par M. PellifTon. tome iZ.page 1 &fuiv.
Deux Rondeaux > du même , dans le Recueil
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Françoise. 449
«îe Rondeaux donné par l'Abbé Cotin , ea
x 649. in- 11, Ibidm
Pîuficurs vers du même , dans fon Traité de
la faujjeté des vertus humaines , en 1677 U
2 678.1 voK in-u.lfâ/.
Maximes politiques mifes en vers , par M»
l'Abbé Eshut , frère du précédent. Paris,
Denys Thierry & Claude Barbin y Hé ?. in» x
ïbid:
Ode pour le Roi fur Tes conquêtes dans la
Hollande , du même. Paris , veuve dEdmt
Martin y 1671* in-4» Ïbid*
Plainte de Madame fur le départ de Monfieur
pour la guerre de la Hollande. ,' du. même, Ik
1671. in- 4. Ces deux pièces (ont aufli la 4 &
la 1. du Recueil intitulé : Recueil de ce qui s'eft
fait de plus confidérablt par des meilleurs efprits
de ce tems fur Us conquêtes du Roi en Hollande „
în-4. lbid*
Ode, du même, à M. le Cardinal Mazarin ;
fur la paix. Dans le Recueil de Poëfees divsrfes
dédié a M. le Prince de Conti , in-ix. t. 3*
tome 1 page 1 jujfqu x â 1 j.
Recueil de ce qui s'eft fait de plus confîdé-
rable par des meilleurs efprits de ce tems fur
les conqueftes du Roy en Hollande , in 4. fans
date, mais imprimé en 167 3. Les Auteurs dont
ce Recueil contient des pièces font: MM. De.
la Cravttte , Nicole , De la Volpiliere , Efprit ,
François Colle tet , De la Chèçe , Le Clerc >
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4ΰ B r B l r O T H E Q tr E
O ronce Fine de BrianvilU, M. dcB & fe
Chevalier de Lorraine. Les 3 Odes de M. de ht
Volpilnre ont paru auflï féparcment , fous ce
titre ; La Hollande aux pieds du Roy. ^>ar
M. de la Vôlpilieri, Docteur en Théo-
logie. A Lyon , cht^ Vincent Moulu , 1*^3.
KoL*' AVC ° 806 E f >îtrcdérfic « olrc c « profeau
Les Descriptions poétiques de J. D. B (/«/r
Bumierbs , Jéïuke. ) ^ Zj,™ , cher Jean-
Bapuftt Dtytnat % i6 4 y.in- 4 . tome iS.pogt
Poches Lettres de M, D assoitct , f Char*
Us Coype au, ) contenant diverfes pièces hé*
roïques , faryriques & burlefques. Paris >LouU
Chamhoudry , . 1 d ; j in- x u totçc x *. 1 f
6» jufqu'd 51,
Les Rimes redoublées de M. Dassouct,
Parts , <fc rimprimerie de Claude Ne go s Jur I4
Urrt de Cambray^ 167 u in.ii. JbitL
Les Avanturcs de Monfieur i/Assouc*.
Ptff/x , Claude Audiwet y U77. 1 voL io-n.
Les Avanturcs d'Italie de M. x>*Àssouct.
Paris , G. Quinet, (ou plutôt 1677 ou
1^78 j in- 11. Ces trois volumes d* Avanturcs
contiennent quantité de Pocûes de l'Auteur.
Ibid.
La prifondc M. d'Assoucy , dédiée au Roj\
Paris , G. Quinet, itf/8. in-n, en profè Se
en vers» Ibid.
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Françoise. 451
Les Penfées de M. tfAssoucY dans le faint
Office de Rome , dédiées à la Reine. Ibid.
1 678. in-i*. mais achevées d'imprimer le 9
Septembre 1676. Ibid. depuis la page ij juf*.
qu'à 51 inclujîvment.
Ode ( de 400 vers ) pour rAcadémie Fran-
çoife, par Jacques Cassasnis , depuis de la
même Académie. Paris , i64o t in 4. 18*
Henry lç Grand atf Roy , Pfctfmé do même
( d'environ éoo vers ) l'aris , Jacques Langlçis,
i46i. in-fol. /km, /JW. ia-ii. même année
Ode fur la naiffance de Monfeigneur le
Dauphin , du même, Paris , Aupifiin Courbé \
1 fi . in-4. ( de ioo vers. ) Ibid. ,
Ode , du rrjême , Se i6q vers , fur les Con-
queftes du Roi en Flandres. Paris , Edme
Poëme , du même , d'environ joo vers , fur
la Concjuête de la Franchc-C pmté. Paris , Sè-
hdjiun" Afabre Cramotfy , i6t%. in-fol. Le
même in-n. Ibid.
Poëme , du même, d'environ mille vers , fur
^Guerre de Hollande. Paris, Ibid. 167t. in-
fol. Ibid.
Neuf petites pièces du même , dans le Recueil
de Poëlies diverfes , dédié à M. le Prince de.
lèid.
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45* B*I B L IO.T fit E Q P E
Cpnti , in- ix. t. i. depuis la page n^. jufqnlr
Ode du même , for la paix des Pyrénées.
Aid. c. i. p. *77 & fuit. Ibïd.
Madrigaux de M. D. L. S. ( Antoine di
Rambouillet , Sieur de la Sablière, Con-
fèiller Sécrctaire du Roi , Maifon , Couronne
de France , 6c de fcs Finances 5 mis au jour par
£bn fils, Nicolas de Rambouillet , Sieur di
la Sablière.) A Paris , che{ Claude Barbin>
1680* in-ix. tome 18. pages 61 jufqiïà 6+.
Quatre Centuries de Sonnets , par Pierre du
Pelletier , Avocat au Parlement , citées pat
M. Baillet. tome 18- pages 65 & fuiv.
Sonnets du mime, au Roi , in-fol. lbid.
Un grand nombre d'autres Sonnets > & pla-
ceurs autres vers , du même , à la tête de quan-
tité d ouvrages imprimés de fon tems. Ibîd*
Soupirs François fur la paix Italienne , par
Jean Du val, Prêtre ^Bachelier en Théologie
de la Faculté de Paris , Chapelain du Collège
de Séez, in-4. 8 pp. A Paris, 1 640. tome 18..
pages 69 (S» fuiv.
Le Calvaire prophané, ou le Mont Valérie»
ufarpé par les Jacobins Réformés du Fauxbourg
faint Honoré, adreflî à eux-mêmes. Parle
même , 1664. in-4. & ptoficurs fois réimpri-
mé depuis. Ibid.
Les Triolets da temps félon les vifions
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Françoise. 45 j
-d'un petit- fils du grand Noftradamus , faits
pc^wr la confalarion des bons Françôis , & dé-
liés au Parlement , attribués au même. Paris,
L>enys Langlois , 164p. in-4. 11 pp.'AidL
Le Parlement burlefque de Pomoife , conte-
xna^t les noms de tous les P*éfidens & Confeii-
1ers qui compofent ledit Parlement : enfcmbtc
les harangues burlefques faites parle prétendu
.Sieur Prdîdent. Attribué au même , 165t.
in-4. 8 pp. Ibid.
La Sorbonne au Roy , fur de nouvelles Thè-
mes contraires à la vérité , outrageufes aux Li-
bertés de l'Eglife Gallicane, funeftes à l'Etat,
Se condamaées par î Arrêts du Parlement. At-
tribué au même. in-4. 16 pp. fans date. Ibid.
Jefus mourantj Poëme,par le fieurBiGRES,
clédié à la Reine. A Paris , de l'Imprimerie des
nouveaux caractères inventés par î'. Moreau ,
Maître Ecrivain juré à Paris , & Imprimeur
ordinaire du Roi , 1 644. in-4 tome 1 8. page fz*
Hercule furieux , Tragédie , ( par Nicolas
l'Héritier , Seigneur de Nouvellon et
de Villandon. ) Paris , Touffaintf Quinet,
- 1 6 $ in-4. tome 1 8, pages 736* fuiv.
Le Grand Clovis premier Roy Chreflien ,
Tragi Comédie. Dédiée à Monfeigneur TErni-
nentimme Cardinal Mazarin. Par le même.
Paris , Guillaume de Luynes , 16 §K 0 in-8.
Ibid.
Portrait d'Amarante > du même , dans h
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454 BlBLIOTHE QUE
Galerie des Peintures , ou Recueil des éloges
en profe & en vers , x. partie. Paris > de Sercy,
i66y in-n. Ib'uL
Les Œuvres de M. le Préfîdent Nicole ,
( contenant le Poème héroïque d'Adonis , tra-
duit du Cavalier Marin , dédié au Roi : de*
pièces choiiks , traduites d'Horace , Ovide ,
Martial, &c. Proferpinc, Poème de Claudian,
& les Satyres de Perle. ) Paris , Charles ét
Sercy , 1 66 z. in-i i. tome i %* pages 77 & fiùf.
Les Oeuvres du même , beaucoup augmen-
tées : avec une Epître en vers à M. le Duc de
Stûat Aignan ; & des Pocfies pieuTes du même.
Ibtd. 1653. i vol. in n. Ibtd. 78 , 7?.
Catéchifme en vers , avec des prières quand
on afltltc à la Méfie , & pour la journée ; par
M. D'HeàUVILLE , (Louis LE BOURGEOIS,)
Abbé de Chantlmerle. Paris , Frédéric Léo-
nard, 1 669. in- 14. tome I&. pages 8 1 6» /tfil.
Le même fous ce titre: Catéchifme en vers,
ÀèdAé à Monfeigneur le Dauphin , dans lequel
les vérités chrétiennes font expliquées d'une
jtianiere fi intelligible & fi exacte , que toutes
fortes de perfonnes s'en pourront fcrvir utile-
ment. Avec des prières pour le foir Se pour le
jnatm , & frrr les fujets les plus imporrans ,
(£c les tept P&aumes de la Pénitence , auffi en
vers) dernière édition. Paris , Urbain Coufie-
lier, 16S8 in-11. Ibid.
, Les Œuvres fpirituelles en vers François , de
; JM. l'Abbé D'HïiujvîLtE , ôii font contenues
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Françoise. 455
Les Devoirs du Chreftien 9 & FHiftoire des
Myftéres de Notre Seigneur Jefus Cluift & de
la fainte Vierge , en forme de Cantiques pour
le tems de FAvent. Et très utiles aux enfans
pour leur apprendre facilement tous les princi-
pes de la Doctrine chrétiennes dédiées à M. le
Dauphin. Pans, Hélie JoJJet , 1684. in- 11.
Ibid.
Sonnets chrétiens fur divers fu}etSL, divifésen
quatre Livres, (par Laurent Drelincourt,
Jvliniftre de la Religion prétendue. Réformée à
Niort en Poitou. ) A Niort , par la veuve Phi~
lippe Buveau* 1*77. in : 8* tome 18. pages 84
& fuiv.
Les mêmes , augmentés d'une Patapbf afe des
fept Pfeaumes de la Pénitence , aufli en vers,
A Àmflerdam , che{ Daniel de la C ortie 9
168 1. in-8. Ibid.
Les mêmes , avec la même Paraphrafe , à
Amfljsrdam , Jacques Deshordes , 17 3 1 . in-8.
Ibid. ^
Théâtre de {Gabriel) Gilbert, contenant:
Marguerite de France , Tragi -Comédie , 1641,
Téiéphonte , Tra2,i -Comédie , 1641. Rhodo-
gune , Tragi-Comédie , 1 646. Hypolite , ou le
Garçon infenfible. Tragédie , 164*. Sémira-
mis, Tragédie , 1646. Ces pièces font in-4.
tome 1 8. pages *6 & fuiv.
Les Amours de Diane & Endimion > Tragé-
die , *é 57 & 1 6 6 1 . Crefphonte , ou le retour
des HéracUdes , Tragi-Comédie , 1659. Ane
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456 Bibliothèque
éc Pétus , ou les Amours de Néron , 1 660. \,cs
Amours d'Ovide., Paftorale héroïque, i66y
Les Amours <T Angélique & de Médor , Tragi-
Comédie , 16*4- Lcs Intrigues amoureures,
Comédie , 1667 . Les peines & les plaifirs de
l'Amour , Poème lyrique , repréfente en MuJi-
que, 1671. Ces pièces font in- 12.. Ibia\
L'Art de plaire , Poëme du même , divifé en
% Livres. Le premier dédié à Chriftine Reine
de Suéde. Le Lecond à Monfieur , frerc unique
du Roy. P41W, Guillaume de Luynes t irfjj.
in- ix. Ibid..
Poëme à la Séréniflime Reine de Suéde. Du
même. Ibid. 16*55. in-ix.
Les Poe'fies diverfes de M. Gilbert , Secré-
taire des commandemens de la Reine de Suéde,
<&fon Réûdont en France. Paris y i6tf x. in-u.
Ibid.
Les Pfeaumes en vers François , par le même.
< Il n'y a que 50 Pfeaumes. ) Paris , Antoine
Cflicr) 1680. in- ix. Ibid*
Ode du même, au Cardinal Mazarin , dans
le t. 3 . du Recueil de Poeiies diverfes dédié au
Prince de Conti. Ibid.
Traduaion en vers de l'Apocalypfe de (àint
Jean félon le fens littéral , exprimé par la ver-
non Latine appelléc Vulgate, & par les autres
yerfîons Françoifes approuvées. Par Michelin
Maroiles, Abbé de ViUeloin. Paris , i*77-
in-4. tome iV.pages ?x. &fuiv.
.... - xcs
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Françoise. 457
Les Papes, les Cardinaux François 5 les Ar-
chevêques & Evêques de France , dans les an-i
ciennes limites du Royaume , lesquels ont
vécu depuis Tan 1 600 jufqu'à ce jour 1 Mai
1*77. en Quatrains , par le même. in-4. Ibid.
Paris , ou la defeription fucciucte & néant-
moins aflez ample de cette grande ville , par
un certain nombre d'Epigrammes de 4 vers
chacune fur divers fujets. Du même. 1677.
in-4.
Quatrains fur les perfonnes de la Cour , &
les gens de Lettres , du même. 1677. in-4, Ibid*
Géographie facrée, ou Eccléfiaftique de tout
le monde , en Quatrains , du même. 1 6 77. in 4. *
Ibid.
La prophétie de Daniel , traduction en vers
fur la verfion Latine vulgate , avec des Re-
marques & des Obfervations néceflaires. Du
même. Paris, 1^77- m-^. Ibid.
Les Prophètes Jonas & Nahum ouchant les
Nini vîtes. Traduction en vers avec des Re-
marques, Du même. Paris , 1 678. in^. Ibid.
Le Cantique des Cantiques de Salomon,
traduction en vers , du même. Ib. 1 67 8. in-4.
Ibid.
Les Lamentations de Jérémie , traduction en
-vers , avec des Remarques. Du même. îb. 1 6 7 8.
in-4. Ibïd*
Tome XKUL V
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458 Bibliothèque
Recueil d'Enigmes. Paris , 1658. in-it»
parmi lefquelles il y en a de Charles Cotin.
tome 18. pagi 99 &fuiv.
Recueil des Enigmes de ce tems : Avec an
difeours fur l'Enigme , par Charles Cotin.
Paris , i*4*.in-ii.i/. à Lyon ,164%. in-11,.
item, à Paris , 1661. ïa ii.uem, d Rouen,
\6iy in-ii. lbid.
Nouveau Recueil de divers Rondeaux , par
le même. Paris, 16 s 0. in-11. achevé d'im-
primer le 1 Décembre 1649- lbid.
Du même , Poème fur la Madeleine qui
cherche J. C. au fépulcre , dédié a M. le Car-
dinal de Richelieu. Paris , Jacques Degafl ,
16 $5. in-4. lbid.
Du même , la Jérufaicm défolée , ou Médi-
tation fur les leçons de Ténèbres , avec un
Hymne de la Divinité : les contentemens d'A-
rifte dans la foiitude , & fept Sonnets. Paris >
François Targa, 16)6. in-4, ibidem.
. Poefics Chrétiennes, du même. Paris ,1617*
in- 8. item , fous le même titre , Paris , Pierre
le Petit, 1669. in-n. nouvelle édition,
augmentée de ptefieurs pièces, lbid.
Œuvres mêlées du même, contenant Enig-
mes , Odes , &c. Paris, 16^9. in-ia. lbid.
La Paftorale Sacrée , ou Paraphrafe du Can-
tique des Cantiques , félon le fens littéral ,
avec des Remarques. Paris, M6i. in-n.
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FRANÇOISE.
, Œuvres galantes en profe & en vers , du
même , en deux parties. Paris , 1^3. in-ix.
item , 166$, in- 11. deux vol. lbid.
Odes Royales fur les Mariages des Princefles
de Nemours, du même. Paris , 166$. in- 8.
Jbid.
La Ménagerie à fon Àltcfle Royale Made-
moifelle , in-ix. (ans date. Imprimé par les
Antiménagiftes , rue des Mauvais garçons , à
Venfeigne de la Corneille d'E/ope , che% le Pé-
dant démonté , à Cofmopolis. Le même , fous
ce titre : La Ménagerie, par M. l'Abbé Cotin,.
& quelques autres pièces curieufes , ( Chape-
lain décoiffé, en deux façons : Galanterie , pièce
obfcéne j ) A la Haye , 1666. in-ix. Les piè-
ces ajoutées ne font point de Cotin. lbid.
La Critique défintéreffée fur les fatyres du
temps , du même. 1 66 6. in- 8. lbid.
Poê'ftes diverfes du même , dans les Recueils
4e fon tems , & dans le Mercure de if 78. 1b.
(Eu7res mêlées de MàrU- Catherine- Hortenfé
ses Jardins , plus connue fous le nom de
Madame de Viliedieu , contenant Manlius ,
Tragi-Comédie , NitétiSj Tragédie , Le Favori^
Tragi-Comédie y des Èglogues , dés Elégies ,
& autres Foefiés $ & des Lettres, en profe & en
Vers. A Paris , veuve de Claude Barbin , 1701.
in ix. tôme 1 8. pages 1 1 8 & fuiv. '
Fables ou Hiftoires allégoriques , dédiées au
Roi , par la même. Paris , Claude BarVm't
1670. in- ix. lbid.
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460 Bibliothèque
Les Hymnes de PEglife pour toute Tannée ,
traduites en vers François par le Sieur Dumont,
( Louis le Maistre de Sacy. )tome 18. pages
1)5 &fuh.
Pocrae de S, Profper, traduit en vers Fran-
çois , par le même. Voyez fur ces deux Ouvra-
ges le t. 6. de cette Bibliothèque , nouvelle
édition , p. & fuiv - & P- 3 5 5 & fuiv - Ibld .
Les enluminures du fameux Almanach des
PP. Jéfuitcs , intitulé Là déroute & la confii-
fion des Janfcniftes , in-4. 16*54. item> in-i£.
1*54. item y in-3. 1*83. & depuis in-ix. Ibid.
Poëme contenant la Tradition de i'Eglifc
fur le très faint Sacrement de TEuchariftie , par
M. le Maistre de Sacy, avec un difeours
en profe fur le même fujet, in-4. & irwx.
Paris , Guillaume Defpre{ 7 169$. Ibid.
Le Théâtre de Pierre Corneile , à Rouen t
Guillaume de Luynes , 166 j; 1 volumes in-fbl.
& depuis réimprimé fouvent in - n. & auflS
in-4. item , à Paris y che{ Martin 9 & autres,
1758. 6 vol. in- ix. & 4 vol in-4. tome iS,
pages 140 & fuiv.
Limitation de î. C. traduite par le même en
Vers François , le I..* Livre en 1*51 Les 4
çnfemble , à Rouen , 165$. in-4. & plufieurs
fois depuis in-i 6. & in - 1 x. Ibid.
Louanges de la Sainte Vierge compofées en
times Latines par S. Bonaventure, traduites
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Françoise;. 461
tn vert François par le même. Paris, U5j é
in- 12. Ibid.
L'Office de la Sainte Vierge , traduit en
François , tant en profe qu'en vers , avec les
fept Pfeaumes pénitentiaux , les Vêpres & Com-
plies du Dimanche , & tous les Hymnes du
Bréviaire Romain , par le même. Paris , Ro-
bert Ballard, léjo. in-n. Ibid.
Œuvres diverses de Pierre Corneille;
( avec une préface de l'Editeur, M. l'Abbé
Granet. ) Paris , Gijfey , 17 y 8. in- 11. Ibid.
- Ode du même au Pere Delidel , Jéfuitc , fur
fon Traité de la Théologie des Saints , à la
tête de ce Traité , en 166%, in-4. dans le
Mercure de France, mois de Décembre 1717.
ic dans les Œuvres diverfes de Pierre Corneille.
Ibid.
Réponfe de Mademoifelfe ( Anne ) de la
Vigne, à une Lettre Galante (de M. Pavil-
lon , ) qui lui fut écrite des Champs Elizées,
âpres une grande maladie dont elle penfa mou-
rir. Dans le Recueil de vers choijîs , par le P.
Bouhours , Paris , Joffi , 1 693 . in-i 1. & dans
let Œuvres de Pavillon , 1747. t. 1. tome 1$.
pages 164 & fuiv.
Réponfe de Mile de. la Vigké à l'ombre de
Defcartes , ( de Mlle Descaktes , ) vers choies
• du P. Bouhours. Ibid*
Monfeigneur le Dauphin, au Roi. Ode de
la même. Ibid.
V iij
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461 Bibliothèque
A rilluftre Auteur de l'Ode pour Climéne,
quel qu'il foie , Stances , de la même. Ibid. tome
18. Ibid.
A Iris , Madrigal , de la même. Ibid.
Stances , de la même , à Monfeigneur.
Ode à Mlle Scudéry , pour la féliciter du
prix d'Eloquence qu'elle avoit remporté à l'A-
cadémie Françoife , par la même. Dans l'Hif-
toire de l'Académie Françoife , édit. de 1*71,
La paffion vaincue , Sonnet , de la même.
Dans le Recueil de vers choifis, & dans la Bi-
bliothèque poétique de M. le Fort de la Ma-
rinière, in-4. t. >.
La paffion combattue , de la même. Ibid.
On parle de toutes ces pièces tome 18. pages
1*4-16$.
Childebrand , ou les Sarrafîns cha/îés de
France , Poëme héroïque , par Jacques Carel ,
fieur de Sainte Garde. Paris , i66 6.in-ix.
Le même , fous ce titre : Charles Martel,
ou les Sarrafins chaffés de France. Paris , Tho-
mas Jolly , 166%. in- 11. item , ibid. 1689.
in- 11. tome 18. pages 169 & fuiv.
Défenfe des beaux Efprits de ce temps ,
contre un Satyrique , par le four de Lbrac ,
( Carel. ) 1675. in-ix. à Paris, Ibid.
Louis XIY« le plus noble de tous les Rois
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f F R À N Ç O I 5 E. 463
par fcs Ancêtres : le plus fage de tous les Po-
tentats par fa conduite : le plus admirable de
tous les Conquérans par fes victoires. Po&ne
du même, 1671. in-4. Ibid.
Odes , & autres Poëfîes deBaltfafar Huin ,
Confciiler à la Cour Souveraine de Lorraine
& Barrois, &c. fur les diverfes acYions de
Charles IV. Duc de Lorraine. Une des Odes
eft imprimée dans la Bibliothèque Lorraine
.de Dom Calmet. Les autres Poefies ne font
connues que par le même Ouvrage.
Hymnes fur différens fujets , par Dom Louis-
Gabriel Brosse , Religieux Bénédictin de la
Congrégation de Saint Maur , 1650. tome 18,
pages 177 & fuiv.
Les Tombeaux & Maufolées des Rois in*
humés dans l'Eglife de Saint Denys depuis le
Jtoi Dagobert jufqu'à Louis XIV. Avec un
abrégé des chofes les plus notables arrivées
pendant leur règne , par le même. Paris , Pc-
pinguéj 1 65 6. in- 8 . Ibid.
La vie de la très-illuftre Vierge & Martyre
Sainte Marguerite , nouvellement mife en vers
François , avec les riches Anagrammes tirées
du nom de la Reine , fans changement d'au-
cune lettre. Suivies de Sonnets , & d'une Ode
Royale fur ces Anagrammes. Dédié à la Reine,
par le même. Paris , Léonard , 1669. in-ix.
Ibid.
Paradis facré des Mufes faintes , du même ,
cité dans l'ouvrage précédent, Ibid.
y iv
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464 Bibliothèque
Le Triomphe de la Grâce fur la nature en la
Tie de Sainte Euphrofine, du même , 1671.
in-4. Ibid.
Diverfes pièces de Théâtre de Jean de Mat-
*et % voy^| THiftoire du Théâtre François
par MM. Parfait, tome IV. pages 3 37 & fuir.
& le tome V* tome 18. pages 178 & fuiv.
Œuvres Poétiques diverfes , du même , à la
fuite de fa Silvie. Paris , François Targa % j
in-8. Ibid.
Œuvres Lyriques du même , à la fuite de fa
Silvanirc. Paris , François Targa , 1 6 3 1 . in- 4,
Ibid.
Divers Sonnets du même > au-devant ou à
la fuite de quelques-unes de fes pièces de
Théâtre. Ibid.
L'Auteur du vrai Cid Efpagnol à ion Tra-
ducteur François , ( Pierre Corneille ) fur
une Lettre en vers qu'il a fait imprimer r in-
titulée , Excufe à Arifie , ou après ceut traits
de vanité , il dit de foymêmc , \
Je ne dois qu*à moy feul toute ma renommée.
in-4. en vers , 3 pages , fans date , (ignée Don
'Baïxa^ar de la Verdad. Ibid.
Epigramme du même , fur la Comédie de
Pierre Corneille , intitulée La Veuve , dans le
tome 1. des Œuvres de Corneille. Paris > 1738.
in- h. Ibid.
Voyage de MM. ( François le COioneux
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Françoise. 465
*E ) Bachaumont, & ( Claude-Emmanuel
Luillier , dit ) Chapelle , en profe & en
vers , & Poê'nes diverfes du même Chapelle.
Dans le Recueil de pièces choifîes , tant en
profe qu'en vers ( publié par M. de la Mon-
Hoye. ) A la Haye. ( Paris , Emeri , ) 17 1 4. 1.
vol. in-ii. Le Voyage & les PoeYies diverfes
font dans le tome 1. tome 1 8. page 100 6» fuiv.
jufqiï à m.
Rondeaux du même ; contre les Métamor-
phofes d'Ovide de Benferade , & 3 Epîtres ,
auflldu même , à M. le Duc de Nevers: avec
les Œuvres de l'Abbé de Chaulieu > édition de
Po'éfies diverfes de M. François de Biau-
villiers , Duc de Saint Aign an , dans les
Mercures de fon tems , dans les Œuvres de
Scarron , dans celles de Madame des Houlie-
res , & dans le Recueil des pièces Académi- *
ques,par le fïear Guyonnet de Veiêtron.
. terne 18. pages 113-136.
Difcours fatyriques & moraux 3 ou Satyres
f énérales, parL. Petit. Dédiés à M. le Duc
e Montauner. A Rouen , Richard Lallemant ,
1686. in-n. tome 1%. page 130-135.
Epîtres morales & Académiques de Mqnfieur
de Sabatier , de l'Académie Royale d'Arles.
A. Lyon , che% Robert Richard , & à Arles ,
chc{ François Gaudion, 1687. in- 11. tome 18.
page 13*.
L'Homme -Dieu fouf&ant, Poème héroïque.
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466 Bibliothèque
Dédié au Roy , féconde édition. Paris , Anèri
Pralard t 1 6 8 1 . in-S. I/Epître dédicatoirc cft
(ignée L. P. de Longeville , à S. Vi&or le
premier Septembre 1681. tome 18. pagts ij7,
138.
Ode fur la naifTance de Monleigneur le Dau-
phin , par Jean Doujat , Paris y Denys La*-
glois, 16C1. in 4. tome 18. pages 2.3 8-141.
Eloges des perfonoes illuftres ( aa nombre
de 50 ) de V Ancien Teftament , pour donner
quelque teinture de THiiteire facréc A Tufagc
de M. le Duc de Bourgogne , par le même
Paris 9 Gabriel Martin, 1658. in-8. lbid.
Diverfés Poëfies du même , en feuilles vo-
lantes, lbid.
Théâtre de Philippe Qitinaitlt , de TAca-
démie Françoife , contenant fe$ Tragédies &
Comédies j & fes Opéra , J Amflerdam , 1 697,
€ vol. in- 1 1. Item , à Paris , avec la vie de
l'Auteur , che^ Pierre Ribou , 1 7 1 5. 6 volumes
in- 1 1 . tome 1 8. pages 141 jufquà 1 j f.
Epigrammes , & Quelques autres Poëfies du
même dans difFérens Recueils, lbid.
Poëfîes diveries du fleur ( Antoine ) Fure-
tiere. Paris, Guillaume de Luynes , 1*55,
in -4. Item y ibid. féconde édition, augmentée
& corrigée , 1664* in-i*. /g/w* lî. pages i/tf-
1*1.
Lç Yoyage de Mercure , Satyre , du même,
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Françoise. 467
4. édition, revue ÔC corrigée fur l'impreffion.
Paris , André Boutonné , 1669. in-ix. Avec
une Préface ou Epitre dédicatoire ( aulfi en
Ters , ) à per forme. Ibid.
Fables morales & nouvelles , du < même ,
dédiées à M. François de Harlay , Archevêque
de Paris. Paris , Claude Barbin> 1*71. in-n.
Ibid.
Satyre fur les diverfes occupations des hom-
mes , du même , dans le Furetcriana. Paris ,
Thomas Guillan , 1 696. in-n, Ibid.
Les Devoirs du Chrétien , ou les grâces que
le Chrétien doit rendre & demander à Dieu ,
en vers français. Dédiés à fon AltefTe Madame
la DuchcfTc de Verneuil. Par M Gilles de
Champagne , Prêtre. Paris, Jean Guignard ,
z £70. in-i 1. tome 1 8. page 164.
Traduction en vers des Pfeaumes de la Pé-
nitence de David , & des Vêpres du Dimanche,
du Cantique Magnificat, du Pfeàume Exau-
diat , du Cantate , & du Laudate Dominum om-
nés gentes. Les Pfeaumes Benedic anima mea 9
Do minus illuminatio ,/Deus ultionum , & Au-
dite hœc omnes gentes. Avec des Argumens 5c
des Réflexions Chrétiennes , ou Méditations
fur les mêmes Pfèaumcs. ( Par N. Ecuyer,
Sieur d'Acy , Confciller Sécretaire du Roy. )
Paris y veuve Bouillerot , 1 6S8. in-i 1. tome 1 S»
pages 16 2. y 165.
Verfion nouvelle des Pfeaumes de David , en
vers François , fur les airs de ceux de Clément
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468 Bibliothèque
Maroc & de Théodore de Bézc , par Louis
G au vain , Do&eur en Droit. A Jéna % i6yj.
in- ii. tome 18. page 16}.
Amitiés , Amours & Amourettes , ( ou let-
tres , ) par René le Pays , nouvelle édition ,
augmentée de la Zélotyde , Hiftoire Galante,
du même Auteur. Paris , Charles de Sercy ,
1*71. in-n.
»
Nouvelles Œuvres du mêfïie. Ibid. 1*71.
* vol. in- 11. Item , ibid. 1*8 y. in-n. 3 vol
in- 11. Item, à Amsterdam en 1699. U 7 * Ctt
encore d'autres éditions.
Du même, 1 placets au Roi, en vers, dans
le Recueil de vers choifîs du P. Bouhoars.
Paris , 1 69 3 . in- 1 1 . /om< 1 8. pages 1 6+jufqiîà
Les Œuvres ( de Théâtre ) de M. ( Raymond)
Poisson , divifées en 1 tomes , féconde édic.
corrigée & augmentée. Paris , Thomas Guil-
lain)\6%7* in-n.tome 18. pages 1.69-179.
Epître du même au Roi , à la tête du tome
J du Recueil précédent. Ibid.
Poefies diverfes , du même , dont quelques-
unes font dans 1e t. 7 de THiftoiredu Théâtre
François , mais qui font toutes réunies au-
devant de la Comédie des Foux divertifans , à
Paris , Jean Ribou , itfSi.in-ii. Ibid.
Vers du même à M. Colbext , dans le Fih
reteriana. Ibid*
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Françoise.
469
Satyres > ou Réflexions fur les erreurs des
Drames , & les Nouvelliftes du temps Paris ,
rabr 'ul Quinet , 1690'. in- 12. tome 1 S. pages
7
édié à M. Pierre du Cambout de Coiflin *
vêque d'Orléans , Abbé de S. Viclor. Par N.
:ourtin. Paris > Thomas Jolly^i666. in-ii„
a Poète n'y prend aucune qualité, tome il.
âges 281-187.
Sur la nouvelle Conquête de la Franche-
Zomté , Poème en IV. livres. Paris , Théodore
Girard > 1674. * n ~4- Signé à la fin N. Çôur-
nu , P. H. ( peut être Profefleur Humanifte. )
Ibid.
Poëfics Chrétiennes. Charleraagne pénitent.
Les 4 fins de l'homme , od il eft traité de la
Mort * du Jugement dernier , du Paradis & de
l'Enfer , avec la chute du premier homme ,
par M. Courtin Paris , Charles de Sercy ,
1687. in ii. L'Auteur eft dit dans l'Approba-
tion des Cenfeurs , Ancien Profejfeur en Hu~
manitc de VUniverJité de Paris, lbid.
Poc'fics diverfes . &Ifaac de Benserade,
dans le Recueil de Barbin , tome 5. & dans
celui de Sercy , tome 1 , 1 , % & 5. 13 pièces
dans le 1. 5 dans le 1. 1 dans le 3 . 1 dans le j.
Les Œuvres de Monfieur de Benserade»
a. volumes in- 11. Paris , Charles de Sercy ,
1697. Le tome 1. après l'Epure dédicatoirc à
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470 Bibliothèque
M. le Comte d'Armagnac , grand Ecuyer de
France , contient le Di (cours fur la vie de
Benfcrade , en profe , par l'Abbé Tallemant , le
Poème de Bcnferade fur le Mariage du Roi, j
Ces Ballades , Sonnets , Stances , Epîtres , Eic-
gics, Epitaphcs,Madrigaur, Rondeaux ckoi-
Ss des Métamorphofes d'Ovide , &c Le 2. les
vers des Ballets du Roi % qui avoient été im-
primés chacun féparément en leur tems.
Autres Poëfies du même , dans les Recueils
de Ton tems , & dans les Remarques de NL
l'Abbé Joly fur le Di&ionnaire de Bayle, ar-
ticle Benferade.
Fables d*Efope en Quatr aî ns * du même , dont
il y a une partie au Labyrinthe de Vcrfaillcs»
Paris , i^78.in-8«
J'ai parlé ailleurs , ( T. 6.) de Ces Métamor-
phofes d'Ovide en Rondeaux. Et on a la lifte
de Tes pièces de Théâtre dans les tomes V. &
VI. del'Hiftoire du Théâtre François , & ail-
leurs. Voyez fur toutes ces Poëfies le tome il,
depuis la page 2.87. jufquà.^o$.
Ode pour le Roi , par Michel le Clerc, de
l'Académie Françoile. Paris , 1**3. in-4. tome
18. pages joy jufqiCà 30$.
Ode du môme , pour le RoL Paris , i£6l.
inr4. Jbia\ /
)Le Temple de l'Immortalité', Ode à M. k
Dauphin , par le même. Paris y 1673. ia-4.
Ibid.
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Françoise. 471
Ode fur la prife de Philifbourg, à M. le
Dauphin, par le même. Paris , i*88.in-4.
Jbid.
Sonnets du même, dans le Recueil de Sercy*
tome 4.
Sonnée du même , fur fa Statue du Roi éri-
gée en la Place des Victoires, in-4. Ibid.
Parodies de N. de la Fond. Dans les trois
tomes de Parodies y & dans les deux volumes
des Tendrefles Bachiques. Paris , Ballard, in-
ii. Elles y font marquées par une F. tome 1 8.
pages 309 ,310.
Qu'on voit toujours Sa Majcfté tranquille ,
quoique dans un mouvement continuel , Eglo-
gue, par M. ( Charles ) du Périer , qui a
remporté le prix de l'Académie Françoife en
,i6%i. tome 18. pages 310 & fuiv.
Les grandes chofes que le Roi a faites pour
la Religion Catholique , Poëme du même >
qui a remporté le prix de la même Académie
en 1683, Dans le Recueil de l'Académie ira*
primé en i747^ages 47 & 68. Ibid.
•
Sonnets du même , au Roi , & à Monficur 9
in-fol. fans date.
Traductions du même de 4 pièces de San-
teul , dans le t. 3. des Poê'fîes de Santeul , i
Paris* I7i^.'in-ix. Ibid.
Lettres en profe , & diverfe* Poëfies de
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47i Bibliothèque
Louife-Anaftafie Serment, dans le premier
volume du Recueil de pièces Académiques ea
proft & en vers , par M. de Vertron.
Madrigal , par la même , dans les Œuvres
diverfes de Pierre Corneille , in- 1 z . p. io;.
Vers de la même , Sans le ParnafTc François
de M. Titon du Tillet , p. 446. tome iZ. pages
JH-J14.
Requête des Dictionnaires à MM. de l'Aca-
démie Françoife , par Gilles Ménage. Paris,
1649. in-4. fous ce titre , Le ParnaJJe alar-
mé. Item y fous le titre de Requête , Sec. Dans
les Mifcellanea de l'Aureur , 1651. in-4. i
Paris , chc{ Auguftin Courbe. Item > dans le t.
4. du Menagiana. tome 18. pages 3 14-350.
Eglogue du même, intitulée Chriftine .-dans
le t. 1. du Recueil de pièces choifîes , donné
par M. de la Monnoye , in-n. Ibid.
Du même, Poëfîes diverfes , dans fes Mif-
cellanea cités. Ibid.
Œuvres de l'Abbé ( Matthieu ) de Mon-
treuil. Paris , Louis Billaine , 1&66. in-ix.
tome 18. pages 330 355.
Diverfes Poëfîes du même , dans chacun des
f cinq vplumes du Recueil de Scrci. Ibid.
Du même , Lettre contenant le voyage de
la Cour vers la frontière d'Efpagne ,en l'année
1660. dans nn Recueil de Pièces nouvelles &
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Françoise. 473
galantes , tant en profe qu'en vers* Cologne ,
létfj.in-n. lbid.
Lettres & Poëfîes de Madame { Charlotte
Saumaise de CHAZAN,)ComtefTe de Brégy.
u4 Lèyde , che^ Jean Sambix % 1668 in- 11.
/om* 18. pages 335-341.
Poe'fîcs diterfes, ( Stances, Sonnets $ Epi-
grammes, Chanfons,.} de Jean- Louis Faucon
de Ris, Seigneur de Charleval , dans le
Hecueil deSerci, t. 1, p. 81. 131. 300. 307.
t. 3. p. 141. 148. t.x5. p. 70. & dans le Re-
cueil de Barbin , t. 4. depuis la page 305. juf-
qu a 3 6p. Choix des mêmes pièces , dans la
Bibliothèque Poétique de M. Le Fort de la
Moriniere, in-4. t. x. p. 411 & fuiv. tome 1 8,
pages
Poe'fîes diverfes , galantes , morales , chré-
tiennes, & autres\ avec des imiutions de plu-
sieurs Epigrammes des Anciens , par M. Paul
Pelusson Fontanier , de l'Académie Fran-
çoife , &c. Dans divers Recueils , tels que celui
de Cologne , in-11. celui de Couterot ,
Paris, 1681, 3 vol. in-ii. celui de Poëfîes
Cbrériennes &• diverfes dédiées au Prince de
Conti , in- 11. t. 1. p. 121-13:3. & t.i* pages
306331. Dans les vers choifîs du P. Bouhours,
Dans le Recueil de pièces galantes en profe &
en vers de Madame fa Comtefle de la Suze SC
de M. Pelliflbn , 4 vol. in- 1 1. Trévoux ,1715.
Dans la Bibliothèque Poétique de M. Le Fort
de là Mdriniere , in-4. tdme P : 3 £1-41 1»
Dans le Recueil des Epigrammatiftes Fran-
çois , avec des notes de M. Bruzén de la Mar-
TomtXniU X
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474 Bibliothèque
tiniere , t. t. p. 1*5-174. Dans les Remarques
de M. l'Abbé Joiy fur le Dictionnaire de Bayle,
p. 608. Dans le Porte-feuille de M. L.D.P.i
Carpentras, 1694. in -11. on a ion Ode furie*
bàcimens du Louvre, & fa Requête à la pofté-
rité. tome 18. pages 350-367.
Maximes d'Amour , & Almanach d* Amour
pour l'année de grâce ié6$. par le grand
Ovide Cypriot , lpéculateur des Epkémerides
amoureufes , aux remarques duquel fe ver-
ront des çhofes merteilleufes qui arriveroat
cette année. Dédié à Cupidon. Par Roger de
Rabutin , Comte de Bussy , à la fuite de
quelques Poëfîes de Madame la ComtefTe de la
Suze. Paris , Sercy, 1666. in-ii. tome 1%.
pages 3** &fuiv. 374.
Diverfès Poëfies du même , Sonnets , Ron-
deaux , imitations de plufieurs Epigrammes de
Martial , Catulle & autres , dans le Recueil de
Çorbinelii , Paris , 1*71. 1. vol, in- 11. Dans
celui de M. Brcugkre de Barantc. lbid. 1*58.
x vol. in- il. Dans les vers choifis du Pere
Çouhours, p. 3 8. 274. 175. 116. Dans le L 1.
des Epigrammatiftcs Erançois de M. de la
Martiniere, in-11. p. 179 313. Dans le Dif-
cours de l'Auteur même à fesenfans, p. itfy
$75.
• . |_
UlyfTe & les Sirènes, fable. Par Gafpardm
ïieubet , Confeillet d'Etat , &ç. Dans les Vers
choifis du P. Bouhours , édition de 1693. m '
Xi. p. 148. tgmt ifc. pages 374- 375-37^- £77-
Ipitaphc du Philosophe Oejfcartcs , en vers
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Françoise. 475
François , par le même , dans la vie de Def-
cartes in-4. 1. 1. p. 443. & dans la Defcriptio*
de Paris , par M, Piganiol de la Force > t. j»
p. 145. Ibid.
Onguent pour la brûlure , ou le fécret poar
empêcher les Jéfuites de brûler les Livres , À
M M M M. par Barbier p'Aucour*
16^4. in-4. & plufieurs fois réimprimé depuis ,
entre autres en 1683. in -8. à Liège , avec une
gravure, tome 18. page 377-383.
Lettre en vers libres fur la condamnation du
N. T. de Mons par M. de Péréfixe , du même ,
166%. in-4. MA
Lettre en vers libres , du même , contre u»
Mandement du même Prélat fur le retranche-
ment dés Fêtes , 1666. in-4.
Apollon vendeur de Mithridate, Satyre en
vers libres, contre M. Racine , du même,
imprimé auifi (bus le ùm^Agollon Charlatan*
167 5. Plus dans la Bibliothèque critique de
Sainjore , ( Richard Simon, ) 1. 2. in- 11. à ia
fin. Plus dans les Œuvres de M. Racine , édit#
4'Amfterdam , 1 7 1 1 . 1. 1 . Ibid.
Œuvres diverfes , contenant la confblation
à Olympe fur la mort d'Alcimédon. L'imita-
tion de quelques chœurs de Sénéque le Tra-
gique. Lettres en vers fie en profe. Le Bail d'wi
cœur. Divers Sonnets fie autres pièces , par le
Sieur D. H. ( Jean d'Hesnaixd. ) Paris , Jean-
Hibou, 1670. in-11. tome 18. page 384-394*
Elégie fie Eglogue du même , dans le Fur*-
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47^ Bibliothèque Franç.
teriana. Paris , GuUlain , in-n. p. iof.
156. & p. 544-576.
Tradition du commencement du Poenft
de Lucrèce , du même. Voyez les Traductions
des anciens Poètes Latins, Ibid.
Poëfîes de Madame des Houlie&es. Paris,
16*7. in-8. 1 vol. Ibid. 169$. Item> Paris s
Fillette 1710, 1717 , 1731 , in 8. % voU
/ton , nouvelle édition , augmentée de l'éloge
de Madame & de Mlle Des Houlieres , 8c ce
plufieurs pièces qui n'avoient point encore été
imprimées. Paris , David , 1747. 1 petits voL
sa*xi. tome il. />4tg* 304 & fuiv.
F I N.
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